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Critique de tilly


[ CONFINEMENT COVID-19 : les librairies sont fermées, le courrier n'est pas distribué, mais Arthur Cauquin au Yémen est disponible sur les meilleures plateformes de vente de livres numériques, au prix de 9 euros 99 (liste sur le site de l'éditeur Serge Safran) ]

De la mi-avril à fin mai 2006, entre Sanaa et Orléans, un printemps arabe heureux ; à une époque révolue où les sites de rencontre et les technologies émergentes offraient aux aventureux des terrains de jeux interactifs plus délicieux et modernes (même si parfois techniquement incertains) que les petites annonces du Nouvel Obs ; où les réseaux sociaux n'avaient pas encore été empoisonnés par leur propre puissance de nuisance ; un temps où l'on ne “partageait” pas tous azimuts et sans discernement, mais où l'on privilégiait encore les relations choisies (ou refusées). Ça n'allait plus durer bien longtemps.

Arthur Cauquin au Yémen est de la veine d' Il faut jouir, Édith, l'autre pochade polissonne d'Alain Bonnand ; en plus remuant et accessoirisé !
Des petits divertissements aguicheurs pour surprendre et attirer des lecteurs qui ne connaissent pas encore la manière d'Alain Bonnand, son inventivité de style, ses détournements du langage, son ton unique, sa fausse légèreté charmeuse.

Dans Apostrophes en 1988 (Bonnand, 29 ans, y était pour Les Mauvaises rencontres et Martine résiste), Bernard Pivot matoisait :
" — Séduire, coucher, c'est quand même la grande affaire dans vos histoires, Alain Bonnand !
à quoi l'écrivain avait répondu :
— Coucher, ce n'est pas un mot que j'emploie !
Et c'est toujours vrai ! Même dans un roman érotique ! "

Sur la forme. Il ne faut pas s'attendre à visualiser le fac-similé des “chats” d'Arthur et Laurence sous la forme de piles de petits rectangles aux coins arrondis, verts pour lui, roses pour elle ! Ce serait moche, sûrement anachronique, et surtout tue-l'imagination !
Pas d'images non plus... À part celle de la couverture (plus SAS ou Brigade Mondaine que SM, mais c'est drôle et plutôt bien venu en contexte !) : rien d'explicite, tout dans la suggestion littéraire.
Les clavardages des amants sont sobrement édités chronologiquement, avec dans l'en-tête : Laurence et Arthur, la date, l'heure.
Des dialogues électroniques pour chacune de leurs sessions interactives détaillées, avec entre elles, les messages en différé qu'ils s'envoient, lorsqu'ils ne sont pas connectés au même moment : Laurence à Arthur, ou Arthur à Laurence, date et heure, (titre du message).
Très vite on distingue le style d'Arthur de celui de Laurence.
Lui plus malicieux, tendre, blagueur, un peu donneur de leçons de “philosophie” (la sienne !) ; plus sophistiqué qu'elle, il ponctue scrupuleusement ses phrases et les commence par une majuscule.
Elle, plus nature, directe, amoureuse, bonne fille, docile, maline quand il faut, assez entêtée ; elle n'utilise pas les majuscules et très peu la ponctuation.

Mais encore... que se font-ils ? que se disent-ils ? que s'écrivent-ils ?
Pendant leur éloignement, ce Cauquin d'Arthur garde la main mise à distance sur les “loisirs” de Laurence... Eric, Vincent, Francis, Gilles et les autres... il veut tout savoir, tout maîtriser, tout voir ! En toute candeur, sans perversité, du voyeurisme épanoui et de l'échangisme à distance !
Car son plaisir à elle c'est... de lui obéir, d'aller au devant de ses désirs.
Ça se complique un peu quand ils font entrer dans leur danse Gilles, le beau Québecois...
Assez vite aussi, Arthur dévoile à Laurence l'idée magnifique qu'il a eue pour la faire patienter jusqu'à la veille de leurs retrouvailles :

" — Nous allons écrire un livre à partir de nos dialogues...
— pas vrai ?
— Si !
Un livre dont tu seras le joli représentant...
Tu irais à la télévision en assurer la promotion avec tes belles jambes... ?
Ce serait de quoi ouvrir un hôtel de charme ou deux en Belgique, tu sais ?
— c'est une très bonne idée, quand est-ce qu'on commence ?
— Nous en avons déjà écrit un bon tiers !
— avec nos tchats ?
— Oui !
— mais on n'a rien conservé
— Moi, si ! "

Un personnage qui devient l'auteur ? Tiens tiens, alors nous voilà piégés de notre plein gré, comme Laurence ! Soumis, et ronronnants d'aise de l'être ?

Ce n'est ni un regret, ni un mensonge : je n'ai jamais pratiqué ça... mais cela ne m'a pas empêchée, et même au contraire, de trouver un délicieux plaisir par procuration dans cette lecture beaucoup moins légère qu‘il y parait car la profondeur se niche dans les détails !

Lien : https://tillybayardrichard.t..
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