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D'abord, il y a ce très beau poème en vers libres qui s'achève ainsi :

« Dans la chair des anges
le couteau taille
cherche la vérité
défait pour mieux refaire
quoi qu'il en soit
les ailes de l'ange
ne suffisent pas à le porter
et il tombe
il finit toujours par tomber ».

Ces mots, je n'en ai pas saisi la portée immédiatement, juste touchée que j'étais par leur agencement et le mystère grave qu'ils distillent.

Puis il y a ce court premier chapitre dont le thème est dévoilé en quatrième de couverture : un jeune homme anonyme est retrouvé mort, le visage en paix, sans aucune souillure.

J'ai lu d'un souffle ce roman sur la quête de soi, sur la confusion des sentiments. Sa construction est particulièrement réussie : des destins s'imbriquent, s'articulent.
Clémentine puis Benjamin en alternance, une jeune fille qui recherche son identité profonde, un jeune homme tout aussi tourmenté, à l'aube d'une belle histoire d'amour ... deux êtres en proie au doute mais qui veulent croire que le bonheur est possible. Rien n'est dit sur ce qui les lie peut-être ... jusqu'à la révélation finale, bouleversante, qui éclaire le poème initial ( il faut absolument le relire lorsqu'on est arrivé au bout du récit, encore sous le coup de l'émotion ). Bouleversante car je ne l'ai pas du tout vu finir, ce dénouement assez fracassant et pourtant si bien amenée.

L'auteure fait montre d'un réel talent pour dépeindre finement la psychologie de personnages forts. Son écriture, précise et fluide, va droit au coeur, mais ne cherche pas juste à toucher de façon facile le lecteur ; elle respecte profondément ses personnages, leur intégrité, leur moi profond même lorsqu'il s'agit de dévoiler leur intimité sexuelle. Un équilibre subtil et plutôt rare que ce roman sensible et poignant est parvenu à maintenir durant toutes ses pages.
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Sur les sentiers étranges et mystérieux, entre polar, psychologie, sentiments, quête existentielle, voici un roman très particulier et surtout, brillamment orchestré.

Un poème... des anges... pour ouvrir le ballet. Mystérieux, lyrique, ailé.
Un air de Rimbaud au chapitre zéro, avec un dormeur du val à travers un homme endormi paisiblement à l'ombre d'un arbre. du moins en apparence.

Les chapitres se suivent, s'imbriquent autour de deux personnages clés: Clémentine et Grégoire. La première vit une adolescence difficile à Paris, le second, trentenaire à Barcelone, peine à trouver sa place dans le monde. Deux âmes seules, mal dans leur peau, dans une chair fêlée que même l'or ne parvient à panser.

On tourne les pages pour se rapprocher au plus près de ces personnages, y compris ceux qui gravitent autour d'eux. C'est fouillé, à fleur de peau. On ne cerne pas d'entrée de jeu où l'auteure nous emmène pour être giflé à la fin du roman, on revoit le roman en flash-back, on a envie de retourner dedans, de relire ce magnifique poème qui prend alors une résonance plus limpide.
Désarçonnée quelque peu par ces vies qui ne résonnent entre elles que par des similitudes et non physiquement entre elles, la fin de ce roman donne un tel éclairage que le roman se concrétise dans sa plus grande compréhension. On ne voit rien venir, à tort pour les plus impatients, du meilleur goût pour les amateurs d'uppercut. Malgré la brièveté du roman, il y a ici un travail d'orfèvre pour marier une trame psychologique, émotionnelle et captivante de toute grande valeur.

Une histoire qui creuse, fouille dans la chair des anges. Là où ça saigne, là où les imperfections crient révolte.
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Voilà un roman que je devais lire depuis sa sortie et que j'ai failli oublier dans ma PAL ! Je serais passée à côté d'un style délicat, précis, poétique et d'une histoire profonde comme je les aime, où la psychologie des personnages est au coeur de chaque page et parfaitement étudiée.
Un corps découvert, la chair, un ange ?
Je ne veux rien dévoiler pour ceux qui ne l'auraient pas lu, mais les jeunes protagonistes sont en prise avec les affres de l'adolescence d'abord puis de l'âge adulte. Les sentiments, les rapports familiaux, les liens sociaux, l'image qu'ils ont d'eux-mêmes, etc. Tout bouscule et l'on suit le cheminement de l'héroïne et des autres personnages avec intérêt sans se douter vraiment de l'issue.

