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sur 997 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
°°° Rentrée littéraire #3 °°°

Énorme coup de coeur pour cette formidable saga familiale franco-chilienne pour laquelle l'auteur a puisé dans ses origines, lui-même issu d'une famille française qui a migré au Chili. Dès les premières pages, le charme opère, sur les pas du patriarche, Lonsonier, qui fuit les coteaux du Jura ravagés par le phylloxéra avec l'unique cep de vigne survivant, pour le replanter au Chili et faire renaître l'héritage familial tout en créant une nouvelle lignée que l'on suivra sur quatre générations.

Miguel Bonnefoy est un conteur fabuleux, et à travers l'aventure extraordinaire de ces Français au Chili, il raconte à merveille l'histoire universelle de la migration, de l'exil, du déracinement, il dit avec force le dialogue qui naît entre deux cultures, le destin qui unit deux peuples qui se croisent dans un même héritage. Comme un pont de papier qui, à l'heure des crises migratoires, rappelle avec pertinence que les Français aussi ont été des migrants.

Les personnages de cette mythologie familiale sont campés avec bonheur, tous marquants, tous ballottés par les jeux du destin et du hasard mais tous avec leur libre arbitre : Lazare le poilu chilien ;Thérèse l'ornithologue dont la volière fantastique semble une métaphore du microcosme familial ; Margot l'intrépide pionnière de l'aviation; Ilario Da, le révolté, militant d'extrême-gauche pro-Allende … Chaque génération est confrontée à un dilemme, un questionnement, chaque personnage a un choix à faire qui va finir par déterminer son descendant dans une sorte de mécanique atavique implacable.

Sucre noir témoignait déjà du talent de Miguel Bonnefoy à dessiner des personnages inoubliables pris dans des histoires fortes ; dans Héritage, à partir de ces mêmes qualités, il va au-delà grâce à l'épaisseur apportée par L Histoire. Des tranchées de la Somme aux batailles aériennes entre la Royal Air Force et les Messerschmitt, Lazare et sa fille Margot sont emportés par le tourbillon des deux guerres mondiales dont l'absurde ressort plus que jamais avec ces soldats qui se battent pour une terre qu'ils n'habiteront jamais, contre des voisins issus de l'immigration allemande. Puis c'est le fils de Margot, Ilario Da, militant d'extrême-gauche pro-Allende qui traverse la dictature de Pinochet dans les geôles de la Villa Grimaldi : les pages qui lui sont consacrées sont particulièrement déchirantes, l'auteur a repris les carnets de son père dans lesquels il raconte la torture qu'il a subi avant de fuir en France. Et c'est un tour de force que de rendre palpable et incarnée une saga sur plusieurs générations condensée en seulement 200 pages. L'art de l'ellipse est d'une maîtrise totale et vivifie le récit.

Intensité des destins singuliers à l'incoercible force de vie et puissance de l'Histoire sont enveloppés d'un réalisme magique à la Garcia Marquez qui fait basculer le roman ( vers la page 100 ) dans une dimension encore supérieure qui exprime le monde sans le copier et illumine cette fiction bâti sur l'argile de la réalité. On sentait poindre cette touche magique avec le personnage du machi ( chaman ) mapuche Aukan qui traverse le paysage familial tel une des trois Parques tirant quelques fils pour changer le cours du destin. le chapitre consacré à cette irruption fantastique est d'une beauté absolue, sublimée par l'écriture chatoyante et sensorielle d'un vrai styliste qui choisit chaque mot pour l'équilibre élégant qu'il apporte à sa phrase.

Un roman lumineux, poignant, empreint d'une profonde humanité, ses mots plein de saveurs continuent à danser dans ma tête, le sourire aux lèvres, envoûtée jusque dans les moindres pores. Remarquable!

