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Ce roman est difficile à lire, effrayant parfois, semblable à des visions de fous..
Pourtant l'écriture est brillante, incandescente, lyrique, brutale, incantatoire .
L'auteur nous entraîne dans des initiations proches du merveilleux, nous confronte à des situations où tout bruisse dans une nature où les fantômes frémissent, tout y éveille la terreur et la fascination, l'impensable !

Liberty , petite ville du Texas ressemble à un enfer sur terre.
Les habitants n'ont que Dieu à la bouche, aiment écouter le Dybou, le diable caché au coeur de la forêt de pins ;
Là, vit une communauté noire qui vivote entre l'épicerie, l'église et le bar local, le Blom's Juke, dans une chaleur gluante et suffocante, écrasée par l'héritage ségrégationniste .


Lieu de damnation pour Ruby Bell, une beauté féline à la peau noire, qui durant des années subira humiliations , sévices, viols, prostitution , pédophilie , rien ne lui sera épargné .
On l'a prostituée dès l'âge de six ans , les hommes de sa communauté la violaient à tour de rôle ..
Cette enfant sauvage aux si longues jambes ......
A 18 ans elle s'échappe et s'installe à New- York, et tente de rompre avec ses origines dans la Bohême artistique de l'époque. Mais peut- on rompre avec son passé?

Las! Elle revient on ne sait pourquoi à Liberty en 1974, à l'âge de 45 ans , au pays des enfants martyrs, des forêts hantées et des esprits malfaisants ..
Seul, Ephram, l'innocent , le vieux garçon continue à lui vouer un culte et tente de la sortir de l'enfer , mais quel enfer!
Les rites sataniques des descendants d'esclaves sont d'une hallucinante violence, avides qu'ils sont d'en découdre avec une existence vouée à la misère et l'oppression!

Il faut aimer les récits d'envoûtement , de possessions, de démons, de revenants pour apprécier cette épopée folle, fantastique au coeur du Texas rural.
Un livre bien écrit qui m'a fait penser à l'écriture de Toni-Morrison dans certains ouvrages !
C'est un roman âpre, violent , sorcier, où l'auteur ne nous épargne rien , où la folie est là , sauf à travers le personnage d'Ephram .
À travers les vies tourmentées de Ruby et d'Ephram , un ouvrage dont on sort chamboulé , partagé , entre terreur et fascination .

Impressionnant de beauté et de folie !
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Ruby.
Avec un nom pareil, on se disait que le destin de cette gamine était tout tracé.
Il serait éclatant ou ne serait pas.
Il s'en fallu d'un carat qu'on verse dans la seconde option un chouia moins enthousiasmante, en terme de perspective d'avenir.

Ephram a toujours eu un gros faible pour Ruby sans jamais le lui avouer.
Aussi, lorsque cette dernière s'en revint au pays, des décennies plus tard, c'est un Ephram en protecteur énamouré qui allait s'interposer entre sa bien-aimée et la folie ambiante.

Il règne aujourd'hui comme un vent de stupre et d'aliénation sur Liberty.
C'est pas pour cafter mais c'est d'la faute à Ruby, à n'en pas douter.
Un retour marquant à défaut d'être gagnant et c'est une petite bourgade du Texas qui dévisse.
Si la foi en un Dieu omniscient prédomine, elle n'insuffle ni pardon ni oubli aux pauvres pêcheurs prêts à commettre l'irréparable.

Récit délirant et passionnel bigrement dur à encaisser, Ruby se dévoile tranquillou avant de porter l'estocade.
Un intérêt croissant pour ses protagonistes naufragés de la vie et c'est un lecteur jouasse qui referme ce roman choral où bien et mal se partagent équitablement la part du lion. Arf, p'tit penchant pour le malheur, quand même, véritable compagnon de vie pour certains.
Cruel, le périple.
Et terriblement récidivant.

