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EAN : 9782070417612
464 pages
Gallimard (23/05/2001)
4.03/5   65 notes
Résumé :
Cette première grande biographie de Romain Gary éclaire les mille facettes de celui qui fut l'auteur d'une des plus belles mystifications littéraires de tous les temps : Émile Ajar.
Il y eut l'enfant juif, pauvre, né à Moscou en 1914, l'adolescent ambitieux qui se fit connaître de Kessel et de Malraux, le soldat de De Gaulle, aviateur dans les Forces françaises libres, le diplomate qui sillonna l'Europe avant de conquérir l'Amérique, le Consul général de Fran... >Voir plus
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Quel personnage complexe que ce Roman Kacew, rebaptisé Romain Gary, remarquablement évoqué par Dominique Bona.
Est-ce parce qu'il fut encensé par une mère adorante, que le jeune homme, lors des quatre années qu'il passa en Angleterre au sein de la Royal Air force, combattant sur plusieurs fronts de 1940 à 1944, se montra plein de morgue, poseur, cabotin, toujours prêt à la contestation et en outre indifférent à ses camarades ?
Mais qui dès 1944, put enfin se livrer tout entier à un rôle très différent, celui d'écrivain et bien sûr, de son point de vue, écrivain à succès !

A la fois loup solitaire, pour qui écrire est une nécessité vitale à laquelle il se livre quasi quotidiennement, et personnage magnifique, hâbleur, fantasque, exubérant, pratiquant le culte de l'apparence, soit fastueuse et grandiloquente avec chemises en soie et bagues voyantes, soit dans le style babacool, ou encore desperado avec sombrero et barbe hirsute, Romain Gary fascine, ou énerve, on l'adore ou on le déteste, c'est selon ...

Mais sous ses dehors séducteurs c'est aussi un être profondément pessimiste et sceptique, rêveur et idéaliste, angoissé et fragile, pour qui, seul l'homme, c'est à dire l'être humain sans distinction de différences de sexe ou de peau, vaut la peine d'un combat.

Romain Gary a judicieusement choisi son nom de plume. Roman est logiquement devenu Romain. Quant à Gary, le jeune homme qu'il était lors de cette renaissance s'est cherché un patronyme correspondant à sa nature profonde. En effet, Gary signifie "brûle" à l'impératif en russe. Ce jeune homme ardent et passionné a donc très bien su choisir ce nom qu'il a en effet remarquablement illustré.
Il en va de même lors de la mystification Ajar, ce pseudonyme qui, clin d'oeil de Gary signifie "braise" et qui va, à son corps défendant, l'entraîner beaucoup plus loin qu'il ne l'aurait souhaité !

Résistant et Compagnon de la Libération, apolitique mais sincère admirateur du général De Gaulle, diplomate, passionnément attaché à la construction de l'Europe, rôle dont il se lassera comme il fera de tous les postes diplomatiques qu'il va occuper, scénariste, mais avant tout écrivain et encore écrivain ....

Dans ses vagabondages à travers le monde, il ne s'intéresse ni à la culture ni aux monuments, mais il cherche uniquement à se délivrer de lui-même, car, seuls comptent pour lui le départ, les aventures et la recherche d'identités nouvelles qu'il fera vivre à travers un livre.

Il exprimera avec humour sa peur du temps qui passe et de la vieillesse dans un de ses derniers ouvrages "la nuit sera calme"
"la mort ? Très surfait, on devrait essayer de trouver autre chose."
Et s'il n'a pas trouvé autre chose, il a, du moins, choisi sa manière de disparaître en laissant à la postérité une oeuvre riche et remarquable, dont le sens pour lui se concentre entièrement dans cet extrait de "la promesse de l'aube" :
"Avec l'amour d'une mère, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais".
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Romain Gary apparaît très souvent en filigrane dans toute son oeuvre littéraire, mais il est a priori difficile de connaitre la part autobiographique de ses écrits. Dans cet ouvrage, Dominique Bona, académicienne qui s'est spécialisée dans les biographies, étudie en détails la vie et la production de Gary (1914-1980), un romancier devenu quasiment mythique.

Juif d'origine russe émigré à Nice, naturalisé français et prenant le patronyme de Gary, il force sa nature très peu portée au devoir et à la fraternité, en participant à la guerre du côté des Forces Françaises Libres; il restera toute sa vie un gaulliste atypique, mais fidèle. Quoiqu'il soit ambitieux, sa carrière littéraire commence assez péniblement; mais la consécration viendra dès 1956, avec son (premier) prix Goncourt. Même s'il n'a pas le profil conventionnel, il exerce la profession de diplomate avec sérieux, en se faisant surtout connaitre à Los Angeles comme consul général de France. Mais il n'obtiendra jamais le titre d'ambassadeur et décidera de se consacrer entièrement à la littérature: sa production devient très importante. Pourtant il est de moins en moins bien apprécié par les critiques littéraires. Il finit par se livrer à une sorte d'escroquerie très complexe, en prenant le pseudonyme d'Emile Ajar et en lui faisant correspondre un "homme de paille" réel (son petit-cousin). Ce tour de passe-passe lui permet d'obtenir un second prix Goncourt; sa supercherie ne sera dévoilée qu'après sa mort. Cette affaire Ajar serait, à elle seule, le sujet d'un roman... encore à écrire.
Je connaissais l'homme lui-même comme un cabotin, égocentriste, infatué de sa personne, toujours dans les oppositions et les paradoxes, obsédé par les femmes. Mais je méconnaissais le côté très sombre du personnage: angoissé, instable, hypocondriaque et pour tout dire névrosé… ce qui le conduira au suicide. La biographe a su dépeindre l'écrivain, sans agressivité et sans complaisance, dans toute sa complexité. Après cette lecture, je n'éprouve pas beaucoup plus de sympathie personnelle pour Gary; mais je le comprends mieux. - J'ajouterai que D. Bona a réservé une place significative à la présentation des livres de Gary, ce qui me (re)motive pour découvrir des romans encore non lus.
Un jour, Gary a eu ce mot: « Il y a deux sincérités: la sincérité dans la relation quotidienne avec les autres, qui ne tolère aucune astuce; et puis la sincérité de l'écrivain, qui a droit à tous les trucs ». Dans cette déclaration, il a dit un grande partie de sa vérité.

