Un roman d'un romantisme noir, écrit par un auteur des plus intéressants. C'est l'histoire d'une jeune noble et de son amoureux d'origine modeste qui quittent l'Irlande pour la France dans l'espoir d'un avenir meilleur, mais qui voient leurs malheurs s'intensifier à l'extrême. Très tragique donc, mais non dénué d'humour et d'ironie par moment, ainsi que d'un côté historique par la présence de personnages et d'évènements réels, le tout servi par une plume exquise, soignée et audacieuse. On y retrouve une rude critique contre les privilèges et leurs dérives.
J'ai appris l'existence de ce livre sur la page ''fantastique'' de Wikipédia où l'on parle du genre gothique comme d'un précurseur. Contrairement à certains romans gothiques, ''Madame Putiphar'' ne contient absolument aucun élément de fantastique tel que nous l'entendons de nos jours et je comprends mal la référence de ce livre donnée dans ces circonstances. Mais une chose est sure, j'ai grandement apprécié cette lecture !
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Un récit romantique et tragique, écrit selon l'orthographe fantaisiste et pourtant évocatrice de l'auteur qui écrit "abyme" et nous décline l'imparfait en "ois", c'est assez étrange et pourtant, quel plaisir à la lecture; le final est très cruel pour les personnages, auxquels on s'attache assez vite.
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Le thrône a perdu son prestige, ce n'est plus rien : maintenant un thrône est un thrône, un Roi est un Roi, pas plus! Désormais qu'on ne me serve plus à dîner de la rouelle de veau; le veau est une viande visqueuse; elle me fait mal. Le présent est sombre, mais l'avenir m'effraye plus encore. La philosopherie a corrompu le peuple. Tout me brave!... Je suis malheureux!... Ma personne inviolable et sacrée a été outragée... Pompon, toi qui est si soigneuse de ma gloire, venge-moi!
Croyez-moi, soyez sage; descendons ensemble dans l'abîme du mal, et descendons-y en habit de fête, descendons-y joyeux. On dit que tout au fond il est jonché de fleurs où s'enivrent des plus rares plaisirs, des plaisirs proscrits, ceux qui ont osé franchir ses abords épouvantables et descendre ses ravins affreux.
Il fut aussitôt annoncé et introduit auprès d'elle. Entourée d'écritoires, de rouleaux de papiers et de paperasses, elle étoit seule, en riche toilette; atournée avec ce soin recherché qui ne peut être celui de touts les jours; ce soin de parure qui trahit le premier sentiment de la jeune fille, comme le dernier sentiment de la femme.
Il est un temps où nous cessons d’être injustes et barbares ; c’est celui où notre dissolution prochaine nous force à descendre dans les ténèbres de notre conscience, et à nous apitoyer sur les chagrins, les peines, les malheurs et les infortunes que nous avons causés à nos semblables.
À mesure que j’avance dans cette vallée de larmes, mon pied soulève un tourbillon de mélancolie qui s’attache à mon âme comme la poussière s’attache au manteau du voyageur.
Émission « Une vie, une Œuvre » diffusée sur France Culture le 19 décembre 2004. Avec : Sylvain Goudemare, Jean-Pierre Saïdah, Jean-Luc Steinmetz et Jacques Simonelli.