AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Françoise Rosset (Traducteur)Emir Rodriguez Monegal (Préfacier, etc.)
EAN : 9782020380881
150 pages
Seuil (21/08/1999)
3.36/5   29 notes
Résumé :
Situant son action dans une banlieue de Buenos Aires - Palermo - ce livre s'attache à la figure du poète Evaristo Carriego, auteur populaire, proche d'un vérisme sentimental, et quasi oublié aujourd'hui.
Borges retrouve par ce biais le quartier de son enfance au début du siècle : le monde du tango, les petits truands et les rixes à coups de couteaux, les maisons de passe et les filles tuberculeuses... En la personne d'Evaristo Carriego, il reprend aussi à son... >Voir plus
Que lire après Evaristo CarriegoVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Jorge Luis Borges est un grand admirateur de la poésie d'Evaristo Carriego, d'abord farouchement moderniste puis fondateur du courant poétique sencillismo avec le poète Baldomero Fernández Moreno, tous deux sous l'influence d'Almafuerte ; et Borges est tout aussi amateur de l'effacement des frontières entre essai critique et fiction, possible et incertain, littérature et philosophie. Cet essai fictionnel en est l'exemple même.

Evaristo Carriego est autant consacré au poète des faubourgs de Buenos Aires, aux métaphores vertigineuses de ses vers, qu'à la capitale argentine et aux interrogations de l'auteur sur l'écriture qui lui feront conclure à la fin de sa vie : "un homme se fixe la tâche de dessiner le monde" et Borges le fit de façon labyrinthique.
Ecrit en 1930 à un tournant de sa littérature, Borges, qui vient de rencontrer Bioy Casares, délaisse la poésie pour s'orienter vers l'écriture d'essais et de fictions en prose et inaugure un ton nouveau d'une grande impassibilité formelle et que ce livre illustre parfaitement.

Pour Borges, une autobiographie est un paradoxe et ce n'est pas par les faits qu'il évoque la vie du poète Evaristo Carriego mais par ses goûts littéraires bien plus constructeurs d'un écrivain, à l'instar de Borges qui fut aussi grand lecteur qu'auteur. Il détermine également le poète par ses amis, notamment écrivains, là encore un trait typiquement borgien. Sans limiter un homme à son oeuvre, Borges crée un parallèle fort comme s'il s'évoquait lui-même. Quand Borges aborde le criollisme romantique du poète, c'est aussi le sien propre qu'il revendique entre les lignes : son argentinité.
Loin d'une autobiographie qui rendrait compte du réel, Borges impose sa vision de la littérature et de la poésie : le droit à l'autonomie et à l'irréalité de l'écriture. Si par cet essai fictionnel, Borges fait oeuvre de mémoire bien plus qu'oeuvre historique, il tente avec cette stratégie littéraire (un écrivain lisant un autre écrivain) de construire sa propre figure d'auteur.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
Commenter  J’apprécie          334
Borges évoque, non sans digressions et érudition, entre histoire et souvenirs, mythes et réalités, la vie du Poète Evaristo Carriego, qu'il côtoya dans les rues de Palermo, quartier alors populaire, voire misérable, de Buenos Aires. L'oeuvre du Poète restera d'ailleurs associée à ce faubourg, à sa musique, à ses mauvais garçons, parfois aussi habiles à jouer du couteau qu'à pincer la guitare, devenus, à l'instar des gauchos, des figures essentielles de la culture populaire argentine, avec leur virilité affirmée et tragique. Carriego était cependant né dans la province d'Entre Rios et semblait avoir hérité des particularités des créoles de cette province, à savoir, comme le souligne Borges, la grâce et la cruauté, une ardeur au combat en même temps qu'une âme poétique.
Commenter  J’apprécie          160
Evaristo Cariego, est le prétexte pour José-Luis Borges de nous emmener faire une visite de Palermo...mais surtout pas que.
Borges sait, comme aucun, entraîner le lecteur intrigué dans des chemins aux nombreux diverticules. Au passage, l'auteur dissèque l'âme argentine à travers le Tango, le Truco, les combats au poignard, les devises des charrettes (!)
L'auteur va d'un pas pressé et souple à la fois, dans un récit bercé de vers et de références aux auteurs du passé, sud américains ou non.
Evaristo Cariego, la dernière page refermée, me laisse un mélange multicolore de légèreté et de poignante nostalgie.
Assurément, un livre essentiel et vital de Borgès.
Commenter  J’apprécie          110
Premier pas dans l'oeuvre de Borges. Un professeur m'avait conseillé de lire cet auteur pour son style et comme la bibliothèque ne disposait que de "Evaristo Carriego", je l'ais lue.

