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EAN : 9782756403892
244 pages
Pygmalion-Gérard Watelet (22/09/2010)
3.4/5   5 notes
Résumé :

Marchand armateur, banquier, industriel, maître de mines, Jacques Coeur, né à Bourges vers 139, fut investi des plus hautes charges publiques. Commissaire royal et grand argentier, il restaura le commerce français après la Guerre de Cent Ans et rétablit les échanges avec l'Orient. Créateur avant la lettre des sociétés multinationales et des entreprises à succursales multiples, il réussit à s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Jacques Coeur, grand argentier de Charles VII est né vers 1400 à Bourges, alors capitale du royaume (Une grande partie du royaume et Paris étaient occupés par les Anglais et les Bourguignons). Jacques Coeur est intéressant à plus d'un titre : humainement, parce qu'il naît dans un siècle de transition entre Moyen Age et Renaissance, qu'il incarne lui-même cette transition et parce qu'il représente la gloire éphémère, l'inconstance des relations humaines et l'ingratitude des puissants et des rois.
Il est nommé en 1436 maître des monnaies de Bourges, un poste considérable, anobli, il accomplit des missions financières, fiscales, juridiques, commerciales pour le Roi et n'hésite pas à mêler affaires personnelles et publiques. Il arme des galères à Montpellier pour commercer avec l'Orient où il a voyagé dans sa jeunesse. De ces voyages, il ramène des innovations architecturales que l'on retrouvera dans son palais de Bourges et l'idée de créer une dynastie financière, de devenir un Médicis français à une époque où en France, la fortune était essentiellement terrienne surtout dans la noblesse. Il possède des mines dans le Lyonnais et se préoccupe du bien être matériel des ouvriers (au XV ème siècle !). Des citations sont gravées dans son palais : "à coeurs vaillants, rien d'impossible" et "A bouche close, n'entre la mouche" (agir, parler à bon escient et savoir garder un secret). Ami sincère d'Agnès Sorel, première de la longue lignée des maîtresses royales, il sera plus tard accusé de l'avoir empoisonnée ce qui était faux.
Tant d'honneurs, de puissance et d'argent ne lui font pas perdre le sens de la fidélité en amitié mais en revanche, ils altèrent son jugement, il se croit assuré de l'impunité et ne se méfie pas assez en particulier du machiavélique dauphin, le futur Louis XI. Il est arrêté, accusé de malversations financières (en grande partie vrai), de trafics d'armes et de monnaie avec les infidèles musulmans. Il échappe de peu à la mort mais est emprisonné. Son sort n'est pas sans évoquer le sort de Nicolas Foouquet sous Louis XIV. Cependant, contrairement à ce dernier, Jacques Coeur finit par s'évader aidé par son neveu et la poignée d'amis qui lui reste sur les relations des jours heureux. Il meurt dans l'île de Chio où toute trace de son passage a disparu, ce qui ajoute encore du mystère et du prestige à sa gloire.
Vanité des vanités, dit l'Ecclésiaste, tout est vanité, devise que Jacques Coeur avait oublié de graver dans son palais.
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« A coeur vaillant, rien d'impossible », et « dire, faire, taire » étaient les devises de Jacques Coeur, marchand, armateur, banquier du roi Charles VII, financier, maître des monnaies, entrepreneur de mines et ministre des Finances, chargé de missions diplomatiques, premier fondateur d'une multinationale du luxe à la française…Déjà !

J'ai choisi le court ouvrage de Georges Bordonove, écrivain prolixe spécialiste de l'époque troublée de la guerre de Cent ans et des guerres de Vendée (1920-2007). A travers une biographie, fut-elle approximative, on appréhende bien l'esprit de ce temps, entre fin du Moyen-Age et Renaissance, juste avant les grandes découvertes.

Jacques Coeur naquit à Bourges en 1400, dans une famille de riches pelletiers (fourreurs) originaires du Bourbonnais. Il commence son ascension sociale par un beau mariage avec Macée de Léodepart, fille du maître des monnaies de Bourges, alors capitale d'une France occupée par les Anglais et les Bourguignons. Sa belle-famille le met en contact avec la Cour, il devient rapidement le familier de Charles VII et surtout son pourvoyeur de liste civile, puis son intime et surtout son créancier pour financer la recouvrance du territoire.

