Le Pakistan en 100 questions

Coincé entre l'Afghanistan, l'Iran, la Chine et l'Inde, le cinquième état le plus peuplé du monde, 215 millions d'habitants, se trouve dans une région chaude du globe. Cet État qui n'a qu'un passé de 71 ans ( crée en 1947 comme un sous-continent indien, pour permettre aux musulmans d'échapper au joug des hindous), est en permanence dans un climat politique et social secoué de turbulences. Dictatures militaires, corruption, divergences des aspirations religieuses, importances des tribus, groupes ethniques et divers minorités religieuses non musulmanes ( chrétien, hindouiste, sikhs, parsis, baha'is, bouddhistes et Kalach), confessions divers au sein même de l'islam ( au sein d'une majorité sunnite, chiites, ismaéliens et ahmadis) aux convoitises divergentes, groupes terroristes importés, l'ingérence américaine, surtout après le 11 septembre et l'éternel conflit avec le voisin indien, en font un pays en perpétuelle ébullition. Balloté entre Pékin et Washington, sous l'emprise indirecte de l'Iran et de l'Arabie Saoudite ( deux compères ennemis ),qui défendent leurs propres communautés religieuses au sein du pays, le Pakistan est un pays déchiré, qui semble ingouvernable.
Aux dernières nouvelles, le nouveau premier ministre, Imran Khan, au pouvoir depuis deux mois, ancien star du cricket, se rapproche de Pekin, qui selon les médias, lui octroie un important prêt financier dont une partie carrément en don, pour redresser les finances désastreuses du pays. Vu que le chinois ne ferait même pas don de son pêché , d'autres enjeux semblent être en question. En effet les investissements directs étrangers sont en 2017-2018 pour plus de 60 % chinois avec 50 milliards de dollars en perspective, notamment dans le secteur de l'énergie, et des voies de communication, (China-Pakistan Economic Corridor, CPEC), dont celui pour les "nouvelles routes de la soie" qui doit relier Kachgar (Xinjiang) aux débouchés portuaires sur la mer d'Arabie, Karachi et le port de Gwadar. Malin le chinois à la munificence douteuse !

L'auteur a choisi une forme qui en principe devrait être facile à lire, en posant 100 questions essentielles et y répondant par le biais de très courts chapitres, très laborieusement, d'ailleurs un peu trop. Mais malheureusement vu la complexité sociale, religieuse et politique du pays, même cette forme n'en facilite pas la lecture, dû à la multiplicité des détails et moult informations requises pour accéder à sa compréhension intégrale, avec l'obligation de se souvenir des infos déjà lus ! Une tâche ardue !

Un pays peu connu, au taux d'alphabétisation faible, où l'éducation est majoritairement dispensée par les madrassas ( écoles religieuses ), où le statut de la femme est bardé d'interdictions, et où sévissent les extrémistes religieux de tout bord. Un amalgame incroyable de communautés ethniques et religieuses, berceau d'une violence inouïe que les puissances étrangères attisent, mais qu'on devrait suivre de plus près, vu sa position stratégique dans l'état actuel du monde.
Un livre pour curieuses et curieux.

“...les hindous cesseront d'être des hindous, et les musulmans d'être des musulmans, non pas au sens religieux, car c'est la croyance personnelle de chaque individu, mais au sens politique, comme citoyens de l'État “,
Jinnah ( père fondateur du Pakistan), 11 août 1947
Malheureusement , on en est loin.......non seulement au Pakistan, mais dans le Monde entier....

A partir du titre, je m'étais imaginé un tout autre ouvrage. D'abord un livre plus grand, avec des illustrations, cartes et photos. Ensuite, un contenu plus ludique et accessible.
Les "100 questions" n'en sont pas vraiment : ce sont des titres de chapitres qui permettent à l'auteur de dérouler son propos de façon linéaire. Je m'imaginais piocher une réponse à droite à gauche à partir de clichés ou préjugés infirmés ou confirmés par l'explication de l'auteur. Ce n'est pas du tout le cas et la lecture doit être suivie, car l'auteur a écrit un traité sur le Pakistan et non un documentaire de vulgarisation. D'ailleurs, les réponses ne m'ont pas toujours paru très claires, car peut-être trop pointues.
J'avoue avoir laissé tombé cette lecture en cours de route.