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Raymond Datheil (Traducteur)Zdenka Datheil (Traducteur)
EAN : 9782253083955
123 pages
Le Livre de Poche (14/03/2008)
3.99/5   43 notes
Résumé :
Raphaël Schächter, pianiste et chef d’orchestre tchécoslovaque, arrive au camp de Terezin le 30 novembre 1941 et le quitte pour Auschwitz le 16 octobre 1944. Entre ces deux dates, il réussit, en dix-huit mois d'efforts desespérés, à répéter et à faire jouer le Requiem de Verdi.

Josef Bor (1906-1979), raconte cette histoire vraie en s'inspirant des versets du Requiem et en associant sa réflexion sur l'histoire à une méditation sur la musique. Une oeuvr... >Voir plus
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« Après de longues réflexions, il avait préféré le Requiem de Verdi à toute autre oeuvre.
Cette musique italienne, composée sur un texte latin, inspiré par des prières catholiques, serait interprétée par des chanteurs juifs, des musiciens de toutes nationalités, venant de Bohème, d'Autriche, d'Allemagne, de Hollande et du Danemark, certains même de Pologne et de
Hongrie ; l'exécution de ce Requiem dans un ghetto serait dirigée par un chef d'orchestre athée : l'idée lui sembla magnifique. »

Le chef d'orchestre dont il est question dans ce livre, c'est Raphaël Schächter. C'est son histoire vraie qui a inspiré le récit de Josef Bor : « le Requiem de Terezin ».
Raphaël Schächter est un pianiste et chef d'orchestre tchèque, arrivé au camp de Terezin en fin 1941.
En fin 1944, il a été transporté à Auschwitz.
Avant cette date, il a réussi, au bout de 18 mois, avec beaucoup d'acharnement et de détermination, à donner en concert ce Requiem avec 4 solistes, 150 choristes et
2 pianos, qui remplaçaient l'orchestre.
Un véritable tour de force et un sacré pari fou !

Personne ne croit en son projet, mais Schächter n'en démord pas. Il arpentera lui-même les baraquements mouroirs, en quête de toutes les personnes indispensables pour interpréter cette messe catholique des morts.
Et les répétitions vont se succéder… En dépit des rafles quotidiennes, et du nombre de choristes qui diminue chaque jour, Schächter va continuer, avec un seul souhait, faire en sorte que ces hommes et ces femmes, qui sont promis à une mort certaine puissent parvenir à s'extraire de la barbarie de leur condition pour se consacrer à la beauté de la musique !
« La musique éveille, enrichit notre esprit en même temps qu'elle rapproche les hommes dans une communion secrète et intense. »

Terezin est alors l'antichambre d'Auschwitz, et aussi une vitrine pour la propagande nazie, grâce à son bureau
d'« Aménagement des loisirs », administré comme toutes les activités du camp par des notables juifs et contrôlé par
les S.S.
Ce bureau offre non seulement une bibliothèque qui contiendra un nombre incroyable de livres, mais aussi un programme nourri de théâtre, d'opéras, de concerts, de conférences, entièrement réalisé dans le ghetto.
Un programme par les Juifs et pour les Juifs, auquel les S.S. daignent parfois assister…

Schächter va arriver à faire comprendre à ses musiciens et choristes, toute la puissance d'évocation dramatique du Requiem de Verdi. S'il a choisi cette oeuvre, c'est à dessein !
Il veut prouver l'imposture, l'aberration des notions de sang et de races, et démontrer précisément cela dans un camp juif par le moyen de la musique.
La musique comme arme ! N'est-ce pas un beau combat ?

Raphaël Schächter va faire une première représentation devant public, qui ne va pas le satisfaire…
Pour lui, pour être bien compris par les prisonniers, le final de Verdi avec les paroles du « Libera me », est trop calme. Il devrait se terminer par des coups presque agressifs, pour souligner davantage chaque syllabe « Li-be-ra-me », et le temps de régler tout cela, il va brusquement apprendre qu'Adolf Eichmann - ce nazi qui avait proposé à Hitler la « solution finale » de la question juive et organisé la déportation de millions de Juifs vers les camps d'extermination – va arriver de façon imminente au camp pour assister au concert donné par les Juifs !