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Comme dans Sucre noir, je me suis laissé embarquer par Miguel Bonnefoy dans Héritage et je ne l'ai pas regretté car le style de ce jeune auteur est toujours aussi riche et prenant.
Héritage est une histoire d'exil et de retour, de transmission et de lutte, mêlant fantastique et imaginaire à la plus terrible réalité, le tout basé sur l'histoire familiale de l'auteur.
Détruit par le phylloxéra, le père de Lazare Lonsonier avait quitté son Jura natal et son exploitation viticole anéantie. Il était parti pour la Californie avec trente francs en poche et un cep de vigne, à la fin du XIXe siècle. le canal de Panama n'existant pas à l'époque, il fallait faire le tour par le détroit de Magellan, au sud de l'Amérique. Il n'arriva jamais en Californie car il débarqua à Valparaiso à cause d'une fièvre typhoïde sévissant à bord. Comme il dit venir de Lons-le-Saunier, le préposé à l'immigration crut qu'il s'appelait Lonsonier.
Ainsi débute une épopée familiale faite de rencontres et d'événements extraordinaires. En 1914, les fils des Lonsonier – Lazare, Robert et Charles – décident de traverser l'Atlantique dans l'autre sens pour venir se battre pour la France. Hélas, seul Lazare reviendra à Santiago, un poumon en moins, en décembre 1918.
Petit à petit, les rencontres se font avec tous les personnages du roman. Ce sont toujours des êtres hors du commun comme El Maestro, Etienne Lamarthe, venu de France avec une quantité d'instruments à vent et allant jusqu'à créer un orchestre symphonique à Limache, dans la province de Maya Marga. Sa fille, Thérèse, épouse Lazare. Férue d'ornithologie, elle crée une impressionnante volière et accouche en public de Margot qui ne trouve le sommeil qu'au milieu des oiseaux.
Il y a aussi un sorcier Mapuche, Aukan, qui intervient de temps à autre pendant que Lazare monte une étonnante fabrique… d'hosties. Il est secondé par Hector Bracamonte qui avait essayé de le voler…
Au contact des oiseaux, Margot n'a qu'une idée en tête : les imiter. Elle construit un avion aidée par un nouveau personnage : Ilario Danovsky. le temps passe. La Seconde guerre mondiale motive Margot et Ilario qui s'engagent dans les forces aériennes en Angleterre. Il y a aussi un certain Helmut Drichmann, un fantôme bien réel et l'enfant de Margot qu'elle nomme Ilario Da en souvenir d'Ilario qui a disparu lors d'un combat aérien.
Au Chili, c'est l'effervescence. Les idées révolutionnaires émergent. Les débats sont animés. Ilario Da se passionne pour la politique. Enfin, Salvador Allende est élu en 1970 ! le peuple chilien peut profiter des richesses du pays mieux partagées.
Hélas, la CIA et un certain Henry Kissinger poussent l'armée au coup d'État et commencent alors les pages les plus terribles du roman. Miguel Bonnefoy est d'un réalisme impressionnant pour faire ressentir l'oppression, l'emprise de la dictature, ses méthodes et ses tortures abominables. Comment des êtres humains, au Chili comme ailleurs, peuvent-ils infliger de pareils sévices à leur semblables ?
Tout cela est dénoncé et cela se répète encore mais en lisant ces lignes si bouleversantes, je pense à la chanson de Julos Beaucarne, « Lettre à Kissinger », qui rappelle que, dans le stade Chile, le 15 septembre 1973, des soldats ont tranché les doigts du chanteur et poète Victor Jara, à la hache. Malgré tout, il a entonné le chant de l'Unité populaire repris par tous les prisonniers entassés là. D'autres artistes lui ont rendu hommage comme Los de Nadau, Michel Buhler, Pierre Chêne, Christy Moore, Jean Ferrat, Gilles Servat, U2… Je n'oublie pas Pablo Neruda et tant d'autres innocents martyrisés que le livre de Miguel Bonnefoy ramène à nos mémoires.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Fin du XIXème siècle, un vigneron du Jura ruiné par le phylloxera quitte le pays. Il embarque à destination de la Californie avec un cep de vigne sain dans la poche et, souffrant de fortes fièvres, le capitaine du navire le débarque à Valparaiso au Chili, dont il ignore totalement la langue. Quand un agent lui demande son nom, lui, pensant avoir deviné la question, répond Lons-le-Saunier et c'est ainsi que vient de naître la lignée des Lonsonier. Une nouvelle vie commence. Il épouse Delphine Morizet, le couple s'installe à Santiago et ils auront trois garçons qui partiront se battre pour la France en 1914, lors de la première guerre mondiale. Seul Lazare reviendra.
C'est ainsi que Miguel Bonnefoy raconte dans Héritage, la saga d'une famille sur quatre générations, des débuts de la IIIe République à la dictature de Pinochet, en 200 pages seulement, mais de telle manière que j'en suis ressortie époustouflée. Époustouflée par le talent de conteur de ce jeune auteur. Un mélange d'imaginaire, de fantastique parfois, nous plonge dans un récit merveilleux aux mille couleurs, aux mille senteurs. Mais pour autant, la réalité est là, présente, la réalité historique avec la Première et la deuxième Guerre mondiale ainsi que la dictature de Pinochet. Les blessures physiques n'épargneront pas les membres de cette lignée mais l'écrivain insistera beaucoup sur les blessures morales que vont engendrer ces événements et les cas de conscience auxquels ils ont été confrontés.
J'ai eu l'impression de lire une fable, un conte de fées exotique avec des hommes et des femmes dont j'ai admiré la force, le talent, le génie, des personnes audacieuses, éprises de liberté, pleines de rêves. J'ai malheureusement dû aussi côtoyer la barbarie avec les deux guerres, mais encore plus atrocement avec les arrestations arbitraires en masse et les tortures inqualifiables pratiquées dans les geôles chiliennes.
Sans cacher la cruelle réalité historique, et au contraire, en montrant précisément les dégâts psychologiques qu'elle a pu engendrer, c'est avant tout un récit lumineux, dextrement poétique et imaginatif, parfois un peu fou, dans lequel les figures féminines sont particulièrement belles et puissantes que Miguel Bonnefoy nous donne à découvrir.
C'est un magnifique voyage sur les deux continents qu'il m'a été donné de lire, une véritable épopée, un livre lumineux que je verrais bien devenir un film. Je n'ai d'ailleurs pas pu m'empêcher de penser à Kusturica, le jour où Margot tente de faire décoller son avion et qu'arrive son grand-père El Maestro avec sa fanfare (un merveilleux moment de poésie !).
Héritage : un roman entre rêve et réalité, une ode au métissage, à la fusion des cultures et à l'humanisme.
Ayant eu la chance de rencontrer cet écrivain aux Correspondances de Manosque, les qualités de son oeuvre sont à la hauteur de cet homme, chaleureux, simple et lumineux presque envoûtant, ensorceleur. Il parle aussi bien qu'il écrit et inversement.
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Le père Lonsonier quitta la France à cause du phylloxera. Lazare son fils n'y revint que pour s'engager dans la Première Guerre mondiale. Après cette guerre, dont il avait mesuré la profonde absurdité, de retour au Chili Lazare lia son destin à Thérèse, une femme folle d'oiseaux. Plus tard le couple donna naissance à une passionnée d'aviation, Margot qui, comme son père vingt-cinq ans avant, rejoignit l'Europe pour s'engager dans la Seconde Guerre mondiale. Puis c'est le fils de Margot qui devint un militant d'extrême gauche pro Allende emprisonné dans les geôles de Pinochet. Tout au long de ce siècle belliqueux la lignée déracinée des Lonsonier devait connaître des moments de clartés et de ténèbres, de grandeurs et de décadence. Mais aussi des périodes où certains furent visités par un mort silencieux capable d'assurer sa descendance.

