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EAN : 9782714455796
192 pages
Belfond (14/08/2013)
3.48/5   404 notes
Résumé :
Une maternité. Chaque porte ouvre sur l'expérience singulière d'une femme tout juste accouchée. Sensible, vulnérable, Béatrice, qui travaille là, reçoit de plein fouet ces moments extrêmes.
Les chambres 2 et 4 ou encore 7 et 12 ravivent son passé de danseuse nue sillonnant les routes à la lumière des projecteurs et au son des violons. Ainsi réapparaissent Gabor, Paolo et d'autres encore, compagnons d'une vie à laquelle Béatrice a renoncé pour devenir normale.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (129) Voir plus Ajouter une critique
3,48

sur 404 notes
Comme tous les matins, Béatrice enfile sa blouse rose. Auxiliaire de puéricultrice, elle a délaissé sa vie d'avant. Sa vie de danseuse, sa vie de bohème, sa vie avec Gabor, son mari violoniste, ses amis Paolo, le batteur, Pierre et Pierre, un couple homosexuels travestis, ses voyages à travers l'Europe au gré des dates de concert, l'insouciance, la vie au jour le jour, le public en admiration devant son corps nu et harmonieux se déhanchant au rythme de la musique, laissant entrevoir tout le bonheur, l'amour et la sensualité qu'il dégage. Mais, les aléas de la vie font qu'elle a tout quitté pour se «ranger». Dans son travail, elle n'est pas épanouie, elle déprime, elle ne dort plus, elle vit seule et ne supporte pas les conversations de ses collègues. Chaque jour, elle doit faire face à la détresse, au désarroi, à la tristesse, à la peur ou la joie de ces mamans mais aussi à la mort. Elle vit intensément et profondément le vécu et le ressenti de ces femmes. Ce métier qu'elle n'a pas choisi la ramène immanquablement à sa propre histoire.

Julie Bonnie explore le corps humain intimement. de sa vie de danseuse nue, épanouie, sans complexe, libre avec et dans son corps, Béatrice entrevoit tout autrement le corps et est confrontée à une autre nudité. Entre les fausses-couches et les césariennes, on se balade de chambre en chambre, on compatit, on souffre ou l'on s'insurge. Alternant le passé tumultueux et terriblement vivant de Béatrice et ses journées dans la clinique où elle se sent à la fois prisonnière et désarmée, Julie Bonnie nous livre un roman des plus intimes, émouvant et poignant et met en avant cet objet de désir, sexuel, de dégoût, de plaisir, de malheur, d'enfantement, à la fois fort ou fragile, docile ou indomptable.

Chambre 2... entrez sur la pointe des pieds...
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Chambre 2.
Des ventres ronds, des ventres plats.
Des ventres en vie, des ventres déjà morts.
Il y a des larmes, des cris, du sang, du bonheur, du malheur.
On cueille, la vie, la mort, les mères choisissent, d'autres hurlent un non qui ne sera pas entendu. La nature décide.
Chambre 2.
Ça sent le bébé chaud. Ou ça sent l'ange mort. Des couleurs dans le coeur ou du sel dans les yeux.

Hymne à la maternité.
À la femme.
Au désir, aux corps nus.
Parce que Béatrice danse nue comme un éloge à ces bébés qui naissent nus. La vie aura bien le temps de les habiller...
Et dans cette nudité, on entend les hommes crier et les mères prier et suer.

Un roman déroutant où les entrailles du ventre racontent, délogent et tressaillent.
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Je me suis immergée dans un cri. Un long cri de souffrance hurlé par la narratrice, Béatrice, une ex-danseuse nue.
Ex-danseuse nue ? Je vous vois déjà en train de rigoler doucement. Eh bien je la défends, cette jeune femme fragile ! Elle a vécu son métier comme une passion, elle a dansé pour s'exprimer, elle a glorifié le corps féminin. le « Cabaret de l'Amour », le groupe dont elle faisait partie, était heureux, amoureux de la musique et de la liberté. Ils ont eu 2 enfants, amoureux de leurs parents.
Et puis le drame est survenu. Et puis elle est devenue auxiliaire de puériculture dans un hôpital. Et puis elle n'en pouvait plus...
C'est ça qu'elle nous raconte. Son passé et son présent. Son passé fantasque, déroulé mais quelquefois difficile, son présent raide, convenu mais toujours déchirant.

