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EAN : 9782130799092
1008 pages
Presses Universitaires de France (14/02/2018)
4.33/5   9 notes
Résumé :
Êtes-vous spéciste ? Autrement dit, trouvez-vous normal que l'on exploite des animaux pour la seule raison qu'ils ne sont pas humains ? En particulier, vous autorisez-vous à en manger certains ? Si c'est le cas, à l'instar des racistes qui opèrent une discrimination fondée sur la race, vous seriez un adepte d'une idéologie qui opère une discrimination arbitraire fondée sur l'espèce. C'est en tout cas la thèse de ce livre qui entreprend une déconstruction en règle de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce livre est composé d'articles ré-actualisés parus dans les Cahiers antispécistes depuis les années 90, dans la foulée des premières réflexions du philosophe Peter Singer sur la condition animale.
Plusieurs thèmes sont abordés : la conscience ; la vie mentale des animaux ; les plantes ; la nature ; l'écologie ; la prédation ; les espèces...
Les auteurs remettent en question la supériorité humaine par rapport aux animaux, notion issue de l'Humanisme. Ils nous obligent ainsi à changer de point de vue et à repenser notre conception du monde basée sur cette suprématie humaine. Ils contestent notamment la hiérarchie imposée depuis Linné et Buffon, entre les espèces, élevant l'Homme au sommet de la pyramide, ou l'idée de Nature « première » comme élément inviolable à la quelle il conviendrait de retourner (s'opposant ainsi au courant écologiste). Les auteurs défendent également l'interventionnisme dans le milieu sauvage, pour défendre les herbivores contres leurs prédateurs, la gazelle face au lion. Chaque animal doit être pris comme individu dans sa particularité, son ressenti, ses émotions, comme on le fait pour les humains. On voit ici le bouleversement induit par cette notion et le radicalisme de cette pensée. Pas sûr que l'humanité soit vraiment prête !
Certains chapitres sont d'une lecture assez ardue, maniant des notions philosophiques ou scientifiques qui ne sont pas toujours accessibles au simple quidam.
C'est pourtant un livre qui nous permet de réfléchir sur notre position d'Humain, face à la Nature que nous asservissons en permanence pour notre unique bien-être et notre plaisir.
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C'est un livre très complet qui tente d'expliquer, de définir et d'argumenter le plus possible, de façon juste, objective, raisonnée et éthique, ce qu'est l'antispécisme et pourquoi il est si important et tout ce qu'il englobe comme perspectives.

Donc, qu'est-ce que le spécisme et qu'est son antagonisme ? Il s'agit ici de parler avant tout du règne animal en comparaison avec l'espèce humaine (qui fait partie du règne animal, donc), et de comprendre en quoi le terme d'espèce doit disparaître, surtout si, comme le terme de race dans un cadre humain, il doit signifier un jugement de valeur, une hiérarchisation entre ses représentants. Ce ne sont pas des concepts très anciens, en soi, et tout comme pour les personnes humaines qui ont vu leurs droits progresser petit à petit par rapport à un système de valeur, de nature, de race, de sexe et de classe, les animaux non humains commencent seulement à attirer un tout petit peu de respect, de sympathie et d'empathie.

En quelques textes, souvent issus de ces fameux Cahiers antispécistes, ou encore des inédits, les nombreux•ses auteur•e•s tentent de définir les critères, l'éthique, le sens philosophique ou encore scientifique de l'antispécisme, et vont pour cela définir ce qui différencie en soi la capacité à ressentir, le droit à vivre et la fausse perception de supériorité entre les animaux humains et non humains. de façon tantôt très accessible et simple, tantôt plus poussée et extrêmement rigoureuse, nous avons donc le loisir de faire le tour de la question et de se laisser convaincre ou non - à savoir : abandonner les idées scientifiquement, biologiquement et éthiquement fausses ou non.

Comme dans tout « mouvement », il y a l'idée de base, et puis les extrêmes, et les choses plus ou moins acquises, assimilées. Dans ce livre, il y a clairement une volonté de bousculer les choses, ce qui fait que la personne qui le lira devra sûrement remettre pas mal de choses en question, accepter - quand c'est le cas - sa façon de penser et d'agir spéciste (comme il peut être désagréable de se rendre compte qu'on agit avec les autres personnes de façon involontairement raciste ou sexiste ou validiste). Peut-être même qu'il est difficile d'être en accord avec tout ce qui est dit ou qu'il y aura des "oui mais". Cependant, je trouve que la question est bien abordée, dans tout ce qu'elle peut comporter de vaste, et que les idées ont le mérite d'être claires, en accord avec l'éthique et parfois même audacieuses dans leur aspect révolutionnaire.