Racontant ces Français du Chili devenus migrants par la force des choses, et qui sont restés français toute leur vie au point de venir se battre en Europe pour une patrie qui n'était plus la leur, Miguel Bonnefoy relate en partie son histoire familiale. Une histoire terriblement romanesque, peuplée de personnages tous plus extraordinaires et passionnés les uns que les autres. de ces hommes et femmes libres dans leur coeur que leurs choix n'ont pas toujours comblés, mais qui sont allés jusqu'au bout de leurs convictions, Miguel Bonnefoy en merveilleux conteur leur donne une vie et une épaisseur exceptionnelles. Il nous emporte par la force de ses mots, minutieusement choisis, aussi bien dans les remous de l'Histoire que dans leur trajectoire. La beauté singulière de son oeuvre venant sans aucun doute de cet héritage teinté d'une magie prégnante qu'il lui échut.

« ... Ilario Da se leva avec le désir irrépressible de raconter ... Ses premières phrases, composées d'abord pour le distraire, devinrent une source de plaisir, puis une forme de nécessité. À peine eut-il commencé à écrire que la cathédrale de son esprit se peupla de personnages qui y firent irruption comme dans une fête, formant un pays entier de fables et de batailles, qu'il s'essoufflait à enrichir avec une telle euphorie, une telle facilité, qu'il noircissait la page suivante sans avoir fini la précédente. »
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Héritage, refermant ce roman éblouissant qui m'a à la fois enchanté et transpercé de douleurs, je me suis demandé un instant, un seul instant, ce que je pouvais emporter dans la fulgurance des pages, si demain je partais sur une île déserte non pas avec ce livre, mais avec ma seule mémoire. Ce que je retiendrais en refermant les dernières pages, - mais est-on capable de refermer à jamais un livre qu'on a aimé, un tel livre... ?
Alors, laissons un peu les pages vibrer dans le feuillage du vent ou du moins celui de mon imaginaire.
C'est l'histoire d'une volière pleine d'oiseaux multiples. Elle traverse le livre et ceux qui ont lu le roman comprendront cela car je ne dévoilerai pas la fin du récit dans lequel cette volière y participe.
Héritage est un voyage, un exil, l'idée d'un homme du Jura, précisément de Lons-le-Saunier, quittant ses vignes meurtries, rongées par la phylloxéra, décide le rêve américain avec un pied de vigne dans une poche et un peu d'argent dans l'autre. Par déformation comme souvent, à l'arrivée à Santiago du Chili, son nom deviendra Lonsonier...
Dans la trajectoire de ce roman, l'écrivain Miguel Bonnefoy nous transporte sur un siècle de rêves et de tragédies, de France en Chili avec des allers-retours vers l'Europe, en particulier en situation de guerre. Ces guerres, nous le savons, ne seront qu'au nombre de deux, c'est déjà trop...
C'est une famille, une génération, puis deux, puis trois...
Des oiseaux dans des cages traversent aussi l'océan. Ils forment un univers sur place au Chili, s'épanouissent, se reproduisent, font des petits, rencontrent des maladies qui les fragilisent, survivent, sont heureux dans ce jardin... C'est comme un paradis... Puis vient la dictature chilienne...
Une femme, Margot, dans cette flamboyante génération, m'a touché, c'est le personnage qui m'a le plus touché ici. Voulant devenir aviatrice et le devenant, je me suis demandé si son rêve d'envol, dans l'apprentissage magnifique et totalement bancal de cette première tentative, dans les ciels sereins puis bombardés par la foudre et la guerre, était venu de ce regard éperdu vers les oiseaux, à force de les regarder dans leurs cages et dans leurs ailes...
Ici j'ai lu et j'ai vu à travers les mots qui parlent, comme des images, l'exil, le déracinement. Quelle force peut donner envie de partir ailleurs dans cet inconnu ? L'ailleurs et l'inconnu sont des mythes merveilleux de l'imaginaire littéraire, mais qu'en est-il dans la réalité ?
Parfois, un sentiment, une sensation, quelque chose est venu me donner une note presque fantastique. C'est le charme du roman qui m'a rappelé Cent ans de solitude.
Miguel Bonnefoy nous parle de la réalité quand il parle du bonheur d'une famille réunie, du déchirement quand l'un des membres de cette famille s'éloigne ou disparaît, quand le malheur vient de plus loin... Les mots de cet auteur sont à chaque fois beau, juste, essentiel... Mais j'ai aimé aussi voir des personnages transgresser...
Lorsque la dictature des militaires chiliens vient, la mort du Président Allende avec le soutien implicite des États-Unis, nous assistons à cette sidération. Nous le savions déjà et nous le découvrons dans cette lignée des Lonsonier... Je vous épargne la suite...
