L'Ecologie Sociale de Murray BOOKCHIN ne se résume pas seulement à ces deux notions juxtaposées. Dans ce court ouvrage d'une cinquantaine de pages, l’auteur s'emploie à réinsuffler toute sa puissance au terme « Ecologie » en sondant ses racines. Ce faisant, il adopte une approche qui n'est pas sans rappeler la « pensée complexe » d'Edgar MORIN (sans toutefois parvenir à dépasser un certain holisme).
Des précurseurs de la notion à ses contemporains, en redéfinissant l'Ecologie dans ses plus profondes implications, Bookchin expose la dynamique des interactions entre le Vivant et le Non-Vivant : un entrelacs de boucles aux ramifications multiples en mouvement permanent duquel émerge la vacuité de toute volonté hiérarchisante. Critiquant l'acception superficielle du terme Ecologie qu'il requalifie d'Environnementalisme (conscience environnementale sans remise en cause de la dogmatique domination de l'Homme sur la Nature, considérée comme passive), il met à jour la manière dont notre organisation sociale s'est immiscée insidieusement jusque dans nos propres conception et différenciation de la Nature.
En Ecologiste éclairé, Bookchin dresse les constats (1982 pour le texte d'origine, intensément actuel) de l'action délétère de l'Humain sur la Biosphère, mettant en exergue les conséquences du rapport de domination entretenu par la Société sur son Environnement.
En envisageant la Société sous le prisme de l'Ecologie bien comprise, l'auteur expose l'instabilité structurelle de la domination et invite à dépasser cette conception non seulement obsolète mais mortifère. Sans toutefois tomber dans la comparaison abusive, Bookchin montre que l'organisation naturelle exempte de hiérarchie est un terreau fertile au développement de la variété et donc de la résilience - à contrario du caractère destructeur (par réductionnisme/standardisation) de la domination. Il s’en suit que l'abandon du prisme hiérarchique est également nécessaire pour une pleine intégration consciente et harmonieuse de la société humaine au sein d’un environnement sans lequel elle ne peut vivre.
Si l'Ecologie Sociale englobe parfaitement la pensée Libertaire, ce n'est pas par accointance personnelle de l'auteur - qui en profite pour la renforcer d'un paradigme approchant la Complexité - mais bien par nécessité intrinsèque de supprimer toute aliénation résultante de la domination, quelle qu'elle soit.
Commenter  J’apprécie         30
J'ai trouvé que l'auteur tournait un peu en rond pour prouver que l'homme n'a pas besoin de société hiérarchisée d'après lui si on regarde la nature, l'impression de hiérarchie ne serait qu'antropomorphisme de la part des scientifiques.
Cependant il semble que pour vouloir convaincre l'auteur dénigre les pensées qui ne vont pas dans son sens en répétant des arguments plusieurs fois sans vraiement apporter un éclairage plus objectif.
Il explique aussi que l'homme est une partie de la nature mais qu'il s'en distingue par le fait qu'il peut la conceptualiser, il semble que la particularité de l'homme ne s'arrête pas là et l'ignorance volontaire (?) d'une partie de ce qui fait la spécificité de l'homme rend la réflexion sur la nécessaire liberté de l'individu, bancale.
Le véritable intérêt de ce petit opus est d'essayer de replacer l'homme comme maillon d'un biotope qu'il ne doit pas considéré comme un milieu à dominer mais qu'il doit plutôt y trouver sa place afin qu'il perdure pour assurer sa propre survie.
Il fait passer le message suivant : sans un changement d'une société globale et globalisante vers une société formée de communautés conscientes qui mettent l'individu en action il n'y aura pas de réel changment. Notre sytème actuel qui voue la nature à la domination jusqu'à extinction n'est pas viable, il faut évoluer.
Il s'agit du premier chapitre d'un bouquin que j'aimerai bien lire car il ouvre de nombreuses pistes auquelles il semble que l'auteur va répondre dans la suite de l'ouvrage. Il me donne envie de me replonger dans le livre du géographe J.-P. Ferrier qui avait une réflexion si éclairante sur comment habiter un territoire.
Commenter  J’apprécie         20
L'histoire est aussi importante que la forme ou la structure. Dans une très large mesure, l'histoire d'un phénomène constitue le phénomène lui-même. Nous sommes, réellement, tout ce qui a existé avant nous et nous pouvons devenir à notre tour infiniment plus que ce que nous sommes. Il est étonnant de constater que si peu d'éléments évolutifs des différentes formes de vie se sont perdues au cours de l'évolution naturelle et sociale, et même à l'intérieur de notre corps, ainsi que l'atteste le développement de notre corps. L'évolution nous habite (de même qu'elle habite le monde alentour) sous forme d'éléments constitutifs de notre nature même.
Lecture : Murray Bookchin et la révolution en Aragon, par Floréal Romero
Lecture du livre Agir Ici et Maintenant de Floréal M. Romero -
Partie 1, Chapitre 2, Section 5 :
La révolution en Aragon, le confédéralisme en action.