Il est dit que l'amour sauvera le monde. J'en sais fichtre rien. Ce que je sais, c'est qu'il pourrait bien sauver Ruby, un juste retour des choses.
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Liberty petite ville du Texas ressemble fort à l’Enfer sur terre, ses habitants ont beau n’avoir que Dieu à la bouche, c’est le Diable qu’ils aiment écouter, buvant aveuglément les paroles empoisonnées de ce dybou caché au cœur de la forêt de pins. Car Liberty est cette bourgade de terminus du chemin de fer où vit une communauté noire miséreuse écrasée par l'héritage ségrégationniste et qui vivote entre l’église, l’épicerie et le Bloom’s Juke le bistrot local. Il suffit d’un prêcheur à la parole éloquente pour transformer ce patelin baigné par une chaleur suffocante en lieu de damnation. Notamment pour Ruby Bell à la beauté incandescente qui, quarante ans durant, subit les pires sévices et humiliations faisant d’elle une victime expiatoire. Prostitution, viols, pédophilie, rien ne lui sera épargné des années trente jusqu’à 1974…


Une prose brillante sublimée par une poésie mystique et animale, une histoire fascinante et émouvante mais un roman asphyxiant qui confisque le souffle. Le récit est celui du désespoir absolu semé de violence, on est confronté à des situations écœurantes avec des personnages d’une puissance terrifiante. Ils se retranchent derrière la Bible lue le jour tout en s’adonnant aux rites vaudous et sataniques la nuit qu’ils se sont appropriés auprès des blancs. Ce qui est intéressant c’est que Cynthia Bond en a fait un détournement de pouvoir : à la manière des membres du KKK, leur exorcisme sensé chasser les démons n’est que l’expression de leur haine et de leurs pires déviances auprès des plus faibles. On prend conscience entre les lignes qu'ils reproduisent ce qu'on leur a fait subir, avec l’idée selon laquelle le pouvoir aussi maigre soit-il et allié ici à la vertu religieuse porte en lui les germes de la tyrannie.
C’est donc un roman dur et âpre à respirer. Mais si on va jusqu’au bout et résiste à la chape de plomb qui pèse sur le texte, on en ressort envoûté, sous le charme de la beauté rêche de la relation difficile entre deux êtres bafoués, la mal-aimée Ruby Bell et le fils du pasteur Ephram Jennings à la bonté indéfectible.
C’est un amour étrange mais il brille comme une maigre lueur dans les ténèbres au cœur de ce roman qui démarre lentement. Le récit obéit à une narration en pointillé, le temps de tisser les liens entre les différents personnages et révéler progressivement une vérité effroyable. Si on s’impatiente de la lenteur du récit, on se retrouve finalement pris au piège d’une construction magistrale et diabolique car, malgré l’horreur et l’ignominie, on se refuse à lâcher les pages de ce roman sombre et éblouissant.
C’est le genre de roman qui laisse un sentiment ambivalent, on est partagé entre l’admiration et le malaise.

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« Ruby » de Cynthia Bond est un livre très difficile à lire.
Un livre aux multiples facettes dont les personnages prennent vie au fil de l'histoire. Même si « Ruby » est bien écrit, la brutalité de l'histoire est difficile à supporter. C'est une histoire de douleur, de souffrance et de lutte pour survivre, mais aussi une histoire sur la puissance de l'amour. L'auteur dépeint d'une manière crue la dévastation que le racisme, la pauvreté et les abus peuvent avoir sur les individus et sur une communauté.
Un livre qui ne laisse pas indifférent.
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Remué est le premier adjectif qui me vient en tête quand je pense à ce roman. Remué est l'état dans lequel j'étais après en avoir lu les dernières lignes. Ruby n'est pas un livre facile par ses thèmes et par son fil conducteur. L'action se passe au Texas dans la ville de Liberty Township seulement habitée par des afro-américains, la ségrégation étant toujours présente dans les années 70 période durant laquelle se déroule la trame principale du roman. A travers une sorte d'histoire d'amour et les vies tourmentées de Ruby, rendue folle par la monstruosité des hommes, et Ephram, un simple d'esprit, Cynthia Bond ne nous épargnera rien. Dans les 2 premières parties, l'horreur est sous-jacente et jamais évoquée frontalement, certainement pour nous préparer à la monstruosité de la dernière partie. Seul Ephram semble ignorer l'étendu de la cruauté des hommes. Celle-ci va du barbarisme du Ku-Klux-Klan à l'inceste en passant par une sorte de rite vaudou local et le viol d'enfants. Il faut parfois avoir l'estomac bien accroché mais le talent d'écriture de Cynthia Bond fait que rien ne sonne jamais gratuit. Petite lueur d'espoir à travers toute cette violence, l'amour arrive de temps en temps à percer.
Ruby est le premier volet d'une trilogie. Vivement la suite!

