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Marie-Hélène Dumas (Traducteur)
EAN : 9782072889035
464 pages
Joëlle Losfeld (06/01/2022)
4.2/5   32 notes
Résumé :
Irlande, 1949. Eva Goold Verschoyle est devenue Eva Fitzgerald. Etouffant sous la pression domestique, elle quitte son époux et le domaine familial du Mayo, renonçant à son statut social et heurtant les convenances. Ce choix radical l'entraîne dans une vie de bohème de Dublin au Kenya en passant par l'Espagne et le Maroc sans jamais rompre ses liens avec son fils et sa fille qu'elle veut protéger.
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Effroyable de voir qu'il y a à peine sept décennies l'Irlande était encore un pays peuplé de gens d'une mentalité archaïque sans logique, sans compassion, sans humanité. C'est à cette époque en avril 1949 qu'Eva Fitzgerald ( Goold-Verschoyles de son nom de jeune fille) décide de quitter son mari et son foyer au conté de Mayo pour partir à Dublin. Avec le peu d'héritage qui lui reste de sa mère elle y achète une maison et ouvre un studio d'Art pour enfants, afin de subsister et de faire quelque chose d'utile pour les enfants dans une société où la créativité est considérée marginale et l'expression de soi mal vu. Elle est déjà proche de la cinquantaine , des enfants majeurs, un âge où la femme pour l'époque et le pays est déjà considérée « hors d'usage » . Même si au début elle manque encore de confiance en elle, l'idée que sa vraie vie commence peut-être que maintenant et le cadeau d'un ami de son mari va l'encourager pour y avancer.
Pourtant la société irlandaise est non seulement sujet au ségrégationnisme religieux, machiste et homophobe mais elle lui reproche même d'être végétarienne , sans parler de sa situation de femme séparée, le divorce étant impossible à obtenir, et que la permission de son mari étant nécessaire pour qu'elle puisse ouvrir un compte en banque et obtenir un passeport . Certains de ces qualificatifs désavantageant aussi ses deux enfants s'y ajoutera son obsession à les protéger, malgré leurs âges adultes.

Un livre sociologiquement intéressant, où on peut admirer cette femme très réceptive à la vie et ses possibilités , luttant pour préserver son indépendance , son respect à elle-même malgré les sérieuses difficultés financières et morales et les tragédies auxquelles elle sera obligée de faire face. Dotée aussi d'une notion d'empathie ancrée, celle-ci lui sera plus souvent un fardeau qu'une bénédiction, que la société finira quand même par reconnaître et apprécier.

Première rencontre interessante avec Bolger avec ce roman inspiré librement de la vraie histoire de Sheila Fitzgerald , que l'auteur mettra treize ans à écrire. Il la croise à 18 ans dans sa caravane dans le conté de Mayo alors qu'elle a déjà 73 ans, et ils resteront amis jusqu'à sa mort en 2000.Une femme courageuse pour son époque qui a la chance d'être ressuscitée sous la plume magique de Bolger. Un livre émouvant, éprouvant, aux personnages masculins décevants mais féminins attachants qui se posent beaucoup de questions existentielles,
Qu'est-ce-qu'une vie ?
Qu'elle est la définition d'une bonne mère ?
Quel est la définition du bonheur que chacun cherche comme l'épée de Graal , est-elle primordiale pour une vie réussie, satisfaisante ?
« Le bonheur est un cadeau rare, saisit-le quand tu le peux* »,en dira Hazel, la fille d'Eva. Ce qu'elle fera.
Histoire d'une vie , où les livres aussi auront un rôle déterminant à certaines étapes de la vie d'Eva, Gurdjieff, “Rencontres avec des hommes remarquables”, Herman Hesse , “Le jeu des perles de verre”……étrangement des livres et auteurs qui m'ont aussi influencée .
Une femme qui malgré toutes les tragédies de sa vie décida de vivre dans le présent et de chercher et saisir la joie et le bonheur au coeur de la vie, jusqu'à la fin, “…..no bomb that ever burst shatters the crystal spirit.”
( George Orwell )


* ‘Happiness is a rare gift, Grasp it when you can.'


