AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782262085735
Perrin (12/05/2022)
3.75/5   2 notes
Résumé :
La seule biographie véritable du maître de la Renaissance.
Lorsque l'on aborde la vie de Léonard de Vinci, deux écueils sont à éviter : placer l'artiste au-dessus de la condition humaine et en faire une sorte de génie aussi énigmatique qu'impénétrable ou, au contraire, réduire son existence à quelques épisodes incertains voire fantasmés de sa vie privée – comme sa prétendue sexualité débridée.
Loin des idées reçues et légendes tenaces, cet ouvrage nous... >Voir plus
Que lire après Léonard de VinciVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Jean-Yves Boriaud, n'en est pas à sa première biographie. Et avec ce Léonard de Vinci, cela confirme le sentiment que j'ai déjà eu sur ces précédents ouvrages, il a créé un genre qui lui est propre un "sfumato biographique". Cela m'est apparu comme une évidence quand il évoque le sfumato littéraire.

Saisir l'insaisissable ;
Se lancer dans une biographie de Léonard de Vinci, cela se résume à ces 2 mots.

On pourrait y ajouter Percevoir l'imperceptible ;
Tenter d'y voir l'invisible ou tout du moins tenter d'y donner corps
Ou de l'expliquer comme le démontre l'auteur au travers des diverses analyses, tant sur l'homme que sur son oeuvre, postérieures quelles soient fantaisistes, scientifiques, psychanalytiques auxquelles peut-être est-ce Paul Valéry qui nous donne une réponse cinglante : " « Je crois […] que la méthode la plus sûre pour juger une peinture, c'est de n'y rien reconnaître d'abord et de faire pas à pas la série d'inductions que nécessite une présence simultanée de taches colorées sur un champ limité, pour s'élever de métaphores en métaphores, de suppositions en suppositions, à l'intelligence du sujet."

Car face à Léonard de Vinci le biographe a de quoi hésiter :
- s'incliner devant le génie de celui que Michelet appelait « le frère italien de Faust », l'extravagante démesure de ses talents rendant futile toute tentative de contextualiser ses nombreuses activités ?
- Faut-il au contraire montrer qu'il fut tour à tour disciple d'atelier à Florence, ingénieur à Milan, artiste de cour à Rome ou à Amboise, et que, de 1452 à 1519, celui qui se définissait lui-même comme « fils de l'expérience » ne cessa jamais d'être fils de son temps ?

Car Léonard de Vinci, est-il protéiforme ou polymathe ?
Procrastinateur ou perfectionniste ?
Il est tout à la fois ingénieur militaire, ordonnateur des fêtes princières, peintre, inventeur, anatomiste, philosophe, etc...
Capable de peindre seulement 22 tableaux mais de produire d'innombrables dessins (à titre d'exemple rien que 1119 pages pour le Codex Atlanticus)

Et c'est bien ce que réussit l'auteur dans cette remarquable biographie, nous faire saisir ce Léonard au delà de tout jugement, replaçant chaque période de l'Histoire avec la vie de l'artiste. Nous le faisant redécouvrir par touches successives tel ce fameux sfumato de Léonard, cet art de noyer et voiler les contours, pour créer un effet vaporeux « sans lignes ni bordures, à la manière d'une fumée », cet art qui n'a rien d'un caprice esthétique mais s'appuie sur ce qui apparaît ici, malgré le désordre formel des notations, comme une science des contours : « Les bords rectilignes des corps sembleront brisés quand ils limitent un espace obscur qui reçoit la percussion de rayons lumineux. » Pour atténuer cette coupante impression et organiser un imperceptible dégradé, Léonard va donc superposer plusieurs couches translucides, d'une extrême finesse.
Tout comme sa vie et son oeuvre dès que l'on pense les cerner c'est pour mieux en voir les contours et les certitudes s'estomper.

Daniel Arasse dans son livre Histoires de Peinture disait "Il a peint la Toscane d'avant l'humanité" :
"Un soir j'ai eu une sorte d'illumination, peut-être une sorte de folie […] ; j'ai perçu que le paysage de la Joconde en arrière-plan, avec son lac très élevé et son val aquatique et marécageux dans la partie gauche, était pratiquement la prise en vue cavalière d'une carte de la Toscane que Léonard de Vinci réalise en 1503-1504, et l'un des problèmes qu'il se pose dans cette carte est de savoir comment le lac Trasimène a pu jadis, dans un temps immémorial, expliquer les marécages du Val d'Arno, qui se trouve au sud d'Arezzo, en Toscane. On voit sur sa carte qu'il a dessiné un cours d'eau qui n'existe pas dans la réalité, allant du lac Trasimène au Val d'Arno. Ce qui m'a frappé, c'est de voir que la construction de la Joconde s'accordait pleinement à une réflexion cartographique et géologique de Léonard de Vinci, si bien que le paysage représenté derrière elle, c'est la Toscane immémoriale, celle qui existait avant que l'humanité n'y crée la grâce de ce pays […]. Ce cours d'eau qui relie le lac Trasimène au Val d'Arno, c'est le sourire de la Joconde."