Contrairement à ce qui est écrit sur la quatrième de couverture, ce livre ne raconte pas vraiment la vie de Carriego mais plutôt le Buenos Aires qui l'a vue naître et grandir; aussi aurons droit à plus de pages sur l'histoire du tango et des batailles au couteau que les différentes étapes de la vie de Carriego.

N'ayant jamais lus un Borges avant et ne connaisant Evaristo Carriego ni n'Eve ni d'Adam, je le déconseillerais au gens se trouvant dans la même situation où je me trouvais: pas que le style et l'histoire ne soit intéressant mais parce que l'on se perd vite sans la moindre notion préalable.
Commenter  J’apprécie          50
Un livre parfait : https://lelivreparfait.com/2017/05/10/linsense/
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Cette tante célibataire, inopinée, engendrée dans le mouvement pressé du vers final pour que l'automne puisse s'acharner sur elle, est un bon exemple de la sensiblerie de ces pages. L'humanitarisme est toujours inhumain : un certain film russe prouve l'iniquité de la guerre en montrant la malheureuse agonie d'un chameau tué à coups de fusil par ceux mêmes, naturellement, qui font le film.
Je termine ici ma digression - dont le noble but était de consolider et de faire briller la renommée de Carriego, en soulignant qu'il n'avait pas besoin d'avoir recours à ce genre aussi larmoyant - et je veux proclamer sans plus tarder la valeur de son oeuvre posthume.
Commenter  J’apprécie          30
Aux approches des eaux bourbeuses du fleuve, vers les bois, le quartier devient ingrat. la première construction qui s'éleva sur cette avancée fut l'édifice des abattoirs du nord, qui couvrirent l'emplacement de quelque dix-huit pâtés de maisons sur ce qui allait devenir les rues Anchorena, Las Heras, Austria,et Beruti, et dont il n' existe plus aujourd'hui qu' un souvenir verbaldans le nom de La tablada que j'ai entendu un charretier prononcer, tout ignorant qu'il fut de l'ancienne désignation de ce lieu.
Commenter  J’apprécie          30
Les deux rivaux s'installèrent pour casser la croûte auprès d'une meule de foin, s'étudiant mutuellement sans aucun doute, et quand les esprits se furent un tant soit échauffés, l' homme du sud invita au combat notre ami qui accepta sur-le-champ.
Commenter  J’apprécie          70
Ce bas-quartier n'était pas seulement celui des rixes; c'était aussi celui des guitares.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Jorge Luis Borges (46) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jorge Luis Borges
INTRODUCTION : « Le siècle qui commence trouve une Argentine confiante en l'avenir. le positivisme à la mode met une foi illimitée dans les avancées du progrès et de la science, et la croissance de la jeune république autorise une vision optimiste du destin national. La classe dirigeante a bâti son programme sur la base d'une instruction publique et gratuite pour tous, destinée à réaliser l'intégration culturelle de la deuxième génération d'une masse énorme et hétérogène d'immigrants à peine débarqués d'Europe. Cette Argentine, qui est à l'époque une toute jeune nation - sa guerre contre les Indiens n'est terminée que depuis vingt ans -, dépend économiquement de l'Angleterre, est fascinée par la culture française et admire autant l'opéra italien que la technologie allemande. Ce qui ne l'empêchera pas de tâtonner à la recherche de sa propre identité, à la faveur d'un sentiment nationaliste exacerbé dès 1910 […]. L'avant-garde poétique porte le sceau du modernisme, largement diffusé à Buenos Aires par Rubén Darío qui […] marquera d'une empreinte durable la vie culturelle du pays. […] La quête de la modernité inscrite dans le nouveau courant anime déjà ce pays avide de rallier un monde qui ne jure que par Le Louvre, la Sorbonne et Montparnasse. […].  […]  La seconde décennie du siècle […] marque un tournant décisif dans la réalité argentine. […] Hipólito Yrigoyen accède au pouvoir. Avec lui surgit une nouvelle classe sociale, issue de l'immigration et amenée, pour un temps, à prendre la place de la vieille oligarchie qui a dirigé le pays depuis les premiers jours de l'indépendance. […] Cette modernité, qui relie les poètes argentins à l'avant-garde européenne, se concrétise avec le retour au pays de Jorge Luis Borges, en 1921. […] Dans un article polémique paru dans la revue Nosotros (XII, 1921), Borges explique : « Schématiquement, l'ultraïsme aujourd'hui se résume aux principes suivants : 1°) Réduction de la lyrique à son élément fondamental : la métaphore. 2°) Suppression des transitions, des liaisons et des adjectifs inutiles. 3°) Abolition des motifs ornementaux, du confessionnalisme, de la circonstanciation, de l'endoctrinement et d'une recherche d'obscurité. 4°) Synthèse de deux ou plusieurs images en une seule, de façon à en élargir le pouvoir de suggestion. » […] […] les jeunes poètes des années 20 se reconnaissent au besoin qu'ils éprouvent de revendiquer une appartenance et de se trouver des racines. […] Il faut attendre une dizaine d'années encore pour que, dans le calme de l'époque, de jeunes créateurs, avec l'enthousiasme de leurs vingt ans, apportent un élan nouveau et de nouvelles valeurs poétiques. Prenant leurs distances par rapport à l'actualité, ils remettent à l'honneur le paysage et l'abstraction, ainsi qu'un ton empreint de nostalgie et de mélancolie. […] Les années 60 correspondent en Argentine à une période d'apogée culturel. le secteur du livre est en plein essor ; de nouvelles maisons d'édition voient le jour et, conséquence du boom de la littérature sud-américaine, la demande d'auteurs autochtones augmente, ce qui facilite l'émergence de noms nouveaux. […] La génération des années 70, à l'inverse, est marquée au coin de la violence. Plus se multiplient les groupes de combat qui luttent pour l'instauration d'un régime de gauche, plus la riposte des dictatures militaires successives donne lieu à une répression sanglante et sans discrimination qui impose au pays un régime de terreur, torture à l'appui, avec pour résultat quelque trente mille disparus. […] » (Horacio Salas.)
CHAPITRES : 0:00 - Titre
0:06 - Alejandra Pizarnik 2:30 - Santiago Kovadloff 3:26 - Daniel Freidemberg 4:52 - Jorge Boccanera
5:51 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Horacio Salas, Poésie argentine du XXe siècle, traduction de Nicole Priollaud, Genève, Patiño, 1996.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Alejandra Pizarnik : https://universoabierto.org/2021/09/27/alejandra-pizarnik/ Santiago Kovadloff : https://www.lagaceta.com.ar/nota/936394/actualidad/santiago-kovadloff-argentina-pais-donde-fragmentacion-ha-perdurado-desde-siempre.html Daniel Freidemberg : https://sites.google.com/site/10preguntaspara1poeta
+ Lire la suite
autres livres classés : argentineVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (82) Voir plus



Quiz Voir plus

Créatures étranges.

Serpent bicéphale rencontré par Caton.

Amphisbène
Basilic
Mandrake
Mermecolion

5 questions
11 lecteurs ont répondu
Thème : Le livre des êtres imaginaires de Jorge Luis BorgesCréer un quiz sur ce livre

{* *}