Une suite magistrale d'Orgueil & Préjugé
Publié en 1949 par une auteure dont on ne sait quasiment rien, cette « suite » de Pride & Prejudice est sans doute la plus aboutie et la plus fidèle à l'esprit de
Jane Austen. Jamais traduite en français, difficilement trouvable jusqu'à sa récente réédition, ce roman exquis et ironique, tout à fait dans la lignée de
Jane Austen se savoure avec délices.
C'est une des premiers dérivés/suites que j'ai lu de Pride & Prejudice, et cela reste l'un des meilleurs, sans doute parce que l'auteur est restée dans un cadre historiquement très crédible, loin de certaines dérives des « austeneries » nunuches actuelles. En effet, DA Bonavia-Hunt reste tout à fait dans la lignée de son illustre devancière en se penchant sur les mésaventures des Darcy : recherche d'un nouveau vicaire pour le bénéfice attaché à Pemberley, visite d'un vieil ami de Darcy qui s'éprend de Georgiana, visite de Lady Catherine et de sa fille, coups de théâtres domestiques divers… L'irruption de certains arrivants, dont Lady Catherine de Burgh et sa fille, va perturber la vie d'Elizabeth et Darcy… le cadre reste celui de Pemberley et de son voisinage, ce qui est tout à fait dans le ton des oeuvres d'Austen qui s'intéresse à la sociabilité de son temps, aux tensions économiques des projets matrimoniaux et aux éléments donnés par
Jane Austen à sa famille sur le devenir de ses personnages. Les nouveaux personnages sont tout à fait crédibles et s'ils reprennent parfois certains traits familiers aux lecteurs d'Austen, ils sont suffisamment étoffés et présents pour que cela n'apparaisse pas comme des décalques sans imagination.
C'est certainement l'une des plus extraordinaires variations sur ce thème que j'ai pu lire. C'est bourré d'humour, merveilleusement bien écrit, avec des personnages fidèles à leur origine austenienne, de nouveaux personnages qui s'intègrent merveilleusement bien, et une intrigue qui fait la part belle aux jeux de société et aux contraintes sociales de l'époque. L'écriture reste dans l' « understatement » plutôt que dans la démonstration et l'explication forcenée.
A quand une traduction française pour ceux et celles incapables de lire l'original dans la langue de
Shakespeare ?