J'aime bien l'
Elmore Leonard de "Get Shorty" ou "3h 10 pour Yuma" et on le retrouve souvent ici.
Mais de là à considérer comme le fait
Stephen King en 4ème de couverture, que
le Kid de l'Oklahoma, est son meilleur livre...il y a un gouffre.
Nous sommes dans l'Oklahoma des années 30, entre Tulsa, Kansas City et Oklahoma City.
Carl(os) Webster est le jeune métis d'une mère cubaine, morte à sa naissance et d'un père semi-indien, modeste cultivateur de noix de cajou, rendu riche par le hasard de la géologie qui a fait surgir du pétrole sur un bout de sa propriété.
A 15 ans, Carlos va vivre deux événements successifs qui vont décider de sa vocation.
Tout d'abord, il assiste au hold-up d'un drugstore par Emmet Long, célèbre bandit local qui se moque de son métissage, lui pique sa glace et, au passage, tue un flic.
Peu de temps
après, Carlos tue un voleur de bétail.
Frustration et désir de justice se mêlent dans sa tête : il sera marshal et il se fera appeler Carl.
Dans son nouveau métier, son habileté au tir et son goût pour la théâtralisation vont attirer l'attention et le rendre (un peu) célèbre.
Marshal, nous voilà !
De son côté, Jack Belmont est le fils d'un roi du pétrole. Malheureusement, au lieu d'envisager une vie dorée, le jeune homme choisit une toute autre voie.
Après une première et lamentable tentative de chantage familial, il décide de sa vocation : il sera ennemi n°1.
Sa psychopathie va l'y aider.
Ce roman se lit comme un western, il est donc tendu vers le duel inévitable entre les deux hommes. Leurs trajectoires ascensionnelles, qui comme Marshal, qui comme bandit, ne cessent de se croiser. En chemin, ils rencontrent divers gangsters, des filles plus ou moins perdues, à la petite vertu mais parfois au grand coeur, un journaliste qui semble sorti de l'Homme qui tua Liberty Valance, un héros de guerre leader d'une section du KKK...
L'histoire fait des rappels constants aux grands figures du banditisme de l'époque : Bonnie et Clyde et Dillinger, notamment, dans une ronde de de Soto et de mitraillettes Thompson.
Il y avait là matière à un grand roman hybride de polar, western et comédie et de fait, nous sommes à mi-chemin de chacun de ces genres. Mais le compte n'y est pas vraiment.
D'abord, la forme retenue, proche du recueil de nouvelles, donne au lecteur le sentiment d'être un peu brinquebalé d'une histoire à l'autre, même si chaque partie est reliée à l'ensemble.
Ensuite, les personnages principaux sont traités à plat.
L'humour distancié est agréable, mais le caractère assez peu fouillé des personnages, peine à accrocher. Carl est relativement monolithique et un peu cabotin. Il finit par se transformer en super flic invincible. Jack Belmont lui, est un croisement de pied nickelé et de Ran Tan Plan pervers.
Enfin, il y a une absence totale de rebondissements et la fin attendue ne révèle aucune surprise.
Restent les dialogues et quelques situations assez cocasses (comme celle ou Carl, menacé, se demande s'il lui faut transformer sa phrase fétiche ("Si je dois dégainer mon arme, je tirerai pour tuer"), en : "La seule fois où je dégaine..."
Un roman de près de 400 pages, bien écrit, mais qui se lit sans passion, car un peu ennuyeux et répétitif.