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EAN : 9782072494765
133 pages
Gallimard (29/08/2013)
3.43/5   27 notes
Résumé :
Martin, haut fonctionnaire irlandais d’une cinquantaine d’années, rattaché à un ministère en bout de course, se retrouve, le temps d’un voyage officiel en Chine, seul dans sa luxueuse chambre d’hôtel.

Accablé par une existence terne, entre son épouse et ses trois filles, il décide de s’offrir un massage durant son séjour. La jeune femme chinoise qui vient le masser ne parle pas sa langue et ne partage rien de sa vie : mère célibataire, elle peine à j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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« Peut-être avait-elle alors compris que toute réalité est essentiellement fabriquée. »

Un très beau moment d'introspection. Que reste-t-il de nos vies ? Qu'avons nous fait pendant toutes ces années ? A cinquante-cinq ans Martin, seul dans un hôtel chinois, regarde son reflet dans la vitre, un verre à la main, et refait le cours du temps. Loin le temps de sa jeunesse, loin le temps de son premier grand amour, Rachel, loin le temps où il protégeait ses bébés en les portant dans ses bras. Maintenant, Rachel est à la retraite, sa femme depuis des décennies s'isole de lui, ses bébés sont devenues trois adolescentes bientôt femmes et lui, que lui reste-t-il de ses envies et de sa fougue de sa jeunesse ? Il est devenu un fonctionnaire lambda, malléable au point d'être invisible de tous, qui s'est illusionné pendant trente ans...
Le retour sur les années avec Rachel est superbement décrit, la chute du couple se fait étape par étape mais rien n'y manque.
« Il ne saurait jamais ce qu'elle pensait véritablement, car il ne l'avait jamais vraiment vue. »
Il est seul. Dès lors, une main chaud sur son corps devient une obsession car on ne l'a plus touché depuis si longtemps. Pendant cette visite en Chine, alors qu'il accompagne le sous-sous-sous-secrétaire d'État, il dispose d'une soirée pour se retrouver seul. La journée il doit être dans son rôle : amabilités, respect des convenances, sourires imposés, thés verts pour accompagner toutes les réunions qui permettront au retour en Irlande de la délégation gouvernementale, de dire que le pays a conclu de nombreux échanges fructueux avec l'Empire Céleste. Mais ce soir, il peut enfin être seul, vidé de toute l'énergie dépensée la journée à être dans son rôle. Seul il va, à l'occasion d'une envie – cette main chaude qui lui apporte le massage qu'il n'osait demander- pouvoir revoir son passé, sa vie réelle et se demander si tout n'était pas qu'illusion.

« Il se demanda si la mort serait aussi peu mémorable, un pétard mouillé sous le mystère du symbolisme dans lesquels les gens se drapaient, bien qu'ils passent leur vie entière à s'y préparer. »
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Je lis aussi la nuit et je crois que ce récit d'un petit fonctionnaire falot a induit un de mes rêves à l'opposé de sa vie.
Tandis que l'échec de Martin nous est conté par Dermot Bolger dans “Une illusion passagère” : sa femme lui annonce qu'ils ont convenu de ne plus dormir ensemble alors qu'il ne se rappelle plus avoir participé à un tel accord, j'ai fait un rêve positif comme jamais, réalisant au delà de toutes mes aspirations, en une sorte d'illusion, un projet professionnel brillant. (De l'utilité de la lecture !)

Dans le genre huis clos en chambre d'hôtel en Asie, le film “Lost in translation” avait cette sorte de langueur, mais c'était au Japon.
Nous sommes en Chine et Martin fait un retour pessimiste sur sa vie de telle manière que le massage par une femme qui ne parle pas sa langue va être une révélation.

