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EAN : 9782072669125
384 pages
Joëlle Losfeld (18/08/2016)
3.65/5   20 notes
Résumé :
Par amour pour sa femme Alice, soucieuse de changer de vie, Chris est prêt à tout, même à s’associer à son voisin Ronan, tantôt ami, tantôt rival, dans un projet immobilier dont il est loin de connaître toutes les subtilités.

Mais les deux hommes ne s’attendaient pas à unir à ce point leurs destins en se lançant dans la construction d’une maison.

Le drame survient lorsqu’ils découvrent dans le jardin de Chris le cadavre de Pavle, l’un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Deux couples dans la tourmente de l'Irlande contemporaine.

Chris et Alice rêvent d'une nouvelle maison. Nouveau projet, nouvelle vie, nouveau souffle pour un couple fragilisé par la routine. Mais d'enchères en enchères, tout leur passe sous le nez. Les prix se sont envolés, laissant leur désir au point mort dans l'aigreur et le ressentiment.
Par naïveté et frustration, Chris va faire le choix de s'acoquiner avec des partenaires improbables et peu recommandables dans la construction d'une maison dans son propre jardin. Une affaire qui prend l'eau par déloyauté, trafics d'argent, opportunismes divergents et dramatiques événements d'un chantier au noir.

L'union européenne a été la bonne fée de l'Irlande, transformant radicalement un pays en voie de développement en une nation moderne. Des choix stratégiques nationaux ont ensuite favorisé une attractivité économique sans pareille, facilitant l'émergence d'une bulle immobilière fulgurante. Il n'est qu'à voir les somptueuses maisons dans la verte campagne irlandaise, incongrues dans les paysages de moutons et de murets en pierre sèche.

Dermot Bolger construit une intrigue proche du documentaire, en explorant l'impact de ce cyclone financier. le tableau de l'Irlande moderne est édifiant et à mon avis la part la plus intéressante du livre. Elle est mise en perspective avec les générations précédentes, stigmatisant encore plus l'évolution du pays et les mentalités.

Un regret néanmoins: J'ai parfois frôlé l'ennui dans les introspections des uns et des autres. Il faut persévérer. Sur l'ensemble ce roman social est excellent, induisant des réflexions sur les traditions irlandaises, les valeurs familiales, la place de la femme dans la société, l'émigration et l'immigration.
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Traduit par Marie-Hélène Dumas

Deux couples d'Irlandais dans l'Irlande du Tigre celtique : Chris et Alice; Ronan et Kim. Dans un quartier chic de Dublin où le prix de l'immobilier s'envole, comme partout dans la ville, comme partout en Irlande. L'époque où les Irlandais s'imaginent qu'il est facile de devenir riche, que l'argent tombe à présent du ciel, après des années de privation et d'exil. Alors, autant ne pas se contenter de ce qu'on a, autant tenter d'en avoir toujours plus. Peu importe le moyen employé pour y arriver... Un chantier au black, avec des ouvriers immigrés payés au black, ce n'est pas une chose rare dans cette Irlande-là. Un chantier dans son jardin pour construire une nouvelle maison dans le jardin de sa maison. La réussite par l'argent pour sauver son couple du vide intersidérale dans lequel il est plongé. L'argent pour racheter son couple. Construire des murs dans son jardin pour vaincre les murs qui vous séparent de l'autre. Et pourtant, on n'est pas au bout de nos surprises !

J'ai déjà lu quatre romans de Dermot Bolger (Toute la famille sur la jetée du Paradis, Une seconde vie, Une illusion passagère, le sort en est jeté) et un recueil d'histoires truculentes à son initiative (Finbar's Hotel). Je ne pouvais pas savoir ce que me réservait ce livre au titre mystérieusement oxymorique dans l'édition française (le titre original est Tanglewood), illustré par cette couverture blanche d'où émerge une scie. La surprise est bien gardée, surtout quand on le lit en version électronique sans avoir la 4e de couverture...
Je pensais assez bien connaître la plume et l'oeuvre de Dermot Bolger. Mais à côté, tout ce que j'ai lu de lui jusqu'à présent est bien "gentil".
Ici, il y va cash et trash, c'est le moins qu'on puisse dire ! Sans doute son roman le plus caustique, pour décrire deux couples d'Irlandais proches de la cinquantaine, en phase de ménopause et d'andropause, qui, en plus de cachet de Viagra pour essayer de sauver les meubles, arrivent à se mettre dans de sales draps, tout seuls comme des grands, simplement par cupidité, en pensant qu'on peut dorénavant tout acheter, dans cette Irlande des années 2000. Des personnages bien agaçants, bourrés de complexes, calculateurs... Bref, le lecteur ne s'en fait pas des copains ! On trouve Chris trop gentil, Alice trop dépressive et manquant furieusement de courage (envie de la secouer), Ronan trop magouilleur et profiteur (le faux ami de service). Pourtant leurs histoires intimes et leur obsession pour l'argent, vont assez rapidement être supplantées par un problème beaucoup plus grave : un cadavre.

