On en apprend beaucoup sur les gens en observant ce qu'ils laissent de côté. Ils ne jettent pas, non, ils se disent que ça leur resservira peut-être plus tard, des photos, des grigris porte-bonheur hideux achetés sur une aire d'autoroute, de vieilles notes de cours. (p. 36)
Les fantômes,d'après ce que je sais,il y en a plein la tête des gens,mais ils n'en sortent pas.Chacun amène les siens avec lui et les remporte en partant.
Paris. Ça a l'air loin. Ça doit l'être puisque tout ceux qui m'ont quittée pour Paris ne viennent plus que quelques heures par an, et encore, ils ne me prêtent guère d'attention.
Les petits n'aimaient pas être ici, chez leurs grands-parents. Il faut dire que leur grand-mère en faisait vraiment trop. Trop de câlins, trop de parfum pour masquer ses odeurs de vieille, trop de questions, trop de légumes à finir. (p. 9)
Il me semble bien qu'elle disait "C'est encore la nuit ou on peut jouer?",mais j'entendais souvent "C'est encore la nuit ou on doit jouer?", comme si elle se sentait obligée d'être une enfant,comme si toutes ses obstinations gamines à s'amuser d'un rien,à vouloir que tous les repas de la journée soient des petits déjeuners,Nesquik,Roudor et Pépito,comme si toutes les maisons Duplo étaient des façades qu'elle offrait à sa mère pour lui faire plaisir et qui s'écroulaient au milieu de la nuit.
La guerre,il faut l'arrêter quand on pense l'avoir perdue,pas après l'avoir perdue.
-Ils t'ont dit quelque chose? Moi ils m'ont l'air plutôt...intrigués que mécontents.
-Non,ils ne sont pas mécontents,mais ils ne comprennent pas ce qu'ils sont venus faire ici.
Je n'ai pas jugé bon de lui dire que moi non plus.
"Et ce que les gens ne comprennent pas,à terme,ils le rejettent."
Ma mère disait c'est mal de mentir,mais on ne va nulle part en disant la vérité,on reste sur une petite île où les gens viennent vous rendre visite de temps en temps avant de repartir,après avoir bien ri,en pensant que vous êtes idiot.
Mon père et [sa femme] sont revenus les bras chargés de pain frais. Ils avaient les joues roses et l'air de deux abrutis qui viennent de s'envoyer en l'air dans une bagnole. J'espérais qu'ils n'en avaient rien fait, la sexualité des vieux, je préfère attendre de voir par moi-même si ça existe. (p. 32)
La pédagogie est affaire de répétition,et il faut du temps pour apprendre à quelqu'un qu'il est entièrement libre.