Comme elle est au bord du gouffre, elle perçoit avec acuité le mal-être, le désespoir, le vide de ces « mères-là », celles qu'on regarde avec un brin de mépris ou avec une bonne dose de condescendance.
Comme elle est instinctive, elle « vit » les bébés, contrairement aux autres sages-femmes, aguerries : « Moi, j'écoute la peau. La peau livre les secrets. Prenez un bébé dans vos mains et fermez les yeux. Oubliez que vous avez peur parce que vous croyez que vous allez le casser. Fermez les yeux et écoutez la peau, les muscles, l'ondulation des chairs. Laissez parler votre peau et laissez la peau du nouveau-né vous répondre. Vous entendrez une sonate de peau. »

Difficile, insurmontable de concilier cette implosion de souffrance et cette explosion des corps, ce besoin intense d'entrer en contact et cette barrière institutionnelle.
Difficile, oui. Insurmontable.
« Il faut trouver une place dans la vie, il faut trouver des alliés, des gens qui vous ressemblent. Il faut donc assassiner tout ce qui dépasse, découper chaque morceau de ma chair et de mon esprit qui ne rentre pas dans le moule ».

Difficile de s'extraire d'un livre pareil, d'un style mis à nu, de propos pleins de faiblesse et de force, sans aucun penchant pour les lieux communs, explosif.
Difficile.
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Aujourd'hui, Béatrice est auxiliaire de puériculture dans une maternité. Ce boulot lui pèse : l'ambiance entre collègues, la douleur des femmes lorsque "ça" se passe mal - vraiment mal ou lorsqu'elle-même le ressent comme tel et noircit le tableau. Et puis Béatrice vit seule, ou quasi, elle est insomniaque, déprimée, épuisée.

Hier, Béatrice était danseuse, merveilleuse, heureuse, amoureuse. Une vie tourbillonnante et éblouissante parmi une joyeuse troupe de saltimbanques. Musique, jeunesse, rire, fête. de vrais amis, un mari et des enfants formidables avec elle sur les routes.

La narration alterne entre ces deux périodes de la vie de Béatrice. Nostalgie des belles années vs malaise présent. Soleil vs ombre. Energie et bonheur vs fatigue et désespoir.

Sentiments très divers et contradictoires en lisant ce livre et après l'avoir refermé.
Beaucoup de réflexions intéressantes sur la féminité, la maternité (accouchement, allaitement, blues post-partum...), le deuil, mais aussi sur l'environnement professionnel.
Des moments magnifiques, intenses, bouleversants.
Et puis, hélas, des tournures et 'postures' affectées, artificielles et déjà tellement vues/lues, plus particulièrement sur les moments heureux.

Un beau livre émouvant, quoi qu'il en soit. J'en retiendrai au moins cette expression "enfant né mort", tellement plus évocatrice que le terme officiel "enfant mort-né"...
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C'est difficile d'affronter la réalité de la dépression ou de la maladie mentale, parce qu'on y reconnait souvent une part de soi-même. Oui, la maternité et le travail à l'hôpital, ce n'est pas toujours facile et toutes connaissent un jour ou l'autre des moments de découragement.

Pour l'auxiliaire de puériculture Béatrice, c'est plus grave, elle est dépressive, elle ne dort plus et elle voit tout en noir. Elle ne perçoit plus autour d'elle que les malheurs, les femmes qui souffrent et pour qui l'enfantement est un drame. Pas de place pour les femmes ordinaires, elle raconte un concentré d'enfants qui meurent, de mères accablées ou indifférentes et de pères absents.

Des bribes de son passé expliquent que Béatrice était autrefois danseuse qui a vécu son corps librement et avec intensité. Elle ressent avec le même excès la souffrance des corps malmenés par l'accouchement, la césarienne ou les règles strictes du milieu hospitalier. Elle éprouve aussi une grande solitude, car elle a vécu le rejet social et se sent toujours mal à l'aise dans la rigueur de sa blouse rose et dans ses rapports avec ses collègues. Ajoutez à cela un milieu de travail stressant, côtoyant la vie et la mort, et nous avons un portrait très sombre de la maternité.

