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EAN : 9782364760172
200 pages
L'écailler du sud (20/09/2012)
3.4/5   5 notes
Résumé :
Durant un voyage présidentiel en Afrique, qui démarre par la Libye post-Kadhafi, nous suivons un vieux journaliste familier du palais de l’Élysée, dont l’amertume ne le cède qu’à l’incompréhension. Face à face avec lui-même, ce correspondant en bout de course pose un œil des plus cyniques sur le cirque présidentiel, tout en glissant lentement vers une forme de suicide. L’occasion pour l’auteur, également journaliste, de dresser à travers une fiction un portrait édi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Au rythme des pensées de Michel Brouwer, journaliste accrédité à l'Elysée et participant à son dernier voyage officiel (VO) - il sait que dans deux mois à peine, il sera débarqué, mis à la porte - on n'a plus besoin de lui -, Gérard Bon nous emmène voir les dessous d'un journalisme muselé ainsi que l'extrémisme de droite des années 60. Michel Brouwer, personnage principal de ce roman, traine son passé de militant comme un boulet.

Ce sont deux voyages, le voyage officiel et le voyage intérieur de cet homme proche de la soixantaine, usé, perpétuellement indigné, terriblement seul qu'est Michel Brouwer. le "fasciste", au sens employé dans sa jeunesse, c'est lui.

Deuxième personnage de cet ouvrage : Jean-Dominique Glock appelé Glock. Brouwer lui voue une haine mortelle qu'il ressasse inlassablement.
Glock, c'est Nicolas Strauss-Kahn et Dominique Sarkozy, plus Sarkozy dans la posture et la parole, plus strauss-kahnien pour le reste.
Les références sont nombreuses et connues de tous. On les repère tout au long de la lecture. Elles font sourire ou non. Non, le plus souvent. Il ne s'agit pas d'un livre comique, bien loin de là mais les personnages sont tragi-comiques, parfois grotesques, souvent caricaturaux. Glock, c'est le Président.

Le style de ce roman n'a rien de remarquable. Journalistique ? Son intéret réside dans les questions que l'on se pose. Ce roman m' a plu dès lors que je l'ai mis au diapason de l'actualité. C'est en effet un roman d'actualité.
Pour Brouwer, Glock témoigne du déclin de la fonction présidentielle. Il est de plus en plus pessimiste.

Le voyage commence en Libye. Brouwer nous rappelle comment fut reçu par Sarkozy le président de l'Etat Libien, Kadhafi, en grande pompe, l'Etat français se pliant à ses caprices humiliants pour Sarkozy. L'intervention en Libye, quid du résultat ? Après la sortie du livre, l'hebdomadaire Marianne a fait paraître un article : Médias : les moutons de Panurge où la pensée uniforme des journalistes est fustigée. L'auteur de l'article compare cet état de fait à la pensée unique des années 90 à ceci-près qu'il s'agissait alors d'une "pensée". L'intervention en Libye est soulevée. 90 % des médias était pour. Or, aujourd'hui, à l'aune des conséquences, aucun débat n'est ouvert.
Bon ouvre ce débat-là.
Brouwer n'a pas de sympathie envers ses jeunes confrères qui se délectent des privilèges dus à leur statut, le fait de prendre l'avion avec un président qui vient parfois leur taper sur l'épaule, à la façon dont ils seront logés... Brouwer avoue qu'il a apprécié en son temps tout cela.
Aujourd'hui, il parle d'un cirque, de la ménagerie personnelle du chef de l'Etat, de sa cour - et en effet, ses affidés, les copains qui lui ont rendu service, sont gratifiés des gros postes de la République, pseudo-république qui est en fait une république bananière, où l'euro n'est qu'une monnaie de singe, où les dirigeants allemands n'ont de cesse de promouvoir leur suprématie au sein de l'UE, UE où beaucoup trop de pays sont entrés dont la Grèce, accusée de tous les maux. Brouwer nous remet en mémoire comment la Grèce fut créée de toutes pièces par les Anglais, les Russes et les Français... Ces propos, nous les entendons de plus en plus, dans certains partis politiques mais aussi au bar du coin...

