1961, dans les Corbières. Autour du personnage principal, Alban, gravitent de très nombreuses personnes qui ont en commun la religion catholique, la défense de l'Algérie française et le séparatisme occitan.
Une histoire de petit fils inconnu, né à Berlin en 1945 du fils d'Alban mort à la guerre, fait un peu diversion.
Malheureusement, entre terroir et attentats terroristes, ce roman est vite lassant.
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Le cyprès était l'arbre de prédilection d'Alban. C'est un arbre strict, réfractaire ou discipliné, suivant l'humeur, s'isolant en ermite au sommet de sa propre colonne ou s'alignant en sombres communautés qui ont la rigueur des ordres monastiques. Il livre, ici et là, un mystérieux combat contre le vent qui passe et affirme, pour qui sait voir, son extraordinaire victoire qui s'exprime dans son refus de se courber. Les autres espèces disent le vent dominant, où penche leur tête. Lui se veut droit, ne se veut que droit, tend toutes ses forces vers cette droiture et cette rigueur, ne livrant de son épuisant effort ou concourent les flammes et les fouets qu'une pensée recuite, rabougrie, en forme de boule écailleuse, qui a l'odeur amère des choses mortes.
C'était un lieu où il se plaisait, un désert tiède où il aimait venir lézarder. Certes, l'abri de tous les jours était sur le versant Nord, derrière la muraille de cyprès, passée la porte du vent. Ici, c'était plutôt comme un dimanche. Le vaste plateau blanchâtre, incliné au Midi, avait perdu au cours des siècles sa mince couche de terre végétale et ne montrait plus que des flaques de roc, couleur d'ossement, où le peu de limon qui restait dans les pores suffisait à nourrir des plantes rares aux fleurs subtiles.
Une autonomie du Sud serait-elle concevable ? Sur le plan militaire, oui. Personne n'a envie d'en découdre, en face. Les banlieusards sont incapables de creuser des tranchées. Quand on est belliqueux et rustique, la victoire est dans la poche. Quel sera le contour de ce nouveau pays ? Certes, on peut concevoir une grande Occitanie, de l'Océan aux Alpes et remontant presque jusqu'à la Loire. Mais il ne faut pas avoir les yeux plus grands que le ventre. Ce qui m'intéresse, c'est le domaine des comtes de Toulouse , entre Garonne et Rhône.
Comme toujours chez ls frères prêcheurs, on avait laissé la bride sur le cou au plus farfelu de l'Ordre, celui qui militait pour faire béatifier Le Corbusier. Il avait prétendu illustrer, dans cette verte banlieue toulousaine où l'arcade de brique pousse toute seule, les trois voeux que chacun prononce solennellement, d'obéissance, de pauvreté et de célibat. Et cela ressemblait finalement à un poste d'aiguillage de la S.N.C.F. Il y avait plus de religion dans le moindre hangar à foin du Lauraguais que dans cette architecture glacée.
C'était bien un bijou de famille, d'allure un peu cathare. La colombe symbolique, en or blanc avec deux brillants en guise d'yeux, déployait ses ailes sur une roue de rubis sertis dans de l'or brun, le tout, de la grandeur d'un écu, suspendu à une chaine à lourdes mailles. [...]
- Cela fait un peu trop "croix de ma mère", vous ne trouvez pas ? (chap. 3)
Gaston Bonheur
Jacques CHANCEL s'entretient avec
Gaston BONHEUR, ancien directeur du magazine Paris-Match : les souvenirs heureux de son école d'
enfance, est hanté par les personnages de Don Quichotte et des Mousquetaires. L'écriture, son livre : "
La croix de ma mère", parle de la
presse en 1935, le style des
romans populaires hérité du XIXème siècle. Parle du Paris littéraire des
années 30, la...