Un court roman, touchant de vulnérabilité, où transpire la détresse de la dépression.
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critiques presse (3)
Lhumanite
18 novembre 2013
Elle a un grand appétit de vivre et écrit avec sincérité. Julie Bonnie, qui est aussi chanteuse, violoniste et guitariste, a des mots comme tout le monde, mais, chez elle, ils sont catapultés.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
LeMonde
02 septembre 2013
C'est un livre de deuils et de renaissances. Un hymne heurté, d'une grâcieuse simplicité, aux inadaptés, à ceux qui se relèvent difficilement d'avoir connu le malheur ou le bonheur, et qui doivent pourtant avancer.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
27 août 2013
Un roman charnel, hommage touchant au corps des femmes
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (106) Voir plus Ajouter une citation
Je voulais être danseuse. Je crois que ce qui m'importait le plus, à l'époque, c'était qu'on me regarde. Je passais des heures devant la glace, touchant mes hanches, attrapant mes seins. Je maîtrisais à merveille toutes les moues sexy des actrices qui paradaient sur les cartes postales en noir et blanc épinglées sur mon mur. J'étais Bardot, j'étais Monroe. Je me trouvais aussi belle qu'elles, et mon avenir était tout tracé. Danseuse, puis actrice. Je danserais, puis je serais repérée, puis je serais adulée et malheureuse et je mourrais. (...)
Montrer mon corps, que je trouvais sublime, est devenu, à cette époque, un besoin, une urgence. Oui, j'étais celle qui finit nue sur la table quand la musique est trop belle. J'étais une Marilyn de province, prête à tout montrer à chaque instant pour être "repérée", pour qu'on me regarde.
(p. 29-30)
[aux jeunes filles/femmes qui rêvent de gloire et se brûlent les ailes]
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Tous les matins,
on commence par la chambre 2.