Je ressors de la lecture de ce roman avec une indicible sensation à l'écoute de ce quinqua qui se penche avec amertume sur sa vie à l'approche de la retraite.
Je garde une sorte de mélange d'impressions que j'avais ressenties lors de la lecture de “L'étranger” et de “La métamorphose” qui m'avaient mis mal à l'aise comme je l'ai été dans cette “illusion passagère” produite par un massage avant la plongée dans la fin de la vie active.
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La prostitution est au coeur de ce roman, comme un levier, un révélateur de la nature humaine. En effet, Dermot Bolger nous livre ici un récit court au ton incisif et désabusé, marqué par l'amertume du personnage principal qui s'interroge sur le caractère illusoire de toute son existence.
C'est bien écrit (moi qui n'aime pas les romans courts habituellement, je n'ai pas eu l'impression que le texte avait été amputé) et c'est dérangeant aussi car l'introspection du personnage principal sur l'utilité de son métier, ses liens avec les membres de sa famille, etc nous renvoient à nos propres existences et à nos propres doutes.
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Ce roman est huit clos d'une nuit dans une chambre d'hôtel, Martin fonctionnaire irlandais est en voyage officiel à Pékin. La délégation est partie pour l'ambassade, Martin préfère rester seul dans sa chambre d'hôtel. Il fait le point sur son pays et sa situation personnelle.
Son pays a fait faillite, il ne se fait pas d'illusion sur son rôle politique, on lui a même proposé de prendre une retraite anticipé, du côté familiale, ce n'est pas très brillant non plus, ses trois filles ont grandi et n'ont plus besoin vraiment de lui, sa femme Rachel à la retraite depuis un an vit mal le vide crée par l'absence de travail. Depuis quelques années, ils font chambre à part, ne se touchent plus, elle va même lui proposer de s'inscrire sur un site spécialisé d'Internet
« Honnêtement, si tu le faisais, je ne verrais rien à y redire, Martin. Je sais que ce ne serait qu'une histoire de sexe, et le sexe ne m'intéresse plus. Je ne voudrais pas me montrer égoïste. Il n'y a aucune raison pour que tu ne prennes pas de plaisir. Nous sommes adultes ».
Pour tromper sa solitude, il décide de faire quelques longueurs, en revenant vers le hall, il passe devant un salon de massage, des jeunes hôtesses aux sourires irrésistibles, il remonte dans sa chambre boit encore un verre et se décide à appeler la réception et demande une masseuse.
Cette partie du roman raconte la relation entre Martin et la masseuse même s'ils ont du mal à communiquer par manque de compréhension du langage, une relation s'installe entre eux, Martin comprend qu'elle vit seule avec sa fille de huit ans, que le père est parti. le massage le détend, il se sent bien, il prend un réel plaisir du contact des mains qu'il ne connaissait plus. La masseuse lui propose une seconde d'heure qu'il accepte. Martin se pose des questions, peut-il aller plus loin avec elle ? Est-il capable de tromper Rachel ? Cette partie du roman est pleine de délicatesse, les sentiments très bien décrits, c'est tout simplement beau.
Dermot Bolger nous offre encore un très beau texte sur les hésitations et le désarroi d'un homme faisant le bilan de sa vie.
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Pour mon premier Dermot Bolger, je me suis attaquée à un petit roman, presque une nouvelle avec ses 120 pages bien tassées. Mais cela a eu l'avantage de me propulser directement dans le monde de l'écrivain irlandais, et d'apprécier pleinement une plume condensée, poétique, puissante.

La trame est assez simple : Martin est un haut fonctionnaire qui accompagne son ministre référent – en réalité un simple sous-secrétaire – dans un voyage diplomatique en Chine. Un blanc dans son programme lui permet de reprendre son souffle dans le tumulte des dîners, réunions et conciliabules à huis clos. A la manière du film Lost in Translation, il connaît alors un sentiment de désorientation totale, se demandant ce qu'il fait là, qui il est vraiment.

« Martin se sentait un imposteur. Il n'était en réalité qu'un fonctionnaire relativement insignifiant : un homme de confiance, agréable, doué pour les relations humaines et doué pour les chiffres. Mais on ne l'avait envoyé ici que pour faire exactement la même chose que ces filles incroyablement minces au sourire parfait qui se pressaient derrière les portes vitrées du hall de l'hôtel : construire le décor de la scène et, par sa soumission effacée, laisser croire à l'importance de l'autre. »


Dans un long monologue intérieur, il décortique son rapport dérisoire au pouvoir, la désillusion de ses idéaux, et l'hypocrisie des politiques en général.

Puis insensiblement, ses réflexions s'orientent vers sa vie de couple et la relation avec sa femme après plus de 30 ans de mariage. de la même manière que pour sa carrière, il mesure le grand écart entre les premières années d'amour et le jour où sa femme lui déclare qu'ils feront chambre à part : « c'est juste que je t'aime différemment, sans toute cette intensité adolescente. L'amour change forcément quand nous changeons. Je veux dire qu'est arrivé à la magie qui émanait de toi au début de notre mariage, à la façon dont tu arrivais toujours à me faire rire ? Sans vouloir
te blesser, Martin, qu'est-ce qui t'a rendu si ennuyeux ? »
Il prend alors conscience de plusieurs vérités importantes, qui le déchargent d'une grande part de culpabilité - « Je suis devenu ennuyeux le jour où tu as décidé que j'étais ennuyeux. » mais qui ne le rendent pas plus heureux.
Retournant au présent, il se décide à faire venir de la compagnie sous la forme d'une masseuse chinoise.
« Il ne s'était pas senti comme quelqu'un d'insignifiant, ni comme un imposteur : il avait été l'objet de l'attention et de la gentillesse sincères de quelqu'un d'autre. »
Mais tout ne se passe pas vraiment comme prévu, et prouve qu'il n'y a pas de solution miracle à un mal être général installé depuis des années …

On ne peut s'empêcher d'avoir le coeur serré face au désarroi de Martin, un gars intelligent et simple qui souffre du mal du siècle, confronté à l'individualisme, le manque de chaleur humaine, l'hypocrisie des rapports entre les hommes. Dermot Bolger ne nous apprend rien, il ne révolutionne pas non plus la littérature, mais il fait son devoir d'écrivain : nous faire réfléchir sur ce qui nous semble évident mais ne l'est pas tant que ça ; nous montrer qu'il n'est jamais vraiment trop tard, mais que pour se sauver, il faut avoir conscience de sa propre évolution à tout instant, c'est-à-dire lever la tête du guidon et faire le point régulièrement, pour ne pas se laisser engluer dans le quotidien.