La question de la Nature est aussi bien abordée, dans sa définition même, dans sa sacralité puis sa désacralisation la plus totale, en passant par l'écologie, l'essence des êtres et des espèces, la prédation et bien sûr la sensibilité des plantes. Et donc, bien sûr, arrive en ligne de mire la responsabilité de l'humanité par rapport aux autres règnes animaux, végétaux, minéraux, et s'il est éthiquement mieux de laisser la Nature comme elle est, et donc de laisser le champ libre aussi à l'extinction, qui est en soi naturelle, ou d'intervenir pour améliorer le sort de tous ses représentants. Vaste programme, donc, qui suppose effectivement une révolution de grande envergure.

Et pour finir, bien sûr, on notera l'insistance à montrer que les humains entre eux se traitent déjà avec une échelle de valeur, de façon parfois « inhumaine », et qu'il est difficile de penser qu'un jour ils seront à même de traiter ceux qu'ils jugent d'une espèce encore inférieure de façon plus juste et décente. le sujet de l'humanité (comme espèce et comme « honneur ») est assez abouti, que ce soit en début ou fin de livre, et montre que nous avons dans tous les cas de gros efforts à faire pour commencer à devenir des êtres non seulement sensibles mais aussi responsables, à la hauteur de ce qu'on aime à montrer comme des progrès vertigineux, une technologie de pointe, une supériorité en intelligence et en sentiments, en philosophie, en justice, en éthique et en respectabilité.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Cette année les mots "spécisme" et "antispécisme" sont entrés dans Le Robert. C'est dire l'importance que prend ce sujet dans la société actuelle, à l'aube d'un renouveau, voire d'une révolution. Les textes qui composent cet ouvrage sont issus en grande partie des "Cahiers antispécistes", dont les premières parutions datent tout de même du début des années 1990. Néanmoins l'antispécisme est une notion encore inconnue du grand public (je recommande d'ailleurs la lecture d' "Antispéciste" d'Aymeric Caron, certainement plus abordable que les textes figurant dans cet ouvrage assez pointu). L'antispécisme prône une égalité de considération de tous les êtres vivants sentients, qu'ils soient humains ou non humains. Mais cette notion va au-delà de la simple attribution de droits aux animaux non humains, puisqu'elle prend en considération toute personne pouvant être victime de discriminations : femmes, handicapés, humains pouvant être victimes de racisme...
Afin de mieux définir l'antispécisme, cet ouvrage s'attache d'abord à définir ce qu'est le spécisme : considérer que l'espèce humaine (souvent blanche et mâle) est supérieure aux autres. Mais par conséquent, pour expliquer l'antispécisme, il faut revenir sur la notion d'espèce (dans la biologie, la politique), la notion d'Homme et la notion de supériorité. En quoi est-il devenu abscons de dire qu'il existe des races ? L'Homme est-il le seul être doué de conscience (et d'ailleurs, qu'est-ce vraiment que la conscience ? celle de soi ? celle des autres ? ), d'intelligence, de sentiments ? Est-il vraiment dans notre "nature" de dominer d'autres types humains ou les animaux ? La nature est-elle d'ailleurs régie par une Nature, un ordre des choses ? Comment envisager un monde uni tout en envisageant aussi l'individuel ?
On le voit, la question dépasse le simple fait d'arrêter d'exploiter les animaux et de devenir vegan. Il s'agit de complètement repenser notre rapport au monde et la place que nous devons/pouvons y tenir. Une problématique ardue qui concerne la philosophie, la biologie, les sciences sociales, l'histoire, l'éthique, le droit. Je remercie les prestigieuses éditions PUF d'avoir osé publier un ouvrage sur un sujet qui sera, je l'espère, davantage au coeur des prochains débats.
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Voici un livre qu'il me faut lire ! Une réflexion importante et un sujet plus que brûlant à mes yeux. Et aux vôtres ?
Antispéquoi... Sûrement un brûlot !
Certainement une avancée en conscience.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Ces sensations et émotions sont un atout dans la mesure où l'être concerné est mobile, où il peut se déplacer, se soustraire à un danger, se soigner. Elles cessent d'être globalement profitables lorsque ce n'est pas le cas : un animal blessé qui se met en sécurité continue néanmoins à éprouver la douleur due à sa blessure, parfois totalement en vain. Et, comme le montre l'existence d'individus qui ont un système nerveux déficient et ne perçoivent pas la douleur ou qui sont dans le coma ou décérébrés, les os se ressoudent, les plaies cicatrisent, le sang coagule, le système immunitaire agit en toute indépendance de la perception de la douleur : celle-ci n'offre aucun avantage à ce niveau, au contraire même, puisque chez les animaux, la sensation de douleur crée un stress qui, s'il ne peut se résoudre par une réaction consciente, se retourne contre l'organisme lui-même. Or, les plantes n'ont pas cette mobilité qu'ont la plupart des animaux ou bien, lorsque cette mobilité existe, elle reste insuffisante pour contrer une agression. Pourquoi alors auraient-elles acquis une conscience au cours des âges ? Et si malgré tout elles en avaient acquis une, pourquoi l'auraient-elle gardée ?

