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4,18

sur 344 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'écris ces lignes en pensant à un petit ange, elle en portait le nom. Angélique avait treize ans, sur les photos elle souriait à la vie jusqu'à ce que son chemin croise celui d'un pervers et meure sous les coups qu'il lui asséna après l'avoir violée.

Le drame vécu par Adélaïde Bon fait échos à celui d'Angélique et de toutes ces enfants, jeunes filles ou jeunes femmes qui se sentent salies et coupables à jamais pour avoir croisé la route d'un être immonde .

Adélaïde Bon avait 9 ans lorsqu'elle a été violée par un voisin. Elle a dû essayer de vivre avec « ses méduses », ses colères, ses rebellions d'adolescente.
Elle a mis 20 ans à se reconstruire, jusqu'à ce qu'on retrouve son agresseur qui va finalement être jugé. Une étape déterminante pour mettre un terme à ces années de souffrance.

Aujourd'hui mariée et mère de famille, la jeune femme se bat pour qu'aucune enfant ne se retrouve seule sur la banquise au milieu des méduses qui la dévorent peu à peu.

Je peine à imaginer le courage qu'il a fallu à l'auteure pour mettre des mots sur cette souffrance indicible.
« La petite fille sur la banquise » est un document magnifique et émouvant, d'une grande force d'évocation.
Ce livre permet d'ouvrir les yeux sur les souffrances subies comme une honte par des milliers d'enfants abusés.
Merci aux Editions Grasset et à NetGalley pour ce partenariat.


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Il est rare de lire un livre autobiographique de cette qualité. La qualité de l'écriture et du récit éclaire la vie d' Adélaïde Bon, en un lumineux récit, comme pour un spectacle, un éclairage qui permet de mettre en valeur l'intention de l'auteur.

Bien des écrivains, ont la certitude d'être lu, avec attention jusqu'au bout, mais cette voix si jeune et si sombre, cette douleur qui tétanise, l' écouter pour lui offrir ce joyau, votre lecture, lire ses mots tous ses mots, de "la petite Fille sur la Banquise".


Ici pour un premier roman se rendre visible, ne rien cacher d'essentiel, est une démarche qui me bouleverse. Faites comme tous ceux qui ont croisé Adélaîde, son journal, cette confession livrée à ses cahiers bleus, griffonnés pour qu'elle n'oublie pas, pour qu'elle retrouve les traces de ce jour maudit où son regard a croisé un prédateur aux yeux glacés.


"Elle n'est plus là. Elle est morte."P 12
C'est le corps qui parle, ce sont les sens qui relient la petite fille à la vie. Là haut, dans sa tête, quelqu'un a tout effacé, il ne reste qu'une douleur sans nom, une nausée, des gestes automatiques, c'est moi qui suis sale, honteuse, comment vivre ça.
C'est semblable à un deuil, la perte à 8 ans de la maman les sensations sont les mêmes, elle n'est plus là, je suis morte, incapable de dire de pleurer, dans ce no man's land, “ça flotte dit elle". page 12

Beaucoup plus tard elle dira enfin:
“Quelqu'un lui a fait du mal, quelqu'un lui a fait ce mot là. Et si la clef c'était ce mot là .P 105”

Elle découvre qu'elle n'est pas seule qu'il faut se battre, que le corps a quelque chose de si précieux.
Toutes les peurs, toutes les angoisses s'incrustent dans la peau.


Une fois ouvert le chemin de sa rédemption, le procès, la naissance de son premier enfant, Adélaïde Bon nous immerge dans le dédale de la réalité de la condition féminine, non pas celle des comptes dorés, mais celle des violences que subissent les femmes. Fossé d'incompréhension ou manque d'information, le chemin qui mènera les hommes à respecter enfin le corps des femmes semble si abyssal.


Témoigner, devient sa litanie elle écrit page 246, "sans nos témoignages tremblants, nos voix qui se rompent, nos visages tirés de larmes contenues, sans nous, l'horreur du crime s'estompe et le criminel triomphe".

Le sentier est encore long, qu'importe!
"15 000 € pour le viol, on peut détruire la vie d'une femme pour le prix d'une voiture d'occasion."p 247

Dans la sinuosité de ce parcours chaotique, se cache un mari aimant, il ne comprend pas tout mais qu'importe! Il est là aussi, il est là, il la soutient même quand elle revit le drame et qu'il s'épuise de sa tendresse.

La force de ce roman est porté par cet amour, discret, efficace, démesuré.

Adélaïde n'abandonne pas, jamais les mêmes dans les ténèbres, la vie, elle luit.

