« Dresser quelques barricades, pour la forme, pour étoffer les résistances, encore un instant pour rassembler les merveilles, bien entassés là, comme une chambre en désordre, de la réserve de quoi tenir en somme, coller encore quelques images dans un cahier bien à soi, tenu tout proche de l'empreinte vive, avoir le temps de fixer une photo, s'assoiffer des autres, des bons moments, des plus sévères, s'étouffer d'une affection que l'on n'a pas su nommer parce que nommer, c'est déjà pour ceux entacher du malheur, pas moi, on ne thésaurise pas le bonheur à si jeune amplitude. On ne fait pas de poésie parce que rien ne rime, devant il y atout, entier, en un bloc de marbre à dompter de ses envies grandes et petites, que si l ‘on s'endort contrarié c'est d'un coup de sang pour une broutille, une colère de dés pipés ou des cartes pliées, le défilé permanent des angoisses de rien, de rivalités de match de foot, de délices tout bas, il faudrait prévenir savoir avant que l'avant, jamais plus. »
« Se souvenir de la nuit interrompue brutalement. Tout ce qui pouvait faire l'allégresse d'alors. »
« C'est pour ça qu'il faudrait prévenir et se souvenir. Pour bâtir des châteaux débonnaires. Je n'ai pas eu le temps. »
« Raconter c'est posé une bombe aux pieds des autres et la déflagration fait toujours des dégâts, sans cesse. Ça ne s'arrête jamais. »
Dans son roman, Andrien Borne raconte à travers trois parties « La chambre verte, la fosse, La surface » le cheminement de son narrateur vers une renaissance : il aborde avec magnificence le thème de la mémoire, ses profondeurs, ses secrets.
Il dépeint ainsi touche après touche ces réminiscences « impressionnistes » ces infimes moments de la vie douloureux qui petit à petit vont ressurgir. le narrateur va rompre le silence, se réanimer et nommer.
Un avènement poétique et métaphorique que l'auteur révèle avec sa maîtrise polyphonique des mots et le personnage de Lucien, ce grand-père lumineux qui inonde son petit-fils de fantasmagories, d'envoûtements, de merveilleux.
« Les menus détails. de lui, c'est ma reconnaissance suprême. »
C'est bouleversant.
Comment vivre ou plutôt survivre avec sa part d'inconnu, son asile intime ?
Je vous laisse découvrir également Pauline avec qui il s'est bâti un refuge et ce frère parti, revenu, inventé.
C'est à lire !!
« Ce trou a ses humeurs, avec ces temps d'abondance et de coups de froid, il ressemble à un oeil triomphant, obscur menaçant. D'un bleu éclatant si le ciel s'amuse à être clément, prenant des airs sombres au vent tortueux, couvert de vase ».
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