AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Azallee92


A travers une vidéo sur Babélio, j'apprends que Gilbert Bordes est luthier à Etampes en Essonne. Justement, Il nous fait partager sa passion du bois dans cette histoire, à travers ses personnages de Nicolas et de Cyprien.
Cyprien a un fort caractère qui lui permet de lutter un temps contre la maladie et la vieillesse ; mais il me parait peu sympathique, assez imbus de lui-même, homme autoritaire, « à l'ancienne », d'avant mai 68, qui voulait tout régenter dans la famille, à l'image des chefs de famille d'autrefois : une femme aux petits soins pour lui, et il n'a pas supporté que ses enfants se rebellent et n'acceptent pas les choix qu'il avait fait pour eux. Même à la fin du roman, il est contrarié d'apprendre et de devoir admettre qu'il s'est trompé depuis son enfance sur l'identité des chouettes de nuit, les chats huants, qu'il a pris pour des hiboux ;
Il est blessé également de ne pas être reconnu par cette soi-disant « amoureuse » de sa jeunesse, et il s'entend bien avec cet enfant dont la vie quotidienne est blessé par sa famille, et qui est présenté comme un sale gamin par sa grand-mère, car il est resté très enfant capricieux et très « sale gamin » lui-même.
Je le trouve particulièrement dur et intransigeant avec sa fille « on n'a qu'une vie, on ne peut pas la refaire ! » il l'a chasse de chez lui en la menaçant de son fusil, à chaque fois qu'elle vient le voir et lui donner de ses nouvelles , il la chasse et la rabroue sans entendre sa position de femme qui s'ennuie auprès de son mari et qui ne veut pas vivre étouffée dans son couple. Elle veut vivre pleinement sa vie de femme tout comme Cyprien veut vivre sa vie d'homme libre. Mais ce qu'il estime indispensable et vital pour lui, il le refuse à sa fille car il la juge comme une mère et une épouse avant tout, qui doit se sacrifier pour sa famille et son mari, une femme « à l'ancienne » qui ne peut revenir en arrière et avouer qu'elle s'est trompée. Ce qui est dit dans le roman, c'est que Cyprien lui en veut de n'avoir pas écouté son jugement quand il lui affirmait que son futur mari n'était pas fait pour elle.
J'ai eu du mal à terminer cette histoire que j'ai lu par intermittence, tant ce Cyprien me paraissait antipathique, passionné par la pêche et la chasse aux merles, peu aimable avec cette femme qui veille sur lui, il est méprisant avec ses compagnons de chambrée à la maison de retraite, qui eux ont trouvé des raisons positives de vivre en communauté. Cette maison de retraite est à la campagne et propose aux résidents de garder contact avec la terre et la nature en les laissant planter des PDT et des salades et tailler les arbres fruitiers.

La fin de l'histoire est encore un pied de nez à ses prises de position sur son métier d'ébéniste : « fabriquer des violons…c'est pas du travail ça ! »
Seule sa petite fille, dans laquelle il se reconnait, (ses sautes d'humeur, ses petits yeux noirs, sa façon d'imposer les choses à son entourage, qui décide de reprendre, sans lui demander son avis, son atelier, ses machines et son bois qui vaut une fortune,) peut lui imposer dans la famille un jeune homme qui pourrait être rival de Cyprien, alors qu'il a chassé sa fille parce qu'elle avait émis le souhait de passer un moment dans cette maison de son enfance qui lui revient de droit et qu'elle a remis en état de marche la pendule que Cyprien avait sciemment arrêté, elle seule peut s'imposer dans la vie de Cyprien qu'elle va garder à l'atelier ; l'histoire ne dit pas si Cyprien va accepter que « des étrangers » s'imposent dans sa sphère privée, mais on peut l'imaginer car ce vieil homme a dut admettre que la maladie et la vieillesse lui avaient fait plier les genoux à terre et que sans aide, il n'est plus rien, et qu'il n'a plus le choix s'il veut rester chez lui.
Ce qu'il n'a pas accepté dans le règlement de la maison et retraite et le personnage de Mme Lebel, il va devoir le faire et laisser la place à une jeune femme et un jeune homme inconnu qui veulent s'installer dans son atelier. Atelier qu'il n'a pas installé lui-même mais qui lui est arrivé tout « cru » à la mort de son père.
Je m'attendais, dans ce livre, en lisant les critiques et le résumé sur Babélio, à trouver une réflexion sur cette période douloureuse pour certains où l'homme voit ses forces diminuer et qu'il sent devoir laisser la place aux plus jeunes, comment l'accompagner sur ce chemin et lui permettre de finir sa vie tout en respectant sa personnalité. Gilbert Bordes fait prendre à son personnage de risques inconsidérés, en le laissant partir de nuit, dans le froid et la neige, au risque de mourir seul, en le laissant aller jusqu'au boutisme. Faut-il en arriver là? va t-il y laisser la vie? va t-il accepter de l'aide?
Par contre, j'ai apprécié cette nuit des hulottes et l'hymne à la Nature décrit par Gilbert Bordes.

Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}