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Je fais la connaissance de l'auteur irlandais Dermot Bolger avec ce livre traduit par Marie-Hélène Dumas qui vient d'être publié en France.

Ce livre m'a tout de suite séduite par son rythme lent et le sens de l'observation comme si je regardais un tableau, attirée par la peinture mélancolique d'une époque en train de disparaitre. Cette magnifique composition d'un temps perdu m'a fait penser au roman cet été là de William Trévor qui m'avait beaucoup marquée également.

Au centre de ce récit, Eva, le portrait révolutionnaire d'une femme irlandaise en voie d'émancipation, une artiste dans l'âme qui a fait de sa vie une oeuvre en création.

Eva, c'est Sheila Goold Verschoyle que Dermot Boger avait rencontré lorsqu'il était étudiant et l'avait encouragé comme personne dans ses premiers pas d'écrivain.
Eva comme l'appelle l'auteur dans son roman, est un personnage féminin inoubliable. Entêtée à vivre sa vie affranchie des conventions, à mener des combats pour des idées et des valeurs qu'elle partage avec convictions.

Une vie marquée par des manques et des tragédies qui n'ont pas altéré sa croyance en quelque chose de supérieur qui n'a rien à voir avec la religion.
Et c'est cette foi, cette énergie qui rendent Eva si solaire et accueillante.

Ce roman est l'hommage personnel de Dermot Bolger à partir des confidences enregistrées de Sheila dans sa petite caravane de fortune appelée L Arche, plantée dans les bois de l'ancienne demeure en ruine de son mari à Turlough dans le comté de Mayo.

Cette maison ancienne de Glanmire House hantée dans ses caves par la légende du fantôme du majordome et les cendres du parterre de jonquilles sont les derniers vestiges d'un passé révolu.
Ce sont les traces des lieux immortels, le lieu de départ et d'arrivée des nombreux chemins parcourus à travers le monde par Eva.

Le premier chapitre par son ton élégiaque fait naître une émotion qui m'a beaucoup marquée et la toute fin qui est une réalité sombre serre le coeur. Les derniers instants d'une vieille dame excentrique aux vêtements colorés entourée de ses derniers chats et de son fidèle colley racontés pour moi de deux manières différentes.

Entre temps, nous remontons le passé d'Eva. le roman se déploie à grandes enjambées comme la grande fresque d'un incroyable parcours d'émancipation féminine sociale et politique des années 50 jusqu'à l'aube du 21 ième siècle.
Que ce soit à Dublin, à Londres, au Maroc ou au Kenya, Eva a laissé quelque chose d'elle-même dans ses rencontres en laissant pousser la graine de la création chez ses interlocuteurs.
A Dublin, par exemple Eva a été la première à ouvrir des ateliers de peinture pour enfants. Sa caravane de bohème, son dernier chez-elle, u dans les années 70-80 a été le refuge d'étudiants en arts du monde entier qui venaient la voir pour discuter avec elle.

Une arche de lumière est à la fois un beau roman lumineux et enténébré des bonheurs envolés comme est la vie qui lui a valu plusieurs années d'écriture à l'auteur. Il est le deuxième volet d'un premier roman centré celui-ci sur l'enfance d'Eva à Manor House dans le comté du Donegal « Toute la famille sur la jetée du paradis » qui aborde les tensions politiques de la vieille famille aristocratique Goold Verschoyle dans une Irlande déchirée.

J'aimerais aussi voir les croquis dessinés par Sheila Fitzgerald (son nom d'épouse) lorsqu'elle était enfant dans le livre « A Donegal summer » qui n'est pas encore publié en France.
Encore de belles lectures à découvrir.