Les relations qui se jouent entre tous sont orchestrées avec habileté, et chaque chapitre apporte son lot de surprises, d'interrogations, de réflexions. Au final, les sentiments inspirés par cette histoire nous incitent à méditer sur l'être humain, ses richesses, ses différences, sa singularité.

C'est une lecture qui se prolonge au-delà de la dernière phrase.
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Les critiques élogieuses sur la chair des anges de Cathy- Borie, m'ont incité à venir très vite à sa rencontre.

Hier soir, je me suis donc engouffrée dans cette lecture où je n'ai pas vu le temps passer, ni les pages défiler… Beaucoup de réalisme, de suspens, de poésie dans cet opus.
La chair des anges est un roman qui abrite une galerie de personnages qui se révèle au fur et à mesure des chapitres et croyez-moi on ne s'y perd pas. L'auteure a tout bien orchestré et c'est d'une main de maitre qu'elle nous entraîne.
Cathy-BORIE aborde plusieurs thèmes existentiels que l'on rencontre souvent au début de la vie de jeune adulte, comme un feu incandescent... L'émancipation, La quête identitaire, l'image et la confiance en soi, l'adversité, la liberté, l'identité sexuelle.

L'amour et l'amitié avec ses frontières qui sont parfois floues et nous font déborder. Les rencontres qui bouleversent nos vies, nous questionnent, nous éloignent ou nous rapprochent des autres et de soi.

L'auteure à travers le prisme de ces adolescents, nous fait aller plus loin que l'intrigue en elle-même et on ne voit pas arriver la fin, comme on n'a pas tout saisi du début. Tout est lié, et les noeuds se dénouent dans les dernières pages.

Un roman qui fait réfléchir bien au-delà de notre imagination.
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Le premier chapitre de ce roman nous montre un jeune homme, adossé à un arbre. Il ne bouge plus. le chien qui le découvre a tout de suite compris. Il ne bougera plus jamais. Aucune trace de violence, le visage est paisible, les yeux grand ouverts, tournés vers le ciel. Qui est-il? On ne le saura pas avant la fin du roman.

Les chapitres suivants nous parlent tour à tour de plusieurs personnages. Les liens entre certains sont clairs, d'autres semblent vivre des histoires séparées. Bien sur, tout cela va se réconcilier au cours de la lecture, mais il faudra attendre un peu, même si j'avais deviné une partie du dénouement.

Il y a Clémentine, petite fille, puis ado, puis jeune femme. Clémentine est solitaire, elle ne sait pas très bien qui elle est, à tel point qu'elle ne se reconnait pas quand elle se regarde dans une glace:
« Clémentine passe devant le miroir, aperçoit fugacement son image, fait un pas en arrière, s'arrête et regarde la silhouette qui lui fait face. Elle ne se reconnaît pas. Si les gestes effectués par la jeune fille face à elle ne se calquaient pas très exactement sur les siens, elle ne s'identifierait même pas à son reflet. »
Elle noue très peu de liens, sera enfant fascinée par un jeune gitan, mais n'invitera jamais de copines à la maison.
Elle vivra quelques mois avec un couple d'artistes, quelques mois pendant lesquels elle aura l'impression d'avoir trouvé une famille.

Il y a Grégoire à Barcelone, Grégoire est aussi un solitaire, il est scénariste et décrit la vie des autres à défaut de s'y mêler. Une rencontre, un soir chez des voisins, va le faire s'ouvrir un peu.

Les chapitres alternent, laissant planer les questions, L'écriture est précise et poétique à la fois, peignant finement les sentiments éprouvés par ces deux êtres en mal d'appartenance, en quête d'eux-mêmes.
Et le dénouement viendra tout expliquer, éclairant en nous bouleversant le premier chapitre et ces quelques vers qui ouvrent le roman qui commencent ainsi, donnant son titre au roman
« Dans la chair des anges »

Je remercie les éditions d'Avallon pour ce partage et vous convie à aller faire un tout sur leur site (ci-dessous). J'y ai trouvé de très belles surprises.



