POUR CELLES ET CEUX QUE CELA INTERESSE : GUERRE D'INDOCHINE-SCENES DE GUERRE (1946-1950).
Ce livre paru en 1968 décrit les engagements et les combats menés par la Légion Etrangère en Indochine, essentiellement au Tonkin et en Annam entre 1946 et 1950. A cette époque, le recrutement provient de façon importante des camps de prisonniers allemands remplis de soldats très aguerris, d'individus désireux de faire oublier un passé particulier, de gamins perdus, coupés de tout, soldats adolescents d'infortune, ultime rempart de sable dressé par l'Allemagne nazie contre l'inéluctable défaite...
Le recrutement permet de refaire des contingents, d'installer très vite une présence française et de tenter une reconquête. Il y va de toutes sortes de raisons dont la condition des civils largement exposés à une mise à mort.
Après une amorce de "reprise en main", la situation se dégradera pour finir par un désastre militaire français (6000 soldats prisonniers ou tués entre Cao-Bang et Lang-Son sur la Route Coloniale 4).
Ce récit contient les témoignages de légionnaires ayant vécu cette période. Les combats, extrêmement violents, cruels, implacablement féroces racontent la montée en puissance du Viet-Minh face à un corps militaire qui ne recule pas, se bat sans céder, mobilise avec mordant ses combattants indifférents à la mort, va jusqu'au bout des ordres et de de sa mission.
Les souvenirs ramènent à la vie notamment les postes étalés le long de la R.C4, subissant les assauts répétés nord-vietnamiens aussi durement entraînés, par leur formation et leur aguerrissement, que les "képis blancs" des 2ème, 3ème Régiments d'Infanterie et du Bataillon Etranger Parachutiste, le déminage des voies en donnant à intervalles réguliers des coups de masse sur les rails, au risque de se faire sauter avec la mine, le train blindé "La Rafale" qui protège le Sud-Annam, le "commando de chasse" Mattei qui faillit, après une course poursuite totalement épuisante, capturer à la fin des années 1940 Hô-Chi-Minh et
Vô-Nguyen-Giap, les opérations combinées Dinassaut-Infanterie et la destruction des colonnes Charton et Lepage à Coc-Xa (1954).
Les limites de ce type d'ouvrage sont classiques car, par essence, des témoignages, pour aussi précieux qu'ils soient, ne permettent pas de saisir dans leur ample globalité les tenants et aboutissants à un moment donné. L'intérêt est évident : la parole du survivant contient de précieuses indications sur la situation, la perception, le vécu, l'ambiance, "le décor" dans lequel se joue l'horrible tragédie.
La Guerre d'Indochine reste un parent pauvre de l'histoire militaire française. Assez peu de livres, très peu d'analyses notamment sociales, économiques..Un oubli issu d'un inintérêt absolu (La LE perdra plus de 11000 hommes)...Les sources nord-vietnamiennes restent inaccessibles. Peut-être les historiens anglo-saxons ont-ils plus traité ce conflit. Ceci reste à démontrer.
En tout cas un ouvrage qui a sa place.