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sur 405 notes
Chambre 2.
Des ventres ronds, des ventres plats.
Des ventres en vie, des ventres déjà morts.
Il y a des larmes, des cris, du sang, du bonheur, du malheur.
On cueille, la vie, la mort, les mères choisissent, d'autres hurlent un non qui ne sera pas entendu. La nature décide.
Chambre 2.
Ça sent le bébé chaud. Ou ça sent l'ange mort. Des couleurs dans le coeur ou du sel dans les yeux.

Hymne à la maternité.
À la femme.
Au désir, aux corps nus.
Parce que Béatrice danse nue comme un éloge à ces bébés qui naissent nus. La vie aura bien le temps de les habiller...
Et dans cette nudité, on entend les hommes crier et les mères prier et suer.

Un roman déroutant où les entrailles du ventre racontent, délogent et tressaillent.
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Comme tous les matins, Béatrice enfile sa blouse rose. Auxiliaire de puéricultrice, elle a délaissé sa vie d'avant. Sa vie de danseuse, sa vie de bohème, sa vie avec Gabor, son mari violoniste, ses amis Paolo, le batteur, Pierre et Pierre, un couple homosexuels travestis, ses voyages à travers l'Europe au gré des dates de concert, l'insouciance, la vie au jour le jour, le public en admiration devant son corps nu et harmonieux se déhanchant au rythme de la musique, laissant entrevoir tout le bonheur, l'amour et la sensualité qu'il dégage. Mais, les aléas de la vie font qu'elle a tout quitté pour se «ranger». Dans son travail, elle n'est pas épanouie, elle déprime, elle ne dort plus, elle vit seule et ne supporte pas les conversations de ses collègues. Chaque jour, elle doit faire face à la détresse, au désarroi, à la tristesse, à la peur ou la joie de ces mamans mais aussi à la mort. Elle vit intensément et profondément le vécu et le ressenti de ces femmes. Ce métier qu'elle n'a pas choisi la ramène immanquablement à sa propre histoire.

Julie Bonnie explore le corps humain intimement. de sa vie de danseuse nue, épanouie, sans complexe, libre avec et dans son corps, Béatrice entrevoit tout autrement le corps et est confrontée à une autre nudité. Entre les fausses-couches et les césariennes, on se balade de chambre en chambre, on compatit, on souffre ou l'on s'insurge. Alternant le passé tumultueux et terriblement vivant de Béatrice et ses journées dans la clinique où elle se sent à la fois prisonnière et désarmée, Julie Bonnie nous livre un roman des plus intimes, émouvant et poignant et met en avant cet objet de désir, sexuel, de dégoût, de plaisir, de malheur, d'enfantement, à la fois fort ou fragile, docile ou indomptable.

Chambre 2... entrez sur la pointe des pieds...
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Je me suis immergée dans un cri. Un long cri de souffrance hurlé par la narratrice, Béatrice, une ex-danseuse nue.
Ex-danseuse nue ? Je vous vois déjà en train de rigoler doucement. Eh bien je la défends, cette jeune femme fragile ! Elle a vécu son métier comme une passion, elle a dansé pour s'exprimer, elle a glorifié le corps féminin. le « Cabaret de l'Amour », le groupe dont elle faisait partie, était heureux, amoureux de la musique et de la liberté. Ils ont eu 2 enfants, amoureux de leurs parents.
Et puis le drame est survenu. Et puis elle est devenue auxiliaire de puériculture dans un hôpital. Et puis elle n'en pouvait plus...
C'est ça qu'elle nous raconte. Son passé et son présent. Son passé fantasque, déroulé mais quelquefois difficile, son présent raide, convenu mais toujours déchirant.

