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Critique de Henri-l-oiseleur


L'avantage, on s'en doutera, de ces volumes de la collection "Folio bilingue", est de lire le texte original sans la manutention du dictionnaire en cas de difficulté. C'est paresseux, inqualifiable, mais cela permet de ne pas perdre le fil de l'histoire, et de la lire en deux versions. Du reste l'espagnol de Borges est volontairement, traîtreusement simple, et ses malices, traits d'humour et facéties sont plus perceptibles dans la traduction (pour un Français qui n'a pas de l'espagnol une pratique constante). En d'autres cas, comme celui d'Alejo Carpentier (El acoso, Chasse à l'homme), la lecture de l'original est simplement trop difficile et l'édition bilingue vise des lecteurs d'un meilleur niveau.
La comparaison de ces deux auteurs permettrait de montrer la vanité de nos catégories littéraires : que signifie littérature sud-américaine, terme englobant en trois mots tout un continent, deux siècles au moins de création, et des tempéraments aussi opposés que celui de Borges, qui cultive la référence européenne érudite, et Carpentier, Cubain engagé ? De même, parler de "contes fantastiques" à propos de ceux de Borges risque de tromper le lecteur : aucune peur, même aucune inquiétude, aucun sentiment d'horreur, mais la mise en oeuvre d'une ironie constante, qui va du pastiche distancié de Lovecraft à des fables et apologues dont la moralité serait (s'il se permettait de la formuler) une question métaphysique. L'auteur avait déjà dit ailleurs, et le signale ici, que métaphysique, théologie et littérature fantastique ont beaucoup en commun : "Je me souviens d'avoir lu sans ennui, me répondit-il, deux contes fantastiques. Les Voyages du Capitaine Lemuel Gulliver, que beaucoup de gens tiennent pour véridiques, et la Somme Théologique." (p. 201) Ces contes sont de bizarres objets raffinés, des machines célibataires sans autre utilité que le plaisir de l'esprit.
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