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EAN : 9782857044277
317 pages
Pygmalion-Gérard Watelet (30/11/-1)
5/5   1 notes
Résumé :
« S'il avait été condamné à mort, je ne l'aurais pas sauvé », telles furent, dit-on, les terribles paroles prononcées par Louis XIV à l'égard de Nicolas Foucquet, surintendant des Finances, homme d'affaires et mécène, politicien de haute volée, bâtisseur génial du château de Vaux-le-Vicomte.

Remontant aux sources les plus sérieuses, laissant aux documents et aux actes précis tout leur pouvoir d'évocation, Georges Bordonove fait revivre avec passion et... >Voir plus
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Nicolas Fouquet – orthographié ici FOUCQUET – nous est conté dans cette biographie romanesque et non moins documentée de Georges Bordonove.
Fouquet, un feu de paille dans l'Histoire, mais quel feu et quel destin que celui de cet homme qui, par le chef-d'oeuvre à la conception duquel il présida avec attention et amour – le château de Vaux-le-Vicomte –, allait durablement marquer l'art du Grand Siècle, ayant su s'adjoindre les plus grands talents de son temps. Talents qu'on retrouverait à Versailles, dont le Vau (pour l'architecture), le Nôtre (pour les jardins), le Brun (pour les peintures). Ce brillant esprit sut aussi s'attirer l'amitié de plumes d'exception et devenir à l'occasion leur mécène – madame De Sévigné, La Fontaine, Corneille, Molière, etc.
Lors de la somptueuse fête organisée par Vatel en personne, le 17 août 1661, qui devait marquer à la fois l'apogée du surintendant et le début de sa chute, Vaux-le Vicomte brilla d'un éclat sublime mais éphémère. Car, hélas pour Fouquet, cet éclat fit de l'ombre à un souverain qui avait déjà décidé d'en finir avec ce personnage hors-norme, influencé en cela par un Colbert bouffi de jalousie.
Colbert n'était d'ailleurs pas le seul à envier l'insolente réussite de Fouquet, à vouloir lui nuire tout en se servant de sa capacité à trouver de l'argent tandis que les caisses étaient vides, voire percées par des opérations financières qui enrichissaient les uns et les autres, dont le surintendant, il faut bien l'admettre. Mais les temps changeaient, et le roi Louis XIV, au lendemain de la mort de Mazarin – son mentor plein de duplicité à l'égard de Fouquet –, décida qu'il gouvernerait seul. Fouquet gênait cette ambition absolutiste.
Cela se concrétisa par son arrestation à Nantes, par D Artagnan – son geôlier jusqu'à son transfert définitif au fort de Pignerol –, et un procès inique, instruit en dépit de toute justice : de fausses pièces furent ajoutées au dossier, la procédure ne fut pas respectée, ce qui ne laissait aucune chance à l'accusé. Colbert excita même la foule contre lui, l'accusant d'avoir appauvri le peuple. Face aux persécutions dont Fouquet était victime, et grâce à l'acharnement de proches à révéler la vérité, la tendance s'inversa. le peuple finit par le soutenir. Ce qui ne suffit pas à le sauver.
Quoi qu'il en soit, il se défendit vaillamment au cours de ce procès, démontrant face aux accusations de malversations qu'il n'avait fait qu'obéir aux ordres de Mazarin. le verdict fut le bannissement mais Louis XIV ne l'entendit pas de cette oreille et usa de son pouvoir pour le faire condamner à la prison à vie.
Pourtant, Fouquet aurait pu fuir plusieurs fois le danger dont il était informé par ses espions, il ne le fit pas, « trop absorbé, trop confiant dans son étoile aussi, [il] ne comprit pas assez vite quelle sorte d'adversaire était l'intendant de Mazarin [Colbert] ». On aurait pu l'aider, on ne le fit pas non plus : « L'arrestation de Foucquet ne suscitait que de la peur. Nul n'avait levé le petit doigt pour le sauver. Ses partisans, ses complices s'étaient dispersées comme volée de moineaux. » Il n'y aurait guère que sa famille et une petite poignée de fidèles pour tenter inlassablement de le sauver et ensuite le faire libérer.
Il aurait pu être plus prudent, effacer par exemple les traces d'un plan extravagant, fomenté dans la crainte d'une disgrâce quelques années plus tôt, à savoir le projet de Saint-Mandé, « rédigé sous l'empire de la colère et de la défiance », ensuite caché et oublié mais qui ressurgirait lors du procès, sachant qu'il relevait du crime de lèse-majesté, donc punissable de mort.
L'acharnement contre sa personne perdura pendant ses longues années d'emprisonnement à Pignerol, passées sous une surveillance implacable et au quasi-secret. Ses rigueurs furent seulement allégées à la fin. Mais au moment d'être autorisé à quitter sa prison pour se rendre aux eaux de Bourbon, il mourut, dans des conditions inexplicables à ce jour, faute de documents.
Bordonove s'interroge malicieusement à propos de la mort de ce prisonnier d'exception dont on crut un temps qu'il était le fameux Masque de Fer : « Que savait donc Foucquet ? Quel secret d'État détenait-il ? […] Secret si terrible qu'il touchait sans aucun doute à la personne même du roi ! »
Cette implacable sévérité est à mettre en parallèle avec la fameuse affaire des poisons que Louis XIV étouffa parce qu'elle impliquait des membres éminents de la Cour et exigeant à ce sujet un « éternel oubli ».
Pour l'oubli de Fouquet, c'était compter sans Alexandre Dumas – pour ne citer que lui – qui le mit en scène avec romantisme dans le Vicomte de Bragelonne, roman clôturant le cycle des Mousquetaires. C'était surtout compter sans Vaux-le-Vicomte et ses splendeurs restituées grâce à des volontés privées qui veillent depuis sur ses destinées. Désormais, l'écureuil – animal figurant sur les armoiries de Fouquet ainsi que cette devise malheureuse au vu des faits : « Jusqu'où ne montera-t-il pas ? » – s'y promène paisiblement…


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