L'Héritage est un pont, une passerelle, un livre essentiel donc. Un livre qui nous donne un bonheur en délivrance, celui de le lire tout d'abord, d'ouvrir ou pas selon notre volonté, des portes... de souffrir aussi...
Difficile d'en parler davantage. Sauf à travers les oiseaux, leurs envols, ou l'envol qui ne peut se faire, sauf à travers les pages de ce roman qui ressemblent aux ailes meurtries de ces oiseaux, dont les traces sanglantes deviennent des mots...
Je referme le livre et je me demande dans les cris que j'entends encore si ce sont des cris d'oiseaux que j'entends ou le chant des martyrs de la dictature chilienne dans les stades ou dans leurs geôles obscures.
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Voilà bien longtemps que je n'ai pas lu une saga familiale et celle-ci est vraiment très prenante. Ce roman commence en 1870 dans le Jura où un vigneron décide de partir en Californie avec un pied de vigne puisque tous ses cépages sont anéantis par le phylloxéra. Il n'ira pas jusqu'en Californie mais débarquera à Valparaiso. le Chili va donc être sa terre d'accueil. Les générations vont se succéder au Chili. Tous vont être des personnages forts, engagés.
Les thèmes de l'exil, du déracinement, de l'émigration sont traités avec originalité.
Miguel Bonnefoy est un véritable magicien de la plume. Dès les premières pages, on se croirait dans un conte mais comme dans tout conte d'ailleurs, la cruauté est est présente. On va traverser les deux guerres mondiales et la dictature, les tortures sous Pinochet.
C'est un livre court mais intense et extrêmement riche. Cette saga est bouleversante.
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Bah voilà, j'ai trouvé mon Goncourt De l'année. Jouissif. de l'épopée lyrique et débridée. On croirait en lisant ces lignes pourtant françaises redécouvrir un roman de Gabriel Garcia Marquez dans le Chili du vingtième siècle.
Là, c'est une génération de solitude.
Solitude pas tout à fait, même si certaines procréations sont quand même osées... Madame Marie a de la concurrence.
L'auteur nous parle d'humanités, au pluriel. On peut par exemple admirer le courage des soldats qui, sous Pinochet, loyaux et attachés aux valeurs d'ordre, ont su au prix de quelques tortures somme toute nécessaires, remettre ce pays dans le droit chemin, celui dicté par nos amis étatsuniens et leurs « Chicago Boys » qui ont tellement apporté à l'humanité. Ceci alors que la surveillance numérique n'existait pas encore, ce qui rendait leurs oeuvres encore plus méritantes car parfois techniquement plus difficiles à exécuter et plus aléatoires. Louons leur zèle.
On voyage donc, d'un continent à l'autre, en bateau et en avion, on éprouve de l'empathie pour certains personnages (pas forcément ceux cités plus haut, on est libre de choisir son camp pour paraphraser un l'allemand) et on s'interroge enfin sur l'importance à accorder ou non à des notions d'appartenance à une communauté, une famille, une terre. Sur les rêves de liberté et de s'accomplir ailleurs quand ce n'est pas possible là où Dieu nous a posé sur Terre.
C'est donc une belle réussite.
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La première remarque que je ferai est, bien sûr et c'est un beau parallèle, la petite musique d'ambiance qui me rappelle fortement les « Cent ans de solitude » de Gabriel Garcia-Marquez. Tout y est : personnages singuliers dotés d'une force de caractère hors du commun, multiplicité des personnages et destins observés sur une centaine d'années. Peut-être un peu moins la flamboyance des décors, car ici ce sont les hommes (et surtout les femmes) avant tout qui se distinguent. Mais des décors plantés sur deux continents et deux pays particulièrement, la France et le Chili, avec en toile de fonds les grands événements historiques de part et d'autre.
Déjà tout ça fait rêver, pas vrai ? Mais le meilleur reste à venir pour vous qui n'avez pas encore succombé à ce beau roman : l'art du conte déployé par Miguel Bonnefoy. Quel plaisir ! Oui vraiment l'écriture vous emporte et vous restez là, assis, suspendu(e) aux mots de l'auteur, attendant la suite toujours et encore. Parce qu'il'y a de l'inventivité dans cette saga familiale, des personnages fabuleux, de la magie aussi, du rêve, des oiseaux, de la musique et du bon vin.
Allez, laissez vous emporter par ce roman et vous verrez, vous redeviendrez l'enfant attendant avec impatience la suite de l'histoire fabuleuse que vos parents (ou grands-parents) distillaient avec une fausse lenteur pour vous entendre dire : encore !


