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Citations sur La vigne écarlate (9)

Depuis la route, Theresa jette un dernier coup d'oeil à son fils aîné. Elle l'affectionne sans jamais lui avoir prodigué beaucoup de caresses; cela ne se faisait pas dans le village d'Ansfelden. On y a ceci en commun avec ces bougres de luthériens de ne jamais laisser déborder ses émotions. (p. 22)
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Johann Baptiste ne s'est même pas donné la peine de se défendre et d'apporter la preuve de son innocence. L'homme était un mélancolique à qui la vie pesait lourdement, hormis lorsqu'il jouait et enseignait la musique. Anton partageait avec son parrain tourmenté le poids des conflits enfouis , mais jamais ils ne les évoquaient lorsque leurs deux pudeurs se trouvaient réunies. Il existait cependant entre eux une étrange connivence de spleen. (p. 78)
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Et puis il faut aussi avouer que ce désir innommable qu'il enfouit si férocement en lui-même se trouve enfin exorcisé par l'intensité de la composition. Car l'éros lui est une chose excessivement malsaine. Il représente le désordre et le chaos, il est la liberté destructrice; il rampe comme la vigne folle qui gomme et dévore les façades, comme les racines de l'arbre planté trop proche de la maison et qui en menace les fondations. Entre la rigidité abstraite de ces lignes horizontales habitées d'homoncules noirs, esseulés, ou bien groupés sur le ruban de croches et de doubles croches, et tout ce qu'il y a dans la tête et qui sans cesse le déborde, il existe une tension permanente.
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Trop geindre rend misanthrope, même si, à deux florins le mois, il aurait bien raison de le devenir. " Ce n'est qu'un mauvais moment et Vati (son père) aurait fait pareil" souffle-t-il en arquant les épaules. Anton retrouve un vieux rythme. Labourer, c'est un peu comme actionner les soufflets de l'orgue. (p. 63)
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Lors de sa prise de fonction à Saint-Florian, Bruckner stupéfie les pères par la qualité de ses accompagnements, la ferveur de ses mélodies. Mais aussi par sa discrétion. Il ne s'impose pas durant l'office, qu'il accompagne scrupuleusement selon les règles en usage.
En revanche, lors de la sortie de messe, il peut laisser libre cours à son imaginaire spirituel. Orner le chant des fidèles est un devoir, mais tisser ses propres harmonies autour du choral du jour, le varier, l'emporter avec soi et le laisser fondre en son coeur comme l'hostie, le faire voyager dans les contrées de l'émotion, ces lieux où la prière repose et s'offre à son créateur, voilà comment Anton ressent sa mission de musicien sacré. C'est là sa bénédiction personnelle au monde. (p.70-71)
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Anton a livré huit symphonies, neuf si l'on compte celle dont la maladie lui rend l'accomplissement plus éprouvant que le rocher de Sisyphe. Il n'aura composé ni opéras ni concertos ; il s'est concentré sur ses symphonies, cathédrales de sons, longues, vastes, emplies des échos des grands ancêtres et qu'il renvoie au monde d'une façon que son temps peine encore à entendre. Ce sont des monolithes d'obsession, plus énormes que les neuf de Beethoven et les neuf de Schubert. Or neuf a été un chiffre fatidique pour ces compositeurs. Aucun n'a pu atteindre la dixième symphonie : la mort les a interrompus.
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Anton Bruckner père était l'instituteur du village, mais aussi le sacristain, l'organiste, le chantre, occasionnellement le violoneux pour les fêtes. (p.21)
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Telle est sa vie d'instituteur. Le matin, répétition des règles de base, assortie de quelques coups de règle sur des doigts où pullulent les panaris, l'après-midi au champ et, le soir, faire joie avec les êtres sans qualités, car ce sont bien ses frères et ses soeurs en humanité qu'emporte le tourbillon des danses et des rires. Cela lui rapporte une pièce de vingt kreuzers. Alors qu'importe s'il peine à ensemencer ces esprits nés du labour et qui demain marcheront dans le même sillon que leurs géniteurs, à moins que la guerre ou le choléra ne les décime; que lui importe la déception de ce poste oublié aux marches de l'Empire; toute cette humilité lui est bonne à vivre. Elle est comme la terre qu'il retourne. Elle le nourrit. (p. 66)
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Il perçoit des rires quand les lumières décroissent. Tout à son trac, Anton ne s'est guère inquiété de son accoutrement. « Ses chaussures! » entend-il murmurer depuis les premiers rangs de la salle. Anton baisse les yeux. Il en a mis une marron et l'autre noire ! « Quel clown ! » grince le second violon, qui pousse du coude le troisième, lequel fait de même à son voisin.
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