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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une brève note de lecture en 5 étoiles et 7 mots-clés :

#OBJETS : Omniprésence de ce concret (beaucoup de pierres), ces objets repères (« planches courbes ») auxquels le poète se rattache et donne « une voix » ; « Tout cela, mon ami,/Vivre, qui noue/Hier, notre illusion,/À demain, nos ombres. […] Foudre qui dort encore/Les traits en paix,/Souriante comme avant/Qu'il y ait langage. » (p. 33-34).
#TRADUCTEUR : le poète traduit ici le langage poétique des objets tout comme il a admirablement bien et beaucoup traduit des livres (de l'anglais, de l'italien).
#ESCHATOLOGIE : présence de l'interprétation sur l'au-delà et sur Dieu, bien que Bonnefoy soit athée.
#CONCEPT : On dit que Bonnefoy s'est beaucoup intéressé au « concept », qu'il critique, pour s'attacher au « mot ». En effet, il arrive fréquemment que le sens de mots se dérobe.
#SURRÉALISME : On en ressent encore l'influence bien après la rupture avec ce mouvement.
#PASSAGE : La question de la relation aux parents (ou à Dieu), de la transmission, du comment on grandit.
#MYTHOLOGIE : de nombreux renvois, notamment à des personnages comme Ulysse, Charon, Orphée.
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J'ai passé mon bac en 2007... Autrement dit, une éternité de cela. Enfin c'est l'impression que j'ai en tout cas.
Au programme de la filière l'(en plus, ça n'existe plus, c'est dire que de l'eau a coulé sous les ponts...), cette année-là, ce petit ouvrage.
Qui m'a résisté.
Dont je ne comprenais pas grand chose.
Que j'avais envie de foutre au feu.

Et aujourd'hui ?
Des passages entiers me hantent. Je les ai absorbés, digérés, pensés, interrogés.

Florilège :

«Nous sommes des navires lourds de nous-mêmes,
Débordants de choses fermées, nous regardons
À la proue de notre périple toute une eau noire
S'ouvrir presque et se refuser, à jamais sans rive.»

«Je pourrais m'écrier que partout sur terre
Injustice et malheur ravagent le sens
Que l'esprit a rêvé de donner au monde,
En somme, me souvenir de ce qui est,
N'être que la lucidité qui désespère
Et, bien que soit retorse
Aux branches du jardin d'Armide la chimère
Qui leurre autant la raison que le rêve,
Abandonner les mots à qui rature,
Prose, par évidence de la matière,
L'offre de la beauté dans la vérité.»

«Et demain, à l'éveil,
Peut-être que nos vies seront plus confiantes
Où des voix et des ombres s'attarderont,
Mais détournées, calmes, inattentives,
Sans guerre, sans reproche, cependant
Que l'enfant près de nous, sur le chemin,
Secouera en riant sa tête immense,
Nous regardant avec la gaucherie
De l'esprit qui reprend à son origine
Sa tâche de lumière dans l'énigme»

Bon, je ne prétends pas avoir tout compris aujourd'hui non plus. J'ai simplement accepté et entraperçu le pouvoir magique de la poésie.
L'alchimie des mots.
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Comme souvent, l'inscription à un programme scolaire d'un grand livre, d'un grand poète, se révèle contre-productive : dans une intention louable de mettre la vraie littérature à la portée de ceux qui ne lisent pas, ou pire, qui ne lisent que des sous-produits "culturels" frelatés, on expose le poème et le poète aux insultes des ignorants et au ressentiment des demi-habiles.

Bonnefoy, dans ce recueil, s'écarte quelque peu de la poésie moderniste, en ce qu'il laisse une place assez large à la compréhension rationnelle, à la pensée, et ne fonde pas tous ses effets sur les associations libres d'images et de sons, auxquelles les surréalistes et leurs héritiers nous ont habitués. Riche d'images et de mythes, sa poésie interroge aussi le lecteur à la façon de l'essai : il renoue ainsi avec une tradition ancienne, celle du discours en vers, que Ronsard avait su remettre à l'honneur, à l'imitation des Grecs et des Latins, dans notre littérature. La pensée et l'imagination collaborent sans que l'une prenne le pas sur l'autre.

Cela rend-il Bonnefoy plus "compréhensible" que les autres poètes contemporains ? En un sens, oui. Mais sûrement pas à des lecteurs contraints de Terminale "littéraire", ni à des amateurs pour qui penser, c'est rabâcher des évidences et des lieux communs qui font se sentir bien ensemble. Sa poésie, comme toute littérature digne de ce nom, nous demande un effort, ce qui ne peut que nous scandaliser, habitués que nous sommes aux plaisirs faciles. L'effort, évidemment, débouche sur des jouissances littéraires accrues, mais réservées à ceux qui les désirent vraiment.
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Poète de notre temps, Yves Bonnefoy, compagnon éphémère des surréalistes, il en a pris le goût des images mais il s'éloigne de ce courant car sa poésie se tourne vers le réel et la force des éléments. Sa poésie a des accents lyriques, elle s'attache à décrire la nature, les souvenirs d'enfance, la barque des morts...
Le titre de ce recueil "Les planches courbes" est construit en un oxymore qui nous laisse perplexe. Cependant nous sommes éclairés sur ce sujet par un poème qui figure à la section 5 intitulé "maison natale" :
"Je suis couché au plus creux d'une barque,
Le front, les yeux contre ces planches courbes
Où j'écoute cogner le bas du fleuve."
Toute la beauté et la singularité de la poésie d'Yves Bonnefoy consiste à nouer les éléments naturels, la pierre, le feu, l'eau à un questionnement ontologique.
Yves Bonnefoy pose aussi la question du langage. Beaucoup de ces poèmes s'interrogent sur l'en-deçà des mots. le poète tente de rendre compte de ce qui précède le langage, qui est voix, son...
Autre aspect des "Planches courbes", le travail de la mémoire et donc la restitution sur un mode poétique de l'enfance, des parents, mère et père. Yves Bonnefoy parle de la mort, de la manière dont elle est vécue par la nature et par l'homme. Ainsi par exemple, le motif de la barque funèbre et du passeur traversent tout le recueil. On peut imaginer que l'enfant représente le poète qui vit une aventure initiatique : comment vivre au plus près du réel, comment retrouver le goût des réalités élémentaires : la pierre, l'eau, l'herbe ? L'on songe aux méditations de Bachelard sur les quatre forces fondatrices. En une langue personnelle où la syntaxe et les images nous restitue un regard neuf sur ces forces naturelles. le poète observe l'imminence de la mort. Mais le caractère funèbre de certains passages est battu en brèche par la beauté, la joie et l'espérance qui se profilent dans les vers suivants :
"... Ô terre,
Signes désaccordés, chemins épars,
Mais beauté, absolue beauté,
Beauté de fleuve."
Lire Bonnefoy, c'est prendre le pari pour une aventure existentielle, et pour une initiation à une théologie négative.

KP
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Cf . le beau site de Jean-Michel Maulpoix:
http://www.maulpoix.net/bonnefoy.html
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Je l'ai terminé ce soir; je l'ai lu d'une traite.
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