Pour conclure donc, un roman bref mais intense et très intéressant.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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critiques presse (1)
Lexpress
10 octobre 2013
Un conte cruel, terriblement acide, où les rêves de bonheur ne sont que des illusions passagères.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
"Je suis devenu ennuyeux à force de t'entendre constamment te tracasser à la première mini-crise que tu crois vivre, aurait-il voulu dire à Rachel deux ans plus tôt, tandis qu'ils roulaient en direction de Killiney, rentrant chez eux sans rien dire après leur diner d'anniversaire. À force de hocher la tête, compréhensif, quand tu te rends malade d'inquiétude au sujet d'une remarque banale lancée par une collègue dans la salle des professeurs, ou de ta dernière frayeur quant à ta santé, ou de ce que tu considères comme une amitié peu souhaitable pour les jumelles. J'ai appris à garder le silence après avoir découvert que, quels que soient les mots que j'utilise pour te rassurer, tu choisis automatiquement de penser que ce ne sont pas les bons; qu'ils constituent une autre preuve à charge de mon manque d'empathie devant ta détresse. Je me suis tu parce que j'écoutais tes pensées s'affoler en secret à propos de petits soucis dont tu ne me disais plus rien, des vétilles qui s'amplifient dans ta tête parce que tu ne parles plus avec moi comme autrefois. Je suis devenu ennuyeux le jour où tu as décidé que j'étais ennuyeux... "
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Martin se demanda si c'était dans un hôtel semblable à celui-ci que la police chinoise avait enfoncé la porte d'une chambre pour battre l'artiste Ai Weiwei jusqu'à ce qu'il s'évanouisse puis l'arrêter, sous prétexte d'évasion fiscale, mais en réalité parce qu'il avait osé publier sur son blog la liste complète des enfants enterrés vivants pendant le tremblement de terre de Sichuan sous les décombres de leurs écoles construites à la va-vite. Deux ans plus tôt, Weiwei avait été félicité pour sa participation à la conception du stade olympique "Nid d'oiseau" de Pékin, jusqu’à ce qu'il refuse d'assister à la cérémonie d'ouverture en expliquant qu'elle présentait une version imaginaire d'un État totalitaire où, derrière une façade de nouveaux gratte-ciel et autoroutes, rien n'avait fondamentalement changé. Mais la police ,'aurait jamais agi de la sorte dans un hôtel comme celui-ci, où des témoins étrangers auraient pu voir punir quelqu'un qui avait simplement utilisé Twitter et son blog afin de percer à jour les illusions soigneusement tissées par le gouvernement.
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Se retrouver seul à Pékin n'était pas un problème pour Martin. Il savait que sa présence parmi les hauts fonctionnaires irlandais qui entouraient le ministre n'était pas nécessaire à l'organisation des prochaines rencontres. Elle ne l'avait, en réalité, pas plus été à Pékin. Et son ministre n'en était même pas un : il n'avait que le statut illusoire de tous les sous-secrétaires d'Etat, titre cherchant à améliore l'image de ces innombrables pions de l'échiquier politique. Des eunuques, voilà ce qu'ils étaient, dotés d'une aura de pacotille, voiture de fonction et chauffeur attribués afin de compenser le fait qu'ils n'étaient pas autorisés à s'asseoir et prendre la parole autour de la table des conseils ministériels, où le véritable pouvoir résidait, où les véritables décision étaient prises.
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Elle s’apprêta à sortir. Mais une fois la porte ouverte, elle revint en courant le prendre dans ses bras. Elle l’embrassa vite, presque furtivement, sur la bouche, et il sut de façon certaine qu’elle n’avait plus rien à lui vendre ; c’était un cadeau d’adieu, un instant de dévoilement de ce qu’elle était vraiment.
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« c’est juste que je t’aime différemment, sans toute cette intensité adolescente. L’amour change forcément quand nous changeons. Je veux dire qu’est arrivé à la magie qui émanait de toi au début de notre mariage, à la façon dont tu arrivais toujours à me faire rire ? Sans vouloir
te blesser, Martin, qu’est-ce qui t’a rendu si ennuyeux ? »
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