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EAN : 9782715244009
272 pages
Le Mercure de France (02/05/2016)
3.95/5   10 notes
Résumé :
Lorsque Yves Bonnefoy retrouve par hasard un poème d’une centaine de vers libres jamais publié intitulé « L’écharpe rouge », et qui aurait été une « idée de récit », le voilà devant un mystère : quelle était donc ce récit jamais advenu ? Dans le poème sont évoqués des noms de lieux, des événements : mais à quoi faisaient-ils référence ?
C’est donc à un voyage dans le temps que nous invite le poète. Dans son propre texte, il part à la recherche de signes, s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'écharpe rouge, cette centaine de vers écrite en 1964 par Yves Bonnefoy et restée dans le fond d'un tiroir tout ce temps, est le point de départ de ce livre. Toutes ces années, l'auteur n'a pas su quoi faire de ses vers. Les publier ? non. Les jeter ? encore moins. Mais pourquoi ? Ce récit, ou plutôt cette "idée de récit" non aboutie, que pouvait-il renfermé pour accaparer autant l'esprit du poète, sa conscience, tout ce temps ?

"Je crois bien qu'il me faut penser qu'au moment même où je cherchais à percer à jour ces énigmes, j'avais désir de ne pas le faire. Car il y avait en moi quelqu'un pour rêver, ah, certes, coupablement, qu'existe un autre niveau de réalité que celui où on pense et oeuvre ordinairement : et que de cet autre lieu dans l'esprit je pouvais espérer que je recevrais parfois des messages, mais qui seraient obscurs, par nature, sinon même à jamais impénétrables. Et quel plaisir, quand on pense ainsi, d'imaginer qu'on vient d'en découvrir un, caché dans les sables de l'existence d'ici !"

Yves Bonnefoy entreprend de déconstruire pas à pas ces quelques phrases et se lance ainsi dans un récit qui remonte petit à petit de la rencontre de ses parents, à sa naissance, son enfance, pour finir par se rendre compte que là est ce qui l'a mené à cet amour immodéré des mots, du langage et à la naissance de sa vocation poétique. L'écharpe rouge a quelque chose à voir avec l'analyse, au sens freudien du terme, mais d'où ne serait pas exempt le langage poétique. Il y a quelque chose d'intimiste dans ce dernier écrit de l'auteur, qui m'a toujours paru quelqu'un de réservé, pudique et secret. Une sorte de testament, de passage de témoin, où l'on remercie et met en ordre sa vie avant de prendre congés. Lire quelques mois après, l'émotion qu'il a à se remémorer et à enfin comprendre, les silences maternels, le désoeuvrement et la culpabilité paternels, m'a fait le sentir tellement vivant et si proche.

Certains passages pourront paraître longuets, d'autres se perdre dans les méandres d'une conscience qui essaie de retrouver traces et sens, mais c'est ce qui, pour moi, en a fait le charme...

Réaliser qu'après avoir écrit l'écharpe rouge, tisser ce lien qui lui a permis de pouvoir "ranger" dans sa conscience ce texte, y mettre un point final afin qu'il puisse prendre la place qui aurait dû être la sienne depuis 1964, le poète pouvait partir serein.

"La vie n'est jamais qu'un éclair qui ne s'immobilise que pour laisser entrevoir, c'est son voeu peut-être, de grands pays en sommeil étagés de toutes parts autour de nous dans la nuit."

1964-2015 : 51 ans ! la moitié d'un siècle, deux générations, pour qu'enfin le secret de la genèse de ces quelques pages puisse enfin éclore à la conscience.
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
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Ce qui est intéressant :

• L'idée, défendue par les Surréalistes et reprise par Bonnefoy, que tout travail de création témoigne de l'inconscient de l'artiste et peut donc se prêter à une interprétation psychanalytique. Il écrit ainsi : « le moindre écrit est un entrelacement de causes dont un grand nombre excèdent la conscience de leur auteur. »
Liée à cela, l'idée que le poète ou l'écrivain écrit sans réellement inventer, c-à-d qu'il « accouche » d'un récit pré-existant, qui lui « apparaît » au fur et à mesure de l'écriture.
C'est l'inconscient qui dicte l'écriture, et ce n'est qu'ensuite que l'écrivain peut mieux se déchiffrer lui-même.
• Certains aspects du récit de la vie des parents de l'auteur sont attendrissants.

