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Critique de Biblioroz


Le moins que l'on puisse dire c'est que le psychanalyste qui nous parle ici n'attire, de prime abord, aucune sympathie de notre part.
Monsieur va bientôt avoir soixante-douze ans et a donc décidé de prendre sa retraite, une décision tout a fait légitime sans aucun doute. Il lui reste cinq mois à se rendre dans son cabinet et il entame alors le compte à rebours des consultations restantes avec soupirs, indifférence, ennui et même agacement. Il nous évoque ses douleurs articulaires, ses pensées sur le vieillissement, ses petits croquis d'oiseaux caricaturaux dont il orne les dossiers de ses patients. Enfoncé dans son vieux fauteuil en cuir, il écoute d'une oreille distraite les différentes souffrances.
Il est célibataire, entretient avec sa secrétaire, madame Surrugue, une relation routinière pleine de déférence, purement professionnelle, sans aucune profondeur humaine.
Et puis Agathe se présente, très déterminée, et force sa réticence à prendre une nouvelle patiente. L'image de son regard puissant, de sa pâleur extrême, le déstabilise.

Ce petit roman surprend par le portrait de ce thérapeute qui a passé cinquante ans de sa vie à soigner des êtres en détresse psychique mais qui, en dehors de son cabinet, n'a jamais eu un geste, ni une parole vers quiconque, y compris son voisin immédiat. Il séduit par ses interrogations sur la façon de saisir sa vie, sur les difficultés de s'y couler sans qu'elle nous échappe.
Quelques aveux, portés par une très jolie plume, ouvrent sur les difficultés de vivre et de mourir. Au début, complètement résigné et indifférent, le narrateur éprouve ensuite des émotions de plus en plus confuses. Une interrogation ressort : Y a-t-il un mode d'emploi de la vie ? On glisse alors vers des réflexions sur l'existence tout en assistant à une évolution des relations.
Qui psychanalyse qui ?

J'aurais aimé rester plus longtemps plongée dans l'écriture sobre et plaisante d'Anne Cathrine Bomann qui décrit précisément les expressions physiques et morales des personnages et qui fait planer les impuissances de chacun.
La fin arrive trop vite et laisse dans son sillage un goût de trop peu. Je suis sûre que, tout en préparant ses tasses de thé, ce thérapeute pouvait encore nous parler des incertitudes de la vie.
Le sujet de la psychanalyse d'Agathe est également passionnant et ma curiosité aurait supporté plus d'approfondissement. C'est cependant un premier roman qui invite fortement à suivre l'évolution de cette auteure danoise.
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