« Ah ! Tu ne sais pas que seul, on ne l'est jamais ! Et que partout le même poids d'avenir et de passé nous accompagne ! »
Albert Camus
Rien ne presse, silence ça pousse (...) ne fais aucun effort ; dessine dans la terre, avec un râteau comme un pinceau.
Une souffrance qui s'affiche se révèle-t-elle moins destructrice que celle que l'on garde, invisible, tapie au fond des entrailles ?
Dans tout l'asile, on entendait des cris et des plaintes.
Le personnel semblait traverser les couloirs, sans but,
le regard vide et sans plus d'expression que les pensionnaires.
De nombreux malades se traînaient au sol et bavait sans que quiconque se soucie de les remettre debout ni de leur essuyer la bouche.
p 223
Je viens de fêter mes 14 ans.
Quel bel âge, direz-vous !
Et que l'on est entouré d'une famille aimante et attentive.
p101
Le malade mental se comporte comme s'il se trouvait dans un trou noir et profond, sans issue, emprisonné là
à la fois à cause de ses angoisses
et à cause de l'indifférence des autres
qu'il ressent comme une hostilité délibérée à son égard.
p 209
"Il est probable que la plupart des individus dits "normaux" ont des séquelles d'autisme pathologique aux racines de leur être."
Frances Tustin
Je regarde désormais Gilles comme un être capable de réfléchir et de parler, apeuré, prisonnier d'une geôle dont il n'a pas la clé. (p.82)
Y a-t-il, Lizzie, un bonheur plus grand que celui de fouler aux pieds ce terme de folie qui est attribué si arbitrairement ?
Car le débile du centre doit bientôt partir pour l'asile.
Je ne sais pas vraiment ce que cache ce mot, mais je devine qu'il s'agit d'un lieu dont on ne sort jamais, un endroit qui nie toutes nos angoisses pour en grouper les signes sous une simple appellation : folie. (p.85)