Comme elle est au bord du gouffre, elle perçoit avec acuité le mal-être, le désespoir, le vide de ces « mères-là », celles qu'on regarde avec un brin de mépris ou avec une bonne dose de condescendance.
Comme elle est instinctive, elle « vit » les bébés, contrairement aux autres sages-femmes, aguerries : « Moi, j'écoute la peau. La peau livre les secrets. Prenez un bébé dans vos mains et fermez les yeux. Oubliez que vous avez peur parce que vous croyez que vous allez le casser. Fermez les yeux et écoutez la peau, les muscles, l'ondulation des chairs. Laissez parler votre peau et laissez la peau du nouveau-né vous répondre. Vous entendrez une sonate de peau. »

Difficile, insurmontable de concilier cette implosion de souffrance et cette explosion des corps, ce besoin intense d'entrer en contact et cette barrière institutionnelle.
Difficile, oui. Insurmontable.
« Il faut trouver une place dans la vie, il faut trouver des alliés, des gens qui vous ressemblent. Il faut donc assassiner tout ce qui dépasse, découper chaque morceau de ma chair et de mon esprit qui ne rentre pas dans le moule ».

Difficile de s'extraire d'un livre pareil, d'un style mis à nu, de propos pleins de faiblesse et de force, sans aucun penchant pour les lieux communs, explosif.
Difficile.
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Aujourd'hui, Béatrice est auxiliaire de puériculture dans une maternité. Ce boulot lui pèse : l'ambiance entre collègues, la douleur des femmes lorsque "ça" se passe mal - vraiment mal ou lorsqu'elle-même le ressent comme tel et noircit le tableau. Et puis Béatrice vit seule, ou quasi, elle est insomniaque, déprimée, épuisée.

Hier, Béatrice était danseuse, merveilleuse, heureuse, amoureuse. Une vie tourbillonnante et éblouissante parmi une joyeuse troupe de saltimbanques. Musique, jeunesse, rire, fête. de vrais amis, un mari et des enfants formidables avec elle sur les routes.

La narration alterne entre ces deux périodes de la vie de Béatrice. Nostalgie des belles années vs malaise présent. Soleil vs ombre. Energie et bonheur vs fatigue et désespoir.

Sentiments très divers et contradictoires en lisant ce livre et après l'avoir refermé.
Beaucoup de réflexions intéressantes sur la féminité, la maternité (accouchement, allaitement, blues post-partum...), le deuil, mais aussi sur l'environnement professionnel.
Des moments magnifiques, intenses, bouleversants.
Et puis, hélas, des tournures et 'postures' affectées, artificielles et déjà tellement vues/lues, plus particulièrement sur les moments heureux.

Un beau livre émouvant, quoi qu'il en soit. J'en retiendrai au moins cette expression "enfant né mort", tellement plus évocatrice que le terme officiel "enfant mort-né"...
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C'est difficile d'affronter la réalité de la dépression ou de la maladie mentale, parce qu'on y reconnait souvent une part de soi-même. Oui, la maternité et le travail à l'hôpital, ce n'est pas toujours facile et toutes connaissent un jour ou l'autre des moments de découragement.

Pour l'auxiliaire de puériculture Béatrice, c'est plus grave, elle est dépressive, elle ne dort plus et elle voit tout en noir. Elle ne perçoit plus autour d'elle que les malheurs, les femmes qui souffrent et pour qui l'enfantement est un drame. Pas de place pour les femmes ordinaires, elle raconte un concentré d'enfants qui meurent, de mères accablées ou indifférentes et de pères absents.

Des bribes de son passé expliquent que Béatrice était autrefois danseuse qui a vécu son corps librement et avec intensité. Elle ressent avec le même excès la souffrance des corps malmenés par l'accouchement, la césarienne ou les règles strictes du milieu hospitalier. Elle éprouve aussi une grande solitude, car elle a vécu le rejet social et se sent toujours mal à l'aise dans la rigueur de sa blouse rose et dans ses rapports avec ses collègues. Ajoutez à cela un milieu de travail stressant, côtoyant la vie et la mort, et nous avons un portrait très sombre de la maternité.