Nous savons clairement que certains animaux n'éprouvent aucune sensation, comme c'est par exemple le cas des éponges, constituées de deux couches différentes de cellules seulement, qui soit filtrent et digèrent les particules organiques en solution dans l'eau, soit forment un épiderme protecteur, et qui ne disposent pas de tissu nerveux. De même, de nombreux autres animaux marins non mobiles sont non sentients, comme c'est vraisemblablement le cas des huîtres ou des moules. Leur système nerveux très succinct suffit fort bien à rendre compte des mouvements réguliers des aspirations/expirations d'eau et des mouvements réflexes de refermer la coquille à la moindre pression exercée, sans qu'il y ait besoin de faire intervenir une forme de sentience. Certains animaux marins, en se fixant au cours de l'évolution sur des rochers, ont d'ailleurs perdu l'essentiel du système nerveux de leurs ancêtres mobiles. C'est que ressentir des sensations est un atout de privilégié dans la monde du vivant, un gain qui du point de vue de la sélection naturelle se paye cher et dont les avantages doivent compenser les inconvénients : le système nerveux des animaux constitue l'une de leurs principales dépenses énergétiques.

Ainsi, parce que les plantes ne possèdent rien qui ressemble un tant soit peu à un système nerveux, parce qu'on ne leur connaît rien qui ressemble non plus à un influx nerveux (qui transporte l'information à grande vitesse), parce qu'une sensibilité à la douleur et au plaisir vraisemblablement ne leur servirait à rien, et, peut-on même imaginer, nuirait à leur survie, je pense qu'elles sont « insensibles » et « muettes », vivantes mais néanmoins « inanimées ». Dit autrement : nous n'avons aucune raison sérieuse de penser qu'elles sont sentientes.

« Mais, me répondra-t-on, il est naïvement anthropomorphique de rechercher chez les plantes un système nerveux similaire au nôtre ou une conscience organisée comme la nôtre, et il n'est pas étonnant de ne rien trouver de tel ; mais cela n'implique pas l'inexistence d'une conscience "organisée autrement". » Ce que pourrait alors être une telle « conscience » devient hélas totalement indéfini, et rien ne nous dit donc en quoi cela resterait une conscience. Et si l'on ne sait strictement rien d'une telle conscience, alors on n'en sait effectivement rien, on n'en peut donc rien dire et autant ne point en parler.
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Dans le monde où nous vivons, tout ce qui n'a pas de pouvoir n'a pas d'existence. Les animaux non humains n'ont plus de pouvoir. Ils ne peuvent pas se révolter. Donc, dans le monde tel qu'il est organisé, leurs intérêts n'existent pas. Les faire exister est le combat des antispécistes.
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De la même façon que les hommes avec la virilité, les humains ont à prouver qu'ils sont à la hauteur de leur humanité et doivent lui conserver son auréole de respectabilité, de majesté, de dignité, de sacralité. En tant qu'individus souverains, il ne faut par exemple pas se laisser « dominer », et surtout pas par son corps ou par ses émotions : le passage à l'âge adulte, à l'âge social de propriété de soi-même, se fait lorsqu'on est censé savoir réprimer ses décharges émotionnelles, contrôler ses mouvements corporels et ses sentiments, maîtriser les règles de la vie sociale, etc. (...)