Lien : https://www.leseditionsdaval..
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Cathy Borie a réussi à me faire dévier de mon principe quasi sacré de lecture, à savoir : jamais plus qu'un seul livre du même auteur au cours de la même année. Une règle peut-être quelque peu bizarre, mais un correctif à mon ancienne fâcheuse tendance à dévorer systématiquement toutes les oeuvres d'un écrivain qui avait le "malheur" de m'avoir plu. Conclusion : le premier livre que j'avais lu et chroniqué d'elle ici au début du mois, "Femmes, fêlures et folies" a dû me séduire exceptionnellement ! En plus, il n'était guère évident de mettre la main sur un exemplaire de ce roman comme Belge, car pour l'éditeur Librinova, il me fallait avoir une adresse d'expédition en France. Il a dès lors fallu m'y prendre autrement pour finalement lire cet ouvrage. Que ma chronique de "Dans la chair des anges" sera la 6ème positive sur Babelio n'a donc rien de surprenant et j'espère que d'autres suivront.

Cathy Borie est une observatrice hors pair, elle remarque ce qui échappe aux communs des mortels. Un atout singulièrement puissant, surtout lié à une imagination créative, pour une femme ou homme de lettres. La présentation qu'elle réussit à faire de sa jeune héroïne, Clémentine, en est une illustration parfaite. Car bien que cette Clémentine ne soit pas exactement un personnage simple, le lecteur a relativement vite l'impression de la connaître personnellement depuis longtemps. Ou est-ce de la sympathie ? Pourtant plus un personnage fictif est, du point de vue psychologique, particulier, plus le risque de fausses notes est grand. Un possible piège dans lequel l'auteure n'est sûrement pas tombée.

Bien que sa Clémentine nous réserve, néanmoins, bien des surprises, mais toutes dans une logique merveilleusement contrôlée et orchestrée par sa créatrice.
Et ces surprises font que l'on ne dépose plus le livre avant d'avoir tourné l'ultime page. Allumer une cigarette, tout en pensant, où Cathy Borie va nous mener, a été pour moi la seule interruption. Mais il me manque apparemment de la perspicacité, car je n'ai absolument pas découvert sa finale.

En jetant un bref clin d'oeil sur le sommaire et voyant tous ces noms de personnages qui figurent dans le titre des 18 (brefs) chapitres, m'ont fait noter les noms de ces personnages au fur et à mesure de leur apparition avec un mot d'explication sur une feuille de papier. Une mesure de précaution totalement superflue, car pas une seule fois n'ai-je eu besoin de consulter cette feuille volante.

La méthode des chapitres courts a prouvé son efficacité : sans se le réaliser pleinement on se dit, vite encore un chapitre, encore un...et on arrive aux "Remerciements" sans crié gare. Mais avec regret, que se soit fini.

Avant le premier chapitre, intitulé étrangement "Chapitre 0 : L'inconnu", on a droit à un beau poème. Je l'ai lu 2 fois : une fois avant d'entamer le récit proprement dit, et une deuxième fois, après l'avoir terminé. Chers lecteurs je me permets de vous conseiller de faire pareil et vous allez voir que cette poésie obtient une autre dimension en seconde lecture.

Je n'arriverai jamais à comprendre que Cathy Borie puisse avoir des difficultés à convaincre un des nombreux éditeurs en France à publier cette perle. Sincèrement cela me dépasse. Surtout lorsqu'on considère le nombre de navets, souvent importés d'outre-Atlantique, pour lesquels les frais de traduction et de campagnes publicitaires ne posent visiblement pas de problèmes. Un exemple qui me passe par la tête est "Maestra" d'une certaine L.S. Hilton. Et ce n'est évidemment pas le seul, loin de là. J'aimerais bien savoir ce que le Centre national (français) du livre en pense ?
Peut-être, Cathy Borie, sont-ils de mon avis et prêts à vous venir en aide ?
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Le Stefan Zweig de la confusion des sentiments réinventé ! Bien sûr, avec un tel début, vous attendez mes arguments... Avec plaisir !

Eh bien tout d'abord, je ne fais pas la comparaison sur le thème, et d'ailleurs, sur le thème, je m'arrête là : Dans la chair des anges est un roman dont on ne peut que très peu parler de l'intrigue sous peine de gâcher le plaisir du lecteur. Je ne fais pas non plus de comparaison sur le style, même si Cathy Borie écrit d'une manière tout aussi captivante que le Maître viennois. En revanche, je fais la comparaison sur la structure : un court roman, qui reste pourtant avec nous longtemps après l'avoir lu car l'auteur(e) met chaque mot à profit pour nous faire entrer toujours un peu plus au coeur des drames intimes de ses personnages. Un (futur) classique, disons-le.