Un court roman, touchant de vulnérabilité, où transpire la détresse de la dépression.
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Je me suis demandée tout le long de ma lecture ce qu'il y avait d'aussi particulier avec la chambre 2, on en parle au début et c'est fini, on tourne les pages du livre tout en visitant chaque chambre numérotée dans l'ordre croissant sans revenir sur la chambre 2, mais quand on arrive à la chambre 15, on retrouve l'ombre de la chambre 2... vraiment super!!!
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Béatrice est auxiliaire de puériculture. Chaque jour, elle lutte contre la révolte et le mal-être qui la rongent depuis qu'elle doit revêtir cette blouse rose, trop étriquée pour elle, et côtoyer le désarroi et la détresse de jeunes mères bien souvent dépassées après leur accouchement. Car, si les instants de bonheur pur réchauffent le coeur, cette ancienne danseuse assiste également chaque jour à des drames intimes : bébés morts nés, dénis de grossesse, malformations, instincts maternels qui ne se réveillent pas, mères qui culpabilisent et tombent dans la dépression… Autant de souffrances qu'elle doit affronter avec professionnalisme et distance, pour ne pas être elle-même submergée, alors que son coeur crie à l'intérieur… Mais comment devenir hermétique à la douleur des autres quand on est une femme passionnée et vulnérable ?

Avec ce premier roman, Julie Bonnie nous offre un texte criant de réalisme, éblouissant par sa force et sa justesse. On navigue sans cesse entre le passé bohème de cette jeune danseuse, éprise de liberté, qui passera plusieurs années sur les routes avec sa troupe d'artistes, et son quotidien oppressant, à l'opposé de ce dont elle a toujours rêvé, où l'on découvre ce qui se cache derrière ses portes des chambres de la maternité que l'on ouvre l'une après l'autre… le corps est au centre du récit, corps libéré, épanoui, artistique, ou au contraire, corps souffrant, déformé, rejeté. Que dire de plus si ce n'est que ce texte m'a émue aux larmes, m'a bouleversée par sa maturité, sa beauté et la sincérité qui s'en dégage. Un premier roman magnifique qu'il serait vraiment dommage de manquer !
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Julie Bonnie nous invite à une promenade dans une maternité.
Béatrice y travaille et nous emmène avec elle de chambre en chambre, d'histoire en histoire, de drame en drame. Car Béatrice voit surtout les histoires dramatiques. Comme si elle n'entrait que dans les chambres dans lesquelles se jouaient des choses terribles, comme si elle évitait soigneusement celles des histoires heureuses. Mais peut-être est-ce elle, Béatrice, qui voit tout à travers un prisme déformant, qui ne lui fait voir que le côté sombre de chaque aventure qu'est une naissance ?
Car Béatrice n'a pas été gâtée par la vie, loin de là. Alors comment fait-elle cette écorchée vive pour tenir dans son travail ? C'est la question que je me suis posée, de façon de plus en plus insistante au fil des pages. Difficile d'être quotidiennement confrontée à toutes ces naissances, à ces couples, à ces histoires qui la renvoient sans arrêt à sa propre histoire, à sa propre expérience de la maternité, à sa vie d'autrefois, à ses blessures, à ses fêlures.
J'ai beaucoup apprécié cette lecture, ces observations si justes et sensibles autour de la naissance. Bien sûr, Julie Bonnie ne nous montre que le côté obscur, mais c'est un choix, et son livre est très cohérent.
Pour voir le côté lumineux, il y a d'autres ouvrages, comme par exemple "Lettre à une mère" de René Frydman.
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Béatrice est une auxiliaire de puériculture qui voit des patientes toutes différentes les unes des autres. Chaque cas est différents et à la suivre à travers ses visites des chambres, on découvre des histoires de famille pas tout le temps rose, des drames qui peuvent se jouer, des grossesses au contraire qui se passent bien, des jeunes mères pleines d'angoisse ...

En parallèle de sa vie professionnelle, Béatrice nous raconte sa vie d'avant : danseuse nue avec sa troupe de chanteurs et musiciens. Au fur et à mesure du livre, on apprend comment elle en est venue à passer d'une vie de tournées à travers l'Europe à sa vie plus "rangée".

J'ai adoré ce livre, je l'ai lu d'un trait. C'était une lecture très agréable et très simple. Très bonne surprise pour ma part.

Lien : https://letempsdelalecture.w..
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Objectivement, je suis obligée de reconnaître que Julie Bonnie nous livre ici une histoire poignante et bien écrite mais je n'ai pas adhéré à l'histoire et j'ai été incapable de compatir au sort de la narratrice.
Elle a une vision très pessimiste du quotidien dans une maternité et de la vie de façon plus générale : c'est comme si elle ne voyait que ce qui ne va pas.
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