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EAN : 9782906266759
48 pages
Alidades (01/01/2008)
5/5   1 notes
Résumé :
Polvere est un poème étonnant où l'expérience intime rencontre en un permanent va-et-vient l'infini des choses, dans une manière de prolongement plus lucide que tragique. Il y a quelque chose d'extrême oriental dans cette façon de lier en miroir le macrocosme et le microcosme, de ménager la fulgurance des passages, de débusquer la parenté de la matière du monde et de la matière vécue. Cela, Carlo Bordini le fait dans une langue quasiment minérale, en une manière d'o... >Voir plus
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
LA SIMPLICITÉ

Même si je ne comprends pas grand chose à la photographie, j’ai toujours pensé que Ghirri était un génie. Je le lui ai dit une fois, en fait, que je pensais qu’il était un génie. Il s’est un peu détourné et il a dit « allons donc », mais on voyait qu’il y croyait et qu’il était content, il a fini par dire: « Mais bien des gens ne me comprennent pas. » À cette époque l’idée que quelqu’un ne le comprenne pas me semblait impossible, et quoi qu’il en soit je lui ai dit vraiment ainsi: « Tu es le seul génie que je connaisse. »

J’ai commencé à penser qu’il était un génie quand j’ai vu son livre Paysage italien, celui des éditions Electa. Jusqu’alors j’avais pensé que ses photos étaient très belles; mais en les voyant toutes ensemble dans ce livre, en voyant le montage qu’il avait fait dans ce livre avec sa femme Paola, j’ai compris que derrière ses photos il y avait une très forte, omniprésente, éclatante conception du monde, et que tout ce qu’il faisait répondait à cette conception, qu’il faisait avancer avec une lucidité et avec une cohérence, qui me firent justement venir à l’esprit l’idée du génie, c’est à dire de quelqu’un qui ne se contente pas d’avoir de grandes capacités expressives ou de faire des choses remarquables dans le domaine artistique, mais qui a une idée du monde, qui a une idée radicale et révolutionnaire du monde, et la développe avec une extrême facilité. Et cette conception du monde, à moi qui ne comprends pas grand chose à la photographie, m’a toujours semblé être celle-ci: Ghirri a continuellement frôlé la banalité, il a appliqué la section dorée dans ses photographies, il a toujours risqué que ses photos soient prises pour des cartes postales, et il l’a fait, justement, pour nous montrer ce qu’il y a derrière la carte postale et que la carte postale ne nous montre plus. Je ne sais comment mieux exprimer cette chose: c’est comme si Luigi Ghirri avait voulu nous montrer, toujours, ou au moins disons-nous, après la phase expérimentale de sa photographie, dans l’âge mûr, l’âge d’or de son œuvre, c’est comme s’il avait voulu nous montrer ce que la réalité aurait dû être. Je ne sais s’il y a une idée platonique derrière cela, mais Ghirri m’a toujours fait penser à un homme du Quattrocento, pour ce sentiment d’harmonie, le caractère classique dont il a baigné son oeuvre entière, montrant des choses qui ne sont pas classiques, et les faisant devenir classiques: mais au fond, ce caractère classique n’est pas autre chose qu’une manière de voir les choses; en connaissant un peu mieux sa photographie, l’équilibre qui existe dans ses clichés m’a impressionné et continue de le faire, cette idée du monde qui se fait sans effort, le nombre trois qui est toujours présent dans ses photos, le nombre parfait, le nombre de la section dorée, toutes ses photos peuvent se diviser en trois parties, ou en deux parties, elles ont toujours un centre, ainsi il y a ces nombres magiques: un, deux et trois; elles sont en apparence statiques et immobiles et composées comme le sont les statues de Phidias et de Praxitèle et les madones de Botticelli et comme l’est tout l’art classique. Ainsi je me suis toujours représenté Ghirri comme un grand alchimiste, comme quelqu’un, au fond, qui montrait le monde comme il aurait dû et comme il aurait pu être, mais c’est là aussi, un peu, l’idée de l’idéalisation classique de la réalité. Qu’ensuite, derrière sa façon de montrer le monde comme il aurait dû être, derrière cette manière d’être classique, il y ait une très forte polémique, une très forte position politique, une protestation très forte contre ce qu’est le monde et ce que nous sommes en train de le faire devenir, c’est là, selon moi, la source de son caractère classique, de ce caractère classique si profondément « italien ».

