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Julien Castanié (Autre)Sophie Hofnung (Traducteur)
EAN : 9782362664588
160 pages
Talents Hauts Editions (20/01/2022)
3.54/5   12 notes
Résumé :
Son père est parti travailler à vélo et n’est jamais revenu. La narratrice de trois ans ne cesse de demander à sa mère où est son père et quand il reviendra. Toutes deux entament une longue série de déménagements dans une Argentine en proie à la dictature, jusqu’à Buenos Aires où la mère se fait arrêter à son tour sous les yeux de sa fille. De cette errance et de la scène brutale de séparation, la fillette ne perçoit que la surface.

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Incontournable Mars 2022

Il est aberrant que ce genre de livre soit traduit 20 ans après sa publication originale, alors que certains infectes navets Wattpad le soit en moins de 6 mois, je ne vous cacherai pas que le libraire que je suis est quelque peu en rogne face à ce genre de situation. Parce que ce genre "El mar y la serpiente" ( le puits et la lumière) est pertinent et contribue à faire connaître des éléments essentiels.


Ce roman à la forme très atypique nous ramène dans les années 70, en Argentine. La manière dont est bâtie le roman nous met dans une situation où on ne comprend pas vraiment ce qui se passe, mais avec raison, puisque le personnage principal, une enfant de 3 ans, n'en sait pas plus. Nous percevons à travers son vocabulaire concis et peu varié que l'enfant voit son père partir, pour ne pas revenir. Perdu dans la ville avec son vélo, mort, enlevé, notre petite protagoniste sans nom a du mal à cerner pourquoi son père ne lui revient pas et pourquoi elle est déménagée sans cesse d'endroits. Puis, un jour, des hommes armés entrent chez elles et enlèvent sa mère. Sur les derniers paragraphes, maman devient "ELLE" en caractère gras, cette personne partie, ce chainon familial important envolé dont on ignore s'il retrouvera sa place.


Dans la seconde partie, elle a grandi, elle a retrouvé sa mère après des années. Sa mémoire lui fait défaut, on le voit dans le texte comme dans la forme. Il y a des bris, des cassures, des points de suspensions pour marquer les silences nombreux, des dialogues, des questions, beaucoup de détresse. La jeune fille est révoltée, amère. Des débuts de réponses sont amenées. Cette partie ne s'appelle pas "L'Histoire" pour rien, à la fois histoire de son passé sans souvenirs, mais aussi Histoire dans son sens général. Un pays sous dictature, des disparitions ciblées sur des gens aux idées libérales, des gens qui se sont battu par conviction et pour donner un meilleur sort à la prochaine génération. Son père et sa mère en faisait partis. Elle ne comprend pas. Si elle est ce qu'il y a de plus important pour eux, alors pourquoi l'avoir laissée seule? Et puis, au fil des réponses vient un autre fardeau: celui du secret. Qui sait si parler de ces disparus constitue encore un danger pour elles?


Dans ce passage, encore une fois, on joue avec la structure. Des répétitions, des échos, des absences de ponctuation, des interlignes immenses, pleins de vides, pleins de trop pleins. On marque avec la forme le sentiment qui sous-tend les paroles. Ingénieux. Intelligent.


Aussi, la jeune fille dit ne pas se souvenir, mais la première partie est justement ses souvenirs. Ça me semble ambiguë, mais peut-être a-t-elle réellement oublié. Peut-être. Peut-être pas. Ça n'aurait rien d'illogique, au contraire, elle n'avait que 3 à 5 ans. Et les traumatismes peuvent être oblitérés par le cerveau si ça peut empêcher la souffrance.


La dernière partie se nomme "la décision" et cette dernière est assez claire: En parler? Ne pas en parler? Là est la question. Une fois encore, on va jouer sur la structure. Nous suivons la demoiselle devenue vieille ado ou jeune adulte, alors qu'elle vit une journée. Cette journée là, elle n'arrive pas à se concentrer, elle multiplie les maladresses, taraudée par sa question. Maintenant, elle connait son Histoire et l'Histoire de son pays, cette Argentine qui a vécue des heures sombres sous le totalitarisme d'un groupe militaire ayant généré le "Proceso de Reorganización Nacional" ( Processus de réorganisation National) grâce à un coup d'État. Maintenant, par devoir de mémoire, pour mettre des noms sur ce groupe de 30 000 personnes qui n'en a qu'un: les "desaparecidos" (Disparus). Restituer les souvenirs de ces gens dont ont a volé la vie. Restituer la Vérité. Faire honneur à leur sacrifice. Se souvenir.


Finalement, dans un cour texte, elle écrira.


C'est étonnant comme quelque chose d'aussi simple a une si grande portée et une profondeur cachée sous une simple forme de texte. La dictature est une immense violence collective, un fléau social qui aura des répercussions sur des générations aussi surement qu'un génocide ou une guerre. Et si c'est un traumatisme pour les adultes, imaginez pour les enfants, qui mettront des années à comprendre ce qu'ils ont vécu exactement, à vivre dans la honte, le secret et l'incompréhension.