J'ai lu ce livre en tant que juré du Livre de Poche 2017.
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Ruby n'est pas du tout ce que vous croyez. Ruby est un bijou, un joyau mais de violence et de cruauté. D'ailleurs, je préviens tout de suite le lecteur, ce roman est à éviter si l'on est trop sensible, il est à réserver à un public averti qui n'a pas peur d'être choqué par des scènes horrifiantes. Quoique, qui reste blasé face à ce genre littéraire??........ (je n'irai pas plus loin...à

Parce que Cynthia Bond excelle à décrire l'horreur absolue, la terrifiante destinée de Ruby, une jeune métisse, qui se retrouve poursuivie par un démon, le Dybou. Va-t-elle toute sa vie écouter les voix, écouter le Dybou ? Va-t-elle s'exclure de la société dans laquelle elle est méprisée, haïe ? Alors, malgré le terrible déchaînement de violences décrit dans ce roman, on le lit jusqu'à la fin pour savoir. Savoir ce qu'il adviendra de Ruby...

J'en ressors à la fois dégoûtée et apaisée. Révoltée et rassérénée. Peut-on échapper à son destin ? Peut-on aimer Dieu et exclure l'amour charnel ? Peut-on aimer vraiment quelqu'un tandis que notre vie n'a été faite que de viols constants, de trahisons, de coups, de déceptions en déceptions ? Alors oui, le récit suit les aventures de Ruby, qui tentera de partir vers un jour meilleur, et oui ce récit est bouleversant, mais il est loin d'une épopée héroïque, car autour de Ruby, ce ne sont pas des créatures fantastiques ni des animaux qui font obstacles sur son chemin, non, ce sont des hommes, des femmes, racistes, haineux, idiots, trop pieux, trop bêtes, de vrais monstres à la bestialité exacerbée.

Ce roman possède un certain charme, parce que l'écriture de Cynthia Bond est comme folle, habitée, très travaillée, et par certains côtés, incroyablement imagée. On peut inévitablement la comparer à Toni Morrison, tant elle parvient à éveiller notre intérêt pour cette Ruby dont on déteste la vie et l'entourage.

Bref, je déteste et j'aime ce roman. Les deux à la fois. Parce qu'il me rappelle que notre monde est un réservoir de monstres, qu'il y aura inexorablement un ramassis d'abrutis sur Terre, mais il rappelle aussi que l'écrivain a ce rôle qui l'oblige à décrire le réel, dans sa splendeur comme dans sa sauvagerie et à dénoncer les déviances du Passé.

Ruby, à consommer, avec modération...
Lien : http://www.unefrancaisedansl..
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Imaginez la petite ville de Liberty, ou plus précisément de Liberty Township, à l'est du Texas, proche de la Louisiane. Quelques maisons, aucune activité culturelle, peu de travail. Sa communauté s'y retrouve fréquemment à l'église, notamment Célia, pilier de la communauté, avec son frère Ephram, qu'elle a élevé « depuis le 28 mars 1937, le jour où leur mère avait débarqué toute nue au pique-nique pascal de l'église de la Sainteté-en-Son-Nom. » Ephram est fasciné, depuis qu'il est enfant, par Ruby, sa beauté, sa fragilité, son étrangeté aussi. Mais Ruby est partie de longues années à New York, pour essayer de retrouver sa mère, et Ephram ne la revoit que lorsqu'elle rentre plusieurs décennies plus tard, à Liberty, et s'y installe dans une cabane isolée. On dit qu'elle est possédée, mais aussi que des hommes de la ville s'arrêtent parfois, la nuit, dans cette masure…

