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Critique de NMTB


NMTB
19 décembre 2014
La plupart des petites histoires qui composent cette Histoire Universelle de l'Infamie (un titre volontairement emphatique) sont des biographies imaginaires de personnages historiques comme Billy the kid, le chef de gang Monk Eastman ou le pseudo-prophète musulman Hakim al-Moqannâ.
Sous la grandiloquence apparente se cachent, en fait, d'humbles et plaisantes histoires. Elles sont presque toutes écrites dans le même style, abusant des longues énumérations et d'adjectifs pompeux et superfétatoires. Un style que Borges qualifie, dans le prologue, de baroque. Elles ont pour sujet des personnages sinon infâmes au moins peu fréquentables, violents, falsificateurs, voleurs, mais quelques-uns possèdent quand même de belles qualités, comme l'honneur ou le courage. La dernière histoire, L'Homme au coin du mur rose, est différente, puisqu'elle ne se réfère, apparemment, à aucun personnage historique précis et que le style est beaucoup plus argotique. Enfin, cette Histoire de l'infamie, qui nous a mené aux quatre coins du monde, se clôt par une dizaine de toute petites fictions (quelques lignes, quelques pages au plus), des réécritures d'histoires piochées ici et là par Borges, en particulier dans le Livre des Mille et Une Nuits.
Dans « Histoire de l'éternité » sont réunis un ensemble d'essais disparates qui ont peu de rapports entre eux et encore moins avec l'Histoire Universelle de l'infamie, même s'ils peuvent donner, au détour, quelques indications sur le style des fictions de la première partie. Sur les sept essais, trois sont consacrés au temps et à l'éternité. L'un retrace rapidement l'histoire de l'éternité linéaire, de l'idée platonicienne aux doctrines chrétiennes. Si Borges se montre méfiant vis-à-vis de ce concept, il n'en récuse pas l'intuition. Sa conclusion : « la vie est trop pauvre pour ne pas être, aussi, immortelle. Mais nous ne possédons même pas la certitude de cette pauvreté, car le temps, facilement réfutable dans le domaine de la sensation, ne l'est pas dans celui de l'intelligence, de l'essence de laquelle le concept de succession paraît inséparable. » Les deux autres essais sur le temps se réfèrent davantage à Nietzsche et à sa théorie de l'éternel retour et, plus largement, aux visions cycliques du temps.
Deux autres petits essais ont pour sujet la métaphore, dont un sur les Kenningar de la poésie scandinave et l'influence qu'ils ont pu avoir dans les mots composés des langues anglo-saxonnes. Un autre compare les différentes traductions des Mille et Une Nuits. Enfin deux notes terminent cet ouvrage éclectique, l'une est une sorte de critique d'un livre qui n'existe pas, l'autre une analyse de l'art du polémiste.
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