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Citations sur Le baiser dans la nuque (23)

Elle n’est pas sourde, elle le devient.
Rester assise dans une baignoire dont l’eau lentement se retire, s’étrangle avec le vertige d’une toupie. L’œil du cyclone qui la regarde, sa peau qui doucement se granule. Une souffrance à huis clos, un silence à crier où l’on entre malgré soi, comme dans la lumière un insecte affolé. Et voila qu’on se promène du lundi au samedi avec les oreilles endimanchées. Deux tympans habillés pour l’enterrement. 
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Il se lève, s'assoit sur le velours où elle se tenait assise à l'instant, et, sans toucher au clavier, cherche la place exacte où elle était, la position de son corps, de ses bras à demi levés, veut retrouver en tâtonnant la position juste, se glisser dans le souvenir qu'il a d'elle.
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La route écrasée de soleil a des brillances. Le parking, un air vacant. Juillet flamboie. Il ne manque vraiment que le bourdonnement d'une autoroute à quatre voies. Elle lève les yeux vers le ciel et les y laisse, pour s'éblouir un peu. Un bleu doucement mécanique, un ciel d'Espagne. Ici, à cette heure, il ne peut rien lui arriver. Cet instant est à elle, on ne peut le lui retirer, une certitude qu'elle a. Il fait si chaud, si lourd, qu'il fait presque mauvais, qu'importe, c'est à elle. La route noire, les pelouses, la mécanique bien huilée des gerbes d'eau, le ciel pâli par la chaleur, tout.
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L'étoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles
L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins
La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles
Et l'Homme saigné noir à ton flanc souverain

Arthur Rimbaud
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On lui coule le bébé dans les bras, elle le pose au creux de son ventre tiède, ouvre la serviette pour sentir sa peau contre la sienne. Elle caresse le duvet de son crâne, dessine la fontanelle. Son petit s'ébroue avec des gestes alentis, écarquille les doigts. Elle lui mange le visage de petits baisers, le goûte. (p. 94)
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une odeur de feuilles mortes donne en mariage l'automne à la rue.
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L'étoile a pleuré rose au coeur de tes oreilles.
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La chambre silencieuse sent le bébé. Elles se sont assoupies toutes les deux, collées l'une à l'autre. La petite est blottie dans une grenouillère couleur nuage. Elle dort du sommeil des nourrissons, profond, définitif.
Assoupie sur le côté, sa mère a les genoux légèrement remontés à la poitrine.
Calme, comme une femme qui se referme.
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(l'accordeur de piano)
Le piano proteste, tremble quand l'homme déplace sèchement l'outil. Entre eux s'installe un rapport ambigu, un accord tacite, une douce violence de maréchal-ferrant que l'homme impose, que le piano accepte.
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Elle contourne l'instrument et disparaît derrière.
- Retire tes appareils.
Les deux contours glissent dans sa main, qu'elle vide sur le sommet du piano. Elle pose ses doigts à plat sur le bois : il est tiède.
Louis, d'un geste sûr, fait résonner l'instrument.
Elle se sent d'abord aussi indiscrète que derrière une porte, à écouter une conversation personnelle. Elle écoute avec ses mains, mais l'indiscrétion n'est pas moindre. Les vibrations irradient ses doigts, franchissent le poignet, remontent doucement jusqu'au coude, passent, affaiblies, dans l'épaule, viennent mourir dans sa poitrine. Elle sent parfaitement dans ses mains quand le piano s'exclame, ralentit, s'adoucit, ou, au contraire, prend une voix sentencieuse. Elle fait glisser ses paumes sur la planche, dans l'intervalle oblique des barres de table. Les frémissements du bois lui parlent un langage qui n'est pas aussi articulé que celui du clavier, mais qui ont sa logique. Elle a l'impression diffuse de pouvoir toucher la musique - et la vague impression de toucher Louis, mais chasse vite cette pensée. Pour elle, la musique deviendra bientôt cela : un fourmillement dans les doigts, vivant, fragile. Cette pensée l'apaise. Sourde, il lui restera ça, une main qui console.
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