P. S. Dominique Bona excelle dans son œuvre de biographe. A ce propos, je recommande très chaudement le livre qu'elle a consacré à une autre figure de la littérature, très attachante et finalement tragique: Stefan Zweig.
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Romain Gary est un de mes auteurs préférés : il arrive parfois à me faire rire et pleurer dans le même paragraphe.
Pourtant en dehors de sa jeunesse (qu'il romance dans la promesse de l'aube) et du « canular » d'Emile Ajar, je ne savais quasiment rien de sa vie.
Dominique Bona a choisi de parcourir celle ci en mettant en parallèle vie et oeuvre.
C'est à la fois érudit et facile à lire, agrémenté de citations de Gary remises dans leur contexte.

J'ai maintenant une PAL qui s'est alourdie de plusieurs livres, ravie de tout ce qui me reste à découvrir…. et triste qu'il ait choisi de mettre fin à sa vie : il avait certainement encore d'autres pépites à écrire….
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Depuis que j'étais allée voir au cinéma "La promesse de l'aube", j'avais eu envie d'en savoir plus sur la relation qu'entretenait Romain Gary avec sa mère. Cette biographie m'a permis de faire la part des choses entre réalité et fiction et de mieux connaitre cet auteur aux multiples facettes qu'est Gary.
Dominique Bona le dépeint sans complaisance mais avec, je trouve, une pointe de tendresse. Son machisme s'effacerait presque derrière sa grande générosité et ses angoisses d'éternel enfant pourrait excuser bien des comportements sujets à polémique.
Ce livre nous montre un Gary attachant, drapé dans son statut de combattant de la France libre et pourtant n'hésitant pas à briser les codes que ce soit dans ses engagements ou dans son culot littéraire.
Je ne pense pas que je lirai tous ses livres mais celui-ci donne en tout cas envie de se pencher sur son oeuvre qui semble assez magistrale.
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N°18 – Novembre 1987.
ROMAIN GARY Dominique BONA- le Mercure de France.

J'ai été de ceux qui ont apprécié le remarquable ouvrage que Dominique Bona a consacré à Romain Gary. Cette universitaire qui est aussi romancière nous fait découvrir l'homme, le résistant, le combattant de la France Libre, le consul de France, mais surtout, à travers sa vie mouvementée, l'écrivain deux fois Prix Goncourt grâce à l'épisode d'Émile Ajard.

Malgré tout, celui qui se cacha derrière ce pseudonyme ne sort pas grandi de cette aventure où la pantalonnade le dispute à la mystification. Pourtant cet homme tourmenté, comme le sont la plupart des écrivains, et pour qui les femmes ont joué un rôle de guides, d'inspiratrices ou simplement d'objets de séduction, mit fin à ses jours en hiver 1980. Chercher une explications à un suicide est une chose vaine. Dire ce qu'un écrivain porte en lui est une nécessité et une impossibilité, surtout face à la mort. Ce paradoxe est peut-être contenu dans sa lettre d'adieu « Je me suis enfin exprimé entièrement ».




©Hervé GAUTIER – Novembre 1987 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Malgré ses traits de dur, ses manières souvent brutales, Gary semble receler, derrière la façade, des trésors de tendresse et de sensibilité : celles qui ont lu ses romans sont les premières conquises. Il est, avec elles, un macho nostalgique du bonheur, qui les protège toutes, mais qu'elles consoleraient...
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Pierre Daninos et sa femme croisent un matin l'écrivain sur son chemin de la rue du Bac.
"Avez-vous lu Ajar ? l'interrogent-ils naïvement.
- RRR..., grogne Gary.
- Vous devriez le lire, c'est fameux", insistent les Daninos qui repartent tout guillerets.
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Imperturbable, sûr que rien ne réussit mieux avec les Américains que la franchise, et content d'exprimer un avis qui est le sien : "Vous n'êtes pas une ancienne colonie qui s'est soulevée contre une puissance colonialiste, vous êtres une puissance colonialiste qui a conquis un territoire étranger, qui a fait disparaître les populations autochtones, vous êtes des colons et des colonisateurs qui ont coupé les liens avec la métropole lorsqu'ils ont pu s'en passer."
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Interrogé à son tour [sur le fait d'être communiste], Romain Gary marque un silence - en direct sur les ondes - puis au journaliste maccarthyste, marié et père de trois enfants : "Monsieur, êtes-vous homosexuel ?..."
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[après la publication du roman Education européenne en 1945]

Gary guerrier, Gary grande gueule, Gary baroudeur: la presse lui colle toutes les qualités de Kessel. La légende va lui coller à la peau, distraire le public d’une vérité plus sombre et plus subtile, celle du Gary rêveur incorrigible, idéaliste frustré, qui ne fut homme d’action qu’une seule et unique fois dans sa vie. Avec ses incertitudes, ses hésitations et ses fragilités, il figurerait plutôt, sous le masque du Compagnon, un anti-Kessel (…)
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Videos de Dominique Bona (30) Voir plusAjouter une vidéo
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