Cette joie elle est capable dans les dernières pages de nous la faire partager, charnellement avec le feu d'artifice de tout son corps, à pleines dents, page 252 ," l'odeur des aiguilles de pin roulées au bout des doigts, dans mes paumes, la chaleur vibrante et moire d'une poignée de terre grasse."

Un quelque chose d'inoubliable.
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C'est avec beaucoup de tendresse et d'effroi en même temps que j'ai lu le livre d'Adélaïde Bon, ce bouleversant témoignage qui retrace le long et éprouvant combat mené pour une reconstruction après un viol.

C'est à 9 ans que le destin d'Adélaïde a basculé, c'est à 9 ans qu'elle a échoué sur la banquise, seule avec son secret. Elle a mis 20 ans à se reconstruire en livrant un combat acharné contre ce mal pour lequel elle ne trouvait pas de mot et qui la dévorait de l'intérieur, elle le comparera à des méduses qui s'immiscent lentement en elle et qui la dévorent sans que personne ne s'en aperçoivent.

Aujourd'hui, Adélaïde Bon tend la main à toutes les victimes de viol et lance un appel pour que la loi et la prise en charge des victimes changent et évoluent, afin qu'elles ne vivent plus dans une solitude morbide et une honte injustifiée, afin qu'elles soient écoutées et surtout comprises.

Les victimes de violences sexuelles créent souvent une sorte de mémoire traumatique enfouie de l'événement. Elles développent des comportements intimes qui les isolent et souffrent de symptômes dont elles ignorent l'origine. “Plus on a été agressé jeune, plus a de mal à voir le rapport entre la crise de panique au présent et l'agression du passé”.

Désormais,  elle va se couper un peu plus des autres, “sourire, dissimuler, s'épuiser. Passer chaque journée en dehors de soi. Se vivre déportée, sans que nul ne sache”. “Elle rit toujours, peut-être un peu plus qu'avant, c'est qu'elle a le coeur si lourd que quand la joie lui vient, elle s'y jette”.

Elle va meurtrir ce corps qu'elle hait et qui ne lui appartient plus, ignorant  qu'elle est dans le déni total de la violence subie, construisant un bouclier de résistance aux autres et au mal.

“Elle n'a pas idée de ce que ce mot femme, sexualité féminine pourrait signifier, elle une femme dans une civilisation façonnée par les hommes, elle ne connaît sa sexualité qu'à l'aune de la leur”.

Au centre du récit - comme un avant et un après - elle écrit (enfin) le mot VIOL (un mot jusque-là écarté, nié du récit). Elle n'hésite pas à décrire sans ambages ni figures de style les situations insoutenables que subissent les femmes dans les espaces publics par exemple où “les hommes mesurent leur trique à l'effroi qu'ils causent”

C'est un combat qui s'engage, un combat pour la survie, une route longue et périlleuse dont elle ne connaît pas l'issue. Elle rêve seulement d'un mieux, elle cherche du secours parmi les différentes thérapies qui lui sont offertes. Sa plus grande épreuve sera libératrice, quand, assise sur le banc des victimes parmi d'autres victimes, elle croisera avec effroi les yeux de son agresseur. Cette ultime épreuve lui permettra alors d'analyser, de comprendre ce qui lui est arrivé, de se déculpabiliser aux yeux des autres, de partager avec d'autres, d'écrire. “Je suis ce qu'il reste d'une femme après qu'on l'a violée. Et de l'écrire me renoue, me relie, me répare”.

“C'est un livre, quand bien même les sujets dont il parle sont extrêmement douloureux, que j'ai écrit avec beaucoup de douceur et de tendresse, pour toutes les autres petites filles qui sont coincées sur la banquise.” dit-elle. Merci Adélaïde pour ce témoignage bouleversant, merci pour le courage d'avoir mis en mot la douleur lancinante qui a accompagné votre vie durant toutes ces années, merci au nom de toutes les femmes bafouées, agressées et violées qui vivent seules leur souffrance.
Lien : http://dominique84.overblog...
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L'auteur mêle le « elle » et le « je »dans ce récit d'une grande intensité.
C'est un texte autobiographique qui commence lorsqu'elle a neuf ans et se fait violer dans l'escalier de son immeuble.
S'ensuit alors une vie brisée. Boulimie, angoisses, paniques, thérapies diverses….. Vie gâchée, vie salie à jamais.
C'est poignant, émouvant, désolant.
Adélaïde Bon se livre totalement, sans retenue.
Quand on pense au nombre d'enfants victimes de pédocriminels, on se dit que ce livre devrait être étudié par les policiers, les magistrats, les experts…. toutes les personnes chargées de prendre en charge les enfants abusés.
L'auteur analyse de façon extraordinairement précise les étapes de destruction qui suivent le viol.
Les années passées à combattre, à se combattre.
Et tout cela dans un style excellent, avec une écriture qui percute.
Adelaïde Bon a certainement du beaucoup prendre sur elle-même pour produire ce livre remarquable qui, je pense pourra aider toutes les victimes de pédophiles.
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La petite fille sur la banquise est apparue dans cette cage d'escalier, un après-midi du mois de mai.
Elle rentrait chez elle, tout simplement, un paquet de Carambars dissimulé dans sa robe tablier rouge. le monsieur est monté avec elle, il avait besoin d'un service. Et puis, là, entre deux étages, il l'a arrêtée, elle deux marches au-dessus de lui.
Et le monde de la petite-fille s'est arrêté.
Et les méduses sont arrivées.

