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Citations sur Une seconde vie (56)

L'Irlande dans laquelle elle vivait  était infectée par un terrible virus appelé respectabilité. Dieu était souvent évoqué, mais pas à propos de l'amour qu'il fallait ressentir pour son prochain ni de l'éternelle damnation : la vie tournait uniquement autour de ce que tes voisins pensaient de toi, de secrets à garder, du scandale à éviter, il ne fallait donner à personne l'occasion de te mépriser. Ta mère avait honte de ne pas pouvoir mettre d'enfant au monde. Elle se sentait inutile, car à cette époque c'était le seul destin des femmes. Nous ne faisions pas carrière : nous nous mariions et élevions nos soldats de Dieu.
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Celui qui avait repeint l'ambulance avait oublié la bordure supérieure des portières. Vues d'en haut, les sillons écaillés de la carrosserie ressemblaient au lit d'une rivière asséchée. Le dessus du chapeau de l'ambulancier était tacheté de poussières et de pellicules et, quand il releva la tête de ma poitrine, je vis mon visage tourné vers le ciel, strié de sang. Les deux arbres séculaires qui surplombaient le portail du Jardin botanique avaient perdu leurs feuilles. Pourtant, au milieu de leurs profondeurs, un merle appelait.
Depuis combien de temps ne m'étais-je pas senti aussi serein? Les insignifiantes tracasseries du début de matinée, (...) me paraissaient lointaines. Seules quelques minutes s'étaient écoulées entre-temps, mais c'était comme si je n'avais plus eu le moindre rapport avec mon ancienne vie. Et, à mon grand étonnement, je n'éprouvais ni douleur physique, ni tristesse ni impression de perte. Mais j'observais la scène de l'accident avec une insouciante désinvolture.

(Incipit)
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Est-ce que lorsque mon cerveau avait été privé d'oxygène, mon système nerveux était simplement passé à la vitesse supérieure, avait libéré des endorphines hallucinogènes et donné une fête d'adieu avant la chute dans le néant? Telle était l'explication chimique de ce que j'avais vécu. Le mot endorphine est un composé des mots endogène et morphine; à plein régime, les endorphines naturelles peuvent être cent fois plus puissantes que n'importe quel analgésique pharmaceutique. Elles m'avaient permis d'entendre les voix que je voulais entendre, de voir les visages que j'avais aimés. Elles m'avaient offert le parfait dernier rêve, l'occasion de m'illusionner moi-même au bord du néant. Elles pouvaient tout expliquer, sauf l'identité de ce visage qui continuait de hanter mon sommeil.
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Le problème, quand tu as été adopté, [...], c'est que tu peux être n'importe qui. Tu essayes des vies différentes pour voir si elles te vont.
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Il fallut que je devienne moi-même parent pour commencer à imaginer ce que mon absence avait dû représenter pour [ma mère biologique]. Pendant les premiers mois de la vie de [mon fils], je m'éveillais souvent, m'agenouillais à côté de son berceau, retenais ma respiration, tendu, pour entendre la sienne, et je me sentais envahi d'un tel bonheur et d'un tel soulagement au faible bruit de son souffle que rien d'autre au monde ne semblait plus compter. Même si elle m'avait confié à l'adoption, elle avait dû pendant des années, chaque fois qu'elle se réveillait, instinctivement tendre l'oreille pour savoir si je respirais. (p. 58)
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Nous ne pouvons pas tous cacher la réalité derrière un buisson de fuchsia.
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J'avais grandi dans un monde où la respectabilité était l'objet d'un culte général. Ivrognerie, violence domestique, n'importe quel péché était accepté, à condition de rester caché. Les couvents et les asiles étaient des lieux indispensables où ce qui pouvait salir la respectabilité était dissimulé ; des lieux dont on faisait semblant de penser qu'ils n'existaient pas, et non où on pouvait entrer et affronter les choses. Quand j'étais enfant, la grande peur de ma mère adoptive n'était pas la misère, mais la perte de respectabilité.
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Nous emmenons parfois nos fantômes avec nous partout où nous allons, [...].
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L’Irlande dans laquelle elle vivait était infectée par un terrible virus appelé respectabilité. Dieu était souvent évoqué, mais pas à propos de l’amour qu’il fallait ressentir pour son prochain ni de l’éternelle damnation : la vie tournait uniquement autour de ce que tes voisins pensaient de toi, de secrets à garder, du scandale à éviter, il ne fallait donner à personne l’occasion de te mépriser. Ta mère avait honte de ne pas pouvoir mettre au monde. Elle se sentait inutile car à cette époque c’était le seul destin des femmes. Nous ne faisions pas carrière : nous nous mariions et élevions nos soldats de Dieu.
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Selon votre dossier, votre coeur s'est brièvement arrêté. Cela arrive plus souvent qu'on ne croit. (...)
Au début, beaucoup de patients semblent avoir l'impression qu'on leur a volé leur mort. Ne me demandez pas pourquoi, je déteste l'idée de la mort, mais lorsque le cerveau est privé d'oxygène, il s'offre une dernière grande fête d'adieux hallucinés. Peut-être se sent-on, dans ce moment d'euphorie, libéré de tous ses problèmes, avant de devoir soudain les affronter à nouveau. (p. 25)
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