Avec un égal bonheur, il menait ainsi de front les missions officielles et ses propres affaires. A cette époque, on ne fait pas de distinction entre les affaires publiques et son patrimoine. Doué d'un talent de persuasion inné et d'une force de travail phénoménale, Jacques Coeur est nommé Maître des monnaies de Bourges en 1436, puis Maître des monnaies de Paris en 1438, Argentier du Roi , il est anobli en 1440. Sa fortune devient considérable à partir du moment où il décide de faire construire ses propres navires pour commercer avec le Levant : étoffes, joyaux, épices, métaux précieux. Il va sur place, établit des comptoirs, tisse un réseau de « facteurs ».

Vers 1450, l'entreprise Coeur compte 300 succursales en Europe et au Proche-Orient. Il est donc sur la voie de fonder une dynastie, comme celle des Médicis. Quel destin que celui d'un petit bourgeois berrichon ! Selon Mathieu d'Escouchy, ses bénéfices équivalent à ceux de tous les autres marchands français.
Tant d'opulence, tant d'influence auprès de Charles VII, tant de services rendus – en particulier le financement de la campagne qui conduit à la reconquête de la Normandie et de la Guyenne en 1449 et 1450 – suscitent des envieux. Peut-être en fait-il trop ?

Ce somptueux palais où l'on voit partout le coeur soutenir la fleur de lys, quelle présomption pour un homme non né noble....

Comment la couronne pourra-t-elle le rembourser ? Et le jeune Dauphin , futur Louis XI, qui piaffe d'impatience de prendre la place de son père, comment le considère-t-il, lui, l'ami de la belle Dame de Beauté, Agnès Sorel, la jeune maîtresse du Roi, à laquelle il fournit robes et bijoux de prix ?

Jacques Coeur est arrêté et ses biens confisqués en 1451. On lui reproche une série de malversations, sans doute en partie réelles, d'avoir exporté du métal précieux avec la marque du roi de France, mais surtout d'avoir empoisonné la belle Agnès, morte en couches à 28 ans. Crime qui relève de la délation pure et simple, avouée par la délatrice, mais dont il ne sera pas blanchi pour autant.

Son procès sera instruit uniquement à charge par ses concurrents, ses richesses seront vendues à l'encan et réparties entre le Roi et les magistrats qui l'accusent…Il reste trois années en prison, subit la torture, avoue tout ce qu'on lui demande d'avouer. Son épouse en meurt de chagrin.

Mais sa destinée n'est pas terminée : avec l'aide de ses collaborateurs restés fidèles, il s'évade et fuit à Rome où il est accueilli chaleureusement par le Pape Nicolas V qu'il avait bien servi lors d'une précédente ambassade. le pape Calixte III lui confie le commandement d'une flotte de grandes galères de combat, destinée à secourir les îles de Rhodes, Chio, Lesbos et Lemnos. Affaibli par sa captivité, malade ou blessé, Jacques Coeur trouve la mort dans cette aventure en novembre 1456.

Un parcours fantastique, un destin ressemblant à celui de Nicolas Foucquet qui indisposa Louis XIV, un acharnement mis à le perdre par des courtisans envieux de sa réussite et des nobles débiteurs qui rappelle étrangement la hargne de certains contre un argentier contemporain … Depuis le XVème siècle, rien n'a changé dans le royaume….
Lien : http://www.bigmammy.fr
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
En ces âges lointains où tout était symbole, les blasons comme les porches des cathédrales étaient des livres ouverts que chacun savait déchiffrer. Jacques Cœur portait dans ses armes trois cœurs d'or sur champ d'azur. Après sa mort, ses fils portèrent les trois cœurs, non plus d'or, mais de gueules, c'est-à-dire rouges. Trois cœurs saignants sur l'azur des Rois...
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