La narration en puzzle permet de découvrir plusieurs facettes des personnages : leur passé, leurs échecs, leurs secrets, leurs désirs, leurs mensonges.

Le roman vire au thriller quand le cadavre d'un des ouvriers du chantier au black est découvert dans le jardin. Panique à bord : c'est chacun pour sa pomme, et de préférence celle de l'autre si l'inspecteur du travail passait dans le coin... Petits coups bas entre amis et compagnie ! L'occasion pour se faire une virée dans les montagnes du Wicklow, histoire de s'aérer les neurones ou plutôt de débarrasser de cet ouvrier immigré encombrant (ce personnage abuse : il est cadavre et immigré ! :) ).

Et même quand vous pensez que le roman est fini, eh bien non ce n'est pas fini ! Dermot Bolger, qui vous a déjà bien fait lire les yeux écarquillés comme des soucoupes, vous assène un coup de théâtre (c'est même plus que ça mais je ne trouve pas le terme exact). La fin de la fin. L'occasion de réduire les petits histoires de couple de ces Irlandais frustrés à quelque chose de vraiment ridicule au regard du reste. La souffrance d'un homme qui a vécu la guerre et ses crimes.

Finalement un hommage à ceux qu'on a pensé exploiter pour s'enrichir, ceux qui ne comptent pas dans cette Irlande du Tigre celtique.

Quelques extraits :
"Elle croyait qu'il s'aventureraient plus loin le long de la côte, vers Bray, mais au lieu de cela, il avait sillonné des quartiers de Dublin dont elle connaissait à peine l'existence, un labyrinthe d'immeubles derrière la M 50 qui ne semblaient être habités que par des étrangers."

"Ce nouveau Dublin dans lequel Ezal la conduisait semblait vaste et incompréhensible."

"Tu vas me prendre pour une folle, avait-elle commencé, mais je suis convaincue qu'une seconde version de moi existe".

"Ces grands maîtres avaient saisi le vrai secret de l'argent : il n'avait pas de réalité. Au-delà d'un certain chiffre, il n'était plus qu'une abstraction - la plus importante abstraction de la planète."

"Tu as voulu m'avoir comme certains désirent acheter une maison au Portugal, pour rendre les autres jaloux."

"Es-tu en train de me dire qu'une femme de quatre-vingt-dix ans sait se servir de Facebook ?"

"J'aime ne pas avoir besoin de chercher un double sens à ce qu'elle dit, contrairement aux Irlandais, dont les phrases doivent être décodées aussi soigneusement que les secrets cryptés de la guerre froide."