Tel est, je pense, ce qu’il y a derrière cette apparente, stupéfiante « simplicité », cette idée d’un monde simple, qui se crée seul, et qui n’a aucune, aucune possibilité d’être différent.
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POUSSIÈRE

Je serai toujours un peu moins que celui que je suis,
et même, beaucoup moins. Poussière. J’ai beaucoup perdu.
Ce que l’on perd est irrécupérable, et si on le récupère il
est désormais dispersé, il ne rentre plus dans l’ordre préétabli
des choses. Je suis content
s’il ne reste de moi qu’une légère
enveloppe. J’ai perdu
beaucoup. Dans cette légèreté,
ce qui importe le plus est l’absence des aigus,
que tout soit rond et recueilli. Cela
suffit. Tout ce qui est dévasté peut devenir rond,
rond encore. Comme un vase. C’est encore possible.
La poussière peut être récupérée. La poussière était autrefois
décombres. La poussière n’est pas décombres désormais,
elle est lente friable. La poussière
est un peu moins, mais elle peut être
rassemblée. Les blessures peuvent devenir poussière, recueillie
et ramassée sur elle-même. Je suis content
de ne pas comprendre les choses. Leur
raison. Il y a des choses que j’ignore, et je suis
content. Elles apparaissent comme des mystères,
tranquilles. Par exemple,
la jeune femme que je vois toujours, m’aime-t-elle
ou non? Je ne le sais pas. Je suis content
de ne pas le savoir. Je suis content de ne pas savoir
si je l’aime, ou mieux, je sais que je ne l’aime pas, que je pourrais
l’aimer; je suis content
de ne pas savoir si j’aurais pu l’aimer. Ce mystère
me rassure plus que son amour.
Il est beau de ne pas savoir. Ne pas savoir, par exemple,
combien je vivrai,
ou combien vivra la terre.
Cette suspension
remplace l’éternité.

(…)
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POLVERE

Sarò sempre un po’ meno di quello che sono,
e anzi, molto meno. Polvere. Ho perso molto.
Ciò che si perde è irrecuperabile, e se lo si recupera esso
è ormai disperso, non rientra più nell’ordine prestabilito
delle cose. Sono contento
se di me non rimane che un lieve
involucro. Ho perso
molto. In questa levità,
ciò che più importa è l’assenza di acuti,
che tutto sia tondo e raccolto. Basta
questo. Tutto ciò che è devastato può divenire rotondo,
ancora rotondo. Come un vaso. È ancora possibile.
La polvere può essere recuperata. La polvere era una volta
detriti. Ora la polvere non è detriti,
è lenta friabile. La polvere
è un po’ meno, ma può essere
tenuta insieme. Le ferite
possono diventare polvere, raccolta
e conchiusa. Sono contento
di non capire le cose. La loro
ragione. Vi sono cose che ignoro, e sono
contento. Appaiono come misteri,
tranquille. Ad esempio,
la ragazza che incontro sempre, mi ama
o no? Non lo so. Sono contento
di non saperlo. Sono contento di non sapere
se l’amo, o meglio, so che non l’amo, che potrei
amarla; sono contento
di non sapere se avrei potuto amarla. Questo mistero
mi rassicura più del suo amore.
È bello non sapere. Non sapere, ad esempio,
quanto vivrò,
o quanto vivrà la terra.
Questa sospensione
sostituisce l’eternità.

(…)
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