Lors de sa sortie en 2018, j'ai bien sûr entendu parler du récit autobiographique de la comédienne Adélaïde Bon, « La petite fille sur la banquise ». J'en ai lu quelques extraits dans la presse et je n'ai pas eu le courage d'aller plus loin. Puis , alors que ce livre sortait en poche, j'ai vu dans le même temps sur Internet une interview de l'auteure. Bouleversante. Terriblement touchante. Et là, je me suis dit : elle a eu le courage d'écrire ce livre alors nous, lecteur, on peut bien faire le petit effort d'accueillir son témoignage et de lui porter, à travers notre lecture, un infime soutien.

Adélaïde Bon a été violée à l'âge de 9 ans par un inconnu dans son immeuble, dans un quartier cossu du 16ème, à Paris. Elle est issue d'une famille catholique aimante et bourgeoise, où l'on ne parle pas des choses du corps. Adélaïde ira au commissariat et Adélaïde ira voir un pédiatre. Et cela en restera là.
Viol : il lui faudra 20 ans pour définir ainsi l'acte. Adélaïde va souffrir d'une amnésie traumatique, elle ne se souvient de rien, ou si peu. Mais son adolescence, puis sa vie d'adulte, vont être une longue descente aux enfers : boulimie, drogue, envies suicidaires, dégoût de son corps qu'elle malmène, sexualité pervertie, des relations avec les hommes en montagnes russes. Des conduites à risque qui sont autant les symptômes et les conséquences de son stress post-traumatique. Ces comportements sont ses méduses, celles qui enflent sans prévenir à n'importe quel moment, n'importe où, qu'elle soit adolescente ou devenue mère.
Adélaïde, tout en cachant son mal-être à sa famille et à ses amis, va chercher l'origine de sa souffrance. Elle va multiplier les thérapies, voir différents psychologues, tout tenter pour s'en sortir. Et les années vont s'égrainer… jusqu'à l'appel de la police, un soir d'hiver, alors qu'Adélaïde a 31 ans et est enceinte de cinq mois.

Adélaïde Bon a trouvé dans l'écriture le moyen d'avancer. Dans un style à la fois poétique, distancié et incisif, elle cherche et fouille les méandres de son mal être destructeur. Adélaïde, « je», parle d'« elle », la petite fille sur la banquise. Mais ce récit, c'est aussi l'élan d'espoir d'une jeune femme qui s'ouvre aux idées féministes et découvre une sororité réparatrice et solidaire. C'est enfin le récit d'une enquête policière et d'un procès comme il en existe tant, où selon la jurisprudence, « on peut détruire la vie d'une femme pour le prix d'une voiture d'occasion ». Adélaïde a tenu, jusqu'au bout.

La petite fille sur la banquise s'en est allée il y a déjà bien longtemps mais « la vie n'abandonne jamais, au tréfonds des océans, dans les ténèbres, elle luit ».

Un livre essentiel, intense, douloureux et universel.
Merci Adélaïde Bon.
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Par ce témoignage, Adélaïde Bon nous livre son histoire de façon bouleversante et très courageuse.
Elle n'a que 9 ans quand, dans la cage d'escalier de son immeuble, un inconnu l'aborde. Il la touche. Et ces "attouchements sexuels" feront l'objet d'un dépôt de plainte à la police, mais restera longtemps en sourdine.

Ce qui se crie en elle, par contre, c'est l'entreprise de destruction massive que cet événement provoque en elle. Car d'abord, elle ne fait même pas le lien entre son malaise, profond, abyssal même - en fait ses séquelles psycho-traumatiques -, et le cauchemar qu'elle a vécu.

