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EAN : 9782715232334
128 pages
Le Mercure de France (29/09/2011)
3.82/5   11 notes
Résumé :
"L’heure présente" est le recueil des poèmes et des principales proses poétiques écrits par Yves Bonnefoy depuis la publication de "La longue chaîne de l’ancre" en 2008.
Les proses sont pour remuer le sol de la conscience qu’on prend du monde, où restent vives des impressions et des intuitions que la pensée diurne réprime, les poèmes tentent d’employer les mots ainsi rénovés pour mieux poser les problèmes de l’être, et du non-être, du sens et du non-sens, co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Etrange et belle expérience poétique que celle que nous donne à vivre la lecture de « L'heure présente » d'Yves Bonnefoy.

Les mots d'Yves Bonnefoy s'écoulent en chapelet de sons, comme une musique intérieure, faisant vibrer une corde sensible au-delà de la logique, du raisonnement ou de la connaissance.
Des mots que la raison n'appréhende pas dans toute leur ampleur, leur pénétration et leur clairvoyance mais que le coeur saisit et paradoxalement, conçoit mieux que l'esprit.
Prescience…Réceptivité primaire, caractère primal des sons qui, infusés, répandus au coeur de l'être, appellent images et souvenirs.
Finalement, n'est-ce pas là le fondement même de la poésie ?
Le poète se fait « faiseur de sens », créateur d'ornements à la fois mélodiques et littéraires.

Cela s'entend, cela s'écoute comme un chant de vie, cohorte de mots que l'esprit craint à associer mais dont l'âme permet l'union, le mariage éphémère, comme s'il existait un autre sens aux mots au-delà de leur signification première, simplement la conscience de leur son, l'acceptation de leur sonorité, ce vocable que forme les lèvres et qu'elles unissent à d'autres mots, formant alors une partition, un ensemble musical qui définit le monde dans un écrin de sens, de sensations, quelque chose de perceptif, d'intuitif, de sensoriel…l'entendement du coeur.

« Regardez, écoutez ! le moindre mot / A dans sa profondeur une musique / le phonème est corolle, la voix c'est l'être / Qui peut fleurir, dans même ce qui n'est pas. »

Le recueil « L'heure présente » qui regroupe poèmes inédits, poèmes déjà édités entre 2009 et 2011 et textes poétiques en prose, est une exploration.
Exploration des mots, des images et des couleurs, exploration du temps, de la mémoire, des souvenirs, de la mort qui approche l'homme devenu vieillissant qu'est aujourd'hui Yves Bonnefoy.

A celui qui vieillit, dont le temps est passé et qui sent l'approche d'une disparition inéluctable, alors que tout semble illusion et vaine chimère, ne reste plus que la parole et les mots comme onde libératrice et source d'espérance.
Yves Bonnefoy en extrait, quelquefois avec douleur, la conscience de ce qui est, de ce qui a été et qui n'est plus, de ce qui sera, de ce qui pourrait être.

« Et des mots, tout cela, des mots car, en vérité, mes proches, qu'avons-nous d'autre ? Des mots qui se recourbent sous notre plume, comme des insectes qu'on tue en masse, des mots avec de grandes échardes, qui nous écorchent, des mots qui prennent feu, brusquement, et il faut écraser ce feu avec nos mains nues, ce n'est pas facile.
Des mots dont les enchevêtrements dissimulent des trous, où nous perdons pied, et glissons, poussant des cris, mais peu importe, notre vie, c'est si peu de la pensée, ne croyez-vous pas ! Vite, nous nous ressaisissons, nous nous remettons à parler. »

« le coeur a ses raisons, que la raison ignore » dit-on, et c'est un peu cela que nous retiendrons de cette lecture, de cette poésie comme voix murmurante, susurrante, bruissant comme des pas dans l'herbe fraîche un matin de rosée.