Eichmann apprend à son arrivée, qu'ils vont jouer le Requiem de Verdi. Il éclate de rire ! « Ces Juifs allaient bientôt devoir chanter le Requiem pour eux-mêmes, comme un glas de leur propre mort. »
Tous les membres de l'orchestre allaient devoir se surpasser… « Comment conjurer tous les sortilèges de cette musique ? » Comment peut-on chanter pour et devant des assassins ?

Et le chant « Confutatis maledictis » va emplir la salle, comme un orage : « Ecoutez, vous qui tuez, qui assassinez dans l'ombre, vous tous qui êtes damnés, mille fois maudits, comment cette plainte ne pourrait-elle vous émouvoir ? Ce chant vous inquiéter ? »
Et là, on se rend compte à quel point le choix de cette oeuvre musicale, avec ces paroles, était sacrément osé, face à la menace incessante des S.S. !

Ce roman est donc un beau témoignage de la force et du courage des Juifs, et de leur résistance à l'intérieur des camps.
Beaucoup d'émotions, mais pas de pathos dans ce livre, qui est écrit dans un style sobre.
Le « Requiem de Terezin » n'est pas un livre de désespoir. C'est un chant passionné pour la liberté et la justice.
Une réponse de la dignité humaine à la barbarie nazie.
L'art ne sait-il pas se faire résistance ? Et la musique n'aurait-elle pas un pouvoir magique ?
« Vous ne sauriez croire combien je parle de musique en moi-même derrière mon pupitre, quels souvenirs elle réveille en moi à tout instant, quelles peines elle parvient
à apaiser, combien elle m'inspire aussi de courage et de force. »

L'auteur de ce livre, Josef Bor, un juriste tchèque, a lui-même été interné à Terezin en 1942, puis transféré à Auschwitz en 1944. Il fut libéré en 1945. Et c'est en 1963, qu'il publiera ce texte directement inspiré de son expérience dans ce camp où furent emprisonnés avec lui de nombreux artistes, parmi lesquels, Robert Desnos, Marceline Loridan Ivans - et Raphaël Schächter.

Un roman inoubliable.
Une ode à la beauté, à la liberté, à la ténacité.
Un beau combat avec la musique comme arme.
Un roman lumineux, auquel j'accorde le maximum d'étoiles.
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Quand j'ai vu ce livre sur le présentoir, j'ai été d'abord attirée par la photo du petit violoniste juif, puis un mot dans le titre : " Terezin".
Une ancienne station thermale en dans l'ex Tchécoslovaquie convertie en "camp de concentration" modèle. Modèle au point que l'administration nazie va jusqu'à organisée des visites pour la Croix-Rouge et des documentaires pour montrer à quel point il fait bon vivre à Terezin ! Comme quoi le cynisme pervers du IIIème Reich n'avait pas - ou peu - de limites.
Mais Terezin est bien une anti-chambre de la mort pour les internés - Robert Desnos fait partie de ces 33 818 personnes morts de ce camp.

J'avais visité ce camp il y a plusieurs années. Alors, je m'étais dit que le livre fourmillait sans aucun doute de détails en tous genres sur le camp qui me rappellerait la visite. Hé bien pas du tout ! Cette lecture a été très déconcertante sur ... un bon nombre de pages en réalité ! Pas de longues description sur le travail dans le camp, les privations, ... Non messieurs , dames, rien de tout cela !
En fait, Josef Bor nous livre un récit plein de pudeur. le lecteur comprend vite sa volonté d'oublier - dans la narration du moins - ce qui se passe en dehors de la répétition un fameux Requiem de Verdi. Puis arrive un moment où on oublie presque le lieux, et on se concentre nous aussi sur les répétitions, le perfectionnisme du chef d'orchestre, l'entrée illégale des instruments , ... Puis tout à coup, l'histoire de ces musiciens frappe et l'auteur par des SS, des chambres à gaz, des convois pour Auschwitz , ...