Le voyage se poursuit en Cote d'Ivoire et au Cameroun là où Brouwer explose. Il sait que Glock n'a que faire de l'Afrique et a fortiori des Peuls. Seul le meut l'aspect mercantile du déplacement.
Au cours de ce dernier déplacement justement, Brouwer va vivre quelque chose de terrible pour lui. Je ne vais pas déflorer le roman. Je dirai seulement que contre toute attente de Brouwer, on peut imaginer que la révolution se fera par internet ! Il y a un passage impressionnant où Glock fait irruption dans un point-presse pendant lequel Brouwer en profite pour lui poser des questions dérangeantes mais o combien pertinentes auxquelles Glock ne peut que répondre en faisant le sourd et en faisant tourner en bourrique Brouwer. Cela ne va pas échapper à tout le monde.
C'est là un moment crucial du roman.

Au cours de ce voyage, on sait que la vie privée de Brouwer est d'une solitude terrible. Il a un chien. Vieux. Une petite amie. Très jeune. Petite amie, Blanche, la seule exceptée Marthe Picard, la grande organisatrice du VO, la femme chargée de l'intendance, de la sécurité des journalistes et aussi de leur surveillance. Pas de temps mort. Pas de temps pendant lequel les journalistes pourraient être amenés à prendre des initiatives...
Exceptées ces deux femmes (Blanche lui annonce la rupture de leur relation et bien que Brouwer l'ait anticipée, il n'en demeure pas moins extrement malheureux), le journaliste a sur les femmes un regard vieux-jeu, qui m'a semblé assez désagréable.
On apprend aussi que Brouwer est malade. Il souffre de la prostate et les conséquences de cette maladie sont genantes à divers titres. Pessimiste comme il est, il craint un cancer. Il a une liaison avec une journaliste de Globe pendant ce VO, une femme assez perdue elle-aussi. Lors d'une relation plus intime : coïtus interruptus : elle lui apprend qu'elle a été la maitresse de Glock ! Remède contre l'amour pour lui (déjà difficile avec ses problèmes de prostate !). Elle devient à ses yeux une moins que rien, pire : une putain ! Ils continueront cependant à se voir et à soigner leurs solitudes réciproques.

Et tout au long du roman, bien sur, revient son enfance, son adolescence et sa prime jeunesse. Brouwer a eu une enfance destructurée (mère partant du domicile familial pour suivre un amant, revenant ensuite, Brouwer vivant chez ses grands-parents... rien de très stable) avec la figure paternelle toute puissante. le père de Brouwer, en effet, a des liens avec l'OAS - qui lui ont fait faire un temps de prison préventive - et son fils le suit dans ses idées-là. Son père voue lui-aussi une haine mortelle à un président, Charles de Gaulle, traitre à ses yeux à cause de l'indépendance de' l'Algérie. Brouwer a beaucoup d'empathie pour les expatriés d'Algérie mais aucune pensée pour les Algériens. Paradoxalement car il reprend les idées de son père, il prétend que c'était pour lui la seule façon de se rebeller.
Toujours est-il qu'il milite au MJR, cotoie avant cela le Gud.... sujets qui portent à réflexion parce que plusieurs hommes politiques actuels ont suivi ce parcours. Journaliste, il a abandonné ses activités de militant mais son passé (qui lui a parfois professionnellement rendu service) lui colle aux basques et il ne s'en remet pas.

Voici un livre qui suscite bien des réflexions et qu'il faut lire attentivement.
Il est bien plus riche qu'il ne semble au premier abord.

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Presque un roman noir, en tout cas un roman politique, certainement un roman psychologique: le lecteur a de quoi s'interroger au terme de sa lecture de "Le fasciste et le président" de Gérard Bon. Et si cette confusion des genres n'était rien d'autre que le reflet formel du personnage principal? Question d'autant plus pertinente que la construction des deux personnages évoqués par le titre est justement le point fort de ce roman, paru dans le sillage de l'épatante rentrée littéraire 2012.