Ces thèmes sont bien pertinents à l'heure où une dictature totalitaire est actuellement à pied d'oeuvre pour envahir un pays sous de faux prétextes. Un jour, pas dans 20 ans, j'espère, on écrira aussi sur cette violence.


Ce n'est pas le genre de roman qui vous fournira les nombreux détails du contexte historique de ce sombre pan d'histoire argentin. le peu qu'on va en apprendre, les grandes lignes en somme, viendront des explications de la mère. le reste sera bâti progressivement en fragments. Alors oui, au final, au aura l'impression de survoler un sujet qui doit surement être costaud ( Wikipédia à l'appuie), mais je ne crois pas que c'était le but de ce livre. Je crois que le but était de mettre en lumière le sujet, soit les familles brisées par les régimes de dictature et les impacts que ça peut avoir. L'idée semble être de montrer ce genre de situation du point de vue de l'enfant. En choisissant la sobriété, on sent l'universalité du sujet. Donc, je pense que c'est à nous ensuite de faire plus de recherches ou lire des livres plus pointus sur la dictature d'argentine dans les années 70.


Un roman percutant, différent et pertinent, qui illustre à quel point la démocratie est un bien précieux et que certaines idées, certaines causes, sont à ce point cruciales que certaines personnes en paie le prix de leur vie.


Pour un lectorat du second cycle secondaire, 15-17 ans et plus.


Ce livre a le soutient financier d'Amnesty International.
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Ce petit livre plein d'émotion traite des "disparus" sous la dictature argentine des années 1976 à 1983.
Il se divise en trois parties qui, chacune, a son style narratif particulier: dans la première partie, la narratrice est une petite fille de 3-4 ans qui vit à sa manière la disparition de son père, la fuite d'elle-même et de sa mère, puis leur enlèvement. Elle ne comprend pas, seuls les sentiments et les sensations subsistent.
Dans la seconde partie, la narratrice a grandi, mais elle ne garde aucun souvenir de la période dictatoriale et des événements traumatiques qu'elle a vécus. Devenue adolescente, elle veut tout savoir, TOUT, maintenant que la démocratie est revenue dans le pays. Elle questionne sa mère sans relâche...
Dans la troisième partie, très courte, la jeune fille exprime ce qu'elle ressent vis-à-vis de ces "disparus".
Bien qu'il soit court, ce récit demande une maturité certaine, et il aurait été judicieux d'insérer un petit dossier historique en annexe pour aider les jeunes dans la compréhension du contexte historique de ce roman.
En fait, selon moi, ce n'est pas spécialement un roman jeunesse malgré l'éditeur spécialisé pour cette cible. le récit s'adresse autant aux adultes qu'aux grands adolescents. La narration est très originale et peut déconcerter certains lecteurs, même si elle ne pose pas de difficulté notoire.
Un roman à découvrir.
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Découvrez ce petit roman resté trop confidentiel, mais qui possède une puissance extraordinaire. Paula Bombara évoque les traumatismes de son enfance, l'absence de son père "disparu" et sa mère "arrêtée" comme tant d'autres au moment de la dictature militaire en Argentine entre 1976 et 1983. Elle explique avec force et pudeur la violence. Elle met en lumière tous ces oubliés de l'Histoire. Son roman comporte trois parties dans lesquels le style, la syntaxe et la ponctuation sont bousculés par le vide et les non-dits de l'histoire. La publication tardive de ce texte en France prouve la profonde méconnaissance de cette période extrêmement douloureuse. le texte a le soutien du CNL et d'Amnesty International. Bravo aux éditions Talents hauts qui ont eu le courage et l'audace d'inscrire un roman aussi touchant à leur catalogue. Poignant et remarquable en tous points. A découvrir pour rattraper le temps perdu.
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
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Divisé en trois parties, ce bref roman lève le voile peu à peu sur une réalité méconnue, celle des « disparus » de l'Argentine, tout en ne donnant pas trop de détails. C'est davantage le choc de l'héroïne qui est mis en évidence, alors que les souvenirs flous et les images de la première partie sont associées aux réponses dans la deuxième. Si on comprend quand même plusieurs éléments entre les lignes, il n'en reste pas moins qu'on sort de cette lecture avec beaucoup de questions nous-mêmes et qu'elle aurait peut-être gagné, du moins hors Argentine, à être accompagnée d'une mise en contexte historique, d'un dossier plus consistant pour compléter les informations offertes au fil du récit.
Lien : http://sophielit.ca/critique..
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critiques presse (1)
Ricochet
22 avril 2022
Le puits et la lumière est un livre qui parle à la fois de traumatisme et de rédemption, avec pudeur et émotion. Il peut être un excellent point de départ pour faire réfléchir les jeunes sur la question de la liberté politique et ce qu’elle implique à l’échelle de l’individu.
Lire la critique sur le site : Ricochet

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