Brassens s'écoute mais,de même que Brel,peut se lire .
Quand Gainsbourg disait que la chanson était un art mineur,peut-être avait il raison ,mais à lire les textes de ces quelques chansons,on peut n'être pas d accord avec lui.
Brassens disais qu'après après avoir écrit un texte ,encore fallait il le ciseler pour qu il soit tel qu il l 'avait souhaité.
Il reste et restera à part dans la chanson française ,il a creusé son propre sillon,il est peut-être le dernier des Parnassiens.
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Qui était-il vraiment . Poète, chanteur, musicien, gentil anar ? Un peu de tout cela ! Ici, il se raconte sans fards, comme on parle à des amis. Sans rien cacher ou à peine. Peut-être la vérité est-elle un peu travestie, mais se voit-on tel qu'on est ? Brassens reste avant tout ce colosse à la moustache hirsute et à la voix chaude, celui qui a bercé toute une génération et qui a secoué la censure avec des textes peu pudibonds. Actuellement, aucun chanteur ne peut pas tarir d'éloges à son sujet. Son langage à la fois simple et recherché a ouvert des portes vers la variété moderne. Patachou disait : "Avec lui, tout passe !"
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En somme, son enfance fut heureuse. Cela peut expliquer qu'il soit si gentil, comme on dit chez lui, et ce terme indique très bien une générosité native développée par les habitudes familiales et l'ambiance. Gentil, il l'est énormément, avec les bêtes autant que Léautaud, avec les gens autant que Sartre. Ce dernier sut d'ailleurs le distinguer tout de suite, un jour où ils se rencontrèrent. La philosophie ni la poésie n'y était pour rien, il s'agissait seulement de faire plaisir à quelque ami : pour Sartre comme pour Brassens, c'est le plus pressant motif. Leur contact fut de quelques minutes, et Sartre dit aussitôt après : "Il a un beau regard ; on voit de la bonté dans ses yeux." C'était juger vite et bien.
858 - [Poésie et chansons n°2, p. 19]
Je serai triste comme un saule
Quand le dieu qui partout me suit
Me dira,la main sur l épaule,
Va-t en voir là -haut si j y suis
Alors du ciel et de la terre
Il me faudra faire mon deuil
Est-il encore debout le chêne
Où Le sapin de mon cercueil ?
S il faut aller au cimetière
J’ prendrai le chemin le plus long
J’ ferai la tombe buissonnière
J’ quitterai la vie à reculons
Tant pis si les croqu’-morts me grondent
Tant pis s ils me croient fou à lier
Je veux partir pour l autre monde
Par le chemin des écoliers
( Le testament)
Je me suis fait faire prisonnier
Dans les vieilles prisons de Nantes
Pour voir la fille du geôlier
Qui paraît-il est avenante
Mais elle a changé de ton
Quand j ai demandé Que dit-on
Des affaires courantes
Dans la ville de Nantes ?
La mignonne m a répondu
On dit que vous serez pendu
Aux matines sonnantes
Et j en suis bien contente
Les geôlières n ont plus de cœur
Aux prisons de Nantes et d ailleurs
La geôlière de la chanson
Avait de plus nobles façons.
(La route aux quatre-saisons chansons)
Au bout d un siècle on m a jeté
A la porte de la santé
Comme je suis sentimental
Je retourne au quartier natal
Baissant le nez rasant les murs
Mal à l aise sur mes femurs
M attendant à voir les humains
Se détourner sur mon chemin.
Machin chose,un tel ,une telle
Tous ceux du commun des mortels
Furent d avis que j aurais dû
En bonne justice être pendu
À la lanterne et sur le champ,
Y s'voyaient déjà partageant
Ma corde,en tout bien tout honneur,
En guise de porte-bonheur.
Y en a un qui m a dit:salut
Te revoir on n y comptait plus
Y en a un qui m a demandé
Des nouvelles de ma santé
Lors j ai vu qu il restait encore
Du monde et du beau mond'sur terre
Et j ai pleuré le cul par terr'
Toutes les larmes de mon corps.
(Celui qui a mal tourné )
Une monographie serait bienvenue,qui étudierait l amour tel qu il se présente dans les chansons de Brassens.Car dans ce domaine tant exploré,il a indiqué bien des richesses intactes.De toutes nouvelles lueurs sur ce qui rapproche les coeurs nous sont données par exemple dans La Fille à Cent sous : au dédain qui semblait décisif:
Remballe tes os ma mie,et garde tes appâts ,
Tu est bien trop maigrelette,
il suffit que s oppose une voix qui se noue, un Ce n est pas ma faute ,et cela aboutit à cette merveilleuse strophe :
Et ce brave sac d os dont je n’avais pas voulu
Même pour une thune,
M est entré dans le cœur et n en sortirait plus
Pour toute une fortune.
On écoute avec une longue stupeur.On revient à la voix qui,au début,sans articuler,lançait avec une atroce dérision la mélodie.Et on constate que ces vers instruisent bien mieux sur les bizarreries du sentiment que les romans les plus fouillés,les analyses les plus fines.