C'est parce que le phylloxera a décimé ses vignes, que vers les années 1870, un jeune Jurassien décide d'immigrer en Californie. Mais les hasards de la route, ou plutôt de la mer, le conduiront au Chili où il sera rebaptisé Lonsonier.
C'est à Santiago du Chili que prendra racine sa nouvelle famille. Mais aucun des membres de cette tribu n'oubliera la France, ni le seul nom mystérieux qui s'y rattache : Michel René.
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Quel destin que celui de la lignée fondée par Lonsonier, vigneron jurassien que les ravages du phylloxéra poussent à l'exil ! Une famille d'aventuriers ballottés à travers le monde au gré des bouleversements historiques et des contingences, qui fournit un matériau fascinant à ce roman. L'histoire est aussi celle du Vingtième siècle que Miguel Bonnefoy raconte d'un point de vue captivant, car décalé – puisque les conflits mondiaux et la montée des fascismes sont vus du Chili. La « petite » histoire n'est pas en reste, sublimée par des personnages follement romanesques. Je n'en dirai pas autant que la quatrième de couverture qui me semble beaucoup trop bavarde, mais dans un décor chilien plus vrai que nature, on croise un étrange guérisseur, un trompettiste épris d'opéra, une dresseuse de rapaces, un fabricant d'hosties, une aviatrice et toute une volée d'oiseaux improbables…

