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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pas vraiment une biographie de Clara Malraux mais une mise en perspective du couple Malraux/ Goldschmidt .
Ceci dit c'est très intéressant à lire et j'ai découvert des faits que je ne connaissais pas . L'écriture est simple , sans trop de renvois en fin de volume et l'on croise au fil des pages un tas de noms connus qui donnent le regret de n'avoir pas vécu cette époque culturellement formidable.
Un récit qui m'a donné l'envie de me plonger dans les mémoires de Clara Malraux dès que j'aurais mis la main dessus .
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« Académicien, académicienne » … on imagine une certaine hauteur, voire une vraie raideur, chez ces quarante élus, – même si les femmes, comme les ecclésiastiques, sont théoriquement dispensées du bicorne, de l'épée, de l'uniforme vert – et quelque chose d'inaccessible, dans cette « immortalité ».

Rien de tel chez Dominique Bona, qui appartient cependant à l'Académie française. Une plume fluide et sensible, des portraits pleins de tendresse mais aussi de lucidité, un ton familier, une grande proximité avec ses personnages, appuyée sur une documentation quasi irréprochable sont à mettre sans hésiter au crédit de cette biographe et romancière. D'elle, j'ai lu notamment « Berthe Morisot, le secret de la femme en noir » ; « Mes vies secrètes », où elle nous présente sa famille d'élection, ses modèles ; « Colette et les siennes », chroniqué ici ; et « Clara Malraux », qui porte en sous-titre « Nous avons été deux ».

Au début, de fait, ils sont deux. Malraux, affabulateur, voleur, ingrat, génial séduit Clara, brillante, cultivée, amoureuse, confite d'admiration pour son phénomène d'époux. Puis on croise, au fil des chapitres, bien d'autres figures : des écrivains et leurs éditeurs, des politiques, des militantes, des héros… parfois des médiocres, des envieux. Clara et André ne marchent plus du même pas, mais elle n'est pas, dit-elle, « une femme qu'on protège ». Pendant l'Occupation, elle fabrique de faux papiers tout en élevant sa fille, Florence. Après son divorce, elle écrit, elle publie, toujours sous le nom de Malraux, devenu ministre. « le nom ? avait déclaré Malraux au lendemain de leur séparation. Elle ne l'a pas volé ». Plus tard, il ricanera en recevant ses lettres : « Madame Clara et ses problèmes. Panier. »

Elle peine à trouver un éditeur pour ses propres mémoires (on craint de froisser son ex-époux, solidement installé au gouvernement De Gaulle). François Nourissier lui en donne la possibilité. Grâces lui en soient rendues. À Jean-Marie Rouart (aujourd'hui « immortel », lui aussi !), elle lance : « Non, mais vous me voyez en femme de ministre ? »

On se jette dans ces cinq cents pages (en édition de poche), qu'on traverse d'un élan, sans aucune lassitude.
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N°648– Mai 2013.
CLARA MALRAUX - Dominique BONA - Grasset

Drôle de destin que celui de Clara Goldshmidt, née à Paris en 1897 mais de nationalité allemande puisque son père, originaire de Basse-Saxe ne sera naturalisé qu'en 1905. Même si chez elle on parle allemand, c'est la France pour les valeurs humanistes qu'elle porte que son père a choisi. Les parents de Clara forment un couple très uni et surtout très amoureux. Clara a deux frères dont l'un est son aîné. Cette appartenance à deux cultures sera pour elle un déchirement quand la Première mondiale éclatera d'autant plus qu'une partie de sa famille est restée en Allemagne. Quant à elle, elle n'apprendra que bien plus tard ses origines juives mais elle est française et élevée dans la grande bourgeoisie parisienne.

