AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de YvesParis


Sur le marché très concurrentiel du manuel de relations internationales, le cours du très prolifique directeur de l'IRIS est un modèle du genre. Rédigé dans une langue très claire, débarrassé du jargon théorique qui parfois encombre certains manuels universitaires, il se lit avec un grand plaisir. Pascal Boniface a le don pour rendre la matière vivante, en éclairant sans cesse des idées abstraites par des exemples concrets et en multipliant les citations savoureuses. Connaissant l'auteur et ses sujets de prédilection – la prolifération étatique, le conflit israélo-palestinien, le football … – on admirera que, à la différence de beaucoup d'enseignants prompts à évoquer sans retenue leurs marottes, il n'ait pas cédé à cette facilité.
Pascal Boniface parvient en moins de 300 pages à traiter tous les thèmes du programme de R.I. avec une concision qui force l'admiration, même si elle provoque parfois un brin de frustration (on regrettera que les chapitres sur le réchauffement climatique, les déséquilibres économiques internationaux ou la démographie, soient expédiés en moins de dix pages). Participe de ce même désir de concision l'absence quasi-complète de références bibliographiques au sujet de laquelle on émettra néanmoins quelques réserves. On s'interrogera enfin sur le parti-pris éditorial du refus d'une présentation trop scolaire – sous forme de plans détaillés par exemple – qui risque de conduire les étudiants à préférer à cet ouvrage des manuels plus pédagogiques.

Si l'on compare le cours de Pascal Boniface avec des ouvrages similaires écrits il y a une quinzaine d'années (on pense aux synthèses de Philippe Moreau-Defarges, de Marisol Touraine, de Ghassan Salamé ou de Maxime Lefebvre ), on est frappé par la continuité qui s'en dégage. Aujourd'hui comme hier, un cours de relations internationales s'organise autour de trois ou quatre grandes parties : une présentation du « cadre de la vie internationale », un tour du monde géopolitique des « puissances », un éclairage sur les grands « défis globaux » - auxquelles Boniface rajoute une quatrième partie, d'ailleurs très brève, sur les « valeurs ». Aujourd'hui comme hier, on recourt aux mêmes références : au sujet du Brésil, on cite Clémenceau (« le Brésil est un pays d'avenir qui le restera longtemps »), de la démographie Briand (« je fais la politique étrangère de notre natalité »), du réchauffement climatique Saint-Exupéry (« la Terre n'est pas un héritage de nos ancêtre mais un emprunt à nos descendants »).
Il ne faut pas lire dans ce qui précède un reproche à l'auteur de ne pas avoir mis à jour son cours. Bien au contraire, on saluera les références très contemporaines aux événements les plus récents (l'élection de Barack Obama, le conflit russo-géorgien, la crise financière internationale …) dont on sait qu'il est souvent difficile de les insérer harmonieusement à un plan que l'on renâcle parfois à actualiser d'une année sur l'autre.
Le constat vise au contraire à souligner que le monde ne change pas autant qu'on se plaît à le dire. Pascal Boniface a raison, dans son introduction, de relativiser le choc du 11-septembre qui, selon lui, constitua certainement un événement choquant mais pas une rupture historique – à la différence du 9 novembre 1989. Avant comme après le 11-septembre, les grandes questions qui se posent à notre monde demeurent les mêmes : quel ordre international ? quelles réponses aux grands défis globaux ? quelles valeurs universelles ?
Commenter  J’apprécie          250



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}