C'est comme ça, tous les jours pareil, sans exception, pour chaque équipe.
La dame du 2 n'est jamais partie.
Elle est là depuis plusieurs années, personne ne sait plus vraiment.
Dans sa chambre, le temps s'est arrêté.
On en rigole, parfois, avec les collègues.
- Tu imagines, si on restait toute la journée à la 2 ? Peut-être qu'on ne vieillirait pas.
- Avec un argument comme ça, on aurait plutôt intérêt à la louer...
- Oui. Ça, au moins, ça nous changerait notre salaire !
Mais le travail nous appelle, alors arrêter le temps n'est pas d'actualité. Il faut avancer.
Dans la salle de soins, je pose mes affaires. J'ai un panier rempli de bazar, des compresses, du désinfectant, des disques, mes demandes de congés, une clope. J'ai à manger dans un tupperware. Je n'aime pas dire «gamelle», signe que je ne suis pas encore adaptée. Il y a d'autres mots que je n'arrive pas à dire, comme «j'embauche», le truc «à» bidule, les «chefs».
Quand j'ai posé mon panier, après être passée par les vestiaires pour mettre ma blouse vieux rose et avoir commencé à sentir des nausées parce que je ne supporte pas le travail, je dis bonjour les filles d'un ton enjoué, ou qui essaie de l'être.
Et je sors mon sourire.
Ce sont essentiellement des femmes qui travaillent en maternité, les hommes sont trop fragiles, le peu que j'ai croisés craquent très vite, ce n'est pas beau à voir.
Les filles lèvent la tête, qu'elles ont plongée dans un grand seau d'eau sale, leurs visages sont dégoulinants - la nuit a été dure -, les yeux ont peur, mais me voir est un soulagement, elles vont pouvoir «me les passer», comme on passe le fusil dans les tours de garde.
- Je te souhaite bien du courage.
Je sais. J'aurai la même tête que vous ce soir. Douze heures dans la chair humaine, nue dans la neige, nue dans le feu, nue quand il est vital de se couvrir.
Commence alors la présentation du service, chambre par chambre, femme par femme, âme humaine par âme humaine, drame par drame, vie par vie. En quelques mots : enfant, mort, anorexie, trisomie, hémorragie, déchirure, antécédents, pleurs, peurs, angoisse, nuit, crevasses, engorgement, tire-lait, solitude, mari, fausse couche, interruption médicale de grossesse, césarienne en urgence, utérus, ligature, psychosocial, infection, maltraitance, lien maternel, fragilité, dépression, périnée
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C'est comme ça, tous les jours pareil, sans exception, pour chaque équipe.
La dame du 2 n'est jamais partie.
Elle est là depuis plusieurs années, personne ne sait plus vraiment.
Dans sa chambre, le temps s'est arrêté.
On en rigole, parfois, avec les collègues.
- Tu imagines, si on restait toute la journée à la 2 ? Peut-être qu'on ne vieillirait pas.
- Avec un argument comme ça, on aurait plutôt intérêt à la louer...
- Oui. Ça, au moins, ça nous changerait notre salaire !
Mais le travail nous appelle, alors arrêter le temps n'est pas d'actualité. Il faut avancer.
Dans la salle de soins, je pose mes affaires. J'ai un panier rempli de bazar, des compresses, du désinfectant, des disques, mes demandes de congés, une clope. J'ai à manger dans un tupperware. Je n'aime pas dire « gamelle », signe que je ne suis pas encore adaptée. Il y a d'autres mots que je n'arrive pas à dire, comme « j'embauche », le truc « à » bidule, les « chefs ».
Quand j'ai posé mon panier, après être passée par les vestiaires pour mettre ma blouse vieux rose et avoir commencé à sentir des nausées parce que je ne supporte pas le travail, je dis bonjour les filles d'un ton enjoué, ou qui essaie de l'être.
Et je sors mon sourire.
Ce sont essentiellement des femmes qui travaillent en maternité, les hommes sont trop fragiles, le peu que j'ai croisés craquent très vite, ce n'est pas beau à voir.
Les filles lèvent la tête, qu'elles ont plongée dans un grand seau d'eau sale, leurs visages sont dégoulinants - la nuit a été dure -, les yeux ont peur, mais me voir est un soulagement, elles vont pouvoir «me les passer», comme on passe le fusil dans les tours de garde.
- Je te souhaite bien du courage.
Je sais. J'aurai la même tête que vous ce soir. Douze heures dans la chair humaine, nue dans la neige, nue dans le feu, nue quand il est vital de se couvrir.
Commence alors la présentation du service, chambre par chambre, femme par femme, âme humaine par âme humaine, drame par drame, vie par vie. En quelques mots : enfant, mort, anorexie, trisomie, hémorragie, déchirure, antécédents, pleurs, peurs, angoisse, nuit, crevasses, engorgement, tire-lait, solitude, mari, fausse couche, interruption médicale de grossesse, césarienne en urgence, utérus, ligature, psychosocial, infection, maltraitance, lien maternel, fragilité, dépression, périnée.
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Je ne sais pas si c'est un passage obligé, mais quand on a perdu un bébé on se rend compte qu'on peut donner la mort.
C'est une possibilité. Donner la vie/donner la mort.
Donner la vie donner la mort.
Le corps peut fabriquer l'un ou l'autre. Pas forcement par notre faute, pas du tout notre décision. On est dépossédé du choix.
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C'est comme ça.
Mais quand Francesca est là, les choses prennent de l'envergure. Francesca ne laisse rien passer. Elle ne se tait pas, elle épingle, elle arrête.
Elle tient tête, elle défend.
Elle ressort les dossiers et invective.
- Dites-moi, si vous aviez vécu l'accouchement tel qu'il est décrit dans ce dossier, ne seriez-vous pas en train de vous plaindre ?
A mon avis, plus que d'un "recadrage", c'est de la morphine qu'il faudrait à cette dame.

Je souris intérieurement, merci.
Francesca est juste, ne se laisse jamais aller au commérage, au lieu commun.
Heureusement qu'il y a des gens comme elle dans les hôpitaux, on devrait leur décerner des médailles.
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Julie Bonnie célèbre la conclusion de sa tétralogie L'Internat de l'Île aux Cigales (Albin Michel Jeunesse) avec une lecture en musique.
dimanche 4 décembre – Avec l'autrice-compositrice-interprète Julie Bonnie et le musicien Stanislas Grimbert.
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