L'auteur de conclure brillamment son ouvrage en se demandant, en nous demandant :
" doit-on totalement désespérer d'un siècle qui continue à se demander avec angoisse si oui ou non le Salvator Mundi est de la main de Léonard et ce que peut bien cacher le sourire de Monna Lisa ?"
J'y ajouterai que je serais bien curieux de savoir quel regard Léonard porterait, s'il revenait, sur cette fascination qu'il exerce encore aujourd'hui...
Commenter  J’apprécie          123
Ce livre sur Leonard de Vinci est très et trop détaillé, avec même parfois des paragraphes ennuyeux , ce qui nuit à l'interêt de la biographie de Leonard de Vinci .
Il y a surement eu une recherche bibliographique importante mais tous ces détails sur l'armement , les armes par exemple sont difficiles à lire
A mon avis aussi l'auteur entre beaucoup dans les détails sur la peinture
.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Autrement dit, la bottega qu’en une dizaine d’années Léonard a réussi à se constituer est un prestigieux atelier de peintres, où, si l’on en croit une lettre qu’il adresse en 1496 à Ludovic, il conserve six personnes à plein temps. Rien à voir avec la foisonnante bottega de Verrocchio, dont il ne reproduit pas le modèle. Ici l’on peint, dans une atmosphère nettement plus feutrée, on observe le maître, dont on imite ou reproduit les œuvres, surtout après le succès de la première version de La Vierge aux rochers, et, plus tard, celui de La Cène. Mais l’on ne sort pas de ce domaine de spécialité. Cela n’empêche pas ledit maître de se tourner, pour son propre compte, vers d’autres domaines artistiques, potentiellement plus prestigieux, dont celui de la fonte du bronze.
Commenter  J’apprécie          60
Pour le théologien allemand Nicolas de Cues (1401-1464), philosophe et mathématicien bien connu dans les grands foyers culturels italiens (Milan, Florence…), il est trois sortes de mathématiques : les mathématiques intellectuelles, censées rendre compte de l’ordre du monde ; celles de la raison, que nous connaissons et pratiquons dans nos classes d’aujourd’hui ; et les mathématiques sensibles – nos mathématiques appliquées. Mais aux yeux de l’homme de foi qu’il ne cesse d’être, en dépit de sa sensibilité humaniste, tout doit converger vers le problème essentiel (auquel il consacre une douzaine d’ouvrages) : celui de la quadrature du cercle, image du passage du carré, symbole du monde terrestre, au cercle, figure de l’univers céleste, parfait puisque sans origine ni fin.
Commenter  J’apprécie          40
Léonard opérant alors la synthèse de ses – nombreuses – études de sourires féminins (laïcs et spirituels) pour créer une expression capable, lors d’un instant de grâce, de défier victorieusement la description, et que seule la poésie pourrait – à grand peine – approcher, comme s’y essaie Pétrarque, à propos du brumeux sourire (un sfumato littéraire ?) de Laure de Noves :

L’adorable pâleur qui recouvrit
D’un brouillard amoureux le doux sourire
À mon cœur se montra si souveraine
Qu’il vint à sa rencontre en mon visage.

Ou Dante montrant sa Béatrice « rayonnant d’un sourire tel qu’il rendrait un homme heureux au milieu des flammes » au moment où elle paraît, aux portes du paradis, dans l’éclat de son incomparable beauté : « Ô splendeur d’une lumière éternelle ! Quel est celui qui ne serait pas découragé en essayant de te reproduire telle que tu me parus dans l’air libre, là où le ciel t’environne de son harmonie ? »
Commenter  J’apprécie          30
On a donc le sentiment, chez les Sforza, d’une recherche volontariste et assidue de compétences multiformes, susceptibles de faire basculer Milan, de ses traditions « tardogothiques », encore bien vivantes (et avec d’indéniables réussites), dans la modernité humaniste, telle qu’on la pratique depuis quelque temps dans la région, de Venise à Florence, en passant par Ferrare ou Parme. Rien d’extraordinaire, donc, à ce que Léonard, jeune peintre plein d’espérances, se soit intégré à ce mouvement constant d’aspiration de talents nouveaux ou confirmés, et soit venu renforcer les bataillons des artistes censés importer en Lombardie les valeurs nouvelles liées au monde des Médicis.
Commenter  J’apprécie          20
« Les influences célestes peuvent faire pleuvoir des dons extraordinaires sur les êtres humains. C’est un effet de la nature. Mais il y a quelque chose de surnaturel dans l’accumulation débordante, chez un même homme, de la beauté, de la grâce et de la puissance (belleza, grazia e virtù). Tel fut Léonard de Vinci. Sa beauté physique défiait tout éloge. Dans le moindre de ses actes résidait une grâce infinie. Son talent si complet et si puissant lui permettait de résoudre aisément toutes les difficultés qu’abordait son esprit. »
(Giorgio Vasari - Vies des plus excellents architectes, peintres et sculpteurs)
Commenter  J’apprécie          20

Video de Jean-Yves Boriaud (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Yves Boriaud
Jean-Yves Boriaud - La fortune des Médicis : le siècle d'or de Florence
autres livres classés : renaissanceVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (11) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3175 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}