Ce morceau, qui n'a pourtant rien à voir avec la culture juive devient petit à petit un hymne de revanche sur leur sort et l'expression de leur volonté de se battre quand même contre ceux qui voudraient leur enlever la joie de vivre.
Une rebellion en musique et des protestations silencieuses...
Malgré un début difficile, je crois que c'est justement cette pudeur qui a fait que j'ai été émue dans certains passages.
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Du fond du ghetto de Térésin
s'élève le Requiem de Verdi...
Un chef d'orchestre tchécoslovaque
monte ce projet en 18 mois.
Schächter, est d'une sévérité et d'une exigence
sans limite avec lui même et ses musiciens.
Trouver les instruments, un ténor, une basse,
uns salle de répétition, sont des paris
qu'il relève porté par l'enthousiasme
des participants à ce rêve collectif
"Faire du Beau" pour exorciser
un instant l'horreur de cet enfer
de réclusion et de privations.
Teresin est une vitrine nazi ..que l'on visite!
Y sont regroupés des artistes juifs et leurs familles.
"Les convois" livrent de nouvelles recrues
et embarquent aussi régulièrement ceux du ghetto
vers des destinations exterminatrices.
L'orchestre doit compter assez de participants
pour faire face à ces arrivées et "départs ".
Nous suivons les répétitions,
la musique prend toute la place
pour combler les incertitudes et les deuils.
Ce Requiem est d'une actualité folle
il colle au vécu, aux désespoirs,
aux espérances, à la colère
de tous ces artistes dépossédés de tout,
mais aussi d'eux-mêmes.

C'est un récit exceptionnel
qui conte une histoire qui l'est tout autant.


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«Quand nous reviendrons, j'écrirai une histoire, un nouvelle ou peut-être un conte, un conte de fées, répétait souvent Schächter. Je raconterai entre autres choses comment le ciel a pu se perdre en enfer et comment l'enfer est monté au ciel, comment aussi j'ai pu aussi trouver rapidement un ténor et une basse.»

Raphael Schächter, compositeur, musicien et chef d'orchestre, déporté à Theresienstadt en 1941, réussit à assembler un choeur de cent cinquante chanteurs au prix d'un courage et d'une détermination acharnés, malgré les déportations constantes des musiciens vers Auschwitz, à faire rentrer des instruments dans le camp en dépit de l'interdiction nazie, à organiser des répétitions dans les caves du camp, et à finalement monter le Requiem de Verdi.
En Octobre 1944, il fut transféré à Auschwitz dans les «transports d'artistes» et n'y survécut pas.

Le tchèque Josef Bor (1906 – 1979), déporté à Theresienstadt mi-1942, à la suite d'un attentat ayant entraîné la mort du S.S. Reinhard Heydrich, s'est inspiré de cette histoire pour écrire ce livre publié en 1963, qui raconte comment le génie a côtoyé l'enfer à Theresienstadt.

«Rien ne bougeait plus dans la grande cave, toute vie semblait avoir reflué. le regard las du chef d'orchestre allait de l'un à l'autre, sans pouvoir se fixer sur l'une des nombreuses silhouettes immobiles devant lui. Il ne paraissait même pas voir toutes ces têtes baissées. L'âme perdue, comme machinalement, Schächter se mit à compter les places laissées vides dans les rangs de ses chanteurs ; elles seules l'attiraient, là se pressaient encore hier tant d'amis, ces musiciens disparus. Son choeur était peut-être irréparablement démantelé.»

Malgré la barbarie et le désespoir, bien que la troupe des artistes soit décimée par les déportations vers le camp d'extermination d'Auschwitz, Raphael Schächter et ses musiciens persistent, pour enfin donner une représentation de cette messe des morts catholiques devant des officiers nazis, dont Eichmann, une sorte de défi, et surtout une représentation des souffrances des Juifs et un message de justice dans un face-à-face terrible avec leurs bourreaux.

«Dans l'univers absurde et d'une brutalité, d'une barbarie inconcevables où on les avait précipités de force, chacun désirait ardemment percevoir le moindre frémissement d'un sentiment humain et profond. Il devinait surtout combien, en secret, on attendait de l'art.»