Un roman caustique, truffé de secrets, aux multiples rebondissements, au langage parfois cru, le tout arrosé d'une bonne dose de suspense. Il y aurait encore beaucoup à dire, parce que c'est dense ! Génialement construit. J'ai beaucoup aimé !
Vivement le prochain !
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Ensemble séparés, le dernier roman traduit de l'irlandais Dermot Bolger, possède des allures d'étude de moeurs matrimoniale avec ses trois personnages principaux au bord de la crise de nerfs : Chris et Alice, son épouse, et Ronan, voisin le plus proche, "meilleur ami" de Chris et premier amour d'Alice. Trois caractères dissemblables : timoré pour l'un, dépressif pour elle, arrogant pour le dernier. Ceci pour les traits apparents car la richesse du roman vient en grande partie de sa profondeur psychologique. le livre s'attarde sur chacun d'eux à tour de rôle, relatant tout aussi bien leurs réactions aux événements en cours (traumatisants) que leur passé, souvent source de frustrations et marqué par un drame (pour Chris et Alice). Plus brièvement, Sophie, leur fille, intervient également et Bolger utilise pour une fois le "Je" comme pour montrer que celle-ci, qui a également un secret, est la seule à ne pas se mentir et à préférer la vérité aux compromis(ssions). Au-delà de ses personnages, que l'auteur ne ménage pas, Ensemble séparés trace le portrait d'un pays (en 2007) qui n'a plus rien à voir avec l'image traditionnel de l'Irlande, enivré par le capitalisme, au paroxysme de la bulle spéculative immobilière. Au bord du précipice, ni plus ni moins. En fin stratège, Dermot Bolger conduit son roman de main de maître, avec un tempo plutôt lent dans sa première partie, qui s'accélère ensuite dans un rythme de thriller jusqu'à son étonnant dénouement. Outre ses protagonistes irlandais, le livre réussit aussi une évocation saisissante de l'émigration avec notamment l'épouse philippine de Ronan et plusieurs ouvriers dont l'histoire de l'un d'eux, venu d'ex-Yougoslavie, est terrible. Et dire que le livre ne semblait être rien d'autre qu'un récit d'un mariage qui part à vau-l'eau ! Quelle densité dans la trame du roman et quelle rouerie d'écrivain chez Bolger pour nous emporter sur des territoires bien plus étendus.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Merci à Babelio et aux éditions Joëlle Losfeld pour l'envoi de ce roman d'un auteur irlandais que je ne connaissais pas.
Il s'agit d'un roman choral dont l'action se situe dans la banlieue de Dublin entre 2007 et 2009.
Chris et Alice, la cinquantaine, tentent de profiter du boom économique des années 2000 pour accéder à la propriété mais ils n'ont pas assez d'argent ou d'audace pour remporter les enchères des maisons qui les intéressent. Leur voisin et ami, Ronan, leur propose alors un marché : construire une petite maison entre leurs deux jardins et la louer ensuite. Ils engagent alors des ouvriers étrangers au black pour faire avancer les travaux.
Leur couple est un peu en crise, Alice se pose des questions et déprime suite à un grave accident, Chris essaie de lui plaire à tout prix et est prêt à commettre des actes illégaux.
Ronan vient de divorcer de Myriam et a épousé Kim, une philippine beaucoup plus jeune que lui, il a mieux réussi financièrement mais est sans scrupules alors que Chris est plus honnête.
Tous les deux ont été amoureux d'Alice à un moment donné, il leur en reste une sorte de rivalité, même s'ils sont amis.
Un jour, on découvre le cadavre d'un ouvrier sur le chantier. Que vont faire les deux hommes pour ne pas avoir d'ennuis ? Jusqu'où seront-ils prêts à aller pour cacher le corps ? Et d'ailleurs qui était cet ouvrier clandestin ?
Ce roman est étonnant. Il démarre de façon très banale, presqu'à la manière d'un documentaire sur la spéculation immobilière ! Puis, peu à peu, l'auteur nous montre d'autres aspects des personnages, des aspects beaucoup plus sombres, on peut même parler de cynisme et égoïsme. Les rebondissements sont nombreux.
De plus, ce roman n'est pas dénué d'humour (noir). le ton est parfois politiquement incorrect et cela fait du bien.
Il est par ailleurs, très bien écrit.
Un très bon moment de lecture, je le recommande.

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Oubliez le folklore, l'Irlande rurale avec ses vaches et ses moutons, ses pubs de campagne, les feu de tourbe....

Oubliez : "L'histoire de ce pays se résumait aux anciennes querelles sporadiques que de vieux barbus ressassaient dans les pubs, escarmouches engagées dans des bureaux de poste et tirs visant lâchement les crânes des policiers ne se doutant de rien comme si ces minables assassinats avaient été des batailles devant l'intéresser. Les buveurs irlandais se délecter de révéler ces pépites de leur récit national, semblables aux petits enfants qui montrent les crottes dans leur pot de chambre"....

C'est un roman contemporain (il sort pour la rentrée littéraire 2016, l'action se déroule de 2007 à 2009). Roman urbain, ou plutôt de la banlieue chic de Dublin, là où le terrain vaut de l'or et où on se doit d'avoir sa maison. D'ailleurs, c'est le sujet du livre : la spéculation immobilière et la bulle immobilière pendant les années précédant l'explosion de cette bulle, en 2008 quand l'Irlande était le "tigre celtique" et que les Irlandais pensaient qu'il était facile de s'enrichir.