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Les éditions Mercure de France font paraître plusieurs des récents écrits de l'auteur sous ce titre : L'heure présente.
Ainsi « Raturer outre » : je n'ai trouvé le sens de ce titre qu'à l'aide d'une note préliminaire laissée par Bonnefoy dans l'édition de 2009. «  Un 'trobar' sur les cordes du langage » prévient-il, désireux de montrer combien la forme imposée peut faire jaillir des souvenirs, des mots, des images nouvelles. Mu par une réflexion constante sur le signe, Bonnefoy nous offre des instants rêvés, souvenirs par lesquels il se promène et s'interroge.
Quelques textes inspirés de Hamlet suivent. Ils me font parfois penser à des choeurs antiques ou bien à ces propos tenus dans le prologue de l'Antigone d'Anouilh. Nous sommes à la fois dans la distanciation par rapport au jeu théâtral et dans un affrontement avec le sens tragique de la pièce.
Puis cette section « L'heure présente » qui donne son titre au recueil. le poète semble se parler à lui-même. Et se parlant il nous parle à nous lecteurs. Tandis que je lis donc, c'est une voix intérieure qui vient me parler, s'émeut. Dieu ? La vie, la mort ? La barque, toujours présente poursuit sa course discrète. le poète prend le temps de s'attarder sur des rives reposantes, même si c'est l'éclair qui l'amène à voir le monde dans sa lumière fulgurante. Monde de beauté, qu'il faut contempler avec toute l'émotion des êtres éphémères que nous sommes.
Une poésie vibrante tout autant que discrète. Une grande voix comme susurrée, lue dans un silence énorme de respect, un silence palpable où le coeur ne s'excuse plus de battre si fort au creux des mots : « Heure présente (…) Lègue-nous de ne pas mourir désespérés ».
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"Le mot 'être' utilisé métaphysiquement - mal défini, mal cerné - rend tout de suite les problèmes inutilement vertigineux. J'ai envie de l'approuver timidement."
A l'instar de Valéry, et pour une raison semblable, je n'approuve que bien timidement ce recueil. On retrouve le mot "être" toutes les deux strophes dans ces poèmes, sous une forme ou sous une autre, la plus galvaudée restant celle de Dieu - ou dieu, les deux concurremment, la part faite au christianisme comme au paganisme sans doute, également servis; mais seul le Dieu chrétien est bafoué, bien sûr, les dieux païens s'en sortent avec le bénéfice du doute.
Attention, j'ai mauvais goût ! Recours au Poème (lien ci-dessous) trouve çà très bien. Et le Monde, ne reculant devant rien ("Etreindre l'ombre de la mort" s'intitule humblement sa critique du 17/11/2011, disponible sur ce site), comparait l'auteur à un "sublime scarabée, à l'ascension d'une statue de Giacometti."
Avant qu'il ne devînt "sublime scarabée", j'étais un thuriféraire d'Yves Bonnefoy, dont "Du Mouvement et de l'Immobilité de Douve", "Dans le Leurre du Seuil", restent des monuments de la poésie du XXe siècle; "Le Nuage Rouge", "l'improbable et autres essais", des sommets de la critique d'art; ses traductions de Shakespeare (Hamlet, le Roi Lear notamment), sans doute les meilleures disponibles aujourd'hui.
Par respect pour l'oeuvre, et quoique refusant de me prosterner devant des idoles sous prétexte qu'elles sont publiées par les plus grandes maisons d'édition, je ne glanerai donc de citations que bienveillantes...
Mais si des Babeliens veulent lire Bonnefoy, qu'ils commencent plutôt par autre chose que L'Heure Présente.
Lien : http://www.recoursaupoeme.fr..
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Un recueil de poésie et de prose. On croit parfois comprendre une poésie, puis elle nous échappe. Elle suscite quelques images.. mais j'ai parfois eu du mal à "entrer" dans les poèmes. Ce qui est fort est que l'on retrouve le même rythme, la même "musique" dans les textes en prose que dans les poèmes.
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critiques presse (1)
LeMonde
18 novembre 2011
Dans L'Heure présente, le recueil qu'Yves Bonnefoy vient de faire paraître, on retrouve cette obsession de l'image dans une bouleversante étreinte avec l'ombre de la mort, présente à chaque page ; et comme celui qui voit sa vie défiler devant lui à l'instant du trépas, instant où le présent touche à sa grandeur, ce recueil, par sa brièveté, fait défiler devant nous l'oeuvre de ce grand poète.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Le bonheur ne m’a guère souri sur cette terre.
Où vais-je ? Je cherche dans ces montagnes
Le silence, la paix du cœur. C’est ma patrie,
Je n’errerai plus jamais loin d’elle.
Les cimes de partout redeviennent bleues,
Vais-je te dire adieu ? Non, qu’à jamais,
A jamais bruisse l’eau, refleurisse l’herbe !
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Elle va, et un soir c’est à nouveau
Le grand château étagé sur la mer,
Deux tours, leurs yeux fermés, le ciel, la terre
A dormir nus dans les bras l’un de l’autre.
Tu te penches sur lui. Tes doigts se posent
Sur ses paupières closes. Tu comprends
Que nuit et mort ne furent que ton rêve.
Et ta vie enfouit son front sur cette épaule,
Et qu’importe s’il est trop tard et si tu meurs.
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Ne suis-je la beauté
Que parce que je flatte votre rêve ?
Je suis tapie, effrayée, je suis prête
A me jeter en avant, à griffer,
Ou à faire la morte si je sens
Que ma cause est perdue dans vos regards.
Demandez-moi d’être plus que le monde.
Pansez-moi de vos vœux, de vos souvenirs.
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Le souvenir est une voix brisée,
On l’entend mal, même si on se penche.
Et pourtant on écoute, et si longtemps
Que parfois la vie passe. Et que la mort
Déjà dit non à toute métaphore.
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A quoi bon tant désirer
Mais sans pouvoir ? Avoir voulu parler
Mais sans phrases pour dire ? Avoir regret
Mais seul, et sans qu’un autre ait pu comprendre ?
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Videos de Yves Bonnefoy (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yves Bonnefoy
Les derniers livres d'Yves Bonnefoy (1923-2016) expriment son désir de transmettre le legs de la poésie par-delà la mort. « Lègue-nous de ne pas mourir désespéré », lit-on dans L'heure présente (2011). Quant à L'Écharpe rouge (2016), c'est un « livre de famille » testamentaire en même temps que l'histoire d'une vocation : « Il se trouve que j'étais apte à me vouer à l'emploi disons poétique de la parole… » La Pléiade fut pour Bonnefoy l'occasion de porter sur son oeuvre un regard ordonnateur. Il choisit le titre du volume, Oeuvres poétiques, sans céder sur son désir de faire figurer au sommaire quelques textes brefs que l'on qualifierait spontanément d'essais. Tous les livres ou recueils poétiques, vers, prose, ou vers et prose, sont présents. Bonnefoy ne se reniait pas ; il a souhaité donner dans les appendices quelques textes rares. Il a voulu aussi que soit présente son oeuvre de traducteur, de Shakespeare à Yeats, de Pétrarque à Leopardi. Enfin il a ouvert à ses éditeurs les portes de son atelier.
« Le souvenir est une voix brisée, On l'entend mal, même si on se penche. Et pourtant on écoute, et si longtemps Que parfois la vie passe. Et que la mort Déjà dit non à toute métaphore. » L'heure présente, Yves Bonnefoy
À lire – Yves Bonnefoy, Oeuvres poétiques – Coll. La Pléiade, Gallimard 13 avril 2023.
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