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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
N°823 – Novembre 2014.

DEUX SŒURS – Dominique Bona - GRASSET

Dominique Bona renoue une nouvelle fois avec sa passion de la biographie et de la peinture. Elle nous avait déjà passionnés avec la vie de Berthe Morisot (La Feuille Volante n°677), elle nous invite ici à découvrir celle d'Yvonne et de Christine Rouart nées toutes les deux Lerolle. Elles épouseront deux frères Rouart, Eugène et Louis, les fils d'une famille voisine et amie.
On connaît les deux jeunes filles grâce à Renoir qui les a peintes (« Christine et Yvonne Lerolle au piano » - musée de l'Orangerie) Ce tableau donne à penser qu'elles connaissent le bonheur bourgeois à travers l'art de la musique et de la peinture. Leur père, Henry était en effet peintre d'inspiration symboliste, collectionneur avisé, découvreur de talents, ami d'artistes comme Debussy, Renoir , Pierre Louÿs ou Degas. C'est donc dans ce creuset culturel et familial qu'elles grandissent. Elles deviendront des icônes de l'Impressionnisme.

Elles entrent par leur mariage dans le clan Rouart, leur beau-père Henri est capitaine d'industrie, inventeur scientifique de talent mais aussi riche collectionneur de tableaux, ami des artistes et peintre impressionniste lui-même. Il manque à cela sûrement la présence d'une femme puisqu'il est assez rapidement veuf ce qui donnera à cette famille ainsi tronquée un aspect un peu austère. Ces deux familles appartiennent donc à « la bourgeoisie éclairée par l'art ». Pour Christine et Yvonne, le bonheur de leur enfance semble vouloir se prolonger dans leur mariage respectif. Cependant, ces deux fils qui vont devenir leur mari ne sont pas à l'image de leurs parents, versés dans l'art. Ils sont impétueux, colériques, invivables. Ces deux sœurs qui se portent un amour authentiques vont ainsi être séparées, l'une restera à Paris, l'autre partira pour la région toulousaine et leur destin basculera, jusqu'à la tragédie.  Ce n'est en effet pas simple pour les deux fils Rouart de suivre les traces de leur illustre père. Eugène, le mari d'Yvonne est un personnage trouble, instable, fragile, indécis, un écrivain raté, quant à Louis, sa passion pour les jolies femmes et pour le vin de Bourgogne sonnera le glas de cette union.

Dominique Bona sait raconter dans les moindres détails les différents moments privilégiés qui émaillent la vie de ces jeunes filles. On imagine le travail d'archiviste qui a dû être le sien pour rendre l'ambiance qui régnait au sein de ces familles, au point que le lecteur à l’impression d'en être le témoin privilégié. Comme toujours sa plume est alerte, précise et poétique. Ici elle choisit de nous révéler les talents différents de deux peintres(Henry Lerolle et Henri Rouart) dont le mémoire collective n'a pas vraiment retenu le nom dans le foisonnement créatif de leur époque. Elle le fait, à travers la présence discrète de ces deux sœurs à qui tout aurait pu sourire mais dont le destin a basculé. Avoir tout pour être heureux et finalement ne pas pouvoir l'être est souvent une caractéristique de la condition humaine. L'auteure nous fait pénétrer dans l'intimité de ces deux familles en n'omettant rien de ce qui fait leur originalité, leurs arcs en ciel comme leurs orages, notant avec la précision d'un scribe l’histoire intime de chacun, en société comme dans le huis-clos du foyer. Lire un de ses livres est non seulement une occasion d'en apprendre davantage sur le sujet proposé mais aussi de partager un style fort agréable. Je note d’ailleurs qu'elle a pris la précaution de joindre des arbres généalogiques et une galerie de personnages pour que son lecteur s'y retrouve dans ces filiations, ces alliances et ces amitiés parfois sulfureuses.

L'auteure, récemment élue à l'Académie française (La feuille Volante n° 644), après avoir écrit dans le domaine de la fiction romanesque semble orienter ses travaux en direction des biographies mouvementées. Les vies d'artistes qu’elle nous propose sont à chaque fois une découverte et une invite à en connaître davantage. En ce qui me concerne, c'est toujours, et depuis longtemps, un bon moment de lecture.

©Hervé GAUTIER – Octobre 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Partir d'un des plus beaux tableaux de Renoir pour nous emmener nous balader, en compagnie de deux familles d'artistes, dans la vie artistique et mondaine (Peinture, Lettres, Musique) de la fin du 18e siècle à la première moitié du 20e, est un enchantement : Gide, Valéry, Mallarmé ... Debussy, Charpentier, Vincent d'Indy ... la naissance de l'Impressionnisme ... Une époque aussi riche sur le plan culturel ne se reverra pas de sitôt. Ce livre m'a émerveillée.
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L'auteure réussit de manière magistrale et émouvante à nous faire entrer dans l'intimité des soeurs Lerolle/Rouart et de leurs tragiques destinées. Mais au-delà de ce après tout banal tableau de famille, l'auteure nous expose avec brio tout ce réseau artistique, familial et commercial de la seconde moitié du XIXème siècle et début du XXème que je connaissais très mal. Ce livre peut se lire comme un roman, mais également comme un livre sur l'histoire de l'Impressionnisme. J'ai été en effet très surpris par cette découverte de liens tissés entre des artistes devenus très célèbres et ces familles aisées de mécènes qui cachaient en son sein des artistes également talentueux et tourmentés. Une grande fresque historique et picturale qui mériterait sans aucun doute une version cinématographique. Un grand travail de recherche de la part de l'auteure qui sait rendre avec brio toute son humanité à des personnages connus et moins connus de notre patrimoine artistique.
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J'ai plus qu'aimé ce livre, il m'a transporté dans un milieu d'artistes et dans les familles Lerolle et Rouart qui, si elles n'avaient pas existé nous auraient sans doute privés de la beauté des impressionistes...
Il y a tout ça et il y a plus, tout ce qui vous donne envie de parcourir la trace des protagonistes et des ... toiles !
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