À devoir se tenir en laisse ainsi en permanence, se gendarmer, devenir un être maîtrisé, policé, civilisé, humanisé, on en vient aussi à évaluer les autres en fonction de leur soumission aux mêmes impératifs. Au fil des derniers siècles, tous les humains progressivement définis par rapport à une norme d'humanité comme déments, bestiaux, bêtes, irresponsables ou immatures, se sont vus classés dans des lieux définis où leur « différence » devait être traitée de façon appropriée. Progressivement, l'humain normal (qui a intégré les normes d'humanité) s'est trouvé de plus en plus gêné face à l'idiot du village, au quidam délirant et à ses gestes impulsifs, face à celle qui parle « trop » fort, qui ne respecte pas les usages de table, qui dit « tu » au lieu de vouvoyer, qui n'a aucune pudeur, et ainsi de suite. Ces (mal)façons trahissent une imperfection de l'humanité et apparaissent inquiétantes et dégoûtantes. (...)

Nos sociétés humanistes restent ainsi foncièrement élitistes (capacitistes, validistes, normatives), même si elles ne l'assument plus ; si nous déclarons aujourd'hui très haut que tous les humains sont égaux, nous pensons tout de même très fort que l'intelligence, la raison, la responsabilité morale, la maîtrise de nos corps sont essentielles, puisque ce sont elles qui nous distinguent des autres animaux ; et qu'il y a une échelle des êtres qui place l'humanité tout en haut, mais qui du coup place tout de même certains humains un peu plus bas que d'autres...
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De toute évidence, l'idée nous fascine que les plantes sont conscientes, sensibles, au point de nous inciter à mettre en veilleuse une partie de nos connaissances et de notre sens critique. On se pose par contre trop peu la question de savoir si les invertébrés (insectes, mollusques...) sont sentients. Si l'on s'interroge bien plus à propos des plantes, c'est précisément sans doute parce qu'elles nous apparaissent d'emblée infiniment plus étrangères encore, et que c'est cette étrangeté qui nous préoccupe, qui nous dérange.

Car je crois que derrière cette volonté si répandue de croire que les plantes ressentent, se cache le désir d'un monde où tout est inter-relié par la sensibilité, où tout a une conscience, où tout tient potentiellement un discours, a une signification, témoigne d'une volonté : un monde d'où le silence est banni. (...)

Nombreux sont ceux, par exemple, qui imaginent que les pierres ou les objets aussi sont sensibles à la souffrance des autres ou à leurs émotions : selon des schémas très humains, évidemment ! Volonté d'un monde où nos états d'âmes, nos émotions et nos actions prennent une importance d'avoir des répercussions sur la totalité de la réalité extérieure, d'être enregistrés par la réalité. (...)

Cette intelligence ou vie subjective des plantes ou des pierres (ou des montagnes ou de la Terre...) n'est en fait conçue que dans un rapport utilitaire : les êtres et les choses sont nos mémoires éternelles, nos témoins, qui en nous regardant vivre nous renvoient à notre vie et à son sens. Leur attribuer une conscience permet d'éloigner de nous l'idée d'une Nature qui nous serait totalement étrangère, l'idée de vies par exemple qui ne porteraient pas d'intérêt à quoi que ce soit, qui vivraient sans but. On leur accorde une conscience pour briser le silence, pour y substituer un murmure imaginable, amical. Pour l'immense majorité de nos contemporains, une telle « croyance » ne change strictement rien à ses habitudes : plantes ou pierres seront arrachées ou concassées sans plus de scrupules, et on continuera même à parler de plus belle d'une nature harmonieuse et bonne. C'est que plantes ou pierres, comme « la Nature » elle-même, ne sont alors appréhendées que comme des récepteurs, conçues à notre seul usage, comme pôle relatif entièrement subordonné au seul pôle que les humains veulent voir finalement comme réellement existant ou important : l'Humanité, et à travers elle, soi-même.
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Il n'était guère besoin d'attendre Darwin pour savoir que les intérêts les plus fondamentaux des chimpanzés, des chiens, des baleines ou des lapins ne sont pas très différents des nôtres ; on n'a pas eu besoin des découvertes des éthologues du XXe siècle pour comprendre que les veaux et les poules n'aiment pas plus que nous qu'on les fasse prisonniers et qu'on les égorge.
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