Qui parle, en effet? L'auteur adopte le point de vue d'un journaliste sexagénaire marqué à droite nommé Brouwer, dont il dresse le portrait en plein et en creux. L'auteur joue avec la répulsion que peut avoir le lecteur à se mettre dans la peau d'un vieux fasciste (la notion de "fasciste" resterait à définir dès lors qu'on quitte le contexte de l'Italie mussolinienne, soit dit en passant; ici l'auteur ne fait qu'exploiter les stéréotypes usuels en comptant sur l'effet de connivence), présenté comme tel sans retenue particulière. Mais que le lecteur se rassure: l'auteur joue aussi avec les métaphores pour suggérer que le journaliste en question est un looser, et que par conséquent ses idées le sont aussi, par un amalgame qu'on fera facilement et que le personnage de Brouwer assume en reconnaissant que ses idées droitardes l'ont le plus souvent bloqué. Et pour qui ne serait pas convaincu, l'auteur affuble Brouwer d'un problème de santé fréquent chez les mecs de son âge, mais particulièrement gênant parce qu'il touche à la virilité. Ce qui rappelle de très loin le roman "Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable" d'un certain Romain Gary...



Face à lui, se trouve un autre personnage à la construction intéressante: celle du président, Jean-Dominique Glock. le nom est tout un programme: il évoque de manière franche un certain Dominique Strauss-Kahn, et l'ancien patron du FMI a effectivement contribué au modelage de son double romanesque, présenté comme un homme d'un certain âge qui aime les femmes. Et côté physique, ledit président tient de Nicolas Sarkozy puisqu'il est présenté comme petit et comme artisan de l'accueil de Kadhafi à l'Elysée. de là à penser que ce roman a été conçu juste avant l'affaire du Sofitel, lorsque tous les observateurs s'attendaient à un duel DSK-Sarkozy au deuxième tour de l'élection présidentielle française de 2012, il n'y a qu'un pas... Enfin, le patronyme de Glock suggère un personnage plutôt offensif, puisqu'un Glock est un type d'arme à feu. L'auteur, malheureusement, n'exploite guère cette piste, si ce n'est de façon indirecte.



L'histoire, disons-le à présent, se déroule en Afrique dans le cadre d'un voyage de presse officiel. le lecteur va découvrir ce petit monde de l'intérieur, avec ses impondérables, ses complaisances, ses lâchetés et l'ambiance qui peut régner entre des journalistes qui ne sont pas forcément réunis pour s'entraider. Cela, sur un continent que Brouwer, le personnage principal, ne peut s'empêcher d'aimer, à sa manière. de même qu'il paraît aimer sincèrement Zizi, l'une des journalistes du voyage - ce qui suggère que, oui, un facho peut avoir un coeur...



Et de même que Brouwer est un personnage qui ne s'est pas totalement accompli (et se confesse au fil des pages), "Le fasciste et le président" pourrait être un roman noir dont l'intention n'est pas aboutie. Il est en effet question de flinguer le président à un moment donné, assez tard dans le récit... et de faire ainsi un gros coup. Je laisse aux lecteurs le soin de découvrir ce qu'il adviendra de cette intention, mais qu'on sache que l'issue choisie par l'auteur exclut ce livre du genre du roman noir au sens strict. Dès lors, on peut se demander si ce livre est aussi velléitaire que son narrateur, certes desservi par les circonstances...



Le lecteur se retrouve donc face à un récit étonnant et non dépourvu de qualités - en particulier, la peinture psychologique des personnages est fine et détaillée. Il ne pourra cependant s'empêcher de se demander dans quoi il a mis les pieds, et de se demander si, entre roman noir et récit psychologique sur fond d'exotisme, ne s'est pas fait un peu balader. Perso, sans avoir boudé mon plaisir, j'en sors perplexe...
Lien : http://fattorius.over-blog.c..
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Brouwer est un journaliste sexagénaire rattaché à l'Elysée et est donc de tous les déplacements du président en place Glock, surnommé JDG. Brouwer déteste Glock au plus haut point, n'en peut plus des crasses politiciennes et du cirque journalistique qui entoure l'homme d'état. Cette fois, c'est un périple en Afrique qui est organisé. Et à côté de la chaleur harassante et du bordel de l'organisation, Brouwer a l'esprit préoccupé par sa petite amie qui l'a quitté et sa prostate sans doute atteinte...