La généalogie d'André Malraux est moins reluisante, plus populaire, sa mère tenant une épicerie à Bondy. Né en 1901, il passe son enfance entre sa mère, sa grand-mère et sa tante, son père ayant quitté le domicile quand André avait 4 ans. Lui aussi a des origines flamandes mais comme Clara, il est résolument Français. Quand ils se rencontrent, en 1921, ils n'ont pourtant rien en commun si ce n'est peut-être cette envie d'écrire qui ne s'est pas encore manifestée. Tous les deux veulent échapper à leur condition, elle qui est une jeune fille bourgeoise et riche et lui un dandy frivole et pauvre qui lui cache ses origines sociales. Malraux a toute sa vie sera un mystificateur qui a lui-même tissé sa propre légende. Pour autant, ils semblent faits l'un pour l'autre et en octobre 1921 ils se marient avec cependant la promesse de divorcer six mois après ! Elle a 24 ans et lui est encore mineur, n'a pas de métier mais n'envisage pas le moindre emploi. Pourtant, parvenus à l'échéance qu'ils s'étaient eux-mêmes fixée, les époux qui se vouvoient toujours préfèrent consacrer l'argent que leur coûterait un éventuel divorce à voyager. En réalité, ils sont si bien ensemble qu'ils choisissent d'y rester. Si André s'impose par ses qualités intellectuelles, Clara reste quelque peu en retrait mais pousse son mari à partir avec elle pour Anghor. L'exotisme et le voyage les habitent tous les deux mais c'est aussi les trésors de temples kmers qui les attirent et qu'ils comptent bien s'approprier par le pillage. En réalité, ce voyage un peu hasardeux et dangereux porte en lui les prémices de "La voix Royale", qui paraîtra plus tard. Clara, elle, s'émerveille de la beauté des lieux et ce sera pour elle aussi la véritable naissance de l'écriture. Pour le couple, la mise à sac des temples leur vaut une inculpation, un non-lieu pour elle qui rentre en France sans le moindre sou, rompt avec sa famille et découvre la complicité modeste mais chaleureuse de sa belle-famille pourtant jusque là soigneusement cachée par André et un procès pour lui. Elle s'attache à réunir un comité de soutien qui compte les plus grandes signatures littéraires de son temps. La cour de Phnom Penh condamne André à 8 mois de prison avec sursis. Il rentre en France et peut recommencer à vivre.