Je remercie Babelio et les Editions Joëlle Losfeld pour m'avoir fait découvrir ce roman dans le cadre de la Masse Critiques Littératures.
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Une arche de lumières est l'histoire d'une femme ordinaire à laquelle il arrive des choses extraordinaires ? Non, ce n'est pas cela. L'histoire d'une femme de convictions qui survit à une malédiction ? Bien essayé, mais non, c'est trop vague. le mieux est que vous lisiez ce roman magnifique de Dermot Bolger, auteur irlandais qui gagne à être suivi, captivant et surprenant, jusque dans sa postface qui nous apprend qui était dans la vraie vie l'héroïne du livre, qui ne répondait pas au prénom d'Eva, comment l'auteur l'a connue et comment il a travaillé sur cette sorte de biographie, qui s'autorise une grande part de fiction, pendant une quinzaine d'années. Nul doute que Bolger idéalise beaucoup Eva, mais cela fait partie du charme d'Une arche de lumière, avec une existence qui commence véritablement un jour de1949, lorsqu'elle prend la décision courageuse de quitter son mari et sa maison du comté de Mayo. C'est le début d'un vagabondage entre l'Angleterre, l'Espagne et le Maroc, dans des conditions le plus souvent précaires, mais aussi avec une énergie dévastatrice pour mener des combats incessants pour le droit de l'homme (et de la femme), le bien-être des animaux, l'écologie, etc. Une vie faite de rencontres et d'une empathie perpétuelle qui séduit même ceux qui la trouvent excentrique et bizarre. Oui, elle connait la bohème mais elle fait de son mieux pour protéger son fils, homosexuel, et sa fille, mal mariée, malgré la distance qui sépare souvent le mère de ses enfants. La plus belle relation, celle qui éclaire le début de la vieillesse d'Eva, est celle qui l'unit à sa petite-fille et qui nous vaut des pages splendides où il n'est pas interdit de verser de chaudes larmes. Dans son parcours, émaillé de deuils trop nombreux, Eva cherche à être elle-même, sans compromis avec les règles sociales, en quête de justice, d'harmonie et de bonheur, même s'il n'est qu'illusoire et fugace. Ce destin, fait d'espoir et de désillusions, de solitude aussi, Dermot Bolger le conte avec une plume aiguisée, pleine de bienveillance pour son héroïne, qui devient vite notre amie intime, qui partage ses sentiments, nous émeut et nous ravit, volontaire à l'extérieur et fragile à l'intérieur, une aventurière au coeur pur, que les coups du sort n'ont pas empêché de mener une vie de lumière, tournée exclusivement vers les autres.

Un grand merci aux Éditions Joëlle Losfeld et à Babelio, via sa Masse Critique.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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A 45 ans, l'irlandaise Eva, fatiguée d'une vie trop fade, quitte son lieutenant colonel de mari pour se consacrer à son école de peinture et à sa famille, son fils Francis qui assume clandestinement à Londres son homosexualité et sa fille Hazel dont la vie de couple bat de l'aile au Kenya.

Ce qui est beau, c'est la deuxième partie du livre, la force de cette femme qui, malgré les épreuves, vivant de rien dans sa cabane, va poursuivre sa passion pour la poésie, ses combats pour la nature et les animaux.

Ce n'est pas mon genre de livre mais c'est sans doute un bon livre dans le genre.
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Babelio Masse Critique épisode je ne sais plus combien tant notre collaboration est ancienne. Et bon millésime cette fois avec le dernier roman de Dermot Bolger Une arche de lumière. Cet auteur irlandais est l'un des meilleurs contemporains, mais j'en dis autant de Colum McCann, Joseph O'Connor ou Donal Ryan. Années cinquante, Eva est l'héroïne irlandaise, épouse de Freddie, mais qui ne partage pas les idées conservatrices de son mari. Eva reprend sa liberté. Et se consacrera à sa vie personnelle, ce n'est cependant pas un roman que je définirais comme féministe, c'est bien mieux que cela. Francis, le fils d'Eva et Freddie, est homosexuel. En ce temps là, pas facile. Leur fille Hazel, très indépendante, aura besoin de deux mariages pour comprendre sa solitude.