Ce que je n'ai pas aimé…

• le côté très introspectif (pour ne pas dire nombriliste) et psychanalysant. On a l'impression que l'auteur se parle à lui-même en auto-analysant son poème, sans tenir vraiment compte du lecteur. Ses questionnements sur le complexe d'Oedipe, sur le fait que son père lui en ait peut-être voulu de prendre la première place auprès de sa mère… ne sont franchement pas très originales.
• La symbolique un peu lourde, comme par exemple l'écharpe rouge qui évoque le lien du sang.
• le style très soutenu, les réflexions abstraites, et les multiples références poétiques et littéraires. Tout cela demande un grand effort de concentration et de compréhension de la part du lecteur.
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critiques presse (2)
Bibliobs
27 juin 2016
Bientôt tout un écheveau qu'il essaie de démêler dans ce livre captivant où l'on voit naître à la poésie et à la conscience de soi un écrivain pourtant très âgé.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Telerama
27 avril 2016
Quelques vers inédits de 1964 introduisent un livre inclassable et émouvant. Une archéologie poétique.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Et une évidence, aussitôt perçue après cette découverte, une grande évidence que je vais dire d'un mot, mais qu'il me faudra tout cet essai maintenant en cours pour expliciter et parcourir dans certains au moins de ses replis. Toulouse, dans "L'écharpe rouge" ? Mais c'est parce que cette "idée de récit" porte sur ma propre existence, dans sa relation à mes parents. Et cet homme, à Toulouse, qui a laissé son adresse, sur une enveloppe vide, à quelqu'un qui en retrouve le souvenir, c'est mon père, et s'adressant à moi : car je suis "cet homme déjà vieux" qui veut mettre de l'ordre dans son passé. Quant à l'écharpe rouge que lui et moi voyons chacun s'éployer sur le cœur de l'autre, c'est ce qui nous unit, d'une façon à la fois invisible et essentielle, c'est la paternité et la filiation, ce que l'on appelle le lien du sang.
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Je me demandais dans cet Arrière-Pays s'il n'arrive pas que nos lectures nous rêvent, faisant de nous les jouets de forces qui sont actives dans les phrases que nous lisons ; et s'il ne fallait pas "se réveiller de certaines pour mieux comprendre la vie". La vie, et aussi les dialectiques de l'écriture, son pouvoir d'enchantement mais peut-être aussi de préparation dans l'autocritique, à une "vraie vie".
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Mais rien ne résulta de ces promesses assurément imprudentes, sinon une recherche en vain continuée, par des reprises suivies de longues interruptions, pendant plus de quarante-cinq ans. En effet je ne me résignais pas à laisser inachevée "l'écharpe rouge", non plus qu'à ne pas résoudre l'énigme de cette invention brusquement tarie. Je sentais qu'il y avait dans ce coffre à la clef perdue quelque chose d'important pour ma réflexion sur la poésie et ma propre vie.
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Mon père restait silencieux même dans ces moments où il fallait s'exclamer et rire. Comme dans les rues de la promenade, comme au jardin, son regard semblait détourné du lieu proche, cherchant ailleurs.
Son destin, une enveloppe restée vide. Cette vie, une page blanche.
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Oui, je me dois de me poser des questions, mais voici aussi que des souvenirs affluent, comme si ma vie n'attendait pas que je m'y décide pour entrouvrir certains de ses coffres, ressentant que l'heure est venue.
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Videos de Yves Bonnefoy (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yves Bonnefoy
Les derniers livres d'Yves Bonnefoy (1923-2016) expriment son désir de transmettre le legs de la poésie par-delà la mort. « Lègue-nous de ne pas mourir désespéré », lit-on dans L'heure présente (2011). Quant à L'Écharpe rouge (2016), c'est un « livre de famille » testamentaire en même temps que l'histoire d'une vocation : « Il se trouve que j'étais apte à me vouer à l'emploi disons poétique de la parole… » La Pléiade fut pour Bonnefoy l'occasion de porter sur son oeuvre un regard ordonnateur. Il choisit le titre du volume, Oeuvres poétiques, sans céder sur son désir de faire figurer au sommaire quelques textes brefs que l'on qualifierait spontanément d'essais. Tous les livres ou recueils poétiques, vers, prose, ou vers et prose, sont présents. Bonnefoy ne se reniait pas ; il a souhaité donner dans les appendices quelques textes rares. Il a voulu aussi que soit présente son oeuvre de traducteur, de Shakespeare à Yeats, de Pétrarque à Leopardi. Enfin il a ouvert à ses éditeurs les portes de son atelier.
« Le souvenir est une voix brisée, On l'entend mal, même si on se penche. Et pourtant on écoute, et si longtemps Que parfois la vie passe. Et que la mort Déjà dit non à toute métaphore. » L'heure présente, Yves Bonnefoy
À lire – Yves Bonnefoy, Oeuvres poétiques – Coll. La Pléiade, Gallimard 13 avril 2023.
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