La science moderne a compris qu'elle avait un devoir à remplir, celui de réparer les ingratitudes de l'histoire, de mettre en lumière ces pionniers du passé; elle a ouvert une enquête. On a commencé par le XVIIIe siècle; il fallait bien courir au plus pressé. La mode s'était affolée de la Pompadour et de Marie-Antoinette; elle voulait à tout prix connaître leur entourage, les hommes et les choses de leur temps, le personnel des curieux, des artistes et des marchands, leurs cabinets et leurs catalogues. Chacun s'est mis en campagne; la besogne était facile, les documents nombreux, récents, sous la main, et le public a été servi à souhait.
En France, où la mode et les révolutions ont tout saccagé, la passion de sauver s'est développée en raison directe de la rage de détruire, avec une fécondité prodigieuse, une énergie, un entêtement indomptables. De tous les coins du royaume, dans les grandes et les petites villes, une armée de chercheurs actifs, passionnés, convaincus, est sortie de terre: princes et petits bourgeois, chanoines et médecins, gens de cour, de robe, d'église, d'épée ou de finance, tous se sont donné le mot pour organiser le sauvetage et recueillir les épaves.