On suit Eva du comté de Mayo au Maroc, en passant par l'Espagne et le Kenya qui s'éveille à l'indépendance. C'est un très beau personnage romanesque, un peu inadapté que ce soit à l'Irlande rétrograde (oui, ma chère Irlande a longtemps privilégié l'obscuroté), ou au monde en général. Mais surtout Eva a vraiment existé et Dermot Bolger l'a bien connue. J'ai aimé cette dame mûre, vieillissante, très âgée et son énergie à vivre au mieux avec ses convictions, qui parvient à ne jamais s'arroger le droit de donner des leçons. Une vie jalonnée de drames terribles, trois horreurs successives. Mais Eva est une vivante, une opiniatre qui tout au long de son existence, a privilégié sa liberté tout en empathies, difddrentes, avec Franciset Hazel.

On sent l'importance qu'a eue dans la vie de Bolger Stella, le modèle qui lui a inspiré le personnage d'Eva. C'est très émouvant et pour tout dire on envie cette relation. Relation déjà évoquée dans Toute la famille sur la jetée du Paradis, que publia l'auteur en 2008, la famille Goold Verschoyle, dont Stella (Eva) est le membre le plus attachant. Les 460 pages d'Une arche de lumière, c'est une odyssée, un voyage "vital" avec ses tristesses infinies, ses moments de joie simple, surtout les rapports d'Eva avec les jeunes générations, sans flatterie ni démagogie. Et la grande complexité des fils qui unissent les êtres humains.

Merci à Babelio, qui m'a parfois éloigné de mes conforts littéraires, et c'est très bien ainsi. Et aux Editions Joelle Losfeld.
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critiques presse (2)
LeMonde
02 mai 2022
Une Irlandaise abandonne tout pour une vie sans attaches. Hommage de l?écrivain à une figure de son passé.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
17 avril 2022
Libre et sans artifices, telle fut Sheila Goold Verschoyle, à qui Dermot Bolger rend hommage dans une fiction enlevée.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
She loved Cižek notion that children drew what they thought and not what they saw, that naturalistic expression was unnatural in a child and any teacher with a rebel in their class was blessed. She savoured the story of the Austrian girl who, after painting a purple elephant, logically explained to Herr Cižek that grey was too dreary a colour for such an exotic animal.

Elle aimait la pensée de Cizek* (1865-1946)qui affirmait que les enfants dessinent ce qu’ils pensent et non ce qu’ils voient, l’expression naturaliste ne leur vient pas naturellement, et un enseignant ayant un rebelle dans sa classe était chanceux. Elle savourait l’histoire de la petite autrichienne, qui après avoir peint un éléphant violet, expliquait que logiquement le gris était une couleur trop ennuyeuse pour cet animal exotique.

*Franz Cizek fameux peintre autrichien qui reforma l’éducation avec l’Art.Il initia Le mouvement d’art juvénile à Vienne avec des cours d’Art pour enfants.
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Aujourd'hui, j'ai rêvé que j'étais de retour dans l'Arche, ma petite caravane bercée par les vagues du vent. Une odeur de tourbe se dégageait encore du poêle en fer où j'avais grillé du pain sur l'antique fourchette que mes doigts gourds pouvaient à peine tenir. Le lanterneau entrouvert laissait la voie libre aux mystérieuses expéditions nocturnes de mes trois chats, mais Johnny, mon colley - aux os presque aussi arthritiques que les miens-, était heureux de dormir à côté de moi, lové sur les coussins.
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On disait que la cave était hantée par le fantôme d'un majordome qui s'y était pendu - après avoir été faussement accusé d'avoir volé un billet de cinq livres par le grand-père de Freddie - et dont les jambes, dans un dernier sursaut, avaient fait voler le verre en éclat.
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Pourtant, quel que soit le nouveau titre que l'Etat allait s'attribuer, Eva ne pensait pas que la future Irlande soit prête à accorder un statut quelconque à une femme qui quittait son mari volontairement - ou délibérément, diraient certains.
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Dans une société où la créativité était considérée comme déviante et l'expression personnelle vue d'un mauvais oeil, elle voulait offrir un sanctuaire où l'imagination des enfants aurait droit à une liberté débridée.
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