Le roman couvre une quarantaine d'années, de l'enfance de Ruby et Ephram, jusqu'au moment du retour de Ruby. du jeune âge des deux protagonistes principaux, on ne sait pas tout immédiatement, mais les choses s'expliquent petit à petit, notamment dans la dernière partie.
Quelle atmosphère créée par l'écriture ! le mélange de misère, de violence raciste et de mysticisme vaudou en fait un roman très fort, mais aussi très dur à supporter. Certains passages sont vraiment très beaux et d'autres, très douloureux, laissent la gorge nouée. L'histoire aurait peut-être gagné à être plus resserrée, plus sobre aussi par moments, mais le destin de la petite Ruby ne peut pas laisser indifférent. L'histoire d'amour entre Ephram et Ruby, si improbable et difficile soit-elle, sert à la fois de fil conducteur et de respiration tout au long du roman. J'ai eu une certaine tendresse pour le personnage d'Ephram qui vient heureusement contrebalancer les autres portraits masculins, loin d'être irréprochables.
Quant à l'aspect surnaturel de l'histoire, si je n'ai eu aucun mal à comprendre l'image des esprits des enfants disparus que Ruby porte en elle, je suis restée plus imperméable aux scènes parfois longues avec le Dybou, esprit maléfique qui hante Ruby et l'empêche de mener une vie normale. Je comprends toutefois l'intention de l'auteure, et reste admirative devant le résultat final, dur, dérangeant, mais aussi particulièrement poignant.
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Une épopée terrifiante dans le Texas profond des rites sataniques et des enfants martyrs. Envoûtant.
Qui aime les récits d'envoûtements, de revenants, de possessions et de démons ne lâchera pas une page de cette fantastique épopée au coeur du Texas rural. Là-bas est revenue en 1974 l'enfant sauvage du pays, la beauté noire féline aux jambes si longues, Ruby... A 18 ans, elle avait cru pouvoir rompre avec ses origines, échapper à son destin et s'installer à New York dans la bohème artistique surchauffée de l'époque. Mais peut-on rompre avec son passé ?

A 45 ans, Ruby réapparaît on ne sait pourquoi à Liberty, où on l'a prostituée dès l'âge de 6 ans, et où les hom­­mes de sa communauté la violaient à tour de rôle... Que vient-elle chercher au pays des enfants martyrs, des forêts hantées et des esprits malfaisants ? Elle est vite rejetée par ses amis d'autrefois, à qui elle fait pitié et peur à la fois, et qui l'observent en ricanant sombrer dans la démence. Seul Ephram, l'innocent de la ville, le vieux garçon qui vit avec sa soeur ­dévote et fut secrètement amoureux de Ruby adolescent, continue de lui vouer un culte et parviendra par la pureté de son amour à la sortir de l'enfer. Et quel enfer ! Les rites sataniques des descendants d'esclaves avides d'en découdre avec une existence d'oppression et de misère sont ici d'une hallucinante violence.

Pour son premier livre, Cynthia Bond, aujourd'hui enseignante en « écriture thérapeutique », parvient de chapitre en chapitre à épouvanter même les amoureux de littérature ­gothique. Avec une grâce noire, un rythme blues incantatoire, elle entraîne dans des initiations proches du merveilleux païen comme des visions des fous. Admirablement traduite, son écriture lyrique en diable balade dans une nature où frémissent les fantômes. Tout y bruisse, tout y éveille la terreur et la fascination. Jusqu'à une poésie ­incandescente et brutale dont on devient prisonnier au fil du roman sorcier. Cynthia Bond donne à ses personnages une humanité monstre. — Fabienne Pascaud
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Je ne vais pas faire un résumé supplémentaire au 17 déjà faits. Je vais juste exprimer le seul mot qui m'a accompagné durant toute la lecture : terrifiant ! Terriblement terrifiant. J'ai refermé ce livre complètement bouleversée. Je vais avoir beaucoup de mal à en oublier l'histoire. L'écriture est extraordinaire. J'ai eu mal à la tête, dans mon coeur, dans mon corps car certains passages sont insoutenables. Je recommande cette lecture pour la beauté de l'écriture mais âmes sensibles, s'abstenir.
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Naître dans la petite bourgade de Liberty dans le sud des Etats-Unis dans les années 30 ne devait pas être chose aisé, mais y grandir quand on est un enfant noir l'est encore plus. C'est le décor qu'utilise Cynthia Bond pour aborder une multitude de sujets graves dans son roman âpre, dur et violent où l'amour a du mal à se faire une place. Tel un conte horrifique, l'auteure distille un mysticisme grandissant tout au long du roman, peut-être pour excuser la barbarie de certaines scènes, et introduire la superstition encore présente dans quelques lieux reculés. L'histoire de Ruby n'est que fureur, colère mais surtout l'expression du racisme, du misogysme et de la religion.