Une lecture bouleversante et indispensable.
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Roman écrit à la première personne d'un pan de l'histoire du ghetto Tchèque de Terezin au travers de la musique et plus précisément du Requiem de verdi .
Une histoire tirée faits réels qui donnent encore plus de puissance au récit.
La beauté et la cruauté sont rassemblés le temps d'une soirée de représentation avant que le cours de l'Histoire ne reprenne sa folle course en avant.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Chacun doit parfaitement connaître sa partie, l'avoir dans le sang, alors seulement votre chef d'orchestre commencera à entrevoir la forme définitive à donner à son travail. (...)
L'art n'est pas chose facile, le chef d'orchestre doit être d'une constante vigilance, au point parfois de se sentir plus grand que lui-même. Il doit entendre chaque voix, chaque instrument, les conduire, les diriger à chaque instant, c'est-à-dire se montrer capable d'imprimer à l'ensemble de ses exécutants la conception très personnelle qu'il se fait de l'oeuvre qu'ils sont en train d'interpréter. Il doit même faire davantage, comme s'il lui fallait se dédoubler, penser en même temps aux différentes dimensions de l'espace sonore et envisager chacune d'elles isolément, avec précision et assurance. Votre chef est pourtant un auditeur comme les autres, (...), et il doit l'être, la musique éveille en lui comme en chacun de vous toutes sortes de souvenirs, d'états d'âme, il y projette même à son insu ses désirs, ses espoirs, ses craintes ou ses joies. Comme lui, chacun de vous avec quelque expérience, doit pouvoir ressentir l'émotion de tous ceux qui vous écoutent. Attentifs secrètement à votre propre sensibilité et à celle de ceux qui vous lie à tous, ne serait-ce que pour retrouver au plus profond de vous-même l'harmonie, l'unité parfaite de la musique et de vos pensées. Voilà, je crois qui devrait vous inspirer ; la musique éveille, enrichit notre esprit en même temps qu'elle rapproche les hommes dans une communion secrète et intense.
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-Comment comptez-vous achever ces festivités, mon cher confrère ?
Que doivent nous jouer ces artistes juifs dont vous m'avez parlé ?
-Le Requiem de Verdi, répondit le commandant comme s'il avait été interrogé par un professeur.
- Je vous demande pardon, s'enquit brusquement Eichmann en marquant son étonnement, les juifs chanteraient ce Requiem à Terezin?
La compagnie entière des S.S que cette remarque avait glacée, observa le plus profond silence, chacun regardait Eichmann avec la plus grande attention.
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Ne pense plus à tes parents, à ton frère, à ton amoureux maintenant, lui avait-il dit, mais à tous les autres, à tous ceux qui comme eux ont été torturés, battus, massacrés et qui forment aujourd'hui cette grande foule anonyme à laquelle je songe aussi. Personne ne peut plus les connaître ni les reconnaître individuellement, ils sont si nombreux que nous ne devons plus penser qu'au véritable visage de leurs assassins. Ce sont ces assassins que tu auras devant toi ce soir, c'est devant eux que nous devons tous chanter avec toi, surtout ne montre aucune faiblesse, aucune frayeur, nous t'aiderons.
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Schächter se souvint de l’instant précis qui l’avait amené à commencer l’étude de cette œuvre.
Prouver l’imposture, l’aberration des notions de sang pur ou impur, de race supérieure ou inférieure, démontrer cela précisément dans un camp juif par le moyen de la musique, cet art qui mieux peut-être que tout autre lui semblait pouvoir révéler la valeur authentique de l’homme ; depuis longtemps cette idée le hantait.
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Quand nous reviendrons,
j'écrirai une histoire ou peut-être
un conte de fées,
répétait souvent Schächter.
Je raconterai entre autres choses
comment le ciel a pu se perdre en enfer
et comment l'enfer est monté au ciel,
et comment aussi j'ai pu trouver rapidement
un ténor et une basse.
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Guillaume Durand présente Le Requiem de Terezin dans son émission Campus.
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