C'est la même violence insupportable qui se rejoue inlassablement, la même souillure qui se répète sans cesse. La peur. La honte. La détestation de soi. Les idées tortueuses et morbides.

Et puis, à force d'un long chemin, très douloureux, elle se souvient, perce cet écran que la psyché érige pour se défendre du traumatisme et, enfin, les mots justes émergent. Car il y a eu pénétration. Avec le doigt. Et toute pénétration (digitale, avec un objet, ou avec le sexe, qu'importe et quel que soit l'orifice), est d'office un viol lorsqu'il s'agit d'un(e) mineur(e). Sa plainte sera requalifiée à sa demande.

De l'importance des mots justes.
Car "on" (son entourage et la société en générale) a tendance à minimiser et la victime avec eux, ce que sont ces gestes intrusifs dans son intimité profonde. "Juste des attouchements" "C'est moins grave qu'un viol tout de même". Non.
Et puis, de l'incohérence du mot pédophile. Elle parle de pédocriminel. Car il n'y a rien d'aimant dans cette prise de possession de l'enfant comme celle d'un objet. C'est même d'une violence inouïe. Et c'est de cette violence qu'il jouit.

L'écriture d'Adélaïde, ses mots sonnent avec fracas et justesse. Dans son récit, elle passe du "elle" au "je" comme pour marquer le processus dissociatif à l'oeuvre entre le corps et l'esprit.
Les mots justes.
Le ton juste.

La plainte finira par aboutir trente ans plus tard, avec des dizaines et des dizaines de victimes reliées à un même coupable...
et ce choc est le détonateur d'autres souvenirs qui refont surface...

Ce témoignage secoue. Il peut déranger, créer le malaise de se sentir voyeuriste. Personnellement, ce n'est pas du tout de cette manière que je l'ai lu. Car il m'a permis de suivre le parcours psycho-traumatique d'une victime d'abus sexuels et que l'on sent qu'Adélaïde Bon a eu à coeur, outre la décharge cathartique, de sensibiliser tant le public que les victimes qui ne s'identifient pas réellement comme telles. Ce tremblement de terre intérieur, ces "méduses" comme elle les nomme, et de l'importance de les repérer pour pouvoir en guérir. Car c'est de ce silence, de cette non mise en mots justes que son traumatisme s'est engouffré pour mieux se gonfler d'horreur et exploser par symptômes terrifiants durant de longues années.

Son récit nous enrichit, suscite une empathie que l'on pensait certes acquise dès le départ mais pas dans de telles proportions. Et puis c'est aussi le portrait d'une résiliente qui a vaincu et revit.

Elle dénonce aussi, à juste titre, la prescription de ces crimes qui, pourtant, emportent une vie, comme une mort intérieure, qui elle est imprescriptible.

Un témoignage - et bien plus que cela - émouvant. Une gifle brutale et douloureuse, mais nécessaire pour comprendre ce chaos intérieur, le tumulte d'une identité dépossédée et hantée par la violence de l'agression.
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Un livre déchirant, dont on ne ressort pas indemne. Une enfance détruite, une vie déchiquetée.

Un viol dans une cage d'escaliers à neuf ans. Et vingts-trois ans après, enfin! Un suspect! le coupable arrêté. Et avec le procès, la découverte de toutes les autres victimes. Toutes ? Combien de vies détruites par un seul homme ? Cinquante, cent, certainement plus encore.

Un choc ! Un récit bouleversant d'une grande sincérité. Un témoignage absolu sur une vie massacrée, les séquelles, l'appareil policier et judiciaire et la tentative de retrouver la vie.
Lien : http://noid.ch/la-petite-fil..
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Pour la majorité des français, un crime implique un meurtre, or en droit pénal cette notion de crime est différente, un viol est un crime. Il est donc passible de la cour d'assise et d'une sentence plus lourde qu'un délit.
Il y a viol s'il y a pénétration avec quoique ce soit où que ce soit et sur qui que ce soit. Récemment, a été qualifié de viol cette pratique infamante du doigté anal en cours de récréation sur un garçon.

Il est important de rappeler cela à une époque où pour désengorger les tribunaux on « re-qualifie » en délits des crimes de viol en en faisant des « attouchements sexuels ».

Cette importance des mots doit s'attacher aussi à re-qualifier le pédophile en pédocriminel, ce qu'il est réellement.


Le témoignage d'Adélaïde Bon est donc précieux car il nous permet de bien comprendre en quoi l'acte de violer détruit une vie. Comment de victime, on s'imagine devenir coupable. Comment toute une existence se perd dans le doute, la peur, l'autodestruction ou la folie.
Il nous fait comprendre quel est le mécanisme de l'amnésie post traumatique, pourquoi une victime perd la notion exacte des faits criminels de son agression.