En France, André se révèle ingrat, déjà, et Clara lui avoue un adultère qui le laisse désemparé. Il se souviendra plus tard de cette trahison, en l'imitant. C'est le début d'une longue série d'infidélités qui auront raison de ce couple mais c'est quand même Clara qui en prit l'initiative. La drogue entre dans leur vie en même temps que la gêne mais André songe à repartir pour l'Indochine avec des rêves journalistiques. Ce journal, baptisé "L'Indochine" qui deviendra "L'Indochine enchaînée" se veut altruiste, progressiste social, pro-annamite, tourné vers les plus défavorisés, bref d'opposition. Il s'oppose en effet à l'administration coloniale toute puissante et corrompue, dérange, est volontiers polémique et on le stigmatise comme bolchevique dans ce pays en plein bouillonnements politiques et ce bien qu'André ne soit pas communiste. Lui y écrit mais Clara reste dans l'ombre. le journal crée en Juin 1925 n'aura que 49 numéros et fin décembre de la même année, les Malraux repartent pour la France avec une certitude : ils seront écrivains mais, sans qu'elle le sache, c'est la fin du grand amour de Clara. de cette aventure asiatique naîtront nombre de personnages de roman pour André. Il publie "La tentation de l'occident" qu'il dédie à Clara. D'autres viendront qui l'introduiront dans le monde des Lettres et lui donneront le succès mais Clara restera dans l'ombre sans qu'André, maintenant directeur artistique chez Gallimard, ne songe à lui donner sa chance. En 1933, ni la naissance de leur fille Florence, ni le prix Goncourt d'André pour "La Condition humaine" où Clara apparaît sous les traits de May, ne peuvent parvenir à ressouder un couple qui se délite dans l'adultère.
Puis vient la politique, à gauche, pour Clara et André. Elle l'accompagnera, comme elle le fit en Espagne, en 1936, aux côtés des Républicains mais restera toujours dans l'ombre alors que lui s'affirme comme un remarquable orateur et aussi comme un organisateur charismatique. La guerre civile espagnole marquera pour eux la fin de leur amour, André rencontrant Josette Clotis qui lui donnera plus tard deux fils. Clara se retrouve donc seule "privée de lui", ce qui aiguise son talent littéraire.
En 1939, André qui avait été réformé, alors âgé de 40 ans, s'engage comme simple soldat, est fait prisonnier, s'évade, se réfugie dans le sud de la France. Ce n'est qu'en 1944, sur le tard, qu'il devient, dans la Résistance, le "colonel Berger" entraîneur d'hommes et combattant courageux. A la mort de Josette, Clara pense retrouver André, mais ils divorcent en 1947 après 26 ans d'un mariage cahoteux. Clara garde son nom et sa fille Florence. Désormais seule, elle survit mal, a gardé son âme de gauche mais publie difficilement 4 romans autobiographiques dont aucun n'est dédié à André dont il est pourtant le héros secret. Son ex-mari, reconnu maintenant comme un écrivain, publié de son vivant dans La Pléiade, éphémère ministre de de Gaulle en 1946 et qui a abandonné son idéal révolutionnaire, ne l'aide pas dans son entreprise littéraire. Ses livres se vendent mal. Elle rencontre Jean Duvignaud, professeur de Lettres et aspirant écrivain qui a 24 ans de moins qu'elle. Elle vivra avec lui une idylle de 13 années et le soutiendra dans dans son activité d'écriture. Pourtant en elle l'empreinte de Malraux n'est pas effacée. Ce dernier, veuf, se remarie en 1948 avec sa belle-soeur Madeleine, déjà mère d'un fils. le voila donc avec 3 garçons mais les relations familiales sont difficiles, comme elles le sont avance Florence, sa fille. Pour André la vie est opulente alors que pour Clara c'est la gêne. Pourtant, la mort de ses deux fils, la séparation d'avec Madeleine, entraînent André dans une phase difficile. Quand il choisit de renier ses idées progressistes et de s'établir dans l'ordre et les contradictions gaullistes, Clara tente de rétablir la vérité à son sujet mais l'aura du ministre est trop forte et l'indifférence d'André trop pesante. Pourtant elle ne renie rien de ce qui a été sa vie et son combat, milite, écrit, publie...Mai 68 revivifie ses ardeurs révolutionnaires mais quand à la suite du référendum de 1969, De Gaulle s'éloigne du pouvoir, Malraux démissionne. Désormais seul, il renoue avec une ancienne maîtresse, Louise de Vilmorin, puis, à la mort de celle-ci, sa nièce Sophie se rapproche de lui. Elle sera sa dernière compagne. Il s'éteint en 1976 à l'âge de 75 ans. Lui qui avait toujours ignoré Clara depuis leur divorce ne l'oublie pas dans son testament. Celle qui avait toujours été effacée, dans l'ombre d'André, s'affirme par l'écriture, les voyages, les interviews. Pour tous elle redevient Mme Malraux et à la mort d'André sa vie à elle prend tout son sens et la libère. Elle meurt paisiblement 1982

Ce couple que Dominique Bona nous présente comme mythique à cause de la passion qui a présidé à ses débuts n'a pas échappé à la routine, au délitement, au déchirement. Il a néanmoins était fécond, original, porteur de créations artistiques et de prises de positions politiques. C'est à dire le contraire de l'ennui.
J'ai lu passionnément cette biographie où il est souvent question d'André. Pour autant, Dominique Bona y rend hommage à Clara, magnifiquement.

© Hervé GAUTIER - Mai 2013 -













































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