Ruby n'est qu'un bébé lorsque sa mère quitte Liberty pour tenter sa chance à New York. Celle-ci grandit auprès de ses grands-parents qui, à l'âge de six ans, croit l'envoyer travailler la semaine auprès d'une gentille femme blanche qui parfait son éducation. Mais Ruby est éduquée à tout autre chose. En étant la proie des regards des autres durant son enfance, Ruby n'a pas conscience de cette beauté qui peut lui être fatale. Etre belle et noire est la promesse d'un avenir incertain où le danger l'attend à chaque tournant. le monde est cruel et les hommes encore plus.

"Chauncy Rankin ne pouvait pas savoir qu'il n'était qu'une cendre dans son oeil égaré (...) Pour Ruby, les hommes représentaient un petit désagrément dont elle attendait qu'il termine. Il suffisait de garder les membres inertes et les yeux vides, comme elle faisait depuis qu'elle avait quinze ans. Depuis qu'elle avait douze ans, Sept ans, Six ans, Cinq ans. Lorsque le premier homme avait déchiré sa culotte de coton en lui expliquant que c'est ce qui arrive aux très vilaines petites filles. Lorsque le premier homme avait dit avec un grand sourire: Faut bien te dresser..."

Ephram Jennings n'a jamais oublié cette petite fille dont il est tombé amoureux enfant. Un peu simplet, l'enfant devenu homme voit revenir après sa fuite vers New York, une Ruby devenue femme mais dont la santé mentale va vite défaillir. Observateur depuis dix ans de la déchéance physique et psychologique de son amie, Ephram décide contre toute attente de lui apporter un gâteau. La raison est en chemin et l'amour sous l'apparence de gourmandise. Alors que Ruby est perdue dans un monde d'esprits, le corps meurtrie, Ephram n'est que douceur et bienveillance. Ces deux personnages vont se jauger, s'observer pour peut-être se domestiquer. Qui aurait dit que ce simple geste allait attirer les foudres de ses habitants?

Ecrasés par un héritage spirituel fait de superstitions vaudous, Liberty est la quintessence de ce que le monde peut offrir de mal. Sous l'apparence d'un bourg où l'église est importante le diable l'est encore plus. L'odeur des pins rappel à Ruby les nuits de sacrifices à la lueur d'un feu entouré d'hommes aux regards fous, Liberty représente la sexualité dont on l'a affublé, conserve les fantômes assassinés par tout homme blanc ou noir. Car le mal n'a pas de couleur mais une volonté de nuire.

Cynthia Bond utilise l'idée de reproduction des actes barbares en tant que transmission d'une génération à l'autre. L'idée qu'un acte isolé ne l'est pas et engendre forcément des répercussions dans une intention de détruire. L'auteure oscille tout du long entre une atmosphère étouffante, asphyxiante, pénétrante où l'on ne sort indemne d'une telle violence. Ceci n'est pas un énième livre qui dénonce le racisme mais un roman complexe à la recherche d'une explication aux déchainement des événements, de la haine des hommes envers les femmes.

De premier abord difficile par ses ruptures spatio-temporels et ses images spirituelles, la romancière signe un roman puissant et intelligent dont la lecture révèle des scènes de plus en plus insupportables comme pour nous mettre à l'épreuve de l'indicible. Mais l'amour, cette petite lueur qui brille au creux de ces deux personnages va se révéler être leur salut, une revanche sur la vie. Malgré la lenteur du récit, Cynthia Bond sait exactement ce qu'elle fait en tissant cette toile vers laquelle glisse doucement mais sûrement le lecteur qui n'est pas au bout de ses surprises. le partage de cette lecture ce fera au goût d'un gâteau ti'son et d'un thé glacé pour palier à la chaleur oppressante de l'enfer...
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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