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Ce bouquin est un énorme pavé aux dimensions des bibles informatiques qui en imposent par leur taille (210 par 170 mm) et leur masse, presque neuf cents pages. de quoi effrayer le plus courageux des lecteurs. Cependant, après avoir passé la première surprise et être revenu sur mon premier mouvement de fuite, un survol rapide m'a permis de constater qu'il s'agissait d'un manuel très structuré et très complet avec une table des matière de onze pages (renvoyée en fin de volume mais pourquoi pas ?), trois index : un pour les noms propres, un pour les notions et enfin un pour les titres de film, un glossaire et une bibliographie structurée qui reprend le plan de l'ouvrage ; comme tout bon manuel qui se respecte, tous les chapitres se terminent par un résumé. Il s'agit donc d'un outil pédagogique ce qui est clairement annoncé dès l'avant-propos. La version anglaise en est à sa dixième édition ce qui n'est pas toujours un gage de qualité mais montre qu'il y a une certaine pérennité dans le lectorat qui doit trouver à l'intérieur ce qu'il y cherche. Les auteurs, David Bordwell et Kristin Thompson, sont des universitaires américains. L'ouvrage, de par sa composition même, s'adresse assez clairement aux étudiants de l'enseignement supérieur et aux enseignants. Les cinéphiles y trouveront aussi leur compte car ce manuel est émaillé en fin de chapitres de trucs et astuces - ici, ça prend la forme de descriptif des bonus de dvd et blu-ray -, dans des encarts gris qui donnent un peu de saveur au coté didactique efficace, certes, mais un peu sec. De mon coté, ce qui m'a attiré dans ce livre c'est son titre : L'art du film. J'avais une bonne idée de ce que pouvait être un film, j'ai donc essayé de comprendre ce que les auteurs imaginent être "l'art". Pour eux, en résumé, il y a activité artistique dès que l'on offre une expérience à quelqu'un. Il reste sous-entendu cependant que cette expérience peut prendre toutes sortes de formes du visuel à l'auditif, au sentimental, à l'horreur et ainsi de suite. de plus et implicitement, ils définissent l'objet "artistique" comme quelque chose qui se constitue dans ce but - offrir une expérience - à partir des choix du réalisateurs, des techniciens et des producteurs. Sur ces deux axes : l'expérience et le choix, et les trois niveaux : réalisation, technique et production (l'idée de production dans le cinéma américain étant très différente de ce que l'on entend par là en Europe), le manuel permet d'acquérir des savoirs et des savoirs-faire qui tournent tous autour du cinéma. C'est extrêmement "positif" et bourré d'informations. Ceci dit, ça reste un manuel, donc d'une lecture qui, quoique riche, peut devenir rébarbative (le passage sur la mécanique du cinéma analogique, par exemple ou la liste des métiers du cinéma dans l'ordre d'apparition dans le processus de création de l'oeuvre cinématographique). L'analyse de la prise de vue nocturne dans le film Collatéral ou même de l'introduction du Magicien d'Oz au travers d'une chanson sont passionnants. Malheureusement, quand, par curiosité, et puisqu'il s'agissait d'une expérience esthétique aussi personnelle que traumatisante, j'ai cherché Eraserhead en passant par l'index des noms de film, j'ai eu la déception de constater qu'il y figurait mais que, en revanche, à la page indiquée, s'il était bien question de David Lynch, il n'y avait pas le moindre texte au sujet du film lui-même, même pas le nom. Un point faible assez banal de ces bibles qui par leur taille même deviennent difficilement exemptes d'erreurs d'édition. PS : le livre peut être lu en ligne sur le site de l'éditeur. Ce qui permet de voir les illustrations en couleurs dans une bien meilleure définition. En fournissant une adresse mail et le code qui se trouve sur la seconde de couverture, on obtient un droit de lecture ouvert jusqu'en 2999, ce qui laisse largement le temps de se rendre compte, par comparaison, du manque de piqué et de contraste du gris très moyen des photogrammes de l'édition papier. + Lire la suite |