Miguel Bonnefoy est un conteur d'exception. Parvenir en 200 pages à peine à donner vie à tous ces personnages, à tenir son récit sur un siècle et quatre générations sans jamais verser dans les clichés, force l'admiration. Sa plume mêle savoureusement la tendresse et une pointe d'ironie, la réalité dans ce qu'elle a de plus violent et l'onirisme dans certaines pages surprenantes. Sa façon de glisser de petites phrases sur ce qui attend un personnage dans le futur a nourri ma curiosité.

Ce roman interroge « l'héritage » au-delà de ce qui s'inscrit sur un testament : est-ce un affaire de transmission si les Lonsonier partagent un caractère passionné et une fragilité, une audace frisant la témérité, une dignité confinant parfois à de l'entêtement ? Les choses sont plus complexes, comme le montre finement Miguel Bonnefoy qui évoque des formes d'héritage plus subtiles, métissées, décalées et réappropriées : la fille du musicien finit par préférer le chant des oiseaux ; sa propre fille se passionnera pour les avions. C'est finalement peut-être l'art de savoir s'enraciner pour mieux prendre son envol qui unit le plus cette famille.

Me voilà donc sous le charme de cette saga familiale menée tambour battant qui m'a intéressée, amusée, émue. Magnifique !
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Un roman qui a du souffle.Un texte ambitieux et assez court surtout si on considère que l' histoire se passe sur un siècle et couvre 4 générations de 1870 à 1970
Miguel Bonnefoy a ses racines au Chili , au Venezuela et en France
Héritage c'est l' histoire de la famille Lonsonier. C' est aussi un peu la histoire de sa famille.
L' ancêtre quitte ses vignes du Jura en 1873 .Le phylloxéra a tout détruit.Pourquoi ne pas tenter l'aventure en Californie et sa très prometteuse Napa Valley, très prometteuse en matière viticole.
Première facétie dans une histoire qui n' en manquera pas : un arrêt imprévu au Chili.
Et voilà l'histoire est lancée tambour battant. Vous verrez que la musique et les oiseaux y tiennent une place importante
Écrire une saga familiale en Amérique du Sud, cela nous rappelle,bien sûr, un certain Gabriel Garcia Marquez et Cent ans de solitude
Et la magie opère.Miguel Bonnefoy, comme son aîné, écrit un texte enflammé et nous emporte avec un grand bonheur sur les terres chiliennes .La famille Lonsonier va vivre des événements extraordinaires, beaux ou tragiques et n'oubliera jamais la France , terre d'origine et d'inspiration
Il serait inélégant d' en dire plus .L' histoire est trop forte pour être dévoilée
Laissez-vous emporter par le rythme et la force de ce texte très travaillé et pourtant limpide
Cinq étoiles pour un livre récent, ce n'est pas trop mon habitude
Mais, là, impossible de passer à côté d' un livre aussi puissant
Un vrai plaisir de lecture que je vous conseille
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