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Critique de LettresItBe


2018 étant l'année du centenaire de la Première Guerre mondiale, il était prévisible que les librairies hexagonales voient fleurir les ouvrages dédiés. Pierre Lemaitre avait joué avec un coup d'avance en sortant son magnifique Au revoir là-haut, mais voilà que Xavier-Marie Bonnot propose aux éditions Belfond depuis le 4 octobre dernier le tombeau d'Apollinaire. Entre roman biographique, récit de guerre et éloge funèbre des horreurs guerrières, tout semble y est. Vraiment ?

# La bande-annonce

« du fin fond de ma mémoire, les fusées surgissent de la position boche. Même lumière traçante sur la peau du monde. Je les revois, partant de l'ennemi et foncer sur nous en un tir de nuit. Parfois, j'appelle mon lieutenant, quand la lune monte et que nous sommes au créneau. Il était Apollinaire. J'étais son sergent. Nous étions artistes dans la guerre et copains par la suite. »

Dans les tranchées de la Grande Guerre, le sergent Philippe Moreau dessine les horreurs qu'il ne peut dire. Son chef, le sous-lieutenant Guillaume de Kostrowitzky, écrit des articles, des lettres et des poèmes qu'il signe du nom de Guillaume Apollinaire. La guerre, comme une muse tragique, fascine l'auteur d'Alcools. Pour Philippe Moreau, jeune paysan de Champagne, elle est une abomination qui a détruit à jamais son village.

Blessés le même jour de mars 1916, les deux soldats sont évacués à l'arrière et se perdent de vue. Philippe Moreau va tout faire pour retrouver son lieutenant. Une quête qui l'entraîne jusqu'à Saint-Germain-des-Prés et Montparnasse, où il croise Cendrars, Picasso, Cocteau, Modigliani, Braque...

Guillaume Apollinaire est mort il y a tout juste cent ans. À travers le regard attendri et critique d'un sacrifié de la Grande Guerre, Xavier-Marie Bonnot raconte avec puissance les dernières années de la vie de l'auteur du Pont Mirabeau.

# L'avis de Lettres it be

Sur le champ de bataille, deux aspirants artistes se rencontrent. D'un côté du ring, Philippe Moreau, jeune fils de paysan appelé au front. de l'autre côté, un certain Guillaume Kostrowitzky appelé à connaître la gloire, plus tard, sous le nom de Guillaume Apollinaire. Sur le papier, et même si le tombeau d'Apollinaire traite de l'un des plus grands poètes français sous la forme d'un hommage mérité et méritoire, on croit retrouver une histoire de guerre plutôt courante. le fond n'aspire pas à créer la surprise. Tout se passe sur la forme…

« Un vent froid souffle sans discontinuer sur notre plaine de craie, croûte de guerre livide et gelée.
Je dessine. Sur une pelure. La neige frise les arrêtes des entonnoirs de mine. Je noircis le fond. Laisse du blanc. La guirlande des barbelés faméliques court dans tous les sens. Les bois ne sont plus que des champs de piquets éclatés où courent follement nos tranchées. »

Quelle langue ! Quelle plume ! Dès les premières lignes, Xavier-Marie Bonnot nous balance au front, il nous expédie la tête la première dans les pages les plus dures de notre Histoire du siècle passé. Des phrases hachées, cadenassées, mitraillées. Un rythme vif et incisif. Les odeurs brûlent le nez, le froid glace la peau, toutes les sensations se tiennent au garde-à-vous prêtent à jaillir dans ces quelques 400 feuilles de papier. Difficile de ne pas se confondre en éloges dans le tombeau d'Apollinaire apporte un vent de justesse littéraire. Même si la première partie de l'ouvrage, plus frontale et guerrière, propose un rythme un tantinet plus soutenu que la seconde, on goûte à ce petit bijou de part en part.

Xavier-Marie Bonnot confirme. Après avoir trempé du côté du polar, de la nouvelle, après avoir fait de sa carrière de réalisateur une pleine réussite là encore dans divers domaines, voilà que le natif de Marseille propose, peut-être, LE livre du centenaire de la Grande Guerre. le tombeau d'Apollinaire ne laisse pas indemne. de par son aspect biographique réussi et haletant (chose peu aisée à réaliser), de par cette plongée au plus profond des tranchées au côté des Poilus plus ou moins célèbres, de par tout ça et bien plus encore, ce roman est une réussite. Et que dire de la langue de l'auteur qui offre aux vers d'Apollinaire un écrin savamment taillé. Rien à jeter dans un roman réussi de bout en bout.

Retrouvez la chronique en intégralité sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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