Il sera beaucoup question de maisons, de celles qu'on achète dans des ventes au enchères survoltées, véritables joutes où l'enjeu est plus une affirmation de virilité qu'un projet de logement. Maisons que l'on construit, au mépris des règlements de l'inspection du travail. Demeures anciennes que l'on brûle, faute de pouvoir les démolir pour construire des immeubles moderne. Crédits, dettes, emprunts qui gonflent la fameuse bulle spéculative. Vertiges, la chute en sera plus dure.

Roman choral, construction habile, récit de Ronan, Chris, deux amis d'école, Alice, la femme de Chris et Sophie leur fille. Histoire de quinquagénaires, à l'approche de la ménopause pour Alice, et de la difficulté de bander pour Ronan et Chris. Histoire de couples qui s'enlisent, de virilité mal placée :

"Combien de secrets fallait-il détenir pour devenir un vrai mec. quels autres tests de virilité fallait-il passer? Savoir contourner les règles, tricher sur ses impôts, ruser avec les représentants de la loi, gérer des affaires et - le plus important - atteindre un niveau d'amnésie où vous vous absolviez de tous vos péchés antérieurs?

Cet aspect du roman m'a un peu agacée, dans leur banlieue chic, les personnages font un peu "série télévisée". Comment le gentil Chris pourra prouver à Alice qu'il a des couilles, tandis que Ronan, le voisin, l'a séduite et abandonnée à 17 ans....Alice qui aime son mari mais ferme à clé la chambre conjugale...

Le personnage d'Alice, complexe, m'a plus intéressée, Alice qui a rêvé du Canada, Alice la fille terne, la bonne fille, la frustrée aussi, mais qui décide de vivre....

Alice introduit le thème de l'émigration. Emigration des Irlandais en Amérique, un classique, mais aussi immigration moderne des travailleurs du bâtiments qui construisent la maison qui doit leur apporter la fortune . En dehors de Jiri, le contremaître, si fiable, si ingénieux, si peu exigeant...Chris et Ronan n'ont guère de relations avec les ouvriers qui viennent chaque jour au fond du jardin. Seule Alice, de sa fenêtre voit en eux des êtres humains. Seule Alice? Non, il y a aussi Kim, la Philippine, la femme de Ronan, émigrée mais belle, si belle, dont on découvre la personnalité. On retrouve "le plâtrier" mort, au pied de l'échafaudage défectueux. le "plâtrier" a-t-il un nom? Clandestin, il sera facile de le faire disparaître....mais je ne vais pas vous raconter tout le roman.

C'est l'empathie avec ces travailleurs étrangers qui m'a rendu ce livre sympathique après mon agacement précédent.

Autre qualité qui m'a séduite : l'ironie et l'humour de l'auteur. Humour à la limite du blasphème qui m'a bien amusée :

"Dans l'anonymat du cyberspace, le monde entier se transformait en voisin indiscret; A la place des photos encadrées de pèlerinage diocésain à Lourdes, des orgasmes surjoués..." quel raccourci! entre les vidéos pornos que Ronan visionne sur sn ordinateur et les pèlerinages. le texte est émaillé d'allusions à la culture catholique irlandaise comme cette comparaison hasardeuse entre le Christ et un joueur de rugby.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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critiques presse (1)
Telerama
02 novembre 2016
Entre humour souvent noir, ruptures de ton, situations tantôt cocasses, tantôt poignantes, le récit prend une ampleur inattendue et conte l'histoire d'un pays en vrac.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Alice gardait de ses parents l'image ineffaçable d'une femme et d'un homme qui se tenaient la main, stoïques - elle allongée et lui ainsi assis-, attendant la mort aussi tranquillement qu'ils auraient attendu le bus 46A pour aller au Gaiety voir Maureen Potter.
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Tu vas me prendre pour une folle, avait-elle commencé, mais je suis convaincue qu'une seconde version de moi existe.
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Les gens possédaient de telles fortunes qu'en réalité personne ne possédait plus rien.
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Es-tu en train de me dire qu'une femme de 90 ans sait se servir de Facebook ?
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