J'ai été totalement retourné par ce livre qui est non seulement juste et poignant mais très bien écrit. L'enjeu était primordial, celui d'éveiller les consciences. Il ne peut qu'atteindre son but et devrait être conseillé en fac de droit, en école de police, d'assistants sociaux, de psychiatrie…

J'ai été enfin horrifié par le fait qu'un monstre ait pu entre les années 80 et 2000 faire plus de 80 victimes reconnues avant d'être enfin stoppé par hasard et incarcéré. On se souvient de l'affaire Alègre, de Dino Scala, de Guy Georges et tant d'autre arrêtés longtemps après leur premier crime. Cette longue traque devrait obliger à rendre imprescriptible ces crimes odieux.



Pour tout ces réflexions qui feront changer les mentalités arriérés de beaucoup de nos contemporains, pour ce courage à faire front et à témoigner, un immense merci à Adelaïde Bon.
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″ Les mots manquent, à neuf ans pour dire ça. ″

Adélaïde a 9 ans, lorsque dans une cage d'escalier elle se fait violer. Elle mettra des années à mettre les ″ bons″ mots sur ce qu'elle a subi. Durant tout ce temps, la gamine ne va pas bien ; l'adolescente perd pied, s'engage dans des relations ″kleenex ″, cherche sa voie ; la jeune adulte erre de thérapie en thérapie sans parvenir à se relever….

Construit de manière chronologique, ce roman comporte trois parties, comme les trois étapes dans la vie d'Adélaïde. La première montre sa descente aux enfers faites d'angoisses, de tristesse, d'addictions, de haine d'elle-même, de thérapies.

Dans la seconde, Adélaïde peut enfin poser le mot viol sur ce qu'elle a subi, et qui jusqu'alors n'avait été qualifié que d'attouchements.

Enfin, la dernière partie est consacrée au procès. On y voit l'extrême difficulté pour les victimes d'être reconnues, d'être crues, et l'ultime combat que représente la confrontation entre les victimes et l'agresseur qui s'enferme dans le déni et la violence. Mais l'auteur insiste également sur la nécessité du procès. Les victimes ont besoin d'être reconnues comme telles directement et indirectement par le biais d'une condamnation du violeur.

Cet ouvrage, bouleversant, montre avec justesse et avec des mots souvent très durs, le parcours d'une enfant saccagée, à la dérive ; mais aussi d'une adolescente volontaire et courageuse.
Adélaïde insiste sur les mécanismes qui font l'amnésie des premières années, rendant indispensable le temps long qui aboutit à la verbalisation des faits et au travail de réparation.
Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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J'ai refermé les dernières pages du témoignage d'Adélaïde BON en état de choc.
Adélaïde BON expose sa reconstruction et son parcours suite au viol dont elle a été victime lorsqu'elle avait 9 ans, à l'époque les faits avaient été qualifiés d'attouchements sexuels.
Toute sa vie aura été bousculée, elle utilise une métaphore effrayante de méduses dans le ventre qui la colonisent. Pourtant elle avance la petite fille qui affiche un sourire et une malice de son âge alors que les cauchemars sont permanents. L'adolescente va se livrer à des excès d'alcool, de drogue, de sexe, elle se fait du mal, elle mange plus que de raison et grossit, devient boulimique. La femme adulte va se construire épaulée par des psychothérapeutes, psychologues bienveillants et professionnels et par celui qui deviendra le père de son enfant.
Pourtant jusqu'à la fin, y compris lors du procès, elle taira une partie des actes abjects de son violeur, par honte et aussi parce qu'elle n'en a jamais fait mention lorsque ses parents ont déposé plainte, et parce que les enfants n'ont pas de mots, ils verrouillent, victimes d'amnésie traumatique.
Et puis un jour, alors qu'elle est enceinte, cet appel du commissariat vingt ans après les faits : un suspect a été interpellé. Et là c'est le déclic, la honte s'étiole, la colère se lève.
Suivent alors le procès, la rencontre avec d'autres victimes, si nombreuses et la confrontation avec son violeur, virulent, insultant.
La lecture est éprouvante, Adélaïde BON ne s'est rien épargnée, elle n'épargne pas non plus le lecteur.
Invitée à la Grande Librairie c'est une jeune femme lumineuse et militante qui est apparue. le manque de moyens est cruel pour aider les enfants victimes, pour former les professionnels destinés à recueillir la parole des enfants et les aider à se reconstruire.
Un témoignage d'utilité publique.
Lu dans le cadre du prix Version Femina

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