J'ai dit "Stefan Zweig", mais j'ai aussi dit "réinventé". La confusion des sentiments est entièrement psychologie ; Dans la chair des anges est plus complexe : on ne sait pas si on doit souligner en priorité la profondeur des personnages ou la prouesse dans la construction. D'ordinaire, c'est soit l'un, soit l'autre... alors que là, l'auteure s'est immergée dans la psychologie de ses personnages, tout en développant une construction étonnante que j'ai d'ailleurs le sentiment de découvrir pour la première fois : on lit en ayant l'impression de comprendre, du moins de suivre ; puis on comprend le fin mot de l'affaire et on se dit qu'en fait, on n'avait rien compris ; et pourtant, en réfléchissant un peu plus, on se dit qu'on aurait dû comprendre, qu'on s'était laissé embarquer et aveugler alors qu'on avait tout sous les yeux. Le tout, alors que le roman n'est en rien un polar et qu'on ne ressent pas non plus l'urgence du suspense (sauf rétrospectivement) : c'est un peu comme s'il y avait une lecture tranquille sur le moment, et une deuxième lecture après coup, en son for intérieur, qui donne une dimension de plus à l'histoire.

Une découverte vraiment saisissante... que je recommande à tous les inconsolables de Stefan Zweig.
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Un jeune homme, assis contre un arbre, les yeux ouverts, est découvert mort dans un parc.

Dans La Chair des Anges laisse présager une histoire policière. Il n'en est rien. Vous allez suivre pas à pas l'histoire de Clémentine et de Grégoire, leur mal être, pourquoi ils se sentent en permanence en décalage avec ceux qui les entourent. Cathy Borie tisse méticuleusement la trame qui les relie à cet homme décédé, glissant en permanence des indices qui nous permettent de comprendre.

Un roman sur la différence écrit de main de maître.


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Clémentine est une jeune fille solitaire, tout comme elle fut une enfant solitaire .Le bac en poche, elle quitte Paris, quitte sa mère, et mène sa vie.
Chaque chapitre commence par un prénom, qui nous relie plus ou moins immédiatement à Clémentine.
On ne peut pas dire qu'elle soit spécialement sympathique, mais cependant elle est attachante et sa solitude interpelle.
Au fil des chapitres, sa personnalité se dévoile.
L'histoire est prenante, bien construite, pas de temps morts. Les pages se tournent avec toujours l'envie d'en savoir plus. Et très rapidement on arrive au dernier chapitre, avec une pointe de regret que ça finisse déjà. Et ça finit étrangement. Alors revient en mémoire le chapitre zéro, qu'on avait oublié et qui nous fait un peu plus encore aimer Clémentine avec dans le coeur une pointe d'amertume et de tristesse pour cette vie particulière.
Un bon roman, une belle écriture, une belle histoire.

J'ai beaucoup aimé aussi cette incursion d'un chanteur non cité dans le livre, et trop méconnu en général, Henri Tachan par le biais de cette phrase :
"Entre l'amour et l'amitié il n'y a qu'un lit de différence"
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Cathy Borie sait rendre l'atmosphère étrange et mystérieuse d'une scène inaugurale, nous envoûtant comme pour nous entraîner dans un thriller.
Elle sait nous présenter avec finesse les relations entre les personnages nous plongeant dans un roman psychologique.

C'est amusant, quand on connaît (un peu) l'autrice, de retrouver derrière ses personnages l'enseignante qui nous parle du chant lexical de la dernière scène d'Antigone,
l'écrivaine qui nous parle de l'effet salutaire de l'écriture : “Et puis, écrire le rassure, jouer avec des personnages sur une feuille de papier… il se découvre une puissance bien réelle quand il manipule ses marionnettes imaginaires”, la psychologue qui sait nous faire part du fonctionnement mental de ses personnages : “se retrouver dans le flot de cette humanité imparfaite et fragile lui transfuse un peu d'énergie et l'extrait de son éternel face-à-face avec lui-même.”

J'ai aimé le souffle de l'écriture de ce court roman, mais je dois faire attention à ne pas dévoiler la part des anges de l'intrigue.
Je n'ai d'ailleurs pas cherché à recouper les indices, arrimé aux mots choisis, aux images et à la bienveillance à l'égard des personnages : “Clémentine se rétracta à la manière d'un escargot dont on effleure les cornes.”
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