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Critique de mfrance


Voilà une passionnante incursion dans l'existence de Stefan Zweig, pacifiste, humaniste et européen convaincu, cultivant les amitiés à travers l'Europe : Emile Verhaeren, Romain Rolland, Jules Romains, Paul Valéry, Hermann Hesse, Thomas Mann ... et n'omettant pas d'aider de jeunes auteurs de langue allemande à lancer leur carrière, tels Klaus Mann, Joseph Roth et Erich Maria Remarque, entre autres ! car, modeste avant tout, il n'y a en lui aucune jalousie envers ses semblables. "Cet homme ne se définit jamais en termes de rivalités ou d'oppositions. L'amitié est le seul aiguillon qu'il connaisse. Et dans l'amitié, il n'est qu'une seule source, un seul coeur battant : l'admiration".

Issu d'une famille viennoise bourgeoise aisée, menant l'existence privilégiée des nantis non soumis à l'obligation de gagner leur pain, Stefan Zweig se fait connaître dès l'adolescence par un recueil de poèmes lui conférant immédiatement une certaine notoriété. Aimant les voyages, il sillonnera l'Europe, donnant des conférences délivrant un message de paix et de fraternité, pour lui primordial dans la période d'après-guerre, dévastée par la folie humaine, convaincu que la réconciliation entre les peuples passe par "une unité de sentiment, de volonté, de pensée et de vie" et plaide incessamment pour que naisse une culture européenne.

Cultivant l'ambivalence entre une existence à la façade tournée vers le monde : vie de conférencier, biographe, essayiste, curieux d'innovations et connaissances nouvelles,
et une face cachée se dévoilant exclusivement au travers des personnages de ses nouvelles, sombres et tourmentés, cachant de lourds secrets, Stefan Zweig offre au lecteur une oeuvre riche et variée dont le succès ne se démentira pas, ses nouvelles lui ouvrant les portes de la gloire, et ses biographies lui permettant d'engager une réflexion sur son époque et ses contemporains.
Car, si la politique le dégoûte, il s'intéresse par contre passionnément à l'histoire et la compréhension du passé permet, selon lui, d'affronter l'actualité avec plus d'acuité.
Mais l'actualité dans ces années trente devient de plus en plus angoissante. Refusant autant le communisme que le fascisme, juif de surcroît ... il n'a bientôt pas d'autre choix que la fuite !

Dominique Bona a su brillamment restituer les angoisses de cet homme tourmenté, qui, coupé de ses racines, brisé, aimant éperdument cette Allemagne, havre de culture, transformée grâce au nazisme en antre de barbarie, n'entrevoit plus rien d'autre pour lui que la fuite ultime. Car, dans son exil brésilien, il est devenu sans espoir quant à l'avenir du monde, et le monde qu'il a aimé est définitivement perdu.

"Jamais on n'aime plus la vie
Qu'à l'ombre du renoncement"
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