Je suis partagée. le style de l'auteur, lui aussi journaliste, est clair, limpide, fluide, imagé. Bref, c'est tout ce qu'on demande à un auteur aujourd'hui (il faut pourtant croire que ce n'est pas l'avis de tout le monde vu certaines daubes mises sur le marché, mais trève de digressions !).
Pourtant, si les critiques énoncées envers la société française et son gouvernement restent lucides et souvent criantes de vérités blasées, on a souvent le sentiment que c'est trop et que tout, absolument tout est gangrené, pourri, empoisonné. Certes le narrateur a un discours "fasciste", mais à trop critiquer, on ne s'en sort plus, on se demande vraiment pourquoi ça vaut encore la peine de se battre pour la justice, le droit et la liberté. Disons, pour faire simple, que 148 pages à ce rythme intensif de critiques sans solutions est fatigant et usant. Et surtout aux antipodes d'un optimisme qu'on cherche fortement à lier de nos jours à l'espoir.
Je n'ai par contre pas aimé le personnage du président, savant (?) mélange de Dominique Strauss-Khan et Nicolas Sarkozy sans pourtant les nommer, alors que tous les autres personnages politiques (mais plus en place, voilà sans doute l'explication) le sont. Non pas que j'accuse l'auteur de lâcheté, mais la logique n'est pas là.
Enfin, je ne connaissais pas cet éditeur. Je déplore plusieurs coquilles et grosses fautes d'orthographe et de syntaxe que j'impute aux relecteurs/correcteurs telles que :

"[...] Louis Brouwer effectuait d'incessants va-et-vient au le Sénégal [...]", p49

"[...] un établissement de second zone [...]", p46

"Quel dirigeant occidental aurait-il pris le risque d'organiser un scrutin dans un pays coupé en deux par une rebellion ?", p39

"Comment lui avouer qu'il n'a rencontré jusqu'à lors que des filles moches [...]?", p82

En espérant qu'ils embauchent des gens plus compétents...
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Le chemin de croix d'un vieillissant journaliste d'extrême-droite, en plein cynisme françafricain.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/01/03/note-de-lecture-le-fasciste-et-le-president-gerard-bon/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
C’est son ultime voyage présidentiel, comme le dernier tour de piste d’un vieux cheval de manège.
À bientôt soixante ans, il est conscient d’avoir passé l’âge de courir d’Asie en Afrique et d’Afrique en Amérique du Sud dans le sillage de chefs d’État qu’il a toujours exécrés. Mais ce qu’il ne supporte pas, c’est d’avoir été mis au rancart sans préavis et sans motif valable, comme une chemise sale !
Il se sent, vous savez, comme ces vieux chimpanzés pouilleux et acariâtres que l’on chasse à coups de dents.
« Il faut partir, Michel, cela fait trop longtemps que tu es là. », lui a expliqué son rédacteur en chef. Tu parles ! Comme s’il ne coulait pas de source que l’ordre venait d’en haut, de la présidence !
Tout le monde a remarqué que le chef de l’État le battait froid. Pas un bonjour, pas un regard et, surtout, le refus obstiné de répondre à ses questions, que ce soit en petit comité ou lors des conférences de presse.
Veut-il lui faire payer son fichu caractère ? Sa réputation de journaliste politiquement incorrect ? Ou obéit-il à d’autres motivations plus secrètes, plus personnelles ?
Toujours est-il que, dans moins de deux mois, Michel Brouwer se retrouvera au mieux chômeur, au pire retraité avec une pension réduite à la portion congrue. Et encore ! Si l’État n’a pas implosé d’ici là et, avec lui, le versement des retraites.
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Brouwer l’a toujours dit : bien qu’elle soit plus discrète qu’en Sicile ou au Mexique, la corruption est une spécialité française, et la classe politique un nid de vipères. S’il exagère ? Allons donc ! Ne traite-t-on pas depuis des décennies le pays des droits de l’homme de république bananière ?
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