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EAN : 9782850565106
191 pages
Somogy (30/09/2001)
3/5   1 notes
Résumé :
Safet ZEC; chassé par la guerre 1992, quitte Sarajevo et la Bosnie où il est né en 1943 pour gagner l'Italie. Il vit à Venise depuis 1998. Privé de ses premières œuvres datant des années 70 et 80, il a dû se reconstruire une identité.
Exceptionnelle et singulière dans un temps où l'art contemporain semble avoir définitivement renoncé à la peinture allemande, l'oeuvre de Safet Zec relève le défi et remet en cause ce conformisme. Elle affirme les pouvoirs de la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Safet Zec, peintre Bozniaque, originaire de Sarajevo, réfugié à Venise … Il peint des riens, des presque rien… un drap blanc, une vieille toile à matelas, jeté froissé sur une chaise, un lit défait, des mains sur un visage douloureux, une palissade vermoulue, une façade, une fenêtre sale, des mains, du pain, une étreinte, une souffrance silencieuse….. un virtuose !
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
(Une citation un peu longue je l'avoue, mais je trouve le propos intéressant et illustré de façon amusante ......)

Il est hors de question de raconter ici la vie de Z. A quoi bon ? Inutile de continuer de croire aux vertus de textes du genre « Untel, sa vie, son œuvre »… Certitude : la biographie d’un peintre, la biographie, ce genre qui tisse un récit avec la trame de l’Histoire –avec le H majuscule qui tient lieu d’arc de triomphe sous lequel défilent dans un ordre strictement chronologique les dates et les événements – et la chaîne des anecdotes qui ponctuent la vie de tout un chacun jour après jour, la biographie est un leurre.
Quel incident, quel épisode, quelle péripétie, décisive, change la donne d’une œuvre, en infléchit le cours ?

Démonstration (par l’absurde) de la vanité, de l’inutilité de la biographie. Récit de Jean Renoir à propos de son père alors à l’Estaque auprès de Cézanne :
« Un pêcheur qu’ils connaissaient vaguement arrêtait Cézanne et lui dans la rue :
- Hier soir vous avez mangé la bouillabaisse chez Marius.
- Oui.
- Il ne sait pas la faire. Venez ce soir à la maison et vous verrez !
Le lendemain, autre rencontre :
- Hier au soir vous avez mangé la bouillabaisse chez Saturnin… Il ne sait pas la faire…
Et ainsi de suite jusqu’à ce que le maître mette tout le monde d’accord en invitant les différents concurrents et « les peintres » à une bouillabaisse définitive. »

Quelle influence eurent ces bouillabaisses sur les toiles alors peintes à l’Estaque par Renoir et Cézanne ? Une biographie n’est au bout du compte qu’une énumération de bouillabaisses. Et aucune, quelle qu’en soit la recette, n’est ni ne peut être la cause des formes neuves qu’une œuvre met au jour.

Une œuvre n’incarne pas une vie. Elle incarne une volonté qui la dépasse.
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Les pains de Zec, leur apparence de leurre dans un espace qui n'est et ne veut pas être la moindre illusion, ces pains mis en place dans un espace qui peut n'être que taches, traces, balafres de peintures, ces pains qui ne sont là ni pour être rompus ni pour être coupés, sont un rappel à l'ordre. Ils semblent désigner l'urgence d'une prise de conscience.

De quel ordre? Les natures mortes de Zec semblent sommer de la nécessité de se souvenir que toute esthétique doit être une éthique. Qu'elle doit être une éthique, sans quoi elle n'est rien.
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La peinture de Zec impose de se passer de la convention d’une préface, genre singulier qui fait de la retape, qui racole. Je ne suis pas si sûr qu’une préface ait pour rôle, pour première raison d’être de dissiper les malentendus. Ou plutôt je crains que, sous prétexte de prétendre déchiffrer et de mettre en évidence les attendus d’une œuvre, d’en fourguer un mode d’emploi après en avoir déterminé la place dans l’abscisse de l’esthétique et l’ordonnée de l’histoire de l’art, elle ne se défile face à un malentendu essentiel. Au malentendu qu’est la peinture, que toute peinture doit avoir l’ambition d’être. Je ne veux, comme un index tendu, qu’inviter à voir cette œuvre.
(Pascal Bonafoux)
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Il est nécessaire à propos de Zec de se souvenir de cette certitude de Cézanne : « l’art ne s’adresse qu’à un nombre excessivement restreint d’individus ». Ce « nombre » ne désigne pas je ne sais quelle élite. Il distingue ceux qui admettent le trouble que provoque une œuvre. Cette inquiétude est la condition de la lucidité.

La connaissance n’est pas l’affaire de la peinture. Ni l’information. C’est cette déconvenue, ce trouble, que le XXe siècle a commencé de ne plus admettre. Dans l’un des Discours de Suède prononcés en décembre 1957, Albert Camus affirme :
« La haine de l’art dont notre société offre de si beaux exemples n’a tant d’efficacité, aujourd’hui, que parce qu’elle est entretenue par les artistes eux-mêmes. Le doute des artistes qui nous ont précédés touchait à leur propre talent. Celui des artistes d’aujourd’hui touche à la nécessité de leur art, donc à leur existence même. »
Zec est de ceux –rares- qui ne doutent pas de la nécessité de leur art.
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Mains, pain, de mystérieux draps blancs, leurs ombres creusées dans les plis ; tantôt rien qu’un fragment de nature morte sur une table, sur le dossier d’une chaise, tantôt l’enveloppe d’un corps inanimé étreint par d’autres mains, vivantes celles-ci.
Tels sont les motifs des recherches plus récentes de Zec ; dans un rapprochement dramatique, l’esthétique y rejoint l’existentiel, le pictural côtoie l’éthique. Loin d’être pathétique, le tableau ne le dit guère. Cependant, tout risque d’erreur est écarté : l’artiste s’est engagé dans le domaine des préoccupations ultimes de l’homme : c’est l’espace de l’amour et de la mort.
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