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Dessous tome 2 sur 2
EAN : 9782390142560
SANDAWE (23/01/2019)
3.2/5   5 notes
Résumé :
5 avril 1919, l’armistice a été sonné. Un sous-marin allemand s’échoue sur une plage anglaise. Nuit après nuit, attirés par un appel lugubre, les habitants s’enfoncent dans la noirceur de l’océan.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sandawe est un éditeur participatif qui fonctionne sur le crowdfunding: un projet est présenté par l'auteur, le budget détaillé et le montant nécessaire affiché. Les édinautes financent sur différents montants correspondant à des paliers permettant d'avoir l'ouvrage seul ou plus ou moins de bonus.

J'essaye toujours de parler du travail (ou du non travail...) d'édition sur les bouquins que je critique et je dois dire que lorsque j'ai reçu ces deux volumes j'ai été plus qu'agréablement surpris par la qualité de la finition. L'aspect couverture abîmée (avec des textures très propres et différentes sur les deux volumes), la précision et l'élégance de la maquette, la force évocatrice des couvertures, tout est aux petits oignons niveau édition et ça mérite amplement un Calvin pour cela (chose assez rare sur ce blog), surtout venant d'un petit éditeur participatif. Je précise que la couverture est format comics mais reliée (donc en dur pour les non initiés à la terminologie bibliophilique...). Dernier point, l'imprimeur a changé entre les deux tomes, le premier volume proposant un papier épais mat, le second un papier glacé plus fin. Je préfère le premier que je trouve plus adapté au dessin fort noir de l'auteur.

En 1916, sur le Front, les allemands ont disparu... Explorant le Tötendom, la montagne des morts, les poilus découvrent des scènes indicibles, des humains modifiés et autres abominations. L'armée fait appel à un spécialiste du Muséum d'Histoire Naturelles pour aller éclaircir ce mystère. Là-bas, s'enfonçant dans les entrailles de la terre il mettra à jour des révélations qui bouleverseront la réalité telle que nous la connaissons...

Vous l'aurez compris en lisant ce court résumé, on a affaire ici à une histoire inspirée du Mythe de Ctulhu. J'adore le fantastique, j'adore le monde de Lovecraft et je trouve que l'on n'a pas si souvent l'occasion de lire une bonne histoire s'inscrivant dans ce genre. Bones, l'auteur de ce triptyque (le troisième est en préparation) est en outre dans la ligne graphique de l'école Mignola (... et ô sacrilège, je préfère le dessin de Bones à celui de l'américain, le trouvant plus clair).

Si cette série est une très grande réussite c'est d'abord par-ce qu'elle remplit son cahier des charges de genre en transposant l'intrigue dans le contexte de la Grande Guerre (le premier tome pendant, le second juste après). Les histoires fantastiques à base de tentacules ne sont jamais fondamentalement originales de la même manière qu'une histoire de chevaliers et de dragons ne l'est pas. L'auteur et le lecteur cherchent avant tout à donner des images titillant notre imaginaire collectif. Ainsi ce sont les éléments clés d'une telle histoire et leur articulation, le montage, qui plaisent ici: le savant fou, les allemands, la civilisation pré-civilisation, l'indicible et le traitement visuel de l'horreur, avec ses gros-plans et ses bruits en onomatopées omniprésentes. le contexte est ainsi idéal et le scénario, particulièrement équilibré, arrive en 86 planches à nous présenter l'intrigue principale, du flashback, l'arrière-plan (Paris, les généraux, le Muséum) et à présenter un début, un milieu et une fin, sans que la chute ne soit expédiée comme c'est souvent le cas quand on est en présence de ce genre d'intrigue. L'histoire a été construite en format one-shot avec la possibilité d'une prolongation après le tome 1, Bones ayant sans doute envisagé dès le début une trilogie. La fin du premier album est ainsi un peu vague si vous en restez là alors que l'articulation entre les deux tomes peut sembler avoir quelques difficultés par moment (manque d'explication sur l'ellipse de trois ans entre les deux volumes). Cela est sans doute dû aux incertitudes éditoriales et je gage que le troisième tome sera bien mieux articulé.

De la même manière les personnages sont archétypaux mais je les ai trouvé très réussis, notamment le capitaine-courage et Bär, le volumineux allemand équipé d'une mitrailleuse et furieusement bad-ass! Si les méchants sont essentiellement à base de monstres sur le premier volume, ils montent d'un cran dans Un océan de souffrance en cultivant un mystère bien orchestré en restant tapis dans l'ombre. Les trois thèmes Terre/Eau/Espace rattachés aux trois volumes peuvent sembler artificiels mais personnellement j'aime bien quand une série développe des thématiques, des colorations rattachées aux albums. Ils permettent en outre d'éviter la redite, ne serai-ce que graphiquement, si La montagne des morts est une histoire de tranchées et de monde souterrain, le second introduit la thématique vernienne qui nous sort un peu du seul Ctulhu (même si on en reste très proche) avec des constructions sous-marines et navires de guerre. Globalement la progression dramatique, la divulgation des infos, coups de théâtre et l'approche scénaristique générale sont remarquables.

Visuellement les planches sont vraiment belles et l'on sent à la fois la quantité de travail et la maîtrise technique dans cette grande lisibilité et propreté des architectures et arrière-plans. le style est particulier et certains n'aimeront pas. Mais force est de reconnaître qu'il colle parfaitement à l'atmosphère et montre un dessinateur qui a largement passé le stade de l'amateur. Nombre de dessinateurs oeuvrant dans des styles ombre et lumière (dernièrement Eduardo Risso sur Moonshine) rendent des planches parfois confuses. Je n'ai jamais ressenti cela à la lecture de Dessous. Bones propose surtout nombre de visions fantastiques qui font frémir notre imaginaire.

Comme il faut aussi pointer les manques, je parlerais (mais cela a été relevé et corrigé sur le tome 2) des dialogues en allemand non traduits sur le T1 (comme sur Black Magick, tiens, est-ce que les scénaristes germanophones oublient que tout le monde ne parle pas la langue de Goethe?) et des halo lumineux ajoutés par l'auteur dans le T2 et qui me semblent trop artificiels au regard d'un projet qui respire l'artisanat et l'encre.

Hormis cela Dessous est une vraie bonne BD de genre, un vrai bon dessin d'un auteur qui a clairement de l'avenir. J'ai retrouvé dans cette lecture beaucoup du plaisir des illustrations de Lauffray et un peu de ce qu'il pourrait produire s'il sortait enfin sa grande BD d'exploration lovecraftienne. Si vous avez peur des poulpes et imaginez des temples ensevelis dans votre jardin, si vous aimez les encrages profonds, les savants fous et les machines steampunk, rattrapez vite votre retard avant Un regard vers les étoiles, que vous pouvez aussi pré-financer sur le site de l'éditeur.

Lien : https://etagereimaginaire.wo..
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J'aime beaucoup les ambiances Lovecraftienne et cette BD est un pur condensé de ce qu'il y a de meilleur dans les oeuvres de Lovecraft. le premier tome est un petit modèle d'histoire parfaitement bien inspirée par l'univers d'horreur cosmique, assaisonné d'une guerre des tranchées qui parait un modèle pour exprimer l'angoisse et l'horreur de choses qui nous dépassent. le tout servi par un dessin qui permets de mettre en ombre et lumière les ambiances de désolation et de destruction de cette période.

Vous l'aurez compris, je suis personnellement très content de la lecture de cette BD. J'aime l'ambiance que l'auteur a réussi à installer, elle se distille avec soin dans des archétypes de personnage, le jeune scientifique, le vieux scientifique, le soldat blasé, les bleus ... C'est un mélange de diverses personnes qui sont parfaitement campées, stéréotypés diraient certains, mais qui officient pleinement dans leurs rôles. La trame est menée telle une histoire de Lovecraft, avec le mystère qui plane tout au long du récit même si l'on s'attends à ce qui arrive. Comme souvent, le côté métaphorique de la chose est palpable, ici ça me semble surtout une question de peur de la science, de ce qu'on découvre en temps de guerre et qu'on est prêt à faire. Armes bactériologiques, expérimentation inhumaine et exploitation pour gagner du crédit scientifique.

Le premier tome se suffit à lui tout seul, et d'ailleurs c'est celui que je recommande, mais le second apporte un développement plaisant et qui parait de bonne facture, si tant est que la fin (qu'on verra peut-être un jour sous une autre collection) apporte le dénouement satisfaisant qu'il convient à ce type d'histoire. C'est mené par le dessin autant que par le scénario et ces noirs profonds qui donnent relief et ombres aux cases ajoutent à la dimension fantastique autant qu'à l'horreur de la guerre. Les visages disparaissent dans l'ombre ou sous les barbes, tout est trop grand par rapport aux misérables humains qui vivent en face de ces horreurs sans nom.

En somme, une excellente poursuite de l'oeuvre Lovecraftienne, parfaitement adaptée aux amateurs du genre qui souhaitent replonger un peu dans tout ce qui se cache sous la surface de notre monde. Une série qui tient la route et apporte quelques promesses que j'ai hâte de voir réalisées. Je ne sais pas si la suite existera, mais je l'espère.
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Gaspard et Bär doivent de nouveau affronter l'être qu'ils ont découvert à Vauquois.
Un second tome dont j'ai toujours les mêmes reproches : un dessin que je n'apprécie pas car il n'est toujours pas assez lisible, une histoire qui est rythmée mais aux personnages toujours aussi inexpressifs...
Le fond de l'histoire est intéressante mais je n'accroche pas au style de l'auteur.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
- comment des hommes peuvent-ils vivre sous l'eau, dans si peu d'espace, à respirer des gaz de diesel durant des semaines ?
- l'espoir, Gaspard ! L'espoir de rentrer au pays